L’humanité est aujourd’hui confrontée à plusieurs problèmes mondiaux dont la pauvreté, la faim et le changement climatique. Le rythme rapide de l’urbanisation et de la croissance démographique accélère également les processus mondiaux, ce qui influe sur les ressources en eau. La pénurie d’eau et la détérioration de la qualité de l’eau sont donc devenues des questions de plus en plus urgentes. Dans le monde moderne, l’eau est devenue un élément essentiel pour assurer la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique et la viabilité environnementale. Ainsi, nous ne pourrons pas atteindre les objectifs mondiaux du développement sans établir une gouvernance mondiale de l’eau.

La gouvernance de l’eau est définie par les systèmes politiques, sociaux, économiques et administratifs qui sont en place et qui influent, directement ou indirectement, sur l’utilisation, le développement et la gestion des ressources en eau et les services d’approvisionnement en eau aux différents niveaux de la société. Le secteur de l’eau étant lié aux développements sociaux, politiques et économiques plus larges et donc touché par les décisions qui sont prises en dehors de celui-ci, la réalisation d’une gouvernance de l’eau efficace exige une approche globale. Il s’agit essentiellement d’assurer la coordination avec les autres formes de gouvernance ainsi qu’avec les structures, procédures et processus formels et informels.

Il faut donc développer la coopération et établir un dialogue entre tous les usagers de l’eau, en particulier dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie, de l’énergie, de la navigation, de l’approvisionnement et de l’assainissement. La question des eaux transfrontalières et des conflits d’intérêts ne peut être résolue que grâce à la coopération, à l’instauration d’un cadre légal et institutionnel adéquat, à des approches conjointes dans la planification et au partage des bénéfices et des frais connexes. Il faut d’abord augmenter l’aide publique au développement pour les projets de développement et de mise en œuvre qui visent à fournir aux populations vulnérables et pauvres de l’eau potable. Une base de données fiable, comprenant des données météorologiques, hydrologiques et socioéconomiques, joue un rôle crucial dans la gestion durable des ressources en eau.

La République du Tadjikistan a initié plusieurs résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies, y compris l’Année internationale de l’eau douce 2003 et la Décennie internationale d’action 2005-2015 « L’eau, source de vie ». En 2010, le Tadjikistan a proposé une résolution qui faciliterait la coopération et la collaboration sur les questions émergentes relatives à l’eau douce et unirait les efforts menés par les gouvernements, les organisations internationales et régionales, les milieux d’affaires, les scientifiques et d’autres représentants de la société civile. En octobre 2010, ma délégation a proposé la résolution de l’Assemblée générale sur l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau (IYWC 2013), qui a été adoptée par consensus en décembre 2010.

L’IYWC vise à unir tous les efforts menés par le système des Nations Unies, les organisations internationales et régionales, les gouvernements, la société civile et les chefs d’entreprise afin d’accroître la prise de conscience des problèmes lies à l’eau douce et de trouver des moyens de les résoudre, créant un environnement favorable pour susciter des idées nouvelles et rechercher les moyens les plus efficaces pour réaliser les objectifs du développement concernant les ressources en eau douce fixés au niveau international.

Alors que la résolution n’a défini aucun objectif spécifique, on pourrait envisager les objectifs suivants :

  • parvenir à une meilleure compréhension de la relation entre le développement durable et la gestion des ressources en eau douce;
  • encourager les gouvernements à développer des stratégies et des programmes pour promouvoir une coopération efficace dans la gestion durable des ressources en eau avec la participation de tous les usagers de l’eau;
  • mobiliser la société civile pour qu’elle participe  de manière constructive à la gestion durable des ressources en eau;
  • augmenter les investissements et les contributions volontaires pour les activités visant à assurer l’accès à l’eau douce aux populations dans le besoin, construire des installations sanitaires, transférer les technologies de pointe qui permettent d’économiser les ressources, améliorer la gestion de l’eau aux niveaux national et régional et protéger les écosystèmes aquatiques;
  • développer des réseaux internationaux de communication et d’information afin de diffuser les connaissances et s’appuyer sur l’expérience des politiques, ainsi que sur des nouvelles pratiques et des mesures innovantes qui ont fait leurs preuves aux niveaux local, national et régional.

Nous espérons que l’IYWC dynamisera l’action et les activités dans le monde et contribuera à relever les défis actuels et émergents liés à l’eau ainsi qu’à susciter des dis- cussions sur l’ordre du jour du développement post-2015 lié à l’eau, y compris les délibérations intergouvernementales en cours sur les objectifs du développement durable en matière d’eau et d’assainissement.

