16 avril 2020 — Du simple particulier aux multinationales, des milieux politiques et financiers aux sportifs, des scientifiques aux artistes, la solidarité prônée par les Nations Unies pour répondre à la pandémie de COVID-19 va partout grandissante.
« C’est une crise avant tout humaine qui fait appel à notre solidarité », affirmait António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, le 19 mars. Le mot « solidarité », véritable étendard de l’Organisation, est depuis dans toutes ses interventions et publications, comme en témoigne son récent rapport « Responsabilité partagée, solidarité mondiale » sur les conséquences socio-économique de cette catastrophe sanitaire.
« Ensemble, nous pouvons vaincre ce virus, et nous le vaincrons, grâce à la coopération, à la solidarité et à la foi en notre humanité commune », a-t-il encore affirmé à l’occasion des célébrations de Pâques et du ramadan. Un appel à la mobilisation répété inlassablement et repris sous différentes formes dans toutes les régions du monde.
Les Nations Unies donnent l’exemple
A l’initiative de cet élan planétaire, l’ONU multiplie les actions en direction des plus vulnérables, « des millions et des millions de personnes qui sont les moins capables de se protéger », selon les mots de M. Guterres. Une opération récente prend la forme de « vols de solidarité », destinés à permettre la fourniture de matériels médicaux et d’équipements de protection dans 95 pays où les besoins sont les plus forts.
Le premier de ces vols est arrivé lundi en Éthiopie depuis un pôle humanitaire situé aux Émirats arabes unis, avec à son bord un million de masques, mais aussi des gants, des lunettes, des thermomètres et des ventilateurs. La cargaison de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a ensuite été distribuée dans cinq autres pays de la région - Seychelles, Ile Maurice, Madagascar, puis Djibouti et Kenya - avec l’aide du Programme alimentaire mondial (PAM) pour la partie logistique.
« C’est de loin le plus gros envoi de fournitures depuis le début de la pandémie », a indiqué Elizabeth Byrs, porte-parole du PAM « Cela permettra aux personnes qui vivent dans les pays où les systèmes de santé sont les plus faibles de se faire traiter, tout en assurant que les agents de santé en première ligne sont correctement protégés ».
Dans le même esprit, la Fondation des Nations Unies et la Fondation suisse de philanthropie ont créé à la mi-mars le Fonds de solidarité contre la COVID-19, qui vise à financer l’aide que l’OMS et ses partenaires apportent aux pays pour faire face à la pandémie. Ce fonds, premier en son genre, est le seul moyen pour les particuliers, les entreprises et les institutions de contribuer directement aux efforts de riposte de l'agence. À ce jour, il a recueilli ou engagé 148,2 millions de dollars venant de plus de 238 000 personnes ou organisations du monde entier.
Des contributions petites et grandes, toutes précieuses
Parmi les principaux contributeurs à ce fonds figurent des entreprises de tous les secteurs d’activité, notamment des géants technologiques. Apple a par exemple versé 10 millions de dollars, tandis Facebook et Google, partenaires de l’initiative onusienne ont mis en place un système de contrepartie pour les fonds collectés par le biais de leurs plateformes.
La solidarité n’est toutefois pas le monopole des plus puissants. Chacun peut participer à ce fonds de solidarité en fonction de ses moyens, à partir de 25 dollars, via un chèque, un virement ou une connexion en ligne ou par téléphone mobile. L’argent collecté ira à l’OMS, mais aussi au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et à la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), laquelle finance la recherche et le développement de nouveaux vaccins contre la maladie de COVID-19.
Certains particuliers ont fait rimer solidarité avec ingéniosité. C’est le cas du « gamer » américain Joshua DiMezza, adepte des jeux vidéo en ligne et des levées de fonds à des fins philanthropiques par le biais de la plateforme Facebook Gaming. Il a ainsi réussi à faire contribuer 180 membres de sa communauté à hauteur de 58 000 dollars, les dons s’échelonnant de 5 à 800 dollars.
Plus sportive, l’Irlandaise Karen Forde a, elle, mis à profit son temps de confinement pour se lancer dans un « marathon fitness » de 4 000 flexions, prétexte d’une cagnotte en ligne pour laquelle elle s’est engagée à égaler les donations jusqu’à concurrence de 1 000 dollars. Résultat : elle vient de verser le double de cette somme au Fonds de solidarité et a décidé de porter son défi à 8 000 flexions.
