Félix Maroy, âgé de 29 ans, est né à Bukavu, dans l'est de la République Démocratique du Congo. Il entame son voyage technologique à l'âge de 16 ans, quand il commence à apprendre à coder. En 2020, il crée FYATU, une entreprise fintech qui travaille dans le secteur des cartes de paiement. Plus de 179 000 utilisateurs dans 147 pays, notamment en Afrique, ont utilisé les services de FYATU jusqu'à présent. Il parle de son parcours à Nathan Hastings-Spaine. Extraits :
Parlez-nous de votre parcours.
Cela a commencé en 2008, quand j'avais 16 ans. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à apprendre à coder en utilisant (les plateformes d'apprentissage en ligne) OpenClassrooms.com, Udemy et Free CodeCamp.
À 18 ans, au lieu d'aller à l'université, j'ai quitté Bukavu pour Kinshasa - sans famille sur place et avec très peu d'argent - avec la ferme conviction que je m'en sortirais.
Heureusement, à l'aéroport, j'ai rencontré un directeur du parc national de Kahuzi-Biega, qui se trouvait aussi être de Bukavu. Il m'a invité chez lui et m'a engagé pour créer un site Web pour le parc.
En deux semaines à Kinshasa, j'ai lancé mon entreprise de développement de logiciels MerciPro, et en 2018, je faisais partie des 50 jeunes influenceurs congolais.
En 2020, j'ai fondé FYATU, une entreprise fintech dans le secteur des cartes de paiement. En deux ans et sans aucun investissement extérieur, FYATU a connu une croissance fulgurante. Nous sommes maintenant une équipe de sept personnes.
Comment avez-vous démarré l'initiative ?
J'ai commencé à construire FYATU en janvier 2020 et je l'ai lancé en octobre de la même année. Actuellement, nous avons plus de 179 000 utilisateurs dans 147 pays. La plupart des utilisateurs se trouvent en RDC, en Côte d'Ivoire, au Cameroun, en Algérie et en Tunisie.
Au départ, quand j'ai eu l'idée de FYATU, j'avais prévu d'en bâtir une partie puis de la vendre en ligne car j'estimais que le projet était trop grand pour moi. Mais je l'ai soumis pour examen sur CodeCanyon (un portail où les applications sont vendues) cinq fois et il a été rejeté à chaque fois.
Déçue mais ne voulant pas abandonner, j'ai cherché des entreprises de technologies pour acheter le produit, mais aucune n'était intéressée. Ne voulant pas jeter l'éponge, j'ai décidé de mettre en œuvre le projet moi-même. J'ai dû passer du temps supplémentaire pour diagnostiquer le véritable problème auquel les Africains étaient confrontés, à savoir que les cartes Visa locales limitaient ce qu'ils pouvaient faire en ligne.
Comment FYATU résout-il ce problème ?
Nos offres les plus populaires sont notre service de cartes virtuelles et les services de retrait PayPal et Perfect Money.
Avant FYATU, de nombreux Africains étaient limités dans les biens et services qu'ils pouvaient acheter en ligne avec leurs cartes Visa locales car de nombreux services basés à l'étranger n'acceptent pas les paiements par cartes de crédit et de débit émises localement.
Mais les utilisateurs de FYATU peuvent créer une carte virtuelle sans compte bancaire et l'utiliser pour faire des achats en ligne ou s'inscrire à un abonnement en ligne. Les utilisateurs peuvent alimenter leur portefeuille FYATU dans leur monnaie locale avec une carte émise par une banque ou de l'argent mobile.
Un autre problème auquel sont confrontés de nombreux Africains, surtout ceux qui ont une activité en ligne, est de retirer de l'argent de PayPal et Perfect Money. Tu ne peux pas transférer directement de l'argent de PayPal vers un compte bancaire en Afrique. Par conséquent, les gens sont souvent obligés de laisser l'argent sur leur compte PayPal et de faire des transactions en ligne.
Avec FYATU, vous pouvez transférer de l'argent de PayPal et Perfect Money vers votre portefeuille FYATU et vice-versa. Et vous pouvez retirer de l'argent de FYATU.
Parmi les autres services que nous proposons, on trouve le transfert d'argent P2P ("peer-to-peer") gratuit, la recharge mobile mondiale (TOPUP) et l'interopérabilité des portefeuilles, ce qui signifie que FYATU peut être utilisé avec d'autres systèmes de paiement.
Quels sont les défis et les succès rencontrés jusqu'à présent ?
Trouver des partenaires dans les pays où nous opérons pour aider à faire évoluer notre entreprise a été un énorme défi.
Un autre défi est la cyber-insécurité. Quand vous commencez à bien faire en tant que startup, surtout dans l'espace fintech, vous devez vous attendre à subir des cyber-attaques. Elles peuvent être aussi mineures que quelqu'un qui essaie d'effectuer des transactions frauduleuses ou aussi importantes qu'une attaque coordonnée sur tes serveurs. Nous avons résolu ce problème en embauchant une entreprise spécialisée dans la sécurité pour garantir la protection de notre plateforme.
En termes de réussites, être là où nous sommes aujourd'hui est un énorme succès. En moins de deux ans, sur les millions de sites Web du monde entier, nous sommes classés dans les 12 000 premiers en termes de visites. De plus, si vous allez sur YouTube et que vous cherchez FYATU, vous verrez des vidéos dans plus de huit langues de personnes faisant l'éloge de nos services. C'est un sentiment incroyable et un autre signe de réussite.
Quel est votre message aux jeunes d'Afrique ?
Mon message est de ne jamais abandonner son rêve. Continuez à travailler sur votre rêve jusqu'à ce que vous le réalisiez. Les gens peuvent dire que votre idée ne peut pas marcher ou que votre projet ne vaut pas le coup, mais vous réussirez si vous continuez à y croire.
Et ne vous inquiétez pas de savoir comment cela va se passer car vous ne pouvez pas contrôler l'avenir ; tout ce que vous pouvez faire, c'est prendre des mesures concrètes aujourd'hui pour réaliser votre rêve et l'avenir vous réservera une bonne surprise.
