Elections africaines : état des lieux

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Elections africaines : état des lieux

Vingt-pays choisissent leurs dirigeants en 2018
Afrique Renouveau: 
Nigerian youth campaigning for a reduction in the age limit of those vying for office.
Des militants politiques célébrant une victoire électorale. Photo: ONU /Albert González Farran

Tout au long de cette année, des électeurs devraient se rendre aux urnes dans une douzaine de pays africains. En dépit de multiples réformes politico et sociales, le passage du pouvoir d’un régime à l’autre pourrait être agitée dans certains de ces pays, dont près de la moitié pourrait connaître des conflits sectaires.

En République démocratique du Congo (RDC), un des pays africains les plus vastes du continent africain, les citoyens devraient élire un président de la République, des parlementaires et des représentants locaux en décembre 2018.

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait indiqué au Conseil de sécurité en Juin 2018 que des progrès avaient été accomplis en RDC, notamment le découpage électoral. Cependant, M. Guterres s’était inquiété des « divergences entre acteurs politiques sur plusieurs questions importantes, dont l’usage de machines à voter ».

Les élections étaient initialement prévues pour Novembre 2016.

« Les élections reportées en RDC représentent de redoutables défis », avait déclaré en février, Rushdi Nackerdien, le Directeur Afrique de la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES en Anglais). L’IFES est une organisation à but non lucratif fondée par le gouvernement américain qui aide les démocraties émergentes à organiser des élections.

M. Nackerdien a indiqué au Conseil de sécurité que « le public avait très peu confiance dans les institutions électorales, mais nourrissait un grand espoir que les urnes serviront à des reformes et (instaurer) la stabilité ».

Dans ces circonstances, le cas de la RDC est un des exemples illustrant de la difficulté à organiser des élections libres et transparentes sur le continent africain. Des contestations sont fréquentes. Elles débouchent très souvent en affrontements et en bains de sang.

En Février, le Djibouti renouvela son parlement, les Guinéens choisirent leurs représentants locaux et les Sierra-Léonais un nouveau président de la République et une assemblée nationale. Au cours de la même période, l’Egypte a tenu un scrutin présidentiel. En mai, les Burundais avaient approuvé des réformes constitutionnelles.

Au Mali, l’élection présidentielle eut lieu le 29 juillet 2018 avec le soutien logistique de la MINUSMA, (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali), dont l’acheminement du matériel électoral à travers le pays et la sécurisation des bureaux de vote. Selon les observateurs, le taux de participation était faible mais « de manière générale, les élections étaient pacifiques », selon Boubacar Keita, un porte-parole du WANEP (West Africa Network for Peacebuilding), une organisation de consolidation de la paix et d’observation électorale. Cependant, des incidents violents ont été signalés à certains endroits des régions du Centre et du Nord.

De vastes étendues des ces régions sont pratiquement hors de contrôle du gouvernement central. De même, la mise en œuvre d’un accord de paix d’il y a trois ans, destiné à mettre un terme au conflit et à rétablir l’autorité légale n’est pas connu de succès. Dans ces circonstances, seuls les habitants des zones sous contrôle gouvernemental ont pu voter en toute sécurité.

Au Zimbabwe, la présidentielle a eu lieu le 30 juillet 2018. « Les élections (seront) crédibles, libres, équitables et transparentes », avait promis le Président Emerson Mnangagwa, quelques jours avant le scrutin. D’après un sondage d’Afrobaromètre, un groupe de recherche basé à Accra, environ 44% des Zimbabwéens étaient inquiets quant à la régularité du processus électoral. Une prétendue tentative d’assassinat du Président Manangagwa avait également amplifié la crainte de violences pendant les élections –le premier scrutin de l’après Mugabe.

A Madagascar, l’incertitude plane sur la présidentielle et les élections parlementaires de décembre 2018, en raison d’une controverse politique à la suite de l’adoption d’une nouvelle loi électorale par le Parlement. Pour sortir de l’impasse, la Cour Constitutionnelle a contraint en juin, le Président Hery Rajaonarimampianina à former un nouveau gouvernement.

« L’objectif de ce gouvernement, c’est l’élection présidentielle inclusive dont les résultats seront acceptés par tous », a indiqué M. Rajaonarimampianina dans un discours télévisé suite à la formation du nouveau gouvernement.

Christian Ntsay, le nouveau Premier ministre a promis d’organiser « une élection présidentielle inclusive ». Pour autant, les députés continuent de s’opposer sur les réformes électorales alors que le président de la République a confirmé la tenue des élections en novembre.

« Rien n’est plus urgent que l’effectivité d’élections paisible, libres, transparentes et inclusives », déclara le Président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat en juin 2018. Quoiqu’il parlât de la RDC en particulier, cela pouvait aussi facilement s’appliquer à

d’autres pays.