UNITED NATIONS
 

E/CN.9/1999/PC/CRP.1/Rev.1


unlogo.gif (476 bytes) 27 mars 1999

Français

Original: anglais


Commission de la population et du développement
constituée en comité préparatoire de la session
extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée
à l'examen et à l'évaluation de l'application
du Programme d'action de la Conférence internationale
sur la population et le développement
24-31 mars 1999
Point 3 de l'ordre du jour provisoire*
Préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale

Principales mesures proposées pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement

Document de travail révisé soumis par le Président

 

    1. La Commission de la population et du développement, constituée en comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement, a examiné le rapport du Secrétaire général concernant la session extraordinaire de l'Assemblée générale (E/CN.9/1999/PC/4), qui avait été présenté suite aux résolutions 52/188 et 53/183 de l'Assemblée générale et à la résolution 1998/8 du Conseil économique et social. Le comité préparatoire a décidé de se concentrer sur la formulation des principales mesures proposées pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement, en prenant comme point de départ de ses travaux les recommandations figurant dans le rapport du Secrétaire général.
    2.  

    3. Le comité préparatoire présente à l'Assemblée générale, pour examen et adoption, à sa session extraordinaire, les recommandations ci-après pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement.

I. Généralités

  1. Le Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement, approuvé par consensus par 179 pays en septembre 1994, a marqué l'avènement d'une nouvelle ère dans le domaine de la population et du développement. L'accord historique conclu à la Conférence a placé le bien-être de l'humanité au coeur de toute l'action nationale et internationale relative aux questions de population et de développement en vue de parvenir à une croissance économique durable et au développement durable. Le Programme d'action part essentiellement du principe qu'investir dans la santé et l'éducation, respecter pleinement les droits des couples et des individus dans le domaine des services de santé en matière de reproduction et donner aux femmes les moyens d'être des membres à part entière de la société, en toute égalité, constituent tout autant d'axes d'intervention indispensables au maintien de la stabilité dans le monde et à l'élargissement des possibilités ouvertes à tous les êtres humains. Le Programme d'action doit être considéré comme étroitement lié aux conclusions des autres grandes conférences des Nations Unies tenues dans les années 90 et l'état d'avancement de sa mise en oeuvre doit être évalué dans le cadre commun du suivi de toutes ces conférences.
  2.  

  3. Le Programme d'action recommandait une série de buts et d'objectifs quantitatifs, à savoir assurer l'accès de tous à des services complets de santé en matière de reproduction, y compris de planification familiale et de santé en matière de sexualité, réduire la mortalité infantile, post-infantile et maternelle, et garantir l'accès de tous à l'enseignement primaire, en s'efforçant de supprimer l'écart entre les taux de scolarisation des garçons et des filles. Il proposait aussi une série de buts qualitatifs, complémentaires des buts et objectifs quantitatifs, et sans lesquels il serait difficile d'atteindre ces derniers.
  4.  

  5. Le Programme d'action définit une approche globale des questions de population et de développement en fixant un ensemble de buts démographiques et sociaux à atteindre sur une période de 20 ans. Il ne fixe pas de buts quantifiables en ce qui concerne l'accroissement de la population, sa structure et sa distribution, mais il laisse entendre que le développement durable est en grande partie subordonné à la stabilisation rapide de la population mondiale.
  6.  

  7. Selon les estimations et prévisions des Nations Unies, le monde comptera pour la première fois plus de 6 milliards d'habitants en 1999, dont près de 80 % vivront dans les pays en développement et dans les pays à économie en transition. Selon la qualité et l'ampleur des mesures qui seront prises au cours des cinq à 10 prochaines années dans le domaine de la politique démographique et dans celui de la santé en matière de reproduction, notamment en ce qui concerne les services de planification de la famille, le monde comptera entre 7 et 7,1 milliards d'habitants en 2015. Selon les estimations, il faudra au moins encore 50 ans pour que la population se stabilise. C'est dans les pays les plus pauvres que les taux d'accroissement de la population restent les plus élevés.
  8.  

  9. Il ressort de l'examen des progrès réalisés depuis cinq ans que l'application des recommandations du Programme d'action a pris un bon départ. En effet, dans la plupart des pays, la mortalité n'a cessé de baisser depuis cinq ans et le Programme d'action a été adopté. Les pays sont de plus en plus nombreux à accepter la définition de la santé en matière de reproduction dans son sens le plus large et nombreux sont ceux qui prennent des mesures pour fournir des services complets dans ce domaine. Les couples sont de plus en plus nombreux à avoir recours à la contraception; c'est dire qu'ils ont davantage accès aux services de planification familiale et qu'ils sont de plus en plus nombreux à pouvoir choisir le nombre de leurs enfants et l'espacement des naissances. De nombreux pays B d'émigration comme d'immigration B ont pris des mesures importantes, en particulier au niveau régional, afin de mieux gérer les mouvements migratoires internationaux en concluant des accords bilatéraux et multilatéraux. En outre, de nombreuses organisations de la société civile contribuent à l'élaboration et à l'application de politiques, de programmes et de projets, soit de façon indépendante, soit en collaboration avec des organisations gouvernementales et intergouvernementales ainsi qu'avec le secteur privé.
  10.  

  11. Les progrès ont toutefois été limités en ce qui concerne certains domaines et certains pays, certaines régions et certains groupes, et il y a même parfois eu des échecs. En raison de la pandémie de VIH/sida, les taux de mortalité ont augmenté dans de nombreux pays, en particulier dans l'Afrique subsaharienne. Les chocs économiques et le passage à l'économie de marché dans de nombreux pays d'Asie et d'Europe ont entraîné soit une stagnation, soit une augmentation des taux de mortalité, en particulier chez les hommes adultes. Les crises financières que connaissent les pays d'Asie de l'Est et d'autres pays ont des effets préjudiciables sur la santé et le bien-être des individus et freinent l'exécution du Programme d'action.
  12.  

  13. Pour accélérer l'application du Programme d'action, il faut surmonter de nombreuses difficultés financières et institutionnelles ainsi que dans le domaine des ressources humaines. Par exemple, il faut assurer un accès équitable aux services de soins de santé de base en intégrant les services de santé en matière de reproduction B y compris les services de santé maternelle et infantile et les services de planification familiale B et en ayant recours aux services de proximité, à la vente subventionnée et aux systèmes de recouvrement des frais. Il faut également une décentralisation véritable, une collaboration plus étroite entre les pouvoirs publics et la société civile, une participation plus grande des femmes à l'élaboration des politiques et à la prise de décisions; il faut aussi que la quantité des données soit améliorée et que les données soient effectivement utilisées pour l'élaboration des politiques. Pour appliquer ces mesures et tenir compte de toutes les recommandations du Programme d'action, il faudra que les pays fassent preuve d'une plus grande volonté politique et que les capacités nationales soient développées. La bonne application du Programme d'action exige aussi que des ressources plus importantes y soient consacrées et que des priorités correspondant au contexte national de chaque pays soient fixées. Pour atteindre les buts et objectifs du Programme d'action dans les prochaines années, il faudra donc des ressources intérieures et extérieures suffisantes, une action gouvernementale résolue et des partenariats véritables.
  14.  

  15. Les principales mesures qu'il est proposé de prendre dans le présent document exigeront des gouvernements, de la société civile et de la communauté internationale une adhésion accrue et soutenue aux principes, buts et objectifs du Programme d'action pour que ces derniers puissent être réalisés dès que possible, en tout cas avant 2015.
  16.  

