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Thomas Sankara: An African Revolutionary

Par Ernest Harsch
Ohio University Press, Athens, Ohio, USA, 2014; 164pp; pb $14.95

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Lorsque le Président burkinabé Blaise Compaoré quitta le pouvoir en octobre 2014, des officiers militaires prirent le relais en attendant la tenue d’élections. En 1987, M. Compaoré avait mené une révolte qui ôta le pouvoir et la vie, au président populiste Thomas Sankara. Assassiné, ce dernier fut enterré à la hâte dans une simple fosse, sans aucune cérémonie publique. 

Sous la pression de la famille, entre autres, le gouvernement militaire vient d’autoriser l’exhumation du corps de M. Sankara, afin de prouver qu’il s’agit bien de lui : un chef révolutionnaire tenu en haute estime par le peuple du Burkina Faso ainsi que par de nombreux autres peuples d’Afrique et d’ailleurs dont la présidence de 1983 à 1987, a atteint un statut mythique, à l’instar du révolutionnaire argentin Ernesto « Che »
Guevara. La fascination que M. Sankara exerce aussi bien sur les nouvelles que les anciennes générations, en tant que chef révolutionnaire, fait l’objet d’un petit ouvrage d’Ernest Harsch : « Thomas Sankara: An African Revolutionary ».  

M. Harsch, ancien chef d’édition d’Afrique Renouveau, y étudie la petite enfance de M. Sankara et la désillusion que provoquent chez lui les conditions économiques imposées à la population pauvre ainsi que la corruption endémique dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. La triste trajectoire de développement du pays afflige M. Sankara et le pousse à s’élever contre l’injustice en menant une révolution contre le gouvernement. Il prend le contrôle de son parti, le Conseil national de la révolution , et accède à la présidence en 1983.   

L’une de ses premières mesures est de rebaptiser son pays. Le nom colonial de Haute-Volta est remplacé par celui de Burkina Faso, littéralement « pays des hommes intègres ». Cette devise prônant l’intégrité éthique est exactement ce que M. Sankara attend de ses compatriotes.

Pendant sa présidence, il instaure une culture de développement autonome et libère le pays de sa dépendance vis-à-vis des aides extérieures. Ce faisant, il l’éloigne de la puissance coloniale, la France. Pour résumer cette relation avec la France, M. Sankara déclare qu’il souhaite « établir une relation d’égal à égal, mutuellement bénéfique, dépourvue de paternalisme d’un côté, et de complexe d’infériorité de l’autre ». Il mène en outre un combat très énergique contre l’analphabétisme, la faim et l’oppression des femmes. Il critique aussi vivement les hommes qui oppriment les femmes, en particulier au sein de leur propre famille. ».

M. Sankara était l’exemple même du dirigeant modeste, qui voyage avec d’autres chefs d’État africains plutôt que de voyager en jet privé ; qui dort sur un matelas à même le sol dans les ambassades burkinabé du monde entier pour ne pas payer l’hôtel. 

« Cette absence d’ostentation chez les représentants officiels burkinabé lors de leurs déplacements ne réduisait en rien la force  de leurs messages. Selon certains observateurs, leur impact en était même accru », écrit M. Harsch. « M. Sankara a laissé sa marque au-delà des frontières de son pays. Lors de ses visites en Afrique ou lors de  rencontres internationales, la force et la clarté de ses discours stupéfiaient son auditoire. Ses franches critiques à l’égard des politiques de certaines des nations les plus puissantes au monde étaient d’autant plus remarquables qu’elles venaient du représentant d’un petit État, pauvre et enclavé, dont seules quelques personnes avaient entendu parler. »  

Cette biographie de 163 pages et de neuf chapitres renferme des entretiens avec le défunt chef révolutionnaire. La lecture en est fascinante et l’ouvrage traite d’un leader qui a non seulement mené une révolution pour affranchir son peuple de la colonisation française, mais qui a