27 septembre 2020

La COVID-19 a eu de graves répercussions sur tous les aspects de l’industrie du tourisme, notamment sur ses composantes économiques, environnementales et sociales. La note de synthèse : COVID-19 et la transformation du tourisme, publiée récemment par le Secrétaire général des Nations Unies, décrit les effets graves et négatifs de la pandémie sur le tourisme mondial, notamment la perte d’emplois, l’épuisement des ressources naturelles, la dégradation de la qualité de vie pour les femmes dans le domaine de l’emploi ainsi que le manque de protection des sites du patrimoine mondial. Elle met aussi l’accent sur la nécessité de reconstruire le tourisme sur la base des cinq priorités suivantes. 

1. Gérer la crise et atténuer l’impact socioéconomique sur les moyens de subsistance

La note de synthèse souligne l’importance d’une communication efficace entre le gouvernement, les exploitants industriels et la communauté afin de mettre au point des stratégies de reprise. Le dialogue social est une condition essentielle à la création de politiques et de protocoles de sécurité solides. La République de Corée a géré ses cas de COVID-19 rapidement et efficacement, ayant tiré les leçons de l’épidémie du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MRES) en 2015. Le Gouvernement a procédé à des ajustements dans le système de santé, en particulier en ce qui concerne la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle, le soutien au personnel médical et la création de canaux de communication plus efficaces entre les parties responsables, y compris avec le cabinet du Président. Ces changements ont permis au Gouvernement de prendre des décisions rapides et efficaces. En outre, les technologies de pointe et les médias ont été utilisés pour rechercher les contacts et minimiser la propagation du virus.

L’Équateur a été le premier pays de la région andine à rouvrir ses frontières aux vols commerciaux internationaux en exigeant initialement un test par réaction en chaîne par polymérase (PCR) et une période de quarantaine. Le Gouvernement a exigé ces tests depuis la mi-août 2020 et a créé un « couloir de sécurité » pour les voyageurs se rendant aux îles Galapagos.

La note de synthèse traite la « Réouverture du tourisme pour les voyageurs handicapés », un document qui offre des conseils pertinents pour promouvoir l’inclusion. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), les personnes âgées, les femmes enceintes, les personnes souffrant d’allergies et les familles accompagnées de jeunes enfants pourraient bénéficier du développement d’un tourisme plus accessible. Le tourisme accessible est une industrie prometteuse et représente un marché important et inclusif qui présente un intérêt concret pour toutes les populations. Les destinations touristiques qui répondent aux exigences en matière d’accessibilité, une démarche considérée comme étant positive, améliorent l’expérience touristique et contribuent à l’amélioration de la qualité de vie de tous les résidents et de tous les visiteurs à l’ère post-COVID-19.

2. Stimuler la compétitivité et renforcer la résilience

La note de synthèse souligne l’importance de repenser la structure des économies du tourisme afin de stimuler leur compétitivité et leur flexibilité par le biais d’investissements dans l’éducation et le développement des compétences. L’International Council on Hotel, Restaurant, and Institutional Education (ICHRIE) a présenté une série de webinaires pour partager avec les éducateurs en hôtellerie et en tourisme des informations sur la manière de traiter les données liées aux scénarios de relèvement.

Elle souligne également l’importance de promouvoir le tourisme domestique et régional. Récemment, au Japon, la Préfecture de Hokkaido a lancé un programme de subventions pour promouvoir les voyages des résidents japonais dans leur pays. Les fonds subventionnent les coûts d’exploitation des prestataires, réduisant ainsi les frais de voyage des clients. Ce modèle de microtourisme soutient la durabilité des commerces locaux, minimise la propagation du virus en limitant les déplacements, développe la fierté des habitants et encourage les voyages1.

3. Promouvoir l’innovation et la numérisation de l’écosystème du tourisme

La reprise des activités touristiques ne sera pas possible sans l’aide de technologies innovantes. Bien que les applications de menu avec code QR, les brochures de voyage en réalité virtuelle et les systèmes de paiement sans contact aient été disponibles avant la pandémie, ils sont aujourd’hui plus importants pour les exploitants d’hôtel, les propriétaires et les clients. Les techniques d’exploration des données et d’apprentissage automatique devraient être aussi mises en œuvre pour renouer les contacts avec les voyageurs et les clients.

En partenariat avec des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration, le Conrad N. Hilton College of Hotel and Restaurant Management, de l’Université de Houston, a mis au défi les étudiants des programmes d’hôtellerie dans le monde d’élaborer des stratégies pour la relance du tourisme. Au total, 29 candidatures de 32 écoles de tourisme et d’hôtellerie ont présenté des solutions pouvant être intégrées immédiatement avec efficacité et, idéalement, améliorer les opérations tout en fournissant une aide essentielle sur la voie de la relance.

4. Favoriser la durabilité et la croissance verte inclusive

La note de synthèse offre une occasion de réaligner l’industrie du tourisme sur les objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) par le biais de la plate-forme interactive « Tourisme au service des objectifs de développement durable » et l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement et l’OMT, une économie verte est une économie qui contribue à améliorer la qualité de vie et l’égalité sociale en protégeant les environnements naturels. Grâce aux avancées des technologies et des innovations vertes, de nombreuses possibilités s’offrent à l’industrie du tourisme pour se transformer en un secteur de l’économie mondiale responsable et durable. Par exemple, en utilisant l’Internet des objets, notamment les appareils intelligents, les exploitants d’hôtels peuvent personnaliser les conditions environnementales, telles que la température des chambres, l’utilisation de l’eau et l’ordre du nettoyage des chambres en fonction des préférences des clients, ce qui augmente l’efficacité et élimine le gaspillage2. Hilton a établi un objectif de durabilité à long terme afin de réduire de moitié, d’ici à 2030, son impact environnemental grâce aux technologies vertes3. En 2017, Marriott a lancé Serve 360: Doing Good in Every Direction, une plate-forme à impact social dédiée à la durabilité afin de réduire d’ici à 2025 la consommation d’eau et la quantité de CO24.