    II. Problèmes relatifs à la population et au développement

    A. Population, pauvreté et développement durable

  17. Les gouvernements devraient prendre les mesures suivantes :
  18.  

    a) S'efforcer de faire prendre conscience aux responsables et aux décideurs des relations qui existent entre population, pauvreté, inégalité entre les sexes, environnement, ressources et développement; et étudier soigneusement les données récentes indiquant que la réduction du taux de fécondité peut accélérer la croissance économique et promouvoir une répartition plus équitable des bénéfices de cette croissance;

    b) Appeler l'attention sur les liens qu'il y a lieu d'instaurer entre les politiques macroéconomiques, environnementales et sociales et faciliter le processus en intensifiant le dialogue entre les ministères des finances et les autres ministères compétents;

    c) Intensifier les efforts en vue de mettre en oeuvre des mesures législatives et administratives et promouvoir l'éducation pour favoriser des modes de consommation et de production viables, favoriser l'utilisation durable des ressources et travailler en collaboration pour prévenir la dégradation de l'environnement, en particulier le rejet de matières toxiques et le transport des déchets nucléaires;

    d) Accroître les investissements dans le secteur social, notamment dans le secteur de la santé, en tant que moyen efficace de favoriser le développement.

  19. Les gouvernements et la communauté internationale devraient réaffirmer qu'ils s'engagent à promouvoir des conditions favorisant une croissance économique soutenue dans le contexte du développement durable et à éliminer la pauvreté, en accordant une attention particulière aux questions liées aux sexospécificités, en tant que moyen de stabiliser la population mondiale, en encourageant la mise en place d'un système commercial ouvert et équitable; en stimulant les investissements directs; en réduisant la charge de la dette; et en veillant à ce que les programmes d'ajustement structurel tiennent compte des préoccupations sociales et économiques.
  20.  

  21. Les gouvernements des pays en développement et des pays en transition devraient, avec l'aide de la communauté internationale et des donateurs, s'efforcer de mettre en place des réseaux de sécurité sociale, en particulier dans les pays les plus affectés par la récente crise financière mondiale, et faire en sorte qu'ils soient financés à un niveau approprié, également par le biais d'une assistance financière bilatérale et multilatérale.
  22.  

  23. Les gouvernements des pays en développement et des pays en transition devraient, avec l'aide de la communauté internationale et des donateurs, prendre les mesures sui-vantes :
  24.  

    a) Continuer à encourager la baisse des taux de mortalité infantile et postinfantile en renforçant les programmes de santé qui mettent l'accent sur l'amélioration de la nutrition, y compris l'allaitement maternel (sauf contre-indication médicale), la vaccination universelle, les thérapies par voie orale, les sources d'eau salubre, la prévention des maladies infectieuses, la réduction de l'exposition aux substances toxiques et l'amélioration de l'hygiène domestique;

    b) Élaborer des politiques et programmes spéciaux de promotion de la santé, lorsqu'une stagnation et une détérioration des taux de mortalité est observée, en particulier chez les hommes en âge de travailler. Les systèmes de santé devraient être restructurés et renforcés pour répondre aux sollicitations, compte tenu des réalités financières des pays;

    c) Reconnaître et préserver les droits des populations autochtones s'agissant de protéger leur culture, leur système de croyances, leurs droits et leurs langues.

    B. Modification de la structure par âges, et vieillissement de la population

  25. Les gouvernements devraient prendre les mesures suivantes :
  26.  

    a) Avec le soutien actif des organisations non gouvernementales et du secteur privé, investir des ressources dans l'élaboration et la mise en oeuvre de plans nationaux, régionaux et locaux, afin de répondre aux besoins des jeunes. Ces plans devraient prévoir des mesures en matière d'éducation, d'activités rémunératrices et de formation professionnelle. Les jeunes devraient être pleinement associés à l'élaboration, à l'évaluation et à l'application de ces plans. Une attention particulière devrait être accordée à la promotion d'un dialogue entre les générations par l'amélioration de la communication et le renforcement du soutien mutuel;

    b) Promouvoir la recherche et mettre au point des stratégies détaillées aux niveaux national, régional et local afin de remédier aux problèmes posés par le vieillissement de la population, et investir davantage de ressources dans la recherche différenciée selon le sexe, ainsi que dans la formation et le renforcement des capacités dans le domaine des politiques sociales et des soins de santé aux personnes âgées, une attention particulière devant être accordée aux aspects suivants : sécurité économique et sociale des personnes âgées, en particulier des femmes; reconnaissance accrue de la dignité des personnes âgées et du rôle productif et utile qu'elles peuvent jouer dans la société; mise en place de systèmes de soutien afin d'aider les familles et les communautés à s'occuper des parents âgés; et équité générationnelle afin de maintenir et d'améliorer la cohésion sociale.

  27. Les gouvernements et la société civile, y compris les organisations non gouvernementales et le secteur privé, devraient donner aux personnes âgées la possibilité de mettre leurs compétences au service de la famille, du monde du travail et de la communauté, afin de contribuer à promouvoir la solidarité entre les générations et de renforcer la stabilité de la société. Cela exigera une éducation permanente et l'existence de possibilités de recyclage.
  28.  

  29. Le système des Nations Unies devrait veiller à ce que des ressources additionnelles soient disponibles, documenter l'expérience positive acquise dans le cadre des politiques et programmes sur le vieillissement des hommes et des femmes, et diffuser des informations et des recommandations au sujet de ces pratiques. Il faudrait, par une formation appropriée et le renforcement de leurs capacités, aider les pays en développement à élaborer leurs propres politiques compte tenu de leur culture, de leurs traditions et de leurs conditions socioéconomiques.
  30.  

    C. Migrations internationales

  31. Il est instamment demandé aux gouvernements des pays d'origine et des pays d'accueil, par le biais de la coopération internationale, de prendre les mesures sui-vantes :
  32.  

    a) Protéger la dignité et les droits fondamentaux des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées, en particulier les femmes et les enfants, leur assurer une protection efficace, en fournissant des services sociaux de base, y compris des services de santé en matière de reproduction et de planification familiale, en facilitant la réunion des familles, en surveillant les violations des droits de l'homme et en imposant des sanctions à ceux qui refusent de se conformer à la loi. Tous les États devraient devenir signataires de la Convention des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés et du Protocole de 1967 y afférent et mettre en place des procédures d'asile effectives. Ils devraient aussi veiller à ce que le droit d'asile et le principe de non-refoulement soient établis en droit et dans la pratique et encourager activement l'intégration des migrants en situation régulière dans la société d'accueil;

    b) Contribuer à l'organisation méthodique des migrations internationales, en s'efforçant de prévenir le trafic de migrants, en particulier des femmes et des enfants, soumis à l'exploitation sur le marché et à l'exploitation sexuelle ou commerciale. Imposer des peines rigoureuses pour sanctionner le trafic et l'introduction clandestine de migrants, appuyées par des procédures administratives et des lois efficaces, afin de faire en sorte que les auteurs de ces crimes soient punis, et mettre au point dès que possible le protocole contre le trafic de migrants illégaux, actuellement négocié dans le cadre de la Commission des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale;

    c) Encourager les initiatives bilatérales et multilatérales, comme les processus de consultation régionaux et sous-régionaux, afin de traiter les problèmes spécifiques créés par les migrations internationales, comme la désintégration des familles;

    d) Devenir partie à la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leur famille, s'ils ne l'ont pas déjà fait.

