Semaine de la sécurité routière : Les nations africaines s'efforcent de réduire le nombre de morts

Get monthly
e-newsletter

Semaine de la sécurité routière : Les nations africaines s'efforcent de réduire le nombre de morts

UN News
Afrique Renouveau: 
16 Mai 2023
Par: 
UN-HABITAT
Des rues plus sûres pour les piétons et les cyclistes favoriseront le relèvement durable de l'Éthiopie, grâce à une action conjointe soutenue par le Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière.

Les accidents de la route sont la principale cause de décès chez les jeunes Africains. Les gouvernements du continent ont donc décidé de prendre une nouvelle direction unifiée, à l'approche de la Semaine de la sécurité routière, qui se déroule du 15 au 21 mai.

Des statistiques d'accidents de plus en plus sombres ont incité à agir, notamment deux accidents de bus au Sénégal qui ont coûté la vie à 62 personnes en janvier. En Côte d'Ivoire, le nombre quotidien d'accidents de la route mortels est passé de 12 en 2012 à 46.

Dans la région du monde la plus touchée par les accidents de la route, le taux de mortalité en Afrique subsaharienne est de 27 pour 100 000 habitants. C'est trois fois plus que la moyenne européenne de neuf et bien plus que la moyenne mondiale de 18, selon la Commission économique des Nations unies pour l'Europe (CEE-ONU), qui gère 59 des instruments juridiques de l'Organisation sur le transport intérieur, y compris les conventions de l'ONU sur la sécurité routière.

Chaque année, 1,3 million de personnes dans le monde sont tuées dans des accidents de la route et des millions d'autres sont blessées, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un quart des décès dans le monde

En Afrique, les décès dus aux accidents de la route représentent environ un quart du nombre total de victimes, alors que le continent compte à peine 2 % du parc automobile mondial, a déclaré l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la sécurité routière, Jean Todt, de retour d'une visite dans les rues et sur les autoroutes de l'Afrique de l'Ouest.

"L'Afrique est particulièrement touchée par la tragédie des accidents de la route, qui est la première cause de mortalité chez les jeunes", a-t-il déclaré.

Les partenaires passent à la vitesse supérieure

Lors de ses rencontres avec les autorités et la société civile au Sénégal et en Côte d'Ivoire, M. Todt a déclaré qu'un investissement adéquat pouvait sauver des vies.

Actuellement, les gouvernements, le secteur privé et la société civile, avec l'aide du Fonds des Nations unies pour la sécurité routière, s'associent dans un nouveau projet qui vise à réduire le nombre de morts sur les routes et à assurer la sécurité des véhicules, a déclaré la CEE-ONU.

L'initiative vise à réglementer l'exportation et l'importation de véhicules d'occasion en Afrique, en particulier en ce qui concerne les réglementations et les inspections techniques. L'un des objectifs est d'importer en Afrique des véhicules plus sûrs et respectueux de l'environnement afin d'éviter les accidents tragiques.

Première approche harmonisée en Afrique pour réglementer les véhicules d'occasion importés, le projet, une fois pleinement mis en œuvre, aura un "impact significatif" sur l'environnement, la santé et la sécurité routière, a déclaré l'agence.

African countries are committing to strengthening reporting on road crash fatalities.
© UNICEF/Tanya Bindra. - Les pays africains s'engagent à renforcer les rapports sur les accidents mortels de la route.
 
Les tragédies récentes suscitent l'indignation de l'opinion publique
 
Outre les incidents meurtriers survenus au Sénégal en janvier, le même mois, à Yamoussoukro, en Côte d'Ivoire, un accident de bus a tué 14 personnes et en a blessé 70 autres, tandis qu'une collision similaire survenue en août 2022 a tué 25 personnes dans le nord d'Abidjan.
 
Ces accidents de bus ont mis en évidence la vétusté des flottes de véhicules dans les deux pays, ainsi que l'absence de contrôle technique et le non-respect du code de la route, a indiqué l'agence.
 
Lutter contre les véhicules dangereux
 
La question de l'obsolescence des flottes de véhicules nécessite une attention particulière en Afrique de l'Ouest, a déclaré la CEE-ONU, ajoutant que le Sénégal et la Côte d'Ivoire dépendent principalement de l'importation de véhicules très usagés.
 
En 2016, l'âge moyen du parc automobile au Sénégal était de 18 ans, avec 40 % de véhicules âgés de plus de 20 ans, selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). Le Sénégal a promulgué en 2001 un décret limitant l'âge des voitures importées à 5 ans, puis l'a modifié en 2012 pour le porter à 8 ans, selon la CEE-ONU.
 
Le cercle vicieux de la pauvreté
 
Des efforts sont également déployés pour protéger les usagers de la route les plus vulnérables, à savoir les piétons et les cyclistes, qui sont souvent les plus pauvres et les plus jeunes, a indiqué l'agence. En effet, c'est en Afrique que l'on trouve la plus forte proportion de cyclistes et de piétons tués, soit 44 % du nombre total de décès sur les routes.
 
Outre la tragédie humaine, les accidents de la route enferment les pays dans un cercle vicieux de pauvreté. Selon la Banque mondiale, le coût des accidents de la route représente 8 % du PIB annuel du Sénégal et 7,8 % de celui de la Côte d'Ivoire.
A busy road intersection.
UN Road Safety Fund - Un carrefour très fréquenté.

La lutte contre les faux permis de conduire et la conduite en état d'ivresse

L'alcool au volant, les excès de vitesse, la somnolence, la négligence, le non-port de la ceinture de sécurité et du casque, et le non-respect du code de la route sont les principales causes d'accidents de la route en Afrique, selon l'agence.

Parmi les autres facteurs contribuant à ces accidents figurent le vieillissement du parc automobile dans les transports publics, les faux permis, le manque d'application des sanctions et l'absence d'inspections techniques rigoureuses.

Parmi les solutions à mettre en œuvre figurent la nécessité de renforcer les services de santé pour les victimes d'accidents et l'adhésion à la Charte africaine de la sécurité routière et aux conventions de base des Nations unies sur la sécurité routière.

La sensibilisation joue également un rôle clé, selon la CEE-ONU.

De nouvelles mesures énergiques 

À la suite des accidents tragiques de janvier, le Sénégal a annoncé des mesures énergiques pour rendre les routes plus sûres. Il s'agit notamment d'un plan national de sécurité routière comprenant 22 mesures visant à réduire d'au moins 50 % le nombre de morts et de blessés graves

Ces mesures vont du renforcement des contrôles routiers à la limitation de la circulation des véhicules de transport public. Il s'agit également d'interdire l'importation de pneus usagés, d'assurer un contrôle technique gratuit à Dakar pour les véhicules de transport et de marchandises, et d'ouvrir des centres de contrôle technique dans tout le pays.

Première police de la circulation

En Côte d'Ivoire, de nouvelles initiatives renforcent les lois sur la sécurité routière et créent une police de la circulation. À la suite de plusieurs accidents mortels dans le nord du pays, le gouvernement a décidé en 2021 d'imposer le port du casque à tous les cyclistes.

Les engagements sont là, que ce soit au Sénégal ou en Côte d'Ivoire, a déclaré la CEE-ONU, ajoutant que ce qui reste est la partie la plus difficile : la mise en œuvre et la mesure des progrès.

Over-loaded vehicles, like this motorcycle taxi in Benin, are a major cause of road traffic accidents in the developing world. (file)
Banque mondiale/Stephan Gladieu - Les véhicules surchargés, comme cette moto-taxi au Bénin, sont une cause majeure d'accidents de la route dans les pays en développement. (archives)
Thèmes: