Centrafrique : les femmes veulent un plus grand rôle

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Centrafrique : les femmes veulent un plus grand rôle

Zipporah Musau
Afrique Renouveau: 
UN Deputy Emergency Relief Coordinator Kyung-wha Kang (centre) during her visit to the Central African Republic in February 2015. Photo: OCHA/C. Illemassene
Photo: OCHA/C. Illemassene
La Coordinatrice adjointe des secours d’urgence de l’ONU, Kyung-wha Kang (au milieu)lors d’une visite en République centrafricaine en Février 2015. Photo: OCHA/C. Illemassene

En République centrafricaine (RCA), les conditions sécuritaires et humanitaires sont actuellement déplorables – une réalité qui a poussé les femmes à soumettre  une requête urgente à la communauté internationale : faire partie  du  processus de consolidation de la paix  en cours.

La RCA n’a jamais véritablement connu la paix depuis son indépendance dans les années 60, mais  les troubles se sont accentuées  à partir de mars 2013, date à laquelle les rebelles ont pris le pouvoir, déclenchant des violences à  caractère quasi-génocidaire entre communautés musulmanes et chrétiennes. Un quart de la population, soit près d’un million de personnes, a été déplacé. 

En janvier 2014, lorsque la communauté internationale est intervenue  pour tenter de ramener le pays à la normale, une femme, Catherine Samba-Panza, a été  désignée comme présidente de transition pour sortir le pays du chaos. 

Depuis lors, des progrès notables ont été réalisés sur les plans politique et sécuritaire, bien que la situation humanitaire demeure instable : plus de 2,7 millions de personnes sur une population de 4,6 millions ont encore besoin d’aide. Parmi elles, 500 000 sont encore déplacées à l’intérieur du pays  et 500 000 autres ont trouvé refuge  dans les pays voisins.  

Bien qu’une femme soit à la tête du pays, les femmes ont été largement tenues à l’écart des pourparlers de paix et de réconciliation. Lorsque  la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence de l’ONU, Kyung-wha Kang,  s’est rendue dans le pays en début d’année, des femmes se sont plaintes  auprès d’elle, non seulement du manque de sécurité persistant mais aussi d’avoir été exclues des processus de consolidation de la paix et de reconstruction. 

« En RCA, les femmes veulent reconstruire leurs vies en sécurité et de façon durable. Elles veulent vaincre les sentiments de peur et de persécution  qu’elles éprouvent actuellement », explique Mme Kang dans un entretien  accordé à  Afrique Renouveau. « Si elles sont plus soutenues et plus autonomes, ces femmes pourront s’en sortir d’elles-mêmes et se libérer de leur peur et de leur sentiment de persécution. » 

Lorsque règnent la violence et l’anarchie, et même lorsque celles-ci finissent pas cesser, les femmes et les enfants sont les premières victimes. D’après Mme Kang, dans un pays comme la RCA où les femmes sont très exclues, la crise exacerbe les mécanismes sociaux de discrimination qui existaient avant le conflit. 

Mme Kang et son équipe, notamment le Rapporteur spécial sur les droits humains des déplacés internes, Chaloka Beyani, et le directeur des opérations du service d’aide humanitaire et de la protection civile de la Commission européenne, Jean-Louis de Brouwe, se sont rendus dans  différentes régions  du pays et notamment dans des camps de déplacés, et ont été choqués de constater qu’il était difficile de distinguer les  éléments armés des civils  dans de nombreux sites. Les camps ne sont pas protégés et des éléments armés se mêlent librement aux personnes déplacées . Les incidents  de violence sexuelle et sexiste contre les femmes et les filles, en particulier les très jeunes filles, sont fréquents et leur sont, pour la plupart, imputables.  

Il ne suffit pas d’arrêter la guerre, note Mme Kang. Le processus de paix doit dépasser la réconciliation et s’attaquer aux causes premières des conflits dans le pays, ce qui peut prendre du temps. Outre ces défis, le manque de ressources continue d’entraver la fourniture d’une aide humanitaire aux personnes déplacées. 

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