  33. Les gouvernements devraient, avec l'aide de la communauté internationale, intensifier leurs efforts afin d'améliorer la collecte et l'analyse des données dans le domaine des migrations internationales et, dans ce contexte, promouvoir la mise en oeuvre des recommandations de l'ONU sur les statistiques concernant ce type de migration; encourager la réalisation d'études visant à déterminer les causes des migrations internationales et des déplacements de population et à évaluer la contribution positive apportée par les migrants et les réfugiés tant aux pays d'origine qu'aux pays d'accueil; et mieux cerner les liens existant entre la mondialisation, les changements démographiques et environnementaux, la pauvreté, les migrations et les déplacements de population.
  34.  

    D. Migrations internes, répartition de la population et agglomérations urbaines

  35. Les gouvernements devraient effectuer des études en vue de mieux appréhender les facteurs, tendances et caractéristiques des migrations internes et de la répartition géographique de la population, et d'établir des bases de l'élaboration de politiques en matière d'établissements humains.
  36.  

  37. Les gouvernements devraient réaffirmer énergiquement la demande figurant dans le Programme d'action, selon laquelle les politiques en matière de répartition de la population devraient être conformes à des instruments internationaux, comme la Convention de Genève de 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, notamment l'article 49.
  38.  

  39. Les gouvernements devraient réaffirmer avec vigueur la demande contenue dans le Programme d'action, tendant à ce que les pays examinent les causes des migrations et des déplacements internes, y compris la dégradation de l'environnement, les catastrophes naturelles, les conflits armés et les réinstallations forcées, et mettent en place les mécanismes nécessaires afin de protéger et d'aider les personnes déplacées, y compris, si possible, en vue du versement d'indemnités, en particulier pour les personnes qui ne sont pas en mesure de regagner leur lieu de résidence habituel dans un avenir proche.
  40.  

  41. Les gouvernements devraient améliorer la gestion et la prestation de services aux agglomérations urbaines en développement croissant et établir des textes législatifs et administratifs d'application, et fournir des ressources financières adéquates afin de répondre aux besoins de tous les citoyens, y compris les pauvres des zones urbaines, les personnes âgées et les handicapés.
  42.  

    E. Population, développement et éducation

  43. Les gouvernements, y compris la société civile, devraient dès que possible, et en tout cas avant 2015, avec l'aide de la communauté internationale, atteindre l'objectif fixé par la Conférence concernant l'accès universel à l'enseignement primaire; parvenir à une répartition équilibrée des garçons et des filles au niveau de l'enseignement primaire d'ici 2002 et dans l'enseignement secondaire d'ici 2005, et s'efforcer de faire en sorte que, d'ici 2005, les taux nets de scolarisation primaire atteignent au moins 90 % pour les enfants des deux sexes, contre un taux estimatif de 85 % en l'an 2000. Des efforts particuliers devraient être faits afin d'accroître les taux de rétention des filles aux niveaux primaire et secondaire. Il faudrait appeler l'attention des parents sur l'importance de l'éducation des enfants, en particulier pour les filles.
  44.  

  45. Les gouvernements et la communauté internationale devraient prendre les mesures suivantes :
  46.  

    a) Mettre en oeuvre des mesures et des programmes dans le domaine de l'enseignement, à l'intention des jeunes et des adultes, intégrant la distinction homme/femme, une attention particulière devant être accordée aux migrants, aux populations autochtones et aux personnes handicapées;

    b) Réduire de moitié au moins le taux d'analphabétisme chez les femmes d'ici 2005 par rapport au taux de 1990;

    c) Encourager l'alphabétisation fonctionnelle des adultes et des enfants, lorsqu'il n'existe pas de moyens de scolarisation;

    d) Continuer d'accorder une priorité élevée aux investissements dans l'éducation et la formation dans les budgets de développement.

  47. Il faudrait étudier la mise en oeuvre d'initiatives audacieuses et novatrices utilisant les technologies modernes de l'information et la communication, et prendre des mesures appropriées afin de surmonter la barrière de la pauvreté qui continue à entraver l'accès à l'éducation dans les pays en développement. Il faudrait étudier les moyens de communication par satellite, notamment dans les pays en développement et les pays peu avancés.
  48.  

    F. Systèmes de données, y compris indicateurs

  49. Les pays devraient, avec l'assistance de la communauté internationale et des donateurs, renforcer leurs systèmes d'information, afin d'établir à bref délai des statistiques fiables sur une vaste gamme d'indicateurs concernant la population, l'environnement et le développement. Ces indicateurs devraient notamment porter sur les taux de pauvreté au niveau communautaire, l'accès des femmes aux ressources sociales et économiques, l'accès général des populations défavorisées, en particulier les populations autochtones, aux services de santé en matière de reproduction, et le niveau de la prise en compte des sexospécificités dans le domaine de la santé en matière de reproduction, y compris la planification familiale et l'hygiène sexuelle. Tous les systèmes de données devraient permettre d'obtenir des données ventilées par âge et par sexe, indispensables pour traduire les politiques en stratégies tenant compte des sexospécificités et des préoccupations par âge, et établir des indicateurs d'impact pour mesurer les progrès réalisés. Les pays devraient également recueillir les données quantitatives et qualitatives nécessaires pour évaluer la santé des hommes et des femmes en matière de reproduction à tous âges, et pour élaborer, appliquer, suivre et évaluer des programmes d'action. Les données relatives à la santé et à la santé en matière de reproduction devraient être réparties en fonction des revenus et du niveau de pauvreté, afin de déterminer l'état de santé et les besoins spécifiques des catégories défavorisées, et comme base pour centrer les ressources et subventions publiques et des donateurs sur les groupes qui en ont le plus besoin.
  50.  

  51. Il faudrait en particulier engager les organismes des Nations Unies et les donateurs multilatéraux et bilatéraux à aider les pays, en particulier les pays les moins avancés et les pays en transition, à réaliser des recensements et des enquêtes sur une base périodique et à élaborer des solutions novatrices et efficaces permettant de répondre aux besoins en matière de données, en particulier pour le suivi régulier de la mise en oeuvre des objectifs de la Conférence.
  52.  

    III. Égalité des sexes, principe d'équité et émancipation des femmes

    A. Promotion et protection des droits fondamentaux

    des femmes

  53. Les gouvernements devraient veiller à ce que les droits fondamentaux des femmes, notamment sur les plans économique et social et en matière de reproduction, soient respectés et protégés en élaborant des politiques et une législation sexospécifique et en les faisant effectivement appliquer. Ils sont invités à signer, ratifier et appliquer la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, à favoriser l'adoption du Protocole facultatif par l'Assemblée générale et à lever progressivement toutes les réserves qu'ils ont formulées. Il faudrait développer les liens opérationnels entre les objectifs du Programme d'action de la Conférence et ceux d'autres conférences et instruments internationaux afin d'assurer l'égalité et l'équité entre les sexes de manière systématique et dans tous les domaines.
  54.  

  55. Les droits en matière de reproduction devraient toujours être incorporés dans les politiques relatives à la population et au développement, conformément aux dispositions du paragraphe 7.3 du Programme d'action. Les gouvernements devraient prendre des mesures vigoureuses pour défendre les droits fondamentaux des femmes. Il convient de renforcer l'approche préconisée en matière de reproduction en l'appliquant aux programmes relatifs à la population et au développement. Les pays devraient mettre en place des mécanismes qui permettent de consulter tous les groupes intéressés, notamment les associations de femmes. Dans ce contexte, les gouvernements sont vivement encouragés à incorporer un enseignement sur les droits fondamentaux dans les programmes d'éducation scolaire et extrascolaire.
  56.  

