Un ordre du jour ambitieux a été fixé dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement afin d'améliorer la qualité de vie de tous et de promouvoir le développement humain. Les OMD représentent notre aspiration commune pour une vie meilleure et fournit une feuille de route sur la manière d'y parvenir. Or, ils ne pourront être réalisés que si les gouvernements, la société civile et les institutions internationales travaillent ensemble pour traiter les questions de population comme une priorité du développement, en particulier garantir la santé et les droits en matière de procréation, spécialement ceux des pauvres et des femmes. Cette vision est contenue dans le Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), qui a été adoptée par 179 gouvernements en 1979. L'objectif de l'accès universel à la santé génésique de la CIPD d'ici à 2015 entre dans le cadre des OMD, l'objectif 5 qui vise à améliorer la santé maternelle. L'accès à la santé génésique peut avoir un impact important sur le développement, non seulement pour améliorer la santé maternelle mais aussi pour réaliser tous les OMD.
Lien entre pauvreté, santé et droits en matière de procréation. Les maladies et les décès liés à une mauvaise santé génésique représentent un cinquième du fardeau mondial des maladies et près d'un tiers pour toutes les femmes. Chaque année, plus de 500 000 femmes meurent en couches, dont plus de 95 % en Afrique et en Asie. Chaque minute, quatre personnes sont infectées par le VIH et chaque année 2,1 millions meurent du sida.
Bien que dévastatrices, ces statistiques mondiales ne traduisent pas vraiment la tragédie d'une famille quand une mère meurt en couches ou quand un enfant perd un membre de la famille à cause du sida. C'est une double tragédie parce que nous savons comment prévenir ces maladies. Des interventions efficaces existent. Pourtant aujourd'hui, ce sont les pauvres qui ont le moins accès à l'éducation et aux soins de santé, y compris à la santé génésique, ce qui les enferme dans un cycle vicieux de pauvreté et de santé précaire qui se perpétue souvent de génération en génération. C'est ce piège de la pauvreté qu'il faut briser si nous voulons réaliser les OMD. Les investissements dans la santé sexuelle et génésique jouent un rôle important.
Avantages de l'investissement dans la santé et les droits en matière de procréation. La qualité de la santé génésique permet aux couples et aux individus de mener une vie plus saine et plus productive et, en retour, de contribuer davantage aux revenus de leur foyer et à l'économie nationale. Les bénéfices sont connus et documentés. Ils sont nombreux. Ils comprennent la prévention des décès dus au VIH/sida et au cancer, les complications à la naissance et les avortements effectués dans de mauvaises conditions; la prévention ou la réduction des conditions incapacitantes comme la fistule obstétrique ou d'autres maladies sexuelles et génésiques; l'amélioration de l'état nutritionnel et la diminution du risque d'anémie chez les femmes; l'augmentation des taux de survie et une meilleure santé pour les nouveau-nés. On estime que l'accès à la planification familiale volontaire pourrait réduire la mortalité maternelle de 20 à 35 %, et la mortalité infantile de 20 %. De plus, la Banque mondiale estime que dispenser des soins qualifiés lors de l'accouchement, en particulier l'accès aux soins obstétricaux d'urgence, réduirait la mortalité maternelle d'environ 74 %.
Ce sont des avantages importants. Mais si ces chiffres sont impressionnants, le personnel, les avantages sociaux et économiques apportés par la santé génésique peuvent être même plus importants. Ils sont extrêmement importants pour le bien-être humain et le développement économique. Ils comprennent l'amélioration de la condition de la femme et une plus grande égalité entre les femmes et les hommes, ainsi que des avantages pour les individus, pour les ménages et la société. Une étude menée au Mexique a révélé que pour chaque peso que le système de sécurité sociale mexicain a dépensé pour les services de planification familiale entre 1972 et 1984, il en économisait neuf pour les dépenses consacrées au traitement des complications de l'avortement réalisé dans de mauvaises conditions et aux soins dispensés à la mère et à l'enfant. En Thaïlande, chaque dollar investi dans les programmes de planification familiale a permis au gouvernement d'économiser plus de 16 dollars. Et encore plus impressionnant, une étude réalisée en Égypte a révélé que chaque dollar investi dans la planification familiale permettait au gouvernement d'économiser 31 dollars. Cette projection comprenait les dépenses du gouvernement pour l'éducation, l'alimentation, la santé, le logement, l'eau et les services d'assainissement.