Partout, les artistes se mobilisent
Musiciens, chanteurs, comédiens, de nombreux artistes dans le monde mettent leur art et leur notoriété au service du combat mondial contre le coronavirus. La mobilisation est particulièrement forte en Afrique, où la COVID-19 progresse rapidement, en dépit des restrictions de circulation et des mesures de distanciation physique. Un mouvement responsable et solidaire, amplifié par les réseaux sociaux et dont le Sénégalais Youssou N’Dour, figure internationale de la musique africaine, a donné le coup d’envoi en mars au travers de son opération « Daan Corona ».
Ils sont maintenant légion, à travers tout le continent, à relayer les consignes de l’OMS et des autorités sanitaires sur les « gestes barrière » contre la maladie, à l’image de l’actrice et réalisatrice franco-guinéenne Maimouna N’Diaye. L’ancienne jurée du Festival de Cannes appelle les populations à « aider le personnel de santé à nous sauver la vie pour éviter la propagation du virus ». Le rappeur burkinabè Smarty s’est pour sa part engagé auprès de l’UNICEF pour tordre le cou aux fausses informations qui circulent sur la pandémie. « Monsieur rumeur finira par enterrer l'Afrique », lance-t-il en guise d’avertissement.
Au Mali, les célébrités de la musique populaire se succèdent sur les ondes et les comptes Facebook et Twitter de Mikado FM, la station de la Mission de l’ONU dans le pays. Des divas Ami Koita et Oumou Sangaré au duo de chanteurs Amadou et Mariam en passant par les musiciens Cheikh Tidiane Seck et Vieux Farka Touré, tous rappellent les bonnes pratiques à adopter, en français ou en bambara, et exhortent à faire front contre ce danger mortel.
Les exemples de cette solidarité artistique à travers le monde sont innombrables. Ils vont de la chanson « Ile Maurice solidaire », œuvre collective initiée par les compositeurs Gérard Louis et Bruno Raya, au grand concert « Un monde uni : ensemble à la maison », qui sera retransmis en direct, en streaming et sur la plupart des plateformes en ligne samedi 18 avril. « Ce spectacle virtuel témoignera des liens qui unissent toutes les personnes touchées par la COVID-19 et permettra aussi de rendre hommage au dévouement des personnels de santé qui sont en première ligne pour sauver des vies », précise l’organisation citoyenne Global Citizen, organisatrice de l’événement et soutien du Fonds de solidarité de l’OMS.
Parmi la foule de participants à ce concert exceptionnel figurent des artistes de renom planétaire, tels que Paul McCartney, Stevie Wonder, Elton John, Lady Gaga, Alanis Morissette, Chris Martin, Lang Lang, Andrea Bocelli et Shah Rukh Khan. Il s’agira d’une « puissante démonstration de solidarité pour combattre une menace commune », a estimé le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.
Rejoignez @WHO & @GlblCtzn ce 18 avril pour un concert mondial virtuel #TogetherAtHome animé par @LadyGaga & d’autres artistes.
— Nations Unies (ONU) (@ONU_fr) April 10, 2020
Rendons hommage au personnel soignant & soutenons-les dans la lutte contre la pandémie de #COVID19 !
Plus d’infos : https://t.co/0a8cwUENn7
Les sportifs montent aussi au front
Le monde du sport est lui aussi solidaire des efforts déployés contre la COVID-19. A l'occasion de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, le 6 avril, plusieurs grands noms du football, du rugby, du basket, du cyclisme, de la natation ou encore de la Formule 1, en collaboration avec les Nations Unies, ont délivré le message « Ensemble, nous pouvons gagner le match de notre vie » en faveur de la lutte contre la pandémie.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, ces sportifs originaires de plusieurs continents se succèdent pour apporter, chacun, un commentaire personnel sur ce combat mondial. Le footballeur français Olivier Giroud appelle à « ne pas manquer » ce match crucial, tandis que la star brésilienne du ballon rond Neymar demande le soutien de tous à « ceux qui travaillent dur pour faciliter notre quotidien » en ces temps difficiles. « Nous devons nous aider les uns les autres et ne pas oublier que nous sommes la communauté la plus vulnérable sur Terre », ajoute le pilote monégasque Charles Leclerc.