  57. Lorsqu'ils adressent des rapports à des organes créés en vertu d'instruments relatifs aux droits de l'homme, les gouvernements devraient, pour la rédaction de ces rapports, consulter la société civile afin de donner la parole à tous ceux qui militent en faveur des droits en matière de reproduction. Les milieux associatifs, en particulier les organisations non gouvernementales, devraient intensifier leurs campagnes de sensibilisation pour assurer la diffusion de documents et d'instruments internationaux pertinents, notamment la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
  58.  

  59. Les gouvernements devraient s'attacher tout particulièrement à préserver les droits fondamentaux des fillettes, y compris les droits économiques et sociaux, ainsi qu'à les protéger contre la violence, notamment les pratiques dangereuses et l'exploitation sexuelle. Ils devraient revoir toutes les lois en vigueur et modifier ou abroger celles qui sont discriminatoires à l'égard des fillettes.
  60.  

    B. Émancipation des femmes

  61. Les gouvernements devraient mettre en place des mécanismes pour accélérer les progrès sur la voie d'une participation égale et d'une représentation équitable des femmes à tous les niveaux de la prise des décisions politiques et de la vie publique au sein de chaque collectivité et de chaque société et permettre aux femmes d'exprimer leurs préoccupations et leurs aspirations. Les gouvernements et la société civile devraient prendre des initiatives pour éliminer les comportements et les pratiques qui asservissent les femmes et perpétuent les inégalités entre les sexes.
  62.  

  63. Les gouvernements devraient prendre des mesures afin d'encourager la réalisation du potentiel des femmes par l'enseignement, la formation professionnelle et l'élimination de l'analphabétisme pour toutes les femmes, quels que soient leur âge, leur condition sociale, leur race ou leur appartenance ethnique, en accordant une importance primordiale à l'élimination de la pauvreté et des problèmes de santé.
  64.  

  65. Les gouvernements devraient prendre toutes les mesures possibles pour éliminer les disparités et les inégalités liées aux moyens d'existence des femmes et à leur accès au marché de l'emploi en créant des emplois générateurs de revenus stables, dont il a été prouvé qu'ils favorisent l'émancipation des femmes et leur assure une meilleure santé en matière de reproduction. Des lois garantissant une rémunération égale pour un travail de valeur égale doivent être adoptées et appliquées.
  66.  

    C. Adoption d'une perspective sexospécifique dans les programmes et les politiques

  67. Il convient d'adopter une perspective sexospécifique dans tout le processus d'élaboration et d'exécution des politiques, de même qu'au niveau de la fourniture des services, s'agissant en particulier de la santé en matière de reproduction, y compris la planification familiale et l'hygiène sexuelle. À cet égard, on doit renforcer les compétences techniques des fonctionnaires et du personnel des associations, y compris des organisations non gouvernementales et du système des Nations Unies, afin d'assurer la prise en compte des sexospécificités, notamment en partageant des instruments, des méthodes et les enseignements tirés de l'expérience de manière à développer les capacités institutionnelles et à établir des stratégies efficaces pour l'analyse des problèmes propres à chaque sexe et la prise en compte des sexospécificités. Dans ce contexte, il convient de réunir et de diffuser des données ventilées par sexe et de mettre au point des indicateurs permettant de mesurer les progrès accomplis.
  68.  

  69. Il faut surveiller de près les conséquences de la mondialisation de l'économie et de la privatisation des services sociaux de base, notamment des services de santé en matière de reproduction, pour les femmes et les hommes qui ne sont pas touchés de la même façon par ces phénomènes. Des programmes et des mécanismes institutionnels spéciaux doivent être mis en place pour préserver la santé et le bien-être des jeunes filles et des femmes âgées. Il convient de tenir compte des besoins des hommes et des femmes tout au long de leur vie pour la santé en matière de reproduction et de sexualité. Le souci de répondre aux besoins des hommes à cet égard ne doit pas porter préjudice aux femmes.
  70.  

  71. Les gouvernements devraient donner la priorité à l'élaboration de programmes et de politiques qui encouragent la diffusion de normes et d'attitudes bannissant toute discrimination à l'égard des fillettes et rejetant la préférence accordée aux fils, ainsi que toutes les formes de violence à l'égard des femmes, y compris la sélection prénatale en fonction du sexe; les mutilations sexuelles féminines, le viol, l'inceste, la traite, les sévices et l'exploitation sexuels. Il faudrait donc élaborer une approche intégrée qui tienne compte de la nécessité d'opérer des changements radicaux sur les plans social, culturel et économique, en plus des réformes juridiques mises en oeuvre. L'accès des fillettes à la santé, à la nutrition, à l'enseignement et à toutes les possibilités offertes par l'existence doit être protégé et élargi. Il convient d'aider et d'encourager les familles, en particulier les parents et autres tuteurs légaux, à renforcer l'amour-propre des filles, à améliorer leur condition et à protéger leur bien-être.
  72.  

    D. Mobilisation contre les attitudes et pratiques négatives

  73. Les gouvernements, les parlements, les responsables locaux, les dirigeants religieux, la famille, les médias, les éducateurs et d'autres groupes intéressés devraient prôner activement l'égalité et l'équité entre les sexes. Ces groupes devraient élaborer des stratégies, ou les renforcer lorsqu'elles existent déjà, pour modifier les attitudes et les pratiques négatives et discriminatoires à l'égard des femmes et des fillettes afin de valoriser le rôle des femmes dans la société et de rehausser leur dignité. Tous les dirigeants occupant les plus hauts postes de responsabilité et de décision devraient se prononcer en faveur de l'égalité et de l'équité entre les sexes, y compris l'émancipation des femmes et la protection des fillettes.
  74.  

  75. Tous les dirigeants à tous les niveaux, de même que les parents et les éducateurs, devraient encourager les hommes à s'identifier à des modèles qui permettraient aux garçons de devenir des adultes conscients des problèmes propres à chaque sexe et aux hommes de défendre, de protéger et de respecter la santé et les droits des femmes en matière de reproduction et de sexualité, ainsi que leur dignité. Les hommes devraient assumer la responsabilité de leur comportement sexuel et procréateur. Il faudrait entreprendre des travaux de recherche sur la sexualité masculine, la notion de masculinité et le comportement procréateur masculin.
  76.  

    IV. Droits et santé en matière de reproduction

    A. Santé en matière de reproduction, y compris la planification familiale et l'hygiène sexuelle

  77. Les gouvernements, en collaboration avec la société civile, y compris les organisations non gouvernementales, les donateurs et l'Organisation des Nations Unies, devraient :
  78.  