Le Professeur Ki-Joon Back, Université de Houston, États-Unis d’Amérique.

Autre exemple, l’hôtel Icon à Hong Kong a réduit l’utilisation des bouteilles d’eau en plastique en installant un système de filtration et de purification de l’eau et en mettant à disposition des carafes et des verres recyclés dans chaque chambre. La société Sands s’efforce de réduire le gaspillage alimentaire en s’appuyant sur la science du comportement pour changer les habitudes qui, en premier lieu, conduisent à la production de déchets. Grâce à un suivi, à une évaluation efficace des déchets alimentaires ainsi qu’au système de gestion de l’inventaire des cuisines, elle est en mesure de réduire les achats excessifs et de fournir de nouveaux plateaux dans les salles à manger des employés.

5Renforcer la coordination et les partenariats pour transformer le tourisme et réaliser les ODD

La note de synthèse indique que « l’avenir du tourisme dépend de la création de partenariats à tous les niveaux ». La réponse et la coordination proactive des différents acteurs sont essentielles. Selon le rapport actualisé des « Perspectives de l’économie mondiale », publié en juin 2020 par le Fonds monétaire international (FMI), les plans de relance mis en place par de nombreux gouvernements se sont élevés à 11 000 milliards de dollars. Les fonds ont été utilisés pour sauver des vies et protéger les moyens de subsistance des personnes directement touchées par la COVID-19. En outre, selon les rapports de McKinsey, les pays du G20 ont annoncé des mesures fiscales représentant en moyenne 11 % du PIB, certains pays s’engageant à consacrer jusqu’à 40 % de leur PIB à leur plan de relance économique.

Le Gouvernement de la Jamaïque a alloué 1,2 milliard de dollars de subventions aux entreprises menant des activités dans les secteurs du tourisme et autres secteurs connexes. La Finlande a alloué 5,5 milliards d’euros pour soutenir une sortie durable de la crise; une partie de ces fonds peut être utilisée pour relancer l’écotourisme, notamment en protégeant les zones vertes, les services liés à l’approvisionnement en eau ainsi que les forêts.

Certains pays développés se sont engagés à soutenir les pays en développement et à faible revenu dans le cadre de plusieurs modules de financement et de projets spéciaux conçus pour aider à la reprise après la crise financière. Par exemple, l’Allemagne a promis de consacrer 68 millions d’euros à 29 projets dans 25 pays et de soutenir 16 partenaires de mise en œuvre des Initiatives internationales pour le climat. De nombreuses initiatives de coopération internationale ont déjà été annoncées pour soutenir les pays les plus vulnérables. Par exemple, le FMI collabore avec la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement ainsi qu’avec d’autres partenaires avec un budget pouvant atteindre 643 millions de dollars afin d’élaborer des solutions innovantes visant à aider les pays de la région Pacifique à se relever de la crise économique actuelle.

Dernièrement, certaines entreprises privées collaborent avec les gouvernements pour se relever et promouvoir des initiatives commerciales qui profiteront à la communauté locale. La Kangwon Land Resort, en République de Corée, a créé 236 emplois, recrutant des personnes âgées locales, des résidents handicapés ainsi que des femmes dans le cadre de projets innovants visant à revitaliser la communauté. Hilton collabore avec les autorités étatiques et fédérales sur des prêts pour l’industrie afin d’éviter les licenciements et la fermeture d’hôtels.

Pour conclure, la « note de synthèse : la COVID-19 et la transformation du tourisme » offre de formidables opportunités quant à la manière dont les décideurs politiques, les partenaires de l’industrie et les communautés peuvent travailler en harmonie afin de surmonter la crise actuelle. Kaye Chon, le doyen de l’Université polytechnique de Hong Kong, a souligné que « le mot chinois pour crise est composé de deux caractères – danger et occasion à saisir ». Se concentrer sur la coordination et les partenariats pour atteindre les 17 ODD peut créer de nouvelles possibilités dans le secteur du tourisme afin de faire avancer le développement durable et l’Accord de Paris.    

Notes

1Kacey Gambin, « What is Dominwari? New Hokkaido style? Go to campaign Japan? », Vacation Niseko, 26 juin 2020. Disponible sur le site https://vacationniseko.com/news/what-is-dominwari-new-hokkaido-style-go-to-campaign-japan.

2Zvjezdana Gavrilović and Mirjana Maksimović, « Green innovations in the tourism sector », Strategic Management, vol. 23, n° 1 (mai 2018), (38)36-42. Disponible sur le site https://pdfs.semanticscholar.org/cb49/12c35cd1a1659eff07407fe14417fa2e788e.pdf.

3Hilton, « Travel with purpose », Hilton 2019 Corporate Responsibility Report (McLean, Virginia, 2019), p.p. 8, 25 and 64. Disponible sur le site https://cr.hilton.com/wp-content/uploads/2020/04/Hilton-2019-CR-Report.pdf.

4Marriott International, 2019 Serve 360 Highlights: Sustainability and Social Impact at Marriot International (2019), p. 6 Disponible sur le site http://serve360.marriott.com/wp-content/uploads/2019/09/2019_Serve_360_Highlights.pdf.  


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