Autonomisation de la femme africaine : au-delà du discours

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Autonomisation de la femme africaine : au-delà du discours

Ce que veulent les femmes en 2015
Afrique Renouveau: 
Women, Peace and Security meeting in Addis. Photo: African Union Commission
Photo: African Union Commission
Une reunions sur les femmes, la paix et la sécurité à Addis. Photo: Commission de l’Union Africaine

Le sommet annuel de l’Union Africaine de cette année a déclaré 2015 Année de l’autonomisation de femmes en reconnaisse de leur contribution au développement de l’Afrique, alors que le continent s’apprêtait à mettre en œuvre son plan de développement de 50 ans ; l’Agenda 2013. Lancé en 2013 ce plan devrait mener le continent vers une « Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondiale ». 

Les critiques ont salué la démarche, tout en notant que l’Afrique doit aller au-delà du discours en traduisant ses paroles en actes concrets, en affectant les ressources appropriées, si elle souhaite réellement modifier la vie de ses femmes. Il conviendra donc de ne plus se contenter d’adopter des politiques, mais de les faire appliquer pleinement et les initiatives en faveur des femmes qui existent déjà. 

Quelques jours avant le sommet au siège de l’UA à Addis-Abeba en Éthiopie, plus de 200 militantes des droits de la femme en Afrique se sont réunis pour faire le bilan de la mise en œuvre des engagements existants envers l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Les participants de profiter de l’année pour tenter de mettre « en œuvre de solutions pratiques qui fourniront des résultats mesurables. » 

Il n’est pas surprenant que l’accent ait été mis sur les résultats. La plupart des pays africains ont ratifié bon nombre de politiques et cadres nationaux et internationaux relatifs à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1979 et le Programme d’action de Beijing de 1995. En outre, les pays africains représentent un tiers des pays disposant d’un plan d’action national conçu pour mettre en œuvre la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité. Enfin, l’UA dispose d’une plate-forme institutionnalisée pour la promotion des femmes qui a pour responsabilité de transformer les politiques en actes concrets. 

Les résultats mesurables de ces politiques ont pourtant été irréguliers, incohérents et extrêmement  lents. Ces mauvaises performances ont été attribuées à la culture patriarcale qui prévaut dans les sociétés africaines, aux tentatives de renégociation des politiques et engagements existants en matière de parité  des sexes et, plus important encore, au manque de ressources. 

De nombreux spécialistes des questions d’égalité des sexes déclarent que pour que l’Afrique atteigne ses objectifs concernant l’autonomisation des femmes, les politiques actuelles doivent être effectivement appliquées, ce qui exige un changement des mentalités et l’affectation de plus de ressources. L’accent doit également être porté sur les domaines affichant le moins de progrès, notamment l’agriculture, l’émancipation économique, la santé, la paix et la sécurité. 

Ce que veulent les Africaines 

Les Africaines veulent que l’on s’attache en cette année commémorative à améliorer l’accès des femmes à la propriété foncière et aux technologies respectueuses de l’environnement. Elles veulent que les membres de l’UA, en collaboration avec la Banque africaine de développement et le secteur privé, créent un fonds spécial pour les femmes et les jeunes filles qui pourrait être utilisé pour un  financement sous forme de capital-risque. 

Enfin, les femmes veulent que la feuille de route proposée pour la mise en œuvre du projet phare de l’Agenda 2063, qui consiste à faire taire les armes d’ici à 2020, inclue leur participation dans la prévention et la résolution des conflits, ainsi que dans la consolidation de la paix après les conflits, et qu’il soit mis fin à toutes les formes de violences sexuelles liées aux conflits. Enfin, parce que leur rôle traditionnel de donneuses de soins  les expose à des risques accrus en cas de pandémie, les Africaines exigent de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques de santé publique. 

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