En mars 2000, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a publié son rapport « Nous les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle » présentant une liste des défis importants dans le monde. Le rapport établissait un plan d'action pour réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de personnes vivant dans l'extrême pauvreté assurer l'éducation primaire à tous les enfants et réduire de 25 %, d'ici à 2010, les taux d'infection du sida. Le Rapport du Millénaire du Secrétaire général s'articulait autour d'un message central : le bien-être des peuples du monde relève d'une responsabilité partagée. Dans un monde interdépendant, aucune nation n'est isolée, les pays sont de plus en plus liés entre eux. La situation actuelle où la majorité de la population mondiale vit dans la pauvreté alors que la minorité vit dans l'abondance est non seulement anormale, mais elle est non viable à long terme.


Vivre à l'abri du besoin et de la peur sont des droits fondamentaux que nous devons assumer ensemble. Le rapport de M. Annan et les questions connexes ont été examinés en détail lors du Sommet du Millénaire en septembre 2000 à New York. Cette réunion historique a été présidée conjointement par la Namibie et la Finlande. J'ai ainsi eu l'honneur d'en assurer la coprésidence avec le Président de la Namibie Sam Nujoma. Le Sommet a offert une occasion unique de répondre aux défis mondiaux et d'élaborer des idées pour créer un monde plus juste. Pour la Finlande et l'Union européenne (UE), il était important de s'entendre sur des objectifs ambitieux, concrets et réalisables qui donneraient au système de l'ONU une direction pour maintenir la paix et la sécurité et soutenir les efforts de développement des États Membres dans un monde globalisé. L'UE a souligné la nécessité de placer l'éradication de la pauvreté au centre des efforts de développement. En plus de la responsabilité de chaque pays pour son propre développement, une aide économique internationale serait requise.


Dans la Déclaration du Millénaire, les États Membres ont reconnu que la mondialisation ouvrait des perspectives intéressantes, mais que les avantages étaient inégalement partagés et que le coût en était inégalement réparti parmi et dans les pays. Le document a fixé un défi : faire en sorte que la mondialisation soit une force positive pour l'humanité entière. Le Sommet a également attiré l'attention sur la nécessité croissante de faire davantage participer la société civile à la résolution des problèmes internationaux et de faire des Nations Unies un système multilatéral efficace. Les points de vue et les idées de la société civile sur le rôle de l'Organisation au XXIe siècle ont été présentés durant le Sommet par le Forum du Millénaire organisé en mai 2000. Pas moins de 1 200 organisations non gouvernementales (ONG) ont participé à cet événement pendant lequel elles ont examiné plusieurs thèmes majeurs comme la paix, la pauvreté, l'éradication de la pauvreté, les droits de l'homme, le développement durable, les défis de la mondialisation, ainsi que le renforcement et la démocratisation des Nations Unies.


En septembre 2005, le Sommet des Nations Unies, le plus grand rassemblement jamais tenu, a été organisé à New York, en s'appuyant sur les propositions émises par le Secrétaire général dans son rapport, « Dans une liberté plus grande : vers la sécurité, le développement et les droits de l'homme pour tous », document évaluant la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire cinq ans après. Le rapport s'est concentré sur le triangle formé par le développement, la sécurité et les droits de l'homme. M. Annan voulait s'assurer que les engagements pris pour combattre la pauvreté étaient menés de manière à donner des résultats, et c'est dans cette optique que nous avons collaboré. Les propositions de la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, établie par l'Organisation internationale du Travail (OIT), ont reçu le soutien de la communauté internationale. Dans le cadre de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a été convenu d'inclure les objectifs concernant la mondialisation juste et le travail décent pour tous, y compris pour les femmes et les jeunes à la fois dans les politiques nationales et internationales, ainsi que dans les stratégies nationales de développement. Il est désormais reconnu que l'amélioration de l'emploi est une mesure efficace pour combattre la pauvreté.