    a) Dans le contexte plus général du renforcement des systèmes de santé de base, et notamment de la réforme du secteur de la santé, accorder un rang de priorité élevé à la santé en matière de sexualité et de reproduction et veiller à ce que les politiques, les plans stratégiques et les programmes de santé en matière de sexualité et de reproduction sous tous leurs aspects soient fondés sur le respect des droits fondamentaux et à ce que ces programmes portent sur tous les stades de la vie; remédier aux inégalités et aux injustices motivées par des considérations de sexe; et assurer un accès équitable à l'information et aux services;

    b) Faire participer régulièrement tous les secteurs concernés, y compris les organisations non gouvernementales, et tout particulièrement les organisations de femmes et de jeunes et les associations professionnelles, à l'élaboration, à l'application, au contrôle de la qualité, au suivi et à l'évaluation des politiques et programmes afin de s'assurer que les services de santé en matière de sexualité et de reproduction et les informations connexes répondent aux besoins des individus et respectent leurs droits, y compris le droit d'accès à des soins de qualité;

    c) Investir davantage pour améliorer la qualité des services de santé en matière de sexualité et de reproduction, notamment en définissant des normes claires et en en surveillant l'application; en s'assurant que les prestataires de services disposent des compétences requises, en particulier sur le plan technique et celui de la communication; en garantissant la liberté de choix en connaissance de cause, le respect de la personne et de la vie privée, la confidentialité et le confort de l'usager; en mettant en place des systèmes de soutien logistique entièrement opérationnels, comprenant des dispositions judicieuses pour l'achat des produits nécessaires; et en instituant des mécanismes d'orientation efficaces entre les différents services et les différents niveaux de soins;

    d) Veiller à ce que les programmes de santé en matière de sexualité et de reproduction prévoient une formation et un encadrement des prestataires de soins à tous les niveaux avant et pendant l'exécution des prestations pour qu'ils se conforment à des normes techniques exigeantes, y compris en matière d'hygiène; respectent les droits fondamentaux des personnes prises en charge; aient les connaissances et la formation requises pour prendre en charge des usagers qui ont été soumis à des pratiques dangereuses, par exemple des mutilations sexuelles féminines ou des sévices sexuels; et soient à même de fournir des informations exactes sur les symptômes des infections de l'appareil génital, sur les règles d'hygiène et sur d'autres facteurs qui jouent un rôle dans les infections de l'appareil génital afin de limiter leurs conséquences néfastes sur la santé physique et psychologique et de réduire notamment la prévalence des infections pelviennes inflammatoires, de la stérilité, des grossesses extra-utérines et des douleurs pelviennes;

    e) Sensibiliser les hommes pour qu'ils comprennent le rôle qu'ils ont à jouer et les devoirs qui leur incombent : respect des droits des femmes, santé des femmes, prévention des grossesses non désirées, réduction de la mortalité et de la morbidité maternelles, prévention de la transmission des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/sida, accès des femmes aux soins de santé en matière de sexualité et de reproduction, partage des responsabilités au sein du ménage et dans l'éducation des enfants et adhésion aux initiatives visant à éliminer les pratiques dangereuses telles que les mutilations sexuelles féminines, les sévices sexuels et autres formes de violence à l'égard des femmes;

    f) Renforcer les services communautaires et les nouveaux partenariats avec le secteur privé en s'attachant à faire respecter les normes de sécurité, les règles déontologiques et autres normes pertinentes; et accorder des subventions prélevées sur le budget de l'État et les contributions versées par des donateurs pour mettre les services à la portée de ceux qui, sans cette intervention, n'y auraient pas accès.

  79. Les gouvernements devraient évaluer l'utilisation et l'éventail des méthodes de planification familiale et de contraception disponibles, ainsi que les indicateurs de mortalité maternelle et la prévalence du VIH/sida, afin de mesurer les progrès accomplis dans la réalisation de l'objectif fixé par la Conférence : permettre à tous de bénéficier des soins de santé en matière de reproduction. Ils devraient s'attacher à faire en sorte que d'ici à 2015, tous les centres de soins primaires et de planification familiale soient à même d'offrir, directement ou par aiguillage, un choix entre trois méthodes de planification familiale ou davantage; d'assurer une prise en charge des infections de l'appareil génital et des maladies sexuellement transmissibles; et des méthodes à adjuvants (tels que les préservatifs masculins et féminins et les microbicides si ceux-ci sont disponibles) pour prévenir les infections. D'ici à 2005, 60 % de ces installations devraient être capables d'offrir cet éventail de services et 80 % d'ici à 2010.
  80.  

  81. Le système des Nations Unies et les donateurs devraient renforcer les capacités nationales en matière de planification, de gestion, d'exécution, de suivi et d'évaluation des programmes de santé en matière de sexualité et de reproduction, y compris en veillant à ce que les réfugiés et toutes les autres personnes impliquées dans des situations d'urgence humanitaires bénéficient de soins de santé appropriés, notamment en matière de sexualité et de reproduction, reçoivent les informations voulues et soient mieux protégés contre toutes les formes de violence sexuelle. Ils devraient également veiller à ce que tous les agents sanitaires affectés à des opérations de secours ou intervenant dans des situations d'urgence reçoivent une formation de base sur les services et les informations concernant la santé en matière de sexualité et de reproduction.
  82.  

    B. Accès à des services de planification familiale de qualité

  83. Les gouvernements, conformément au Programme d'action, devraient prendre des mesures efficaces en vue de garantir le droit fondamental de tous les couples et individus de décider de façon libre et responsable le nombre de leurs enfants ainsi que l'espacement et le moment de leur naissance.
  84.  

  85. Les gouvernements, avec l'appui du système des Nations Unies et des donateurs, devraient :
  86.  

    a) Allouer des ressources suffisantes pour répondre à la demande croissante d'accès à l'information, aux conseils, aux services et au suivi pour l'ensemble de la gamme des méthodes contraceptives sûres et efficaces, y compris les méthodes utilisées par les femmes, telles que les préservatifs féminins et la contraception d'urgence, et les méthodes sous-utilisées telles que la vasectomie et les préservatifs pour hommes;

    b) Fournir des services de conseil de qualité et assurer le respect de normes éthiques et professionnelles en matière de soins, veiller à ce que les individus puissent opérer des choix librement et en pleine connaissance de cause dans un climat de respect de la vie privée, de confidentialité, de respect, de sensibilité à la sexospécificité, à l'âge, à la race, à l'appartenance ethnique, aux handicaps, à la culture et à d'autres facteurs de diversité;

    c) Renforcer les systèmes logistiques, y compris la capacité de gestion des programmes en vue de rendre les services plus sûrs et plus abordables, plus commodes et accessibles aux clients, en vue d'assurer la disponibilité et l'approvisionnement continus de contraceptifs essentiels de qualité et de produits liés à la santé en matière de sexualité et de reproduction, ainsi que l'approvisionnement en matières premières pour ces produits;

    d) Renforcer, comme il convient, les filets de sécurité sociale à l'aide des ressources publiques et des fonds des donateurs et, dans le contexte des soins de santé primaires, garantir l'accès à des services de santé en matière de reproduction qui soient complets, comprenant notamment la planification familiale, en particulier pour les personnes les plus touchées par la pauvreté, les réformes économiques et la crise.

  87. Le système des Nations Unies, les organisations non gouvernementales et le secteur privé sont priés de mener des activités de recherche-développement sur de nouveaux moyens de planification familiale sûrs, économiques et efficaces, tant pour les hommes que pour les femmes, y compris des méthodes utilisées par les femmes, qui protègent à la fois contre les maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida, et contre les grossesses. Tous les pays doivent respecter les normes éthiques internationalement acceptées pour toutes les activités de recherche-développement, ainsi que pour le contrôle de la qualité et la conception, la production et la distribution des produits. La communauté internationale doit prendre les mesures nécessaires, en particulier le transfert de technologies aux pays en développement, en vue de leur permettre de produire, de stocker et de distribuer des contraceptifs de haute qualité et d'autres produits essentiels pour les services de santé en matière de reproduction afin d'accroître l'autosuffisance de ces pays. Le Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population (FNUAP) est prié de continuer à renforcer son rôle de chef de file au sein du système des Nations Unies pour ce qui est d'aider les pays à prendre les mesures stratégiques nécessaires en vue d'assurer la disponibilité et les choix de produits en matière de santé et de reproduction.
  88.  

