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Africa Renewal
Afrique Renouveau: 

L’Afrique et la révolution des applications mobile de santé

Par Ying M. Zhao-Hiemann

Les jeunes Zambiens peuvent maintenant échanger des informations sur le VIHSIDA et autres MST à travers leurs téléphones mobiles.<br />
  UNICEF Zambia/2013/Maseko

L’utilisation de technologies mobiles dans le système de santé de l’Afrique, connues sous le nom de mSanté, a gagné du terrain ces derniers mois. C’est ainsi que le Nigéria,  pays le plus peuplé de la région, est parvenu à contenir le virus mortel Ebola en octobre 2014, en partie parce qu’il a eu recours à la mSanté. Les responsables nigérians de la santé attribuent ce succès à une communication rapide et un suivi instantané rendus possibles par une utilisation proactive des technologies mobiles. 

Comment le Nigéria s’y est-il pris ?

Les professionnels de santé ont utilisé des téléphones portables équipés d’une application de mSanté, fournie par eHealth & Information Systems Nigeria, une société d’études à but non lucratif établie au Nigéria et aux États-Unis. 

D’après Daniel Tom-Aba, directeur de la gestion des données du centre d’intervention d’urgence contre Ebola, à Lagos, l’application a permis de réduire considérablement le temps de transmission des données concernant les cas d’infection par le virus, qui est passé dans un premier temps de 12 heures à six heures, puis à une notification en temps réel. 

Les agents de dépistage nigérians ont également utilisé des téléphones portables équipés de traceurs GPS, qui ont permis aux autorités de localiser les agents en visite auprès des personnes potentiellement exposées au virus. Durant la campagne d’information sur Ebola, ces agents de dépistage ont effectué 18 500 visites à domicile dans les quatre coins du pays. D’autres pays emploient les mêmes outils de mSanté pour lutter contre Ebola. En septembre 2014, l’UNICEF a lancé RapidPro, une plateforme libre et gratuite hébergeant de nombreuses applications développées conjointement par les laboratoires d’innovation de l’UNICEF et Nyuruka, une société rwandaise de logiciel. 

L’une des applications disponibles sur RapidPro, mHero (Mobile Health Worker Ebola Response and Outreach), est actuellement  utilisée au Libéria pour soutenir les efforts de la région dans la lutte contre Ebola. L’application signale les nouveaux cas, indique les soins à apporter et les méthodes de prévention, et fournit des détails concernant la formation nécessaire, permettant ainsi une coordination en temps réel entre le Ministère de la santé et les intervenants en première ligne. 

« Les technologies naissantes peuvent accélérer les systèmes d’alerte et faciliter la réaction face à l’épidémie ainsi que la communication entre les personnel soignants, les vétérinaires de la faune sauvage et d’autres professionnels de la santé animale, les autorités sanitaires régionales et nationales, et les organismes de santé internationaux », écrivent dans la revue médicale The Lancet, Rashid Ansumana, Jesse Bonwitt, David A. Stenger et Kathryn H. Jacobsen, quatre chercheurs établis en Sierra Leone.

Bien que le recours aux technologies mobiles dans la lutte contre Ebola occupe actuellement  le devant de la scène, les applications de mSanté pourraient également traiter d’autres grands problèmes sanitaires comme le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme et la santé maternelle, indique l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

En Zambie, par exemple, une autre application de mSanté de l’UNICEF, U-Report, se sert de simples SMS et téléphones portables pour permettre à la population d’accéder aux ressources du Conseil national de lutte contre le sida . L’UNICEF et le Ministère de la santé ont recours aux  SMS pour diffuser des messages concernant le VIH/sida. Depuis son lancement en 2012, plus de 50 000 jeunes ont été orientés vers des services confidentiels d’assistance, et les tests de dépistage volontaires ont atteint 40 % parmi les utilisateurs de U-Report, un taux bien supérieur à la moyenne nationale de 24 %, selon l’UNICEF.

En Afrique, le secteur privé intervient également dans la santé mobile. Dans le prolongement de son initiative panafricaine de santé mobile, GSMA, une association d’opérateurs de téléphonie mobile et de sociétés apparentées, a présenté en juin 2014, un ambitieux partenariat dans l’écosystème mobile, qui vise à mettre en relation la téléphonie mobile et les secteurs de la santé pour fournir conjointement des services de santé mobile aux femmes enceintes et aux mères dans toute l’Afrique subsaharienne, pour un marché annuel potentiel de 15,5 millions d’utilisateurs. Actuellement, le partenariat compte huit sociétés : Gemalto, Hello Doctor, Lifesaver, Mobenzi, Mobilium, MTN, Omega Diagnostics et Samsung.

En septembre 2014, le partenariat a déployé des services en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigéria, au Rwanda, en Afrique du Sud, en Ouganda et en Zambie. Dans ces pays, les consommateurs peuvent, au moyen de smartphones et tablettes Samsung à prix réduit, accéder gratuitement à des informations sur la santé, des services de santé et un ensemble de données grâce à l’application préintégrée Smart Health. 

Smart Health, une application gratuite spécialement conçue pour le continent africain, fournit des renseignements précis en temps réel sur le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi qu’un système homologué permettant de contrôler les symptômes de chaque maladie. Mobilium, son concepteur, a confirmé que les prochaines mises à jour comprendront des informations sur la nutrition et les soins prénatals et postnatals destinés aux  mères et aux  nouveau-nés.  

Devex, une entreprise sociale pour la communauté mondiale du développement, estime  que l’Afrique comptera près d’un milliard d’abonnements mobiles d’ici à la fin de l’année 2015 - soit  près d’ un abonnement par habitant. 

En attendant, des smartphones toujours meilleur marché, comme le Steppa de MTN à 45 dollars et le Smart Kicka de Vodacom à 50 dollars, se font plus abordables. Sur le plan matériel et logiciel, l’Afrique est prête à rejoindre les rangs de la révolution dans le domaine de la santé mobile. 

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