Objectifs de développement durable : nouveau cadre prometteur pour l’Afrique

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Objectifs de développement durable : nouveau cadre prometteur pour l’Afrique

Entrée en vigueur des nouveaux objectifs à l’échéance des OMD en 2015
Afrique Renouveau: 
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Young female student in Monrovia, Liberia.  Photo: UNMIL/Christopher Herwig
Photo: UNMIL/Christopher Herwig
Jeune étudiante à Monrovia, Libéria. Photo: UNMIL/Christopher Herwig

La première mouture du nouveau programme mondial de développement - les Objectifs de développement durable - prend en compte les intérêts de l’Afrique. Mais il ne les prend pas en compte de la même manière que les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), actuellement sur le point d’expirer, l’ont fait par le passé. 

Les Objectifs de développement durable (ODD) devraient orienter le débat sur le développement économique, social et environnemental sur les 15 prochaines années. Ils doivent remplacer les OMD qui expirent en 2015. Et si l’on se réfère à une importante déclaration de principe de l’Union africaine, l’Afrique obtiendra ce qu’elle attend du document de l’Assemblée générale de l’ONU sur la nouvelle série d’objectifs mondiaux.

Les « besoins spécifiques » de l’Afrique ont été abordés dans la Déclaration du Millénaire adoptée en l’an 2000, à partir de laquelle les OMD avaient été élaborés. Même si les huit OMD ne mentionnaient pas l’Afrique, l’accent mis sur l’élimination des taux d’extrême pauvreté, la réduction de la mortalité infantile, la promotion de l’égalité des sexes, l’arrêt de la propagation du VIH/sida, du paludisme et d’autres maladies, et la réalisation de l’éducation primaire universelle d’ici à 2015 signifie qu’ils avaient pour cible les couches les plus pauvres dont un grand nombre se trouvent en Afrique.

Dans leur version présente, les ODD sont davantage axés sur le renforcement des capacités de production et l’amélioration du rôle que doivent jouer les facteurs économiques et environnementaux, qui sont également des éléments essentiels de la « Position commune africaine sur le programme de développement pour l’après-2015 ». Cette position commune fait l’unanimité parmi les dirigeants africains, la société civile et le secteur privé. 

Les recommandations formulées par l’Afrique pour la période suivant les OMD concordent avec le cadre accepté par l’Assemblée générale des Nations Unies comme base pour les négociations de 2015. De fait, la configuration que doivent revêtir les  ODD signifie peut-être que le reste du monde, en particulier les autres pays en développement, partagent les mêmes préoccupations que l’Afrique. 

Cela peut aussi indiquer une certaine influence. Avec une population de plus d’un milliard de personnes, l’Afrique, nouvelle destination des investisseurs et dont les taux de croissance économique rivalisent avec ceux de tout autre continent, pourrait être maintenant en mesure de donner conseils. Après en avoir longtemps reçu des autres. 

Position commune de l’Afrique

Au début de 2014, à l’époque où la Position commune africaine avait été élaborée, un groupe de travail de l’Assemblée générale des Nations Unies entreprit la rédaction d’un projet visant la réalisation des objectifs fixés en 2012 lors du sommet pour le développement durable de Rio (Rio + 20). 

Le texte de Rio préconisait de continuer à poursuivre les OMD, afin de consolider les  progrès réalisés au niveau des conditions de vie et de rattraper les retards enregistrés en matière de réalisations. Mais le « développement durable » étant l’un des mots d’ordre de ces objectifs, et les écosystèmes et les changements climatiques suscitant une profonde inquiétude, il ne faisait aucun doute que l’environnement occuperait une place plus importante dans les ODD. La déclaration de principe de l’Afrique fait également une large place aux changements climatiques, à la sécheresse et à l’utilisation des terres. On remarquera que la position africaine et celle du groupe de travail de l’Assemblée générale mettent toutes les deux  l’accent sur l’économie et l’autonomisation.

Les ODD, tout comme les OMD, font de l’éradication de la pauvreté une priorité. L’Afrique et le monde en développement en général estimaient qu’il s’agissait là d’une condition fondamentale, du moins en partie, si l’on voulait éviter que le renforcement des considérations environnementales entraîne un recul de l’engagement d’éradiquer la pauvreté. 

En fait, cet ensemble équilibré d’objectifs de développement durable est judicieux en ce qu’il s’attaque à la pauvreté dans la mesure où elle rend ses victimes vulnérables à la dégradation de l’environnement. Ces objectifs s’efforcent également d’assurer l’intégration et la justice sociale, ainsi que le progrès économique. « Je dirais que les pays africains en profiteront  tout particulièrement » a-t-il ajouté. 

Paix, sécurité et gouvernance

Une autre particularité du projet d’ODD par rapport aux OMD est le regroupement des questions de paix et de sécurité sous la bannière du développement. L’idée est que les conflits ont des incidences sur le développement dans les pays qu’ils touchent. Pour l’Afrique, l’intégration de la paix et de la sécurité dans les ODD renvoie à des facteurs de prévention des conflits tels que l’équité, l’inclusion et l’état de droit. 

Questions financières

À la différence du partenariat mondial établi dans les OMD qui s’articule selon un axe Nord-Sud, les ODD s’appliqueront à tous les pays de manière égale. On peut donc se demander si l’Afrique, qui a longtemps été une zone de concentration de l’aide publique au développement (APD), recevra moins d’aide.

Il se peut toutefois que l’Afrique ait déjà commencé à perdre son statut de bénéficiaire privilégié de l’aide. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’aide publique bilatérale accordée à l’Afrique a diminué de 10 % en termes réels en 2012, et d’environ 5 % en 2013, malgré une augmentation de l’aide publique au développement (APD) à tous les pays en développement. 

Une simple substitution de ressources privées à des fonds publics n’est sans doute pas la meilleure façon de décrire les options qui s’offrent à l’Afrique. La Position commune africaine prend en compte une combinaison de sources de financement. Elle se propose notamment d’améliorer les taux nationaux de fiscalité traditionnellement faibles, d’arrêter les flux illicites de capitaux et de recouvrir les avoirs volés, d’emprunter sur les marchés financiers internationaux, d’intensifier les échanges intra-africains, la coopération Sud-Sud et les partenariats public-privé.  

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