    C. Réduire le taux de mortalité et de morbidité maternelles

  89. Les gouvernements, avec la participation accrue de la société civile, notamment des organisations non gouvernementales, des donateurs et de la communauté internationale, devraient :
  90.  

    a) Reconnaître les corrélations qui existent entre les niveaux élevés de mortalité maternelle et de pauvreté et promouvoir la réduction des taux de mortalité et de morbidité maternelles en tant que priorité s'agissant de la santé publique et des questions relatives aux droits de l'homme;

    b) Veiller à ce que la réduction des taux de morbidité et de mortalité maternelles constitue une priorité dans le secteur de la santé et que les femmes aient facilement accès à des services de santé bien équipés et bien pourvus en personnel, en particulier du personnel qualifié pour les accouchements, y compris les soins d'obstétrique essentiels et les soins d'urgence, des services d'aiguillage efficaces et des moyens de transport pour des niveaux de soins plus élevés le cas échéant, ainsi que des soins post-partum. Dans le cadre de réformes du secteur de la santé, la réduction de la mortalité et de la morbidité maternelles devrait occuper une place de choix et servir d'indicateur pour la réussite desdites réformes;

    c) Appuyer l'éducation en matière de santé publique en vue de sensibiliser aux dangers de la grossesse, du travail et de l'accouchement; faire mieux comprendre les rôles et responsabilités respectifs des membres de la famille, y compris les hommes, et ceux de la société civile et des gouvernements en matière de promotion et de protection de la santé maternelle;

    d) Élaborer des interventions appropriées, dès la naissance, en vue d'améliorer l'état nutritionnel, l'état de santé et le degré d'instruction des filles et des jeunes femmes afin qu'elles soient mieux à même de faire des choix en pleine connaissance de cause en matière de procréation, et obtenir l'accès à des informations et des services de santé;

    e) Reconnaître et chercher à corriger les effets sur la santé des avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de sécurité, problème majeur de santé publique, en réduisant le nombre des grossesses non désirées au moyen de la fourniture de conseils, d'informations et de services de planification familiale; en veillant à ce que les services de santé soient capables de faire face aux complications dues à ce type d'avortement; et en suivant les recommandations énoncées au paragraphe 8.25 du Programme d'action. Les mesures ou changements concernant l'avortement au sein d'un système de santé ne peuvent être déterminées aux niveaux national ou local en fonction du processus législatif national. Dans les cas où l'avortement n'est pas interdit par la loi, il devrait être pratiqué dans de bonnes conditions de sécurité. Il ne faut en aucun cas promouvoir l'avortement comme méthode de planification familiale.

  91. Afin de surveiller les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de la Conférence en matière de mortalité maternelle, les pays devraient utiliser comme indicateur de référence la proportion des accouchements se déroulant avec l'assistance de personnel soignant qualifié. D'ici 2005, là où le taux de mortalité maternelle est très élevé, au moins 30 % de tous les accouchements devraient se dérouler avec l'assistance de personnel soignant qualifié, ce taux devant être de 50 % au moins d'ici 2010 et d'au moins 60 % d'ici 2015. Tous les pays devraient poursuivre leurs efforts afin que ce taux soit de 80 % d'ici 2005, de 85 % d'ici 2010 et de 90 % d'ici 2015.
  92.  

    D. Prévention et traitement de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), du syndrome d'immunodéficience acquise (sida) et des maladies sexuellement transmissibles (MST)

  93. Les pouvoirs publics, au plus haut niveau politique, doivent prendre des mesures d'urgence afin de prévenir la contamination par les maladies sexuellement transmissibles et le VIH/sida et, avec l'assistance du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, élaborer des politiques et plans d'action nationaux sur le VIH/sida; assurer et promouvoir le respect des droits fondamentaux et de la dignité des personnes vivant avec le VIH/sida; améliorer les soins et l'appui aux personnes vivant avec le VIH/sida, y compris les services de soutien pour les soins à domicile; et prendre des mesures visant à atténuer les effets de l'épidémie du sida en mobilisant tous les secteurs et segments de la société afin de faire face aux facteurs sociaux et économiques contribuant aux risques d'être infecté par le VIH et la vulnérabilité à celui-ci. Les gouvernements devraient promulguer des lois ou adopter des mesures en vue de garantir la non-discrimination à l'égard des personnes vivant avec le VIH/sida afin qu'on ne leur refuse pas l'accès à l'information nécessaire pour prévenir la propagation et qu'elles soient capables d'avoir accès à des traitements ou à des services de soins sans avoir peur d'être stigmatisées ou victimes de mesures discriminatoires ou de vagues de violence.
  94.  

  95. Les pouvoirs publics devraient veiller à ce que la prévention et le traitement des maladies sexuellement transmissibles et du VIH/sida fassent partie intégrante des programmes de santé en matière de sexualité et de reproduction au niveau des soins de santé primaires. Les différences entre les sexes, entre les groupes d'âge, et les autres différences ayant une incidence sur la vulnérabilité à l'infection au VIH devraient être abordées par les programmes et services de prévention et d'éducation. Les pouvoirs publics devraient élaborer des directives nationales pour le traitement et les soins de l'infection au VIH et pour les tests volontaires d'infection au VIH et les services de conseil, distribuer de façon massive des préservatifs féminins et masculins, notamment dans le cadre de programmes de distribution subventionnée. Les gouvernements, au plus haut niveau, devraient mener des activités de plaidoyer et des campagnes d'information, d'éducation et de communication afin de promouvoir des comportements ou pratiques sexuelles informés, responsables, et sans risque, le respect mutuel et l'équité entre les sexes dans les relations sexuelles. Compte tenu de la sensibilité accrue au VIH/sida des individus infectés par les maladies sexuellement transmissibles traditionnelles traitables, et du taux de prévalence de ces maladies parmi les jeunes, il convient d'accorder la priorité à la détection, au diagnostic et au traitement de ces infections.
  96.  

  97. L'intervention la plus importante pour réduire les infections au VIH chez les enfants est la prévention primaire de l'infection chez les adolescents et les femmes, mais les gouvernements devraient aussi exécuter sur une plus grande échelle, le cas échéant, les projets pilotes pour empêcher que la mère séropositive ne contamine son enfant.
  98.  

  99. Les pouvoirs publics, avec l'assistance d'ONUSIDA et des donateurs, devraient, d'ici à 2005, faire en sorte qu'au moins 90 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans aient accès à l'information, à l'éducation et aux services voulus de façon à acquérir les connaissances qui leur permettent de mieux se protéger contre l'infection au VIH. Les services devraient comprendre l'accès à des méthodes préventives telles que les préservatifs féminins et masculins, les tests de dépistage volontaires, les conseils et le suivi. Les pouvoirs publics devraient utiliser comme indicateur de référence les taux d'infection au VIH des personnes âgées de 15 à 24 ans pour parvenir à diminuer ces taux, d'ici à 2005, dans le monde entier et de 25 % dans les 25 pays les plus touchés, et d'ici à 2010, de 25 % dans le monde entier.
  100.  

  101. Dans le secteur privé comme dans le secteur public, il faudrait investir davantage pour faire avancer la recherche sur les microbicides et les autres méthodes utilisées par les femmes, les tests de dépistage plus simples et plus économiques, les traitements à dose unique pour les maladies sexuellement transmissibles et mettre au point des vaccins. La communauté internationale devrait négocier des prix abordables pour les médicaments antirétroviraux, des traitements efficaces contre l'infection au VIH et de techniques de prévention et de dépistage.
  102.  