Pour assurer la mise en œuvre réussie des activités de l’Année, la Mission permanente de la République du Tadjikistan auprès des Nations Unies a présenté une résolution intitulée Mise en œuvre des activités au titre de l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau (2013). La résolution de l’Assemblée générale a été coparrainée par 48 pays et adoptée le 21 décembre 2102 par consensus. En 2013, elle prévoit de mettre en place les manifestations suivantes pour soutenir la mise en œuvre de l’IYWC :

  • la Journée mondiale de l’eau, dialogue interactif de haut niveau de la soixante-septième session de l’Assemblée générale, sera organisée à New York le 22 mars 2013 pour marquer l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau (2013) et le vingtième anniversaire de la proclamation de la Journée mondiale de l’eau;
  • la manifestation officielle de la Journée mondiale de l’eau consacrée à la coopération dans le domaine de l’eau, thématique de l’Année internationale, aura lieu le 22 mars 2013 à La Haye, aux Pays-Bas;
  • une  Conférence  internationale  de  haut  niveau  sur la coopération dans le domaine de l’eau aura lieu à Doubanché, au Tadjikistan, à la fin août 2013.

La préparation de ces manifestations sera coordonnée de façon à établir un lien logique entre les activités de l’Année et à assurer leur continuité. À cet égard, nous coopérons étroitement aux questions liées à l’eau et à l’assainissement avec les organismes des Nations Unies et d’autres organisations internationales ainsi qu’avec les États Membres. À l’initiative du Tadjikistan, le Groupe des amis de l’eau a également été établi en 2009 au siège des Nations Unies.

Nous appelons tous nos partenaires nationaux, régionaux et internationaux à organiser des manifestations, notamment des séminaires et des réunions, pour réaliser les objectifs de l’Année. Nous sommes confiants que les gouvernements participeront activement au Dialogue interactif de haut niveau, qui aura lieu à New York, et à la Conférence internationale de haut niveau sur la coopération dans le domaine de l’eau, qui aura lieu à Doubanché, en mettant l’accent sur les défis liés à l’eau qui peuvent être relevés par le développement de la coopération à tous les niveaux.

Comme je l’ai mentionné plus haut, nous essayons d’assurer une cohérence entre les manifestations qui sont prévues dans la résolution sur la mise en œuvre de l’IYWC. Nous estimons que les délibérations du dialogue interactif de haut niveau sur la Journée mondiale de l’eau se poursuivront pendant la Conférence internationale de haut niveau à Douchanché en août 2013 à un niveau plus général et avec des compétences plus étendues. Durant cette conférence, il y aura des expositions avec des affiches, des livres, du matériel audio et vidéo consacrés à la coopération dans le domaine de l’eau qui mettront l’accent sur les questions et les défis liés à l’eau auxquels sont confrontés les nations et leur population. La coopération dans ce domaine étant une question globale, nous estimons que les organisations internationales et régionales qui se consacrent à trouver des solutions, ainsi que toutes les parties intéressées, y compris les entreprises, les organisations non gouvernementales, les organisations de femmes et d’enfants et les autorités locales, devraient participer à la préparation de ces conférences. Le Gouvernement du Tadjikistan a déjà créé un Comité organisateur de la Conférence de haut niveau présidé par M. Oqil Oqilov, le Premier Ministre.

Nous encourageons les participants de la Conférence de Douchanché à formuler des propositions et des conseils spécifiques, tout en facilitant le partage de leurs expériences et de leurs idées, de façon à progresser vers une solution aux questions et aux problèmes liés à l’eau. En outre, nous espérons que durant la période de préparation, le Comité organisateur collaborera avec les organisateurs des autres manifestations régionales et internationales consacrées à la coopération dans le domaine de l’eau.

Le Tadjikistan pense que les problèmes actuels liés à l’eau douce ne sont pas dus au manque d’accords, de décisions ou de recommandations internationales. Il faut des mesures beaucoup plus efficaces et concertées et une volonté politique plus ferme à tous les niveaux pour appliquer ces décisions et ces programmes d’action. Pour traiter ces problèmes de manière efficace, la communauté internationale doit entreprendre des actions coordonnées, résolues et à long terme qui uniront les efforts déployés par les gouvernements, les organisations internationales et régionales, les milieux d’affaires, les scientifiques et les représentants de la société civile.

Pour progresser véritablement, il faudra :

  • renforcer l’engagement politique et les actions en faveur de l’application des accords internationaux;
  • lancer des campagnes d’information et de sensibilisation plus énergiques et plus ambitieuses sur la coopération et le dialogue;
  • favoriser la mise en commun des politiques et des pratiques qui ont fait leurs preuves aux niveaux local, national, régional et international;
  • resserrer la collaboration entre le secteur public et le secteur privé et entre les communautés, les autorités locales et les gouvernements;
  • intensifier la coopération internationale et régionale.