Des sportifs vont plus loin encore dans les messages de prévention, à l’instar des footballeurs algériens Riyad Mahrez et Cherif Oudjani, dont le pays est l’un des plus touchés en Afrique. « Respectez les recommandations des services sanitaires. Restez chez vous, lavez-vous régulièrement les mains et évitez les contacts avec d’autres personnes. C’est la seule solution pour éviter cette pandémie du coronavirus », explique le premier sur son compte Twitter. « S’il vous plait, faites passer le message, comme si vous deviez passer le ballon à un partenaire. Mais surtout, ne passez pas le ballon à l’adversaire », insiste le second dans un entretien à ONU Info.
Des initiatives politiques et économiques solidaires
Les pays ainsi que les institutions nationales et internationales savent également faire preuve de solidarité. Comme les enjoignait de le faire le Secrétaire général de l’ONU, les pays du G20 viennent ainsi de décider un moratoire de six mois reconductibles sur la dette des 77 pays les plus pauvres et les moins développés, afin de les aider à face à l’urgence sanitaire, économique et sociale provoquée par cette crise.
« L'allègement de la dette doit être un élément important des mesures de réponse », avait insisté, peu auparavant, M. Guterres, lors d’une réunion virtuelle avec le Groupe africain de l’ONU, assurant que l’Organisation continuerait à plaider en faveur de cette mesure, y compris pour les pays « qui ne peuvent pas rembourser leur dette ».
Avant le geste du G20, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations aux droits de l’homme, avait invité la communauté internationale à « explorer de nouveaux mécanismes financiers pour financer la solidarité mondiale ». Elle s’était félicitée à cet égard de la mise en place par la Banque africaine du « plus important dispositif social au monde : un fonds de trois milliards de dollars pour aider les gouvernements à élargir l'accès à la santé et à d'autres services et biens essentiels ».
Autre motif de satisfaction, la décision récemment prise par le Portugal d’accorder temporairement à tous les migrants présents dans le pays les « pleins droits de citoyenneté », afin de leur permettre d'accéder à tous les systèmes de santé. Une mesure applaudie par Mme Bachelet, alors que « de nombreux migrants courent un risque élevé de contagion en raison de leurs conditions de vie et de l'accès limité aux soins de santé ».
Un essai clinique baptisé « Solidarité »
Dans ce contexte d’urgence, l’OMS a lancé le 18 mars un essai clinique international destiné à évaluer dans les meilleurs délais l’innocuité et l’efficacité de quatre médicaments ou associations médicamenteuses. Une étude que l’agence a baptisée « Solidarité » et que 90 pays ont déjà rejointe ou exprimé l’intention de le faire.
Ce vaste essai est conçu pour permettre la participation la plus large, y compris celle des hôpitaux actuellement submergés par les vagues de malades. Plus de 900 patients y participent désormais, a indiqué le Dr Tedros, selon lequel l’OMS contribue également aux efforts déployés pour « accélérer le développement, la production et la distribution de vaccins ».
Outre « Solidarité », l’agence examine avec un groupe de cliniciens l’action des corticostéroïdes et d’autres anti-inflammatoires, tout en menant des travaux sur l’oxygénation. « Toute intervention qui diminue le besoin de ventilation et améliore l’issue pour les patients dans un état critique est importante pour sauver des vies, en particulier là où les moyens sont limités », a expliqué le chef de l’OMS.
« Nous continuerons de travailler avec chaque pays et chaque partenaire pour servir les habitants de cette planète en mettant sans cesse la science, la recherche de solutions et la solidarité au cœur de nos efforts », a-t-il réaffirmé.
Solidarité avec les Nations Unies
Tournée vers les plus vulnérables, la solidarité s’exprime aussi à l’égard de l’ONU elle-même et de ses entités. Attaquée ces derniers jours par un gouvernement pour sa gestion de la crise, l’OMS a ainsi tenu à exprimer sa reconnaissance aux nombreuses nations, organisations et personnes qui lui ont fait part de leur soutien, y compris à travers un appui financier.
« Nous nous félicitons de cette manifestation de solidarité mondiale », a déclaré mercredi son Directeur général lors d’un point de presse virtuel. « Il n'y a pas de temps à perdre. La seule préoccupation de l'OMS est d'aider tous les peuples à sauver des vies et à mettre fin à la pandémie de COVID-19 », a-t-il martelé sur son compte Twitter.
« L’heure est à la science et à la solidarité », a résumé M. Guterres.