    E. Promotion de la santé des adolescents en matière de sexualité et de reproduction

  103. Les pouvoirs publics, avec l'appui de la communauté internationale, devraient redoubler d'efforts en vue d'appliquer le Programme d'action en ce qui concerne la santé des adolescents en matière de sexualité et de reproduction, comme énoncé au paragraphe 7.45 du Programme d'action, et à cette fin :
  104.  

    a) Protéger et promouvoir le droit des adolescents à une éducation, des informations et des soins en matière de santé de la reproduction, préserver le droit des adolescents au respect de leur vie privée, à la confidentialité, au respect et au consentement en connaissance de cause, en respectant les valeurs culturelles et les croyances religieuses;

    b) Continuer de faire campagne pour la santé des adolescents, y compris la santé en matière de sexualité et de reproduction, identifier les stratégies efficaces et appropriées en vue d'atteindre cet objectif, et élaborer des indicateurs par sexe et par âge et des systèmes de données en vue de suivre les progrès;

    c) Élaborer des plans d'action nationaux pour les adolescents et les jeunes, basés sur les différences, l'équité et l'égalité entre les sexes, couvrant l'éducation, la formation professionnelle et technique et les possibilités d'emploi rémunéré. Ces programmes devraient comprendre des mécanismes d'appui à l'éducation et à l'orientation des adolescents dans des domaines tels que les relations entre hommes et femmes et l'égalité entre les sexes, la violence à l'encontre des adolescents, un comportement sexuel responsable, la planification responsable de la famille, la vie familiale, la santé en matière de reproduction, les maladies sexuellement transmissibles, la contamination par le VIH et la prévention du sida (Programme d'action, par. 7.47). Les adolescents et les jeunes doivent être pleinement associés à la planification et à la fourniture de ces informations et de ces services, compte dûment tenu des orientations et des responsabilités parentales;

    d) Reconnaître et promouvoir le rôle central de la famille, des parents et autres tuteurs dans l'éducation des enfants et la formation de leurs aptitudes, et faire en sorte que les parents et les autres personnes assumant des responsabilités légales apprennent à conseiller leurs enfants adolescents et participent aux programmes d'information concernant la santé en matière de sexualité et de reproduction, de sorte qu'ils puissent exercer leurs droits et leurs responsabilités vis-à-vis des adolescents;

    e) En tenant dûment compte des droits, devoirs et responsabilités des parents, faire en sorte que les adolescents, à l'école comme à l'extérieur, reçoivent les informations, l'éducation, les conseils et les services en matière de santé nécessaires pour faire des choix et prendre des décisions en toute connaissance de cause concernant leur sexualité et leur santé en matière de reproduction. Les adolescents sexuellement actifs ont besoin d'informations, d'une orientation et de services spécifiques dans le domaine de la planification familiale, et les adolescentes qui se retrouvent enceintes ont besoin d'un appui particulier de leur famille et de la collectivité au cours de leur grossesse et de la petite enfance de leur bébé (Programme d'action, par. 7.47). Les enseignants, les parents, les jeunes responsables de l'éducation au sein de leur groupe, et les fournisseurs de soins de santé devraient recevoir des informations et une formation appropriées dans ce domaine;

    f) Éliminer, selon qu'il conviendra, les obstacles juridiques, réglementaires et sociaux aux informations et services de santé en matière de sexualité et de reproduction à l'intention des adolescents et veiller à ce que les attitudes des fournisseurs de soins de santé et d'autres services ne limitent pas l'accès des jeunes aux services et aux informations dont ils ont besoin, notamment, pour la prévention des traitements des maladies sexuellement transmissibles et du VIH.

  105. À la demande des gouvernements, le système des Nations Unies et des pays donateurs devrait accorder une priorité plus élevée et accroître les allocations de ressources à la promotion et à la protection de la santé des adolescents, y compris la santé en matière de sexualité et de reproduction.
  106.  

  107. Les organismes des Nations Unies, en collaboration avec les organisations non gouvernementales et la communauté des donateurs, devraient documenter et évaluer les programmes en vue de déterminer les meilleures pratiques, élaborer des indicateurs et des systèmes de collecte de données en vue de suivre les progrès, diffuser largement des informations sur l'élaboration et le fonctionnement des programmes et leurs effets sur la santé des jeunes en matière de sexualité et de reproduction et appuyer les mécanismes internationaux pour le partage des données d'expérience, en particulier entre pays en développement, afin que les pays trouvent des modèles appropriés adaptables à leur situation.
  108.  

  109. Au moins 20 % des ressources affectées aux programmes de santé en matière de reproduction devraient être réservées en vue de répondre aux besoins des adolescents en matière d'information et de services.
  110.  

    V. Partenariats et collaborations

  111. Les gouvernements devraient adopter des politiques et des directives et supprimer les obstacles juridiques et bureaucratiques pour faciliter la participation des organisations de la société civile aux débats d'orientation, à la planification du secteur de la santé et à la formulation, à la mise en oeuvre, au suivi et à l'évaluation des stratégies et programmes conçus pour atteindre les objectifs fixés dans le Programme d'action.
  112.  

  113. Les gouvernements devraient inclure des représentants des organisations non gouvernementales, y compris des organisations de femmes, de jeunes et de populations autochtones, dans les délégations nationales aux réunions régionales et internationales où sont examinées les questions relatives à la population et au développement.
  114.  

  115. Les gouvernements, la société civile et le système des Nations Unies devraient renforcer leur collaboration et leur coopération en vue de créer un climat propice au partenariat. Les gouvernements et les organisations de la société civile devraient mettre au point des systèmes assurant une plus grande transparence afin de mieux s'acquitter de leur obligation de rendre compte envers leurs mandants et les uns envers les autres.
  116.  

  117. Les gouvernements et les organisations internationales devraient créer et appuyer des mécanismes qui permettent d'établir et de maintenir des partenariats avec les organisations locales et les organisations non gouvernementales de défense de la santé et des droits des femmes, les établissements de recherche et les organisations professionnelles. Les gouvernements, la société civile et la communauté internationale devraient s'attacher ensemble à renforcer la capacité des pays à appliquer des programmes durables en matière de population et de santé de la reproduction.
  118.  

  119. Les organisations de la société civile sont encouragées à mettre au point des approches novatrices et à établir, avec les médias, le secteur commercial, les autorités religieuses, les associations locales, les notables et les jeunes, des partenariats qui leur permettent de faire campagne pour que soient atteints les buts et objectifs du Programme d'action.
  120.  

  121. Les gouvernements, les organisations internationales et les institutions financières sont encouragés à fournir sur demande en quantités suffisantes, lorsqu'ils le peuvent, les ressources financières et techniques et les informations nécessaires pour que la société civile nationale B en particulier, les groupes locaux de femmes et de jeunes B puisse participer à la recherche, à l'élaboration, à la mise en oeuvre, au suivi et à l'évaluation des politiques, programmes et activités en matière de population et de développement. Il faut mettre en place des mécanismes de transparence et de contrôle afin de s'assurer que les fonds alloués à cette fin servent à financer les programmes de population et de développement requis.
  122.  

  123. Les gouvernements devraient encourager l'établissement de partenariats avec le secteur privé et le secteur non structuré de manière que l'un et l'autre puissent s'associer plus étroitement aux organisations de la société civile et aux gouvernements pour appliquer le Programme d'action. Le secteur privé peut appuyer l'action des gouvernements ou la compléter, mais ne peut se substituer à eux, car c'est à eux qu'il appartient de fournir des services de santé en matière de reproduction et de santé sexuelle qui soient complets, sûrs, accessibles et d'un coût abordable. Les gouvernements devraient examiner et réviser les lois et réglementations pertinentes afin d'assurer que tous les produits et services de santé en matière de reproduction répondent à des normes acceptables.
  124.  

