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Pavithra Rao
Afrique Renouveau: 

Prix de l’innovation pour un traitement anti-paludéen

Un médicament révolutionnaire contre le paludisme créé à partir d’une plante locale, un logiciel informatique qui permet aux personnels de santé de trouver le traitement approprié pour les patients qui souffrent du VIH/sida. Voilà  deux des inventions choisies cette année par une fondation pour être récompensées par le Prix de l’innovation pour l’Afrique (IPA, Innovation Prize for Africa).

Le docteur Valentin Agon du Bénin a gagné le premier prix d’une valeur de 100 000 dollars de la Fondation africaine pour l’innovation  (AIF, African Innovation Foundation) pour Api-Palu, le médicament qu’il a développé et qui permet de se débarrasser rapidement, avec des doses relativement faibles, du parasite du paludisme. 

Ce médicament est beaucoup moins cher que les traitements actuels contre le paludisme ; il est déjà disponible sous forme de comprimés, capsules ou sirop et a été approuvé pour usage au Bénin, au Burkina Faso, en République centrafricaine et au Tchad.   

Le deuxième prix d’une valeur de 25 000 dollars a été attribué au docteur Imogen Wright, une scientifique sud-africaine, pour son logiciel Exatype, qui permet de distinguer les médicaments efficaces contre le VIH de ceux auxquels les patients sont  réfractaires. 

Un nombre croissant de personnes traitées avec des médicaments antirétroviraux développent des résistances aux traitements qui font échouer leurs thérapies. Exatype utilise le séquençage de l’ADN du VIH pour identifier les médicaments auxquels les patients sont réfractaires. Exatype pourrait aussi servir dans le cas  d’autres maladies comme la tuberculose ou le paludisme.  

Le Prix de l’impact social, d’une valeur de 25 000 dollars, a été décerné à Eddy Agbo, un ingénieur nigérian en biologie moléculaire, qui a inventé un test de dépistage du paludisme par les urines, un simple kit qui détecte le paludisme en moins de trente minutes grâce à un test d’urine. Ce test remplace le test sanguin traditionnel qui prend bien plus de temps.

Les lauréats de l’IPA sont sélectionnés par l’AIF, une organisation caritative basée au Royaume-Uni qui soutient l’innovation, l’entreprenariat et l’ingéniosité visant à promouvoir des  changements positifs sur le  continent africain. L’AIF récompense les individus dont les réalisations  permettent d’améliorer la qualité de vie en Afrique. Inauguré en 2011, le concours encourage les solutions locales dans des secteurs spécifiques de croissance et de prospérité : santé et bien-être, agriculture et industrie agro-alimentaire, industrie manufacturière et secteur des services, environnement, énergie, eau et technologies de l’information et de la communication.  

Cette année, la cérémonie de remise des prix s’est tenue en mai à Gaborone au Botswana et a récompensé 10 finalistes sur  985 candidats de 46 pays africains.

« Ces cinq dernières années, l’innovation en Afrique est passée du simple statut de mot à la mode à celui de vraie solution de croissance pour une grande variété d’industries du continent, a déclaré Pauline Mujawamariya Koelbl, la directrice de l’IPA, lors de la remise des prix. Nous autres Africains possédons aussi le talent, le potentiel et la détermination nécessaires pour résoudre nos problèmes avec ingéniosité, et c’est ce que démontre le travail que nous faisons à l’IPA. »

Parmi les dix finalistes qui concouraient dans la catégorie santé et bien-être, figurait aussi Kit Vaughan, professeur, boursier postdoctoral en ingénierie orthopédique et PDG, créateur de l’Aceso, un système d’imagerie 3-D qui réalise simultanément des mammographies et des ultrasons et permet d’améliorer le dépistage du cancer du sein en utilisant beaucoup moins de rayons X. L’appareil crée une image ultrason en 3-D et une autre par rayons X en version numérique. Le processus est plus rapide qu’un dépistage classique du cancer du sein, qui nécessite plusieurs visites chez un médecin pour des tests qui durent parfois plus de trente minutes chacun. Les tests cliniques de cette innovation ont commencé en 2015 à l’hôpital Groote Schuur du Cap. Ils se poursuivent en attendant le résultat de l’examen de conformité européenne, grâce auquel l’appareil répondra aux normes de l’Union européenne et pourra donc y être légalement commercialisé.