20 septembre 2021

Introduction

Le monde se souviendra de 2020 comme de l’année où l’humanité a été contrainte d’accepter une « nouvelle normalité », avec une pandémie mondiale qui a dominé nos vies et exacerbé de nombreux défis existants ainsi que les inégalités. Mais pour le programme « jeunes, paix et sécurité », l’année a été couronnée de succès : publication du premier rapport du Secrétaire général sur les jeunes et la paix et la sécurité pendant un débat virtuel du Conseil de sécurité des Nations Unies; adoption, par le Conseil, d’une troisième résolution sur les jeunes et la paix et la sécurité; et organisation de divers événements intergouvernementaux, interinstitutionnels et dirigés par des jeunes à l’occasion du cinquième anniversaire de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité relative aux jeunes, à la paix et à la sécurité. Parmi ces événements, citons le Forum de Turin pour la pérennisation de la paix, organisé par l’École des cadres du système des Nations Unies en partenariat avec le Ministère des affaires étrangères italien. 

Bien que la COVID-19 ait, sans aucun doute, perturbé les plans dans tous les domaines, les partenariats entre les jeunes et de multiples acteurs, tels que les Nations Unies, les institutions régionales, les États membres et la société civile, ont continué à se développer.

Alors que le monde continue de traverser une période de turbulence dans le contexte de la pandémie en cours, il est essentiel de construire des communautés durables et pacifiques, comme l’a souligné l’année dernière le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres dans un appel à un cessez-le feu immédiat. Les jeunes sont au cœur de ces efforts et ont clairement démontré que, pour eux, une pandémie mondiale ne sera pas un frein. Pourtant, alors que leur résilience et leur action de consolidation de la paix devraient faire d’eux des acteurs importants dans les processus politiques et de paix, les jeunes leaders sont encore trop souvent considérés comme des participants symboliques qui restent en marge ou qui sont catégoriquement exclus des processus visant à transformer les conflits.

Pourquoi le rôle des jeunes dans les processus de paix est-il vital ?

En 2019, le document d’orientation « We Are Here: An Integrated Approach to Youth-Inclusive Peace Processes », co-écrit par Irena Grizelj et Ali Altiok, a été publié. Ce document d’orientation et ses 17 recommandations ont mis en valeur l’idée d’une approche intégrée et à plusieurs niveaux aux processus de paix incluant les jeunes, directement fondée sur leurs propres expériences. Traditionnellement, les participants à un processus de paix visent à « siéger à la table des négociations » pour gagner en pouvoir, mais le document d’orientation fait valoir que les jeunes influencent ces processus dans les salles de négociation, autour et en dehors. Contrairement à d’autres acteurs, leur capacité à influencer les processus de paix n’est pas liée à leur proximité de la table des négociations, et souvent leur action et leur leadership en font des acteurs essentiels qui renforcent la légitimité et la durabilité des accords de paix. Lorsqu’ils s’engagent dans les trois niveaux de négociations et y participent — dans la salle, autour et en dehors — leur influence est plus positive dans l’élaboration des accords que s’ils sont simplement invités à siéger à la table. Le document d’orientation est le premier document de recherche qui a cherché à consolider explicitement où et comment les jeunes façonnent les processus de paix et à le documenter.  

Qu’est-ce que cela signifie en pratique ? Examinons quelques exemples créatifs montrant les différents niveaux de l’engagement des jeunes leaders.

Bien que les jeunes soient rarement représentés à la table des négociations officielles de paix, ou aient rarement l’occasion d’y participer, il existe néanmoins quelques exemples où ils ont réussi à les influencer. Par exemple, en 2010, des pourparlers ont eu lieu entre le Gouvernement des Philippines et le Front de libération islamique Moro, une organisation séparatiste basée dans le sud du pays. Les jeunes ont été au premier plan des discussions à la table des négociations, préparant des documents d’information techniques et menant des campagnes de sensibilisation.

De même à Chypre, les jeunes ont participé aux trois niveaux de négociations. Avec l’aide d’acteurs de soutien dans la salle et en dehors, ces jeunes activistes ont mené des interventions éducatives visant à lutter contre les préjugés, à établir des passerelles entre les divergences et à transformer les récits.

La protection des droits fondamentaux des jeunes, notamment leur sécurité physique et leur espace civique, est une condition préalable à leur participation significative dans la salle de négociation, autour et en dehors. Il est donc essentiel d’instaurer la confiance civique et la cohésion sociale, de garantir l’état de droit et de prévenir les abus de pouvoir de la part du personnel de sécurité. Il est tout aussi important de prendre activement en compte les dynamiques du genre dans les processus de paix et de plaider pour une approche tenant compte des disparités entre les sexes.

Quelle est la voie à suivre?

Au cours de ce périple de six ans qui a suivi l’adoption en 2015 de la résolution 2250 du Conseil de sécurité, de nombreux progrès ont été accomplis pour promouvoir le programme « jeunes, paix et sécurité ». Non seulement trois résolutions ont été adoptées par le Conseil de sécurité à cet égard1, mais nous avons également constaté une mobilisation mondiale plus importante menée par les jeunes. Toutefois, la mise en œuvre au niveau des pays est essentielle pour que ce programme ait un impact significatif sur leur vie.

Pour mieux reconnaître, valoriser et coordonner l’engagement des jeunes dans le rétablissement de la paix, une stratégie quinquennale sur les processus de pays les incluant est actuellement en cours d’élaboration dans le cadre d’un partenariat multipartite entre les Nations Unies, la société civile, les jeunes militants et les organisations de jeunes. Elle s’appuie sur le document d’orientation « We Are Here » et vise à créer un cadre dynamique, prospectif et évolutif qui relie les niveaux international, régional et local en promouvant la participation significative des jeunes aux processus de paix à ces trois niveaux.

En outre, au printemps 2021, l’École des cadres du système des Nations Unies, en partenariat avec l’Académie Folke Bernadotte de Suède, a piloté son tout premier cours en ligne sur les jeunes, la paix et la sécurité, adapté à un public de jeunes et à celui des Nations Unies. Ce cours, dont l’objectif vise à accroître l’engagement significatif des jeunes dans la promotion de la paix et de la sécurité en dotant le personnel des Nations Unies des compétences nécessaires pour mettre efficacement en œuvre le programme « jeunes, paix et sécurité » dans leur contexte opérationnel, sera lancé dans son intégralité à l’automne 2021. Restez à l’écoute de notre prochaine annonce via les médias sociaux sur la manière de contribuer.

 

Note:

1S/RES/2250 (2015)S/RES/2419 (2018)S/RES/2535 (2020).


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