  125. Les parlementaires devraient adopter les réformes législatives nécessaires pour mettre en oeuvre le Programme d'action. Ils devraient mobiliser les fonds nécessaires pour que leur pays puisse remplir les engagements qu'il a pris lors de la Conférence et devraient se faire les défenseurs du Programme d'action. Il devrait y avoir régulièrement des échanges de données d'expérience entre parlementaires aux niveaux régional, interrégional et international.
  126.  

  127. Il est nécessaire que les pays donateurs et le secteur privé fournissent des fonds et un appui pour promouvoir l'Initiative Sud-Sud et maintenir tout l'intérêt qu'elle suscite et pour développer les échanges de données d'expérience et mobiliser les compétences techniques et autres ressources voulues dans les pays en développement. Il faudrait établir une liste des institutions et experts des pays en développement spécialisés dans les domaines de la population et de la santé en matière de reproduction.
  128.  

  129. Les organismes des Nations Unies devraient redoubler d'efforts pour promouvoir la coordination et la collaboration à l'échelle du système, en particulier au niveau des pays. Les travaux intergouvernementaux de la Commission de la population et du développement devraient être renforcés, ainsi d'ailleurs que le rôle de coordonnateur interinstitutions qu'assume le FNUAP dans le domaine de la population et de la santé en matière de reproduction.
  130.  

    VI. Mobilisation des ressources

  131. Il est urgent d'obtenir une plus grande volonté politique et la mobilisation de l'aide internationale convenue au Caire pour accélérer l'application du Programme d'action qui, à son tour, contribuera à faire progresser la réalisation d'objectifs plus larges en matière de population et de développement.
  132.  

  133. Tous les gouvernements et la communauté internationale sont encouragés à s'engager à nouveau au plus haut niveau politique à tout faire pour mobiliser les ressources financières nécessaires pour appliquer pleinement le Programme d'action.
  134.  

  135. Tous les pays en développement doivent continuer à s'efforcer de mobiliser des ressources auprès de toutes les sources nationales et à promouvoir la coopération internationale, y compris la coopération Sud-Sud, pour appliquer pleinement le Programme d'action.
  136.  

  137. Les ressources extérieures promises au Caire n'ayant pas été versées, il importe au plus haut point que la communauté internationale prenne des mesures pour remédier à ce manque de ressources. Elle devrait atteindre dès que possible l'objectif convenu pour l'aide publique au développement (APD), soit 0,7 % du produit national brut, et s'engager à consacrer au moins 5 % de l'APD aux activités en matière de population. Une part plus importante des dépenses publiques et de l'APD devrait être consacrée aux programmes en matière de population et de santé de la reproduction de manière que les objectifs financiers fixés par la Conférence puissent être pleinement atteints.
  138.  

  139. Il faudrait renforcer les activités de plaidoyer entre les pays et au sein même des pays afin de réaliser les objectifs financiers choisis. Les législateurs devraient accroître l'appui au Programme d'action en adoptant des lois, en menant des activités de plaidoyer, en sensibilisant plus largement l'opinion publique et en mobilisant des ressources.
  140.  

  141. L'épidémie de sida ayant pris des proportions plus importantes que prévu, il faudrait, conformément au Programme d'action, trouver au moins les 1,3 milliard de dollars nécessaires pour financer le programme de prévention du VIH/sida en 2000 et les montants plus importants nécessaires pour le financer les années suivantes. Il faudrait accorder une attention particulière aux jeunes. Tous les pays en développement et en transition touchés par la pandémie devraient continuer à lutter contre elle en mobilisant des ressources auprès de toutes les sources nationales et la communauté internationale devrait soutenir leurs efforts. En outre, les gouvernements et la communauté internationale devraient redoubler d'efforts pour fournir des ressources qui permettent d'apporter soins et appui aux personnes infectées par le VIH/sida et de financer les soins préventifs spécialisés dont le coût n'est pas évalué dans le Programme d'action, comme il est indiqué aux paragraphes 13.14 b) et 13.17.
  142.  

  143. La communauté internationale doit répondre aux besoins financiers des nombreux pays en développement qui se sont engagés à réaliser les objectifs de la Conférence et qui ont adopté des politiques et des programmes cohérents dans le domaine de la population. Les pays qui connaissent des difficultés exceptionnelles ou sont en proie à une crise économique ont besoin de ressources extérieures importantes pour appliquer leurs programmes en matière de population et de santé de la reproduction. À cet égard, la communauté internationale devrait faire des efforts particuliers pour atténuer les conséquences des crises financières qui se sont produites récemment dans plusieurs régions du monde.
  144.  

  145. Les gouvernements et la communauté internationale devraient recourir à de nouveaux moyens pour financer les programmes en matière de population, de santé sexuelle et de santé de la reproduction, à savoir : a) la tarification sélective des services financiers, la vente subventionnée, la participation aux coûts et d'autres formes de recouvrement des frais; b) les activités de plaidoyer pour obtenir des institutions financières internationales qu'elles financent davantage les programmes en matière de population et de santé de la reproduction; c) la participation plus active du secteur privé; et d) des mécanismes de réduction de la dette extérieure plus efficaces. Ces moyens ne doivent pas limiter l'accès aux services et devraient être assortis de filets de sécurité adéquats.
  146.  

  147. Les gouvernements devraient en outre s'assurer que les fonds et subventions publiques et l'aide reçue des donateurs servent à accroître au maximum les prestations que ceux dont la santé en matière de reproduction laisse particulièrement à désirer, c'est-à-dire les pauvres, reçoivent des systèmes de santé publique.
  148.  

  149. Les organismes donateurs et les pays en développement devraient continuer à redoubler d'efforts et à améliorer leur collaboration pour supprimer les doubles emplois, recenser les problèmes de financement et s'assurer que les ressources sont utilisées au mieux.
  150.  

  151. Le FNUAP, en coopération avec les gouvernements des pays développés et en développement et les organisations non gouvernementales, devrait veiller à ce que les flux de ressources soient contrôlés régulièrement et pleinement, en prêtant une attention particulière à la transparence et au contrôle de l'utilisation des fonds destinés à financer les programmes en matière de population et de santé de la reproduction prévus dans le Programme d'action.
  152.  

  153. Les pays, en particulier les pays développés, sont instamment priés d'accroître sensiblement leurs contributions volontaires au FNUAP afin que celui-ci puisse mieux aider les pays à appliquer le Programme d'action, notamment des programmes de santé en matière de reproduction. Les institutions spécialisées et programmes des Nations Unies s'occupant des questions de population auront aussi besoin d'une aide financière pour appliquer le Programme d'action.
  154.  

  155. Les gouvernements des pays développés et en développement devraient envisager sérieusement d'appliquer l'Initiative 20/20, pacte volontaire conclu entre les pays donateurs et les pays bénéficiaires, qui peut être le moyen de mobiliser davantage de ressources pour réaliser des objectifs plus vastes concernant la population et le secteur social.
  156.  

  157. Les gouvernements devraient appliquer des politiques qui facilitent la participation plus active du secteur privé à la prestation de soins de santé en matière de reproduction, encourager des services d'intervention et d'appui efficaces, y compris des services fournis par le secteur privé, en aiguillant les personnes qui peuvent payer vers ces services, et faire en sorte que les politiques tarifaires et fiscales et la réglementation n'empêchent pas les entreprises commerciales de fournir des biens ou services concernant la santé en matière de reproduction.