Le Sommet mondial de 2005 a réaffirmé l'engagement de la communauté internationale envers les objectifs de la Déclaration du Millénaire et a marqué l'importance des OMD en tant que cadre d'orientation commun pour le système de l'ONU. Son objectif principal était d'examiner les progrès accomplis en cinq ans. Le document final du Sommet adopté à l'unanimité a fait le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des OMD et confirmé de nouveaux engagements pour augmenter l'aide publique au développement. Les États Membres se sont également mis d'accord sur des plans d'action nationaux pour promouvoir les OMD. La sécurité, le développement et les droits de l'homme, leur interdépendance et leur lien à l'égalité des sexes, ont formé la base du document.


La Finlande estime que les réalisations majeures ont porté sur les questions ayant trait à la mondialisation juste, au travail décent, aux droits des peuples autochtones et à l'égalité des sexes, ainsi qu'à l'état de droit dont la mise en œuvre a été récemment renforcée par la création d'un groupe de coordination au Secrétariat de l'ONU à New York. La création de la Commission de consolidation de la paix et du Conseil des droits de l'homme sont également prioritaires pour la Finlande et l'Europe. La Finlande a été membre de ce Conseil durant la première année et a joué un rôle important dans la Commission de consolidation de la paix (l'ambassadrice Marjatta Rasi a assuré la présidence du groupe consultatif du Fonds pour la consolidation de la paix) et a offert un appui financier à l'organisme. Alors que ces institutions progressent, les réformes de l'ONU peuvent considérablement contribuer à réaliser les OMD et à renforcer et à promouvoir la condition de la femme dans la société. Une Organisation plus efficace est nécessaire pour créer un monde meilleur.
À mi-parcours, les OMD sont devenus un énorme défi, mais ont également fourni un outil très utile dans la promotion de la paix et du développement dans le monde. Une plus grande coopération existe entre les différents acteurs du développement, ce qui améliore la cohérence et les résultats de leurs actions. En plus des États Membres, d'autres acteurs, comme la société civile et le secteur privé, ont accepté les OMD comme pierre angulaire de leurs actions de développement au niveau international.


Selon la plupart des évaluations internationales, les progrès sont importants. Nous pouvons être fiers des résultats positifs dans certains domaines, comme l'égalité des sexes, l'accès à des soins de qualité à la naissance et l'enseignement primaire pour tous. En même temps, cependant, il est clair que les progrès sont insuffisants et inégaux. Par exemple, s'il est vrai qu'au niveau mondial la mortalité infantile a atteint le niveau le plus bas, des progrès plus rapides sont cependant nécessaires pour atteindre l'objectif visant à réduire de deux tiers la mortalité infantile avant 2015. Des efforts plus soutenus, y compris une augmentation significative de l'aide, seront nécessaires pour que la communauté internationale réalise les Objectifs dans les délais impartis. Le système de l'ONU et ses partenaires font face à une tâche majeure.


Je crois qu'il est encore possible de réaliser les OMD si nous conjuguons nos efforts. Mais nous devons agir immédiatement et montrer nos engagements envers les promesses faites. L'Afrique et les pays les moins avancés doivent continuer à être au centre de notre attention, comme il a été réitéré à plusieurs reprises. De plus, comme l'a fait remarquer le Secrétaire général Ban Ki-moon, la réalisation des OMD nécessite une bonne gouvernance, le développement de l'investissement public, de la croissance économique, de la capacité de production et la création d'emplois décents. Il est important que cet effort international inclue tous les acteurs : les gouvernements, les Parlements, les ONG, le secteur privé et les particuliers.


Je suis convaincue que par le biais de nos actions, nous pouvons réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Depuis le début, la Finlande s'est entièrement engagée envers les OMD, qui sont au centre de nos politiques de développement et de celles de l'ONU. Ces Objectifs guident également nos efforts de développement au sein de l'Union européenne. Le Consensus européen pour le développement est fondé sur les OMD, qui sont parmi les priorités de l'UE, ainsi que celles de la Finlande pour la soixante-deuxième session de l'Assemblée générale en 2007. Il est essentiel d'œuvrer à la réalisation de nos aspirations afin de créer un avenir meilleur pour tous et de faire de l'insécurité mondiale une responsabilité mondiale.