27 juin 2013

« the Times They Are A-Changin'1 ». Changent-ils ? À mon avis, ils ont déjà changé, et beaucoup plus que nous avons pu l'imaginer. Avec l'apparition des téléphones portables, l'arrivée massive des ordinateurs portables et l'association de ces deux technologies en smartphones, notre capacité à communiquer a considérablement changé au cours de ces vingt dernières années. Alors que la technologie continue d'évoluer pour offrir des moyens de communication plus versatiles et efficaces, la façon dont nous utilisons ces méthodes est presque aussi complexe que les appareils eux-mêmes. Cela élargit notre portée et nos relations en tant que personnes et, donc, en tant que groupes de personnes à la recherche d'un objectif ou d'un idéal commun. C'est pourquoi, avec la naissance des réseaux sociaux par le bais de nouvelles sources de technologie, un nouvel horizon s'ouvre aux groupes d'activistes ainsi qu'aux institutions sociales pour la transmission de leurs messages et l'organisation de leurs activités.

Avec les nouvelles technologies, les interfaces qui permettent de parler à ses amis ainsi que de télécharger et de partager des informations sont devenues des outils puissants comme jamais vus auparavant. Le succès récent des sites et des réseaux sociaux a donné naissance à une explosion sur Internet du contenu généré par les utilisateurs. Et alors que ce contenu semble pour la plupart divertissant de par sa nature (voir les vidéos sur YouTube comme David après une visite chez le dentiste, Feminist Hulk sur Twitter et des pages Facebook sur des personnages historiques comme Galilée et le pape), des exemples récents d'organisations et d'institutions ayant incorporé l'utilisation de ces outils montrent qu'ils sont très efficaces à des fins autres que celles du pur divertissement.

Les médias sociaux, considérés dans le cadre de cet article comme les groupes de sites et de services en ligne comme YouTube, Facebook et Twitter, sont utilisés par les organisations activistes pour leurs propres fins. Ces outils facilitent le groupement d'intérêts, donnant aux utilisateurs la possibilité d'apprécier des produits, des idées d'un groupe, etc. et de suivre les liens qui s'y rapportent. Les personnes intéressées par certaines pages peuvent partager leurs intérêts avec d'autres et recevoir régulièrement des mises à jour sur les sujets de leur choix. Ces services étendent la portée de ces organisations, leur offrant les moyens de transmettre leur message au-delà du champ des médias traditionnels. Par exemple, selon les estimations de Wolfram-Alpha, près de 540 millions de visiteurs consultent chaque jour environ 6,8 milliards de pages sur Facebook2. Même si tous les utilisateurs ne consulteront pas les pages de certains groupes et organisations d'activistes, Facebook fournit une base plus large que celle dont ils disposaient avant.

Les médias sociaux offrent également un moyen efficace et économique de promouvoir une cause spécifique, ces services étant gratuits. Par exemple, les organisations de longue date peuvent allouer de nouvelles sources de financement par le biais des sites de médias sociaux et des services. Les organisations non gouvernementales comme Amnesty International ont des plates-formes de médias sociaux par lesquelles elles peuvent transmettre leurs messages et, surtout, cibler des secteurs particuliers. Une recherche rapide sur Facebook montre une trentaine de pages (pages susceptibles d'intéresser les utilisateurs) liées à Amnesty International. La page la plus consultée est la page principale d'accueil d'Amnesty International, suivie des pages créées par ses bureaux régionaux au Danemark, dans la Fédération de Russie, au Royaume-Uni et aux États-Unis, entre autres. Chacune de ces pages a des milliers de fans et publie des informations et des alertes sur des situations qu'ils surveillent ou des personnes dont ils défendent la cause. Ce mode de fonctionnement conduit naturellement au renforcement de la structure et du cadre généraux des organisations d'activistes.

Le mouvement écologiste a reçu un soutien important grâce à l'innombrable quantité d'informations diffusées sur les médias sociaux. Le groupe écologiste « Earth Hour » sur Facebook a invité les utilisateurs à éteindre la lumière et autres appareils électroniques dans l'espoir de sensibiliser le public sur le réchauffement climatique. Le blog SciTech de CNN indique qu'en 2009, le groupe Earth Hour comptait environ 628 000 membres et que la vidéo présentée sur son site avait été visionnée 57 000 fois3. C'est un grand pas en avant dans la lutte contre le réchauffement climatique, car la désinformation et les mythes sont légion. Ces types d'événements sensibilisent et touchent une base d'utilisateurs qui transcende les frontières géographiques.

Un autre mouvement qui s'est développé par l'intermédiaire des médias sociaux est la grève des étudiants de l'Université de Porto Rico (UPR) en mai 2010. Les étudiants protestaient contre les changements survenus dans les politiques de l'université concernant l'octroi des bourses et la suppression d'exonérations.

Ces protestations ont débouché sur une grève qui a duré presque trois mois. Face à la nécessité d'établir une communication continue en direct, les organisateurs de la grève ont créé une station de radio en ligne appelée « Radio Huelga » (radio de la grève)4, qui informait les étudiants sur le mouvement de grève et les négociations qui ont suivi.
Il est important de noter que les petites organisations et les mouvements de petite taille ne sont pas les seuls à bénéficier de ces nouveaux outils et services qu'offrent les médias sociaux. Les partis politiques et les journalistes tirent également parti de la base d'utilisateurs qui accompagne ces sites. La campagne présidentielle du Président Barack Obama est un excellent exemple où les médias sociaux ont été utilisés pour mobiliser les électeurs en transmettant des messages sur Twitter ainsi que des vidéos de rassemblements et de discours qu'il suffisait de télécharger.

En tout état de cause, les médias sociaux sont un catalyseur des activités sociales et politiques. Ils facilitent les communications qui étaient jusqu'alors un long processus pendant l'ère analogique ou au début de l'ère numérique et seulement accessibles à ceux qui avaient des ressources, de l'argent et le pouvoir. Ils permettent d'équilibrer les règles du jeu entre les mouvements de plus petite taille et les intérêts plus larges, solidement acquis en dotant les premiers d'outils afin de promouvoir leurs idées et leurs idéaux par l'intermédiaire d'un média. En fait, les outils des médias sociaux constituent un changement d'orientation, en termes non seulement de communication, mais aussi dans la façon dont les organisations atteignent leurs objectifs.
Notes
1 Bob Dylan, « The Times They Are A-Changin' ».
2 http://www.wolframalpha.com/input/?i=Facebook.com
3 http://scitech.blogs.cnn.com/2009/03/27/ready-for-earth-hour/
4 http://radiohuelga.com/wordpress.

 

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