8 février 2021

La pandémie de COVID-19 est une catastrophe mondiale qui a causé des pertes immenses en vies humaines et en moyens d’existence. Les répercussions dans les pays à faible revenu sont particulièrement importantes. Les inégalités préexistantes sont exacerbées. De plus en plus de personnes tombent dans la pauvreté, de plus en plus de familles souffrent de la faim et de plus en plus d’enfants abandonnent leurs études. La violence à l’égard des femmes et des filles augmente. Dans ces pays, des millions d’enfants et de femmes sont exposés à des risques de maladies, d’invalidité et de décès causés par l’interruption des services de santé essentiels, comme la vaccination systématique, les soins prénatals et une assistance qualifiée lors de l’accouchement.

Malgré ces défis, de nombreux pays à faible revenu ont montré des compétences extraordinaires et ont fait preuve d’innovation, de résilience et de détermination pour lutter contre la COVID-19 et protéger les populations, notamment par l’utilisation des nouvelles technologies. De nouveaux partenariats ont été créés avec le secteur privé et la société civile à une vitesse record et d’une façon sans précédent. Nous avons tant de choses à apprendre les uns des autres. Nous pouvons commencer en valorisant et en respectant la diversité de nos contributions en vue de mettre fin à cette crise.

Pour la première fois depuis la création des Nations Unies, presque tous les pays et toutes les économies du monde sont unis pour lutter contre un ennemi unique : la COVID-19. Nous sommes unis dans nos souffrances, unis dans notre chagrin et unis dans nos espoirs d’un avenir sain. Mais pour mettre rapidement fin à la pandémie, nous devons aussi être unis dans nos actions. Pour cela, il faut assurer à tous les pays l’égalité d’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 sûrs et efficaces, quelle que soit leur capacité à payer.

La vaccination est un outil essentiel pour arrêter la pandémie. De nombreux pays riches ayant déjà mis en place la vaccination, les pays à faible revenu doivent faire de même. Le dispositif COVAX a été créé pour assurer un accès équitable aux vaccins anti-COVID-19, un impératif médical et éthique.

Codirigé par Gavi, l’Alliance du vaccin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), le dispositif COVAX est une solution véritablement mondiale. Il travaille avec les gouvernements, les fabricants de vaccins ainsi qu’avec ceux qui les financent afin de fournir des vaccins anti-COVID-19 par le biais d’un mécanisme mondial et commun et de les rendre disponibles dans le monde entier aux populations à la fois des pays à revenu élevé et des pays à faible revenu.

Réunissant 190 gouvernements et économies représentant 90 % de la population mondiale, le dispositif COVAX, l’un des trois piliers du Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT), permet un accès rapide, juste et équitable aux vaccins. Par le biais de l’instrument financier innovant de Gavi, la garantie de marché pour les vaccins COVID-19 (COVAX AMC), les 92 économies à revenu faible auront accès aux vaccins anti-COVID 19 financés par des donateurs par le biais du COVAX en même temps que 98 pays à revenu élevé et autofinancés recevront les leurs.

Le COVAX a déjà conclu des accords pour accéder à plus de 2 milliards de doses de plusieurs vaccins candidats prometteurs, les premières doses devant être livrées en février 2021, tandis que des négociations se poursuivent pour obtenir des doses supplémentaires. Bien que les stocks soient initialement limités, ils devraient rapidement s’accroître, de sorte qu’à la mi-2021, le COVAX aura fourni un nombre suffisant de doses pour protéger les personnes présentant un risque élevé, notamment le personnel de santé et d’autres travailleurs de première ligne ainsi que les groupes vulnérables.

D’ici à la fin de l’année, on estime que le dispositif COVAX aura fourni au moins 1,3 milliard de doses de vaccins aux pays à faible revenu participant à l’AMC et contribué à leur distribution. Afin d’assurer que ces vaccins soient distribués de manière appropriée et équitable, le système de gouvernance sur mesure de COVAX a été élaboré en plaçant l’équité et la transparence au cœur de chaque politique et de chaque processus, notamment la nomination de représentants de la société civile dans les principaux groupes de travail du dispositif.

La fourniture de doses financées par des donateurs via le COVAX AMC de Gavi, ainsi qu’un soutien pour la préparation et la livraison, permettront de s’assurer que les pays à faible revenu n’auront pas besoin de réaffecter des budgets existants, ni de détourner leurs ressources d’autres programmes de vaccination systématique vitaux. C’est absolument essentiel pour maintenir les services de vaccination systématique et éviter une forte augmentation des maladies mortelles évitables par la vaccination telles que la pneumonie, la diarrhée, la rougeole et la poliomyélite.

Les préparatifs, dirigés par l’OMS, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et Gavi, sont déjà bien avancés pour livrer des vaccins aux 92 économies soutenues par le COVAX AMC de Gavi, Gavi allouant 150 millions de dollars de son financement de base catalysant les efforts initiaux déployés pour la préparation et la distribution des vaccins anti-COVID-19. Ce soutien s’appuie sur les investissements plus importants de Gavi dans le renforcement de systèmes de santé et la fourniture de vaccins systématiques, qui ont permis aux pays à faible revenu de vacciner plus de 822 millions d’enfants depuis 2000, évitant plus de 14 millions de décès. L’infrastructure mise en place avec ces investissements, de la chaîne d’approvisionnement au personnel de santé qualifié, en passant par la surveillance des maladies, constitue une base solide pour une distribution et une mise en place efficaces et équitables des vaccins anti-COVID-19 dans des contextes où les ressources sont limitées.

Il est inquiétant de constater qu’à l’aube de la mise en place de vaccins la plus importante et la plus rapide de l’histoire, certains gouvernements continuent de rechercher des accords bilatéraux. Cela engendre une concurrence qui fait monter les prix et impose des contraintes alors que les stocks sont limités. Si cela se poursuit, et que les fabricants de vaccins vendent d’abord au plus offrant, avec la promesse de livrer des doses par la suite, cela ne créera que des retards dans l’accès qui prolongeront la pandémie. Sans un accès équitable aux vaccins anti-COVID-19, assuré par le dispositif COVAX, la pandémie continuera de faire rage. Après tout, dans un monde très interconnecté, personne n’est en sécurité si tout le monde ne l’est pas.

En attendant, il reste des défis à relever en termes de mise en œuvre et de participation dans les pays à faible revenu : de la réglementation à l’approbation d’une stratégie qui donne la priorité aux groupes à haut risque, en passant par la prestation de services, ainsi que l’hésitation et la désinformation concernant les vaccins, les défis sont considérables. Mais, dans de nombreux cas, leur nature est peu différente de certains des défis auxquels des pays plus riches font face. Comme avec le COVAX, si nous plaçons la solidarité mondiale avant le nationalisme vaccinal et la coopération internationale avant la concurrence, nous pourrons trouver des solutions plus rapides, plus efficaces et plus innovantes pour protéger les riches comme les moins riches.

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