Les études montrent aussi que les avantages vont au-delà des économies gouvernementales. Dans les régions où la mortalité est élevée, les parents ont tendance à avoir plus d'enfants, mais investissent moins dans l'éducation et la santé de chacun d'entre eux, ce qui a des effets néfastes sur les perspectives économiques. On sait aussi que les maladies chroniques, une santé précaire et une productivité faible découragent les investissements étrangers directs dans le commerce et l'infrastructure. En outre, les investissements dans la santé génésique, en particulier la planification familiale, peuvent produire ce qu'on appelle une « prime démographique ». Ceci est encouragé par des taux de fécondité et de mortalité plus bas et une plus grande proportion de la population active en bonne santé et ayant relativement moins de personnes à charge. Si l'emploi est généré pour la population active, cette prime se traduit par une plus grande productivité, de plus grandes économies et une croissance économique plus forte. En Asie de l'Est où la pauvreté a chuté considérablement, on estime que la prime démographique représente un tiers de la croissance économique sans précédent de la région de 1965 à 1990. Cette région abritant un nombre record de jeunes, il est temps d'investir dans les jeunes. Les opportunités qui leur seront offertes en matière d'éducation, de santé et d'emploi détermineront notre avenir commun.
Investir dans la santé génésique est un moyen de lutter contre le VIH/sida. Il ne fait aucun doute qu'investir dans la santé sexuelle et génésique est une stratégie qui permet de réduire l'épidémie du VIH/sida. Avec plus de 75 % de cas de VIH transmis par voie sexuelle, au moment de l'accouchement et lors de l'allaitement, il est logique d'associer les efforts déployés pour lutter contre le VIH/sida et la santé sexuelle et génésique, ce qui bénéficierait tout particulièrement les femmes et les jeunes, qui souffrent de cette maladie de manière disproportionnée.
Des liens plus étroits peuvent donner lieu à des programmes plus pertinents et plus rentables ayant un plus grand impact. En utilisant les mêmes services, le même personnel de santé et la même infrastructure - en investissant dans la formation et la modernisation - nous pouvons fournir les réponses dont nous avons tellement besoin pour améliorer la santé maternelle, diminuer la mortalité infantile, prévenir l'infection à VIH et fournir conseils, traitement et soins. Les pays qui ont réduit de manière drastique les taux de d'infection à VIH ont eu recours aux interventions de santé génésique. Au Brésil, en Thaïlande et en Ouganda, par exemple, la mobilisation de la communauté et les changements des comportements, y compris l'utilisation de préservatifs, ont joué un rôle vital.
Investir dans la santé génésique, c'est investir dans le développement. Le rapport final du Projet du Millénaire, Investir dans le développement, souligne l'importance d'investir dans la santé sexuelle et génésique dans le cadre des efforts de développement globaux, en particulier pour renforcer les systèmes de santé et améliorer la santé publique. L'amélioration de l'accès aux services de santé sexuelle et génésique, y compris la planification familiale, s'est révélée être un des moyens rapides de réaliser les OMD. Mais ces arguments ne sont que des mots, tant qu'une action ambitieuse et décisive ne sera pas prise. Une volonté politique renforcée, le partenariat et l'investissement sont nécessaires pour que la santé et les droits en matière de procréation deviennent une réalité.**Mali, 2003. Fatoumata, 15 ans, tient dans les bras son fils Moussa qui vient de naítre. Mariée à 14 ans, elle n'est jamais allée à l'école. Bien qu'au Mali, seulement 4 naissances sur 10 font l'objet de soins qualifiés, Fatoumata a pu accoucher dans un centre de santé communautaire doté d'un personnel médical qualifié et pourvu de matériel médical et d'une pharmacie approvisionnée.
© Save the Children/Michael Bisceglie
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