« Écouter. Faire preuve d’empathie. Susciter la confiance.

S’entraider. Trouver ensemble des solutions.

Nous ne sommes que temps;

à nous seuls il appartient de souiller l'avenir;

le présent est le passé, et le passé porte les fautes de nos pères. »

 

Extrait de « We Are the Cenotaphs »

Daniel Williams

Poète et avocat

Saint-Vincent-et-les Grenadines

 

Il y a près de quatre ans, nous avons célébré une grande victoire pour le multilatéralisme – l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le processus était universel, intégré et inclusif. Mais il est clair que nous devons poursuivre un dialogue constructif pour mettre en œuvre le Programme.

Il est inquiétant de constater qu'aujourd'hui le multilatéralisme soit si fréquemment remis en question. Nombreux sont ceux qui se demandent si cet accord serait possible dans la réalité politique actuelle. Mais nous posons-nous la bonne question ? La réponse à nos craintes et à nos préoccupations réside peut-être dans la mise en œuvre du Programme 2030 par le biais de la coopération multilatérale. C’est pourquoi le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, organisé du 9 au 18 juillet sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), offre une occasion de réaffirmer notre engagement multilatéral.

Grâce au multilatéralisme, il a été possible de créer des conditions favorables à la croissance économique après la Deuxième guerre mondiale, ce qui nous a permis d'atteindre l’objectif visant à réduire de moitié la pauvreté extrême après 2000. Les changements climatiques, les bouleversements que pourrait engendrer le progrès technologique ainsi que la menace d'une guerre nucléaire sont les défis majeurs de notre époque. Les questions relatives aux réfugiés, à la migration et au commerce doivent être également traitées. Tous ces défis nécessitent des solutions mondiales et seules les Nations Unies permettent à chacun de faire valoir ses points de vue afin de trouver de nouvelles approches qui donneront à la communauté internationale les moyens de faire face aux menaces croissantes à notre bien-être. Plus que jamais, le dialogue doit rester ouvert.  

Comment pouvons-nous donc renforcer le multilatéralisme au service du développement durable ?

Nous devons honorer les engagements pris dans le Programme 2030, qui est le programme le plus ambitieux et le plus universel jamais adopté par les Nations Unies. Le respect des principes de ce Programme est essentiel pour résoudre nos problèmes les plus urgents.

Le respect des principes de ce Programme est essentiel pour résoudre nos problèmes les plus urgents.

Cette année, le Forum de la jeunesse du Conseil économique et social a attiré plus d’un millier de jeunes. Beaucoup nous ont demandé de ne plus les considérer comme les leaders de demain, mais comme les leaders d’aujourd’hui.

Il y a un an, j’ai rencontré Jonathan Mendonca, un ingénieur civil de 25 ans de Mumbai, en Inde. Il y a environ trois ans, il a créé la Barefoot Edu Foundation, « une organisation locale engagée à faire des espaces éducatifs des environnements d’apprentissage stimulants, adaptés aux besoins des communautés qui manquent de ressources ». Son premier projet indépendant, Preparing Anganwadis for Learning, une initiative menée au niveau du district, a permis à plus d’un millier d’enseignants du préscolaire de renforcer leurs capacités dans le domaine de l’éducation de la petite enfance. Il a été en mesure d’assurer la représentation et le soutien de plusieurs organisations afin d’examiner les défis auxquels font face ce groupe particulièrement défavorisé et démuni. Il a participé au Forum de la jeunesse où il a noué des contacts avec d’autres jeunes leaders, échangé des idées et partagé son expérience.

Jonathan Mendonca ainsi que les nombreux jeunes qui se sont réunis en avril 2009 au Siège des Nations Unies à New York ne parlent pas du délitement des systèmes multilatéraux. Ils ont toujours foi en la promesse faite par l’Organisation. Ils nous demandent, cependant, de les aider à renforcer les solutions qu’ils ont élaborées, de les écouter. Veillons à le faire.

Le Forum politique de haut niveau crée un espace de dialogue et une plate-forme de connaissances. Je suis inspirée par le ferme engagement des 102 pays qui ont déjà présenté des examens nationaux volontaires, des 40 autres qui doivent le faire cette année pour la première fois et des 7 autres qui le feront pour la deuxième fois. En juillet, le Forum, qui se tiendra sous les auspices de l’ECOSOC, examinera les ODD concernant l’emploi et la croissance économique, les inégalités, l’éducation, la paix, la justice et la mise en place d’institutions solides ainsi que, bien entendu, les partenariats mondiaux et le thème de l’inclusion et de l’égalité, des sujets pertinents tandis que nous traitons des questions urgentes de notre époque.

Au cours de l’après-midi, une collation nutritive composée d'aliments biologiques locaux riches en fer et en protéines est servie sur des feuilles de tek biodégradables à l’école publique One Star, une école maternelle à Madhya Pradesh, en Inde, confiée à Barefoot Edu pour assurer une transformation globale et intégrée.​ ​

Les nombreuses informations recueillies dans ces examens fournissent des renseignements utiles pour atteindre nos objectifs communs et donnent l’élan pour aller de l’avant. De nombreuses bonnes méthodes et solutions sont mises en œuvre partout dans le monde et sont partagées par le biais de plates-formes de connaissances ainsi que par d’autres mécanismes de transfert de technologie, de financement et d’échange d’information, y compris celles aux niveaux local et régional qui pourraient être développées ou reproduites ailleurs. Les institutions financières sont exhortées à mobiliser leurs ressources et à les redistribuer pour assurer un développement durable afin qu’elles soient utilisées plus efficacement pour répondre aux multiples défis, sachant que des investissements plus intelligents, tournés vers l’avenir, généreront des dividendes pendant des années. Les innovations technologiques, appliquées aux cadres institutionnels qui soutiennent l’égalité et l’autonomisation des populations, encourageront sans aucun doute la mise en œuvre des ODD et nous permettront d’espérer un avenir meilleur pour tous. La société civile, avec ses nombreuses organisations à base communautaire, demeure au premier plan de la mise en œuvre. Les dirigeants doivent encourager les solutions locales ainsi que la participation de ceux qui sont le moins susceptibles d’être entendus.

Nous réalisons des progrès. Davantage de personnes vivent mieux aujourd’hui qu’il y a dix ans. Quatre ans après l’adoption du Programme 2030, nous savons que de nombreux gouvernements placent les ODD au centre de leurs programmes de développement et alignent leurs politiques et leurs institutions sur les objectifs.

Quatre ans après l’adoption du Programme 2030, nous savons que de nombreux gouvernements placent les ODD au centre de leurs programmes de développement et alignent leurs politiques et leurs institutions sur les objectifs.

Toutefois, de plus en plus de données, de statistiques et de connaissances scientifiques indiquent qu’un effort plus important doit être fait pour réaliser les ODD et s’assurer que personne ne reste à la traîne. Nous devons redoubler d’efforts, plus rapidement, afin de transformer le monde d’ici à 2030. Nous pouvons encore atteindre les objectifs si nous corrigeons drastiquement la trajectoire.

Lors du Forum de la jeunesse de l’ECOSOC, les jeunes et ceux qui manifestent dans le monde nous avertissent que nous vivons comme si nos ressources étaient illimitées. Ils nous rappellent qu’il nous revient d’assurer le bien-être des générations futures. Ils craignent de subir les conséquences des choix peu judicieux que nous faisons aujourd’hui. Toutefois, comme l’a fait remarquer Steven Pinker, professeur à Harvard et auteur renommé, lors d’une conférence à l’ECOSOC au début de l’année, « il n’y a aucune limite aux améliorations que l’on peut apporter si nous continuons à appliquer les connaissances à l’épanouissement de l’homme. »

Le Forum politique de haut niveau, qui tiendra également en septembre 2019 une réunion au sommet sous les auspices de l’Assemblée générale, nous offre une occasion idéale de faire le point, d’appliquer les connaissances, d’examiner les solutions et de catalyser l’action en vue de la mise en œuvre du Programme 2030. Ce sera l’occasion de réaffirmer notre engagement en faveur de la coopération mondiale et de créer les conditions nécessaires à la paix et au développement durable, car nous ne pouvons avoir ni l’un ni l’autre si nous n’avons pas les deux.

Dans son dernier livre, intitulé Brief Answers to the Big Questions, Stephen Hawking, le regretté grand mathématicien, explique que « lorsque nous regardons la Terre depuis l’espace, nous nous voyons comme un tout. Nous voyons l’unité et non les divisions. C’est une image si simple et pourtant si forte : une planète, une race humaine ». Stephen Hawking est décédé au début de 2018, mais pas avant de lancer son propre appel à l’action : « J’espère qu’à l’avenir... les personnes au pouvoir feront preuve de créativité, de courage et de leadership. Qu’elles seront à la hauteur des objectifs de développement durable et agiront… Je ne sais que trop à quel point le temps est précieux. Saisissez l’instant, agissez maintenant ! »

Les peuples du monde nous regardent et pensent que nous pouvons mieux faire. Eux aussi demandent que nous AGISSIONS MAINTENANT !

 

La Chronique de l’ONU ne constitue pas un document officiel. Les points de vue exprimés par les auteurs, les frontières et les noms indiqués ainsi que les désignations employées sur les cartes ou dans les articles, n’impliquent pas nécessairement la reconnaissance ni l'acceptation officielle de l’Organisation des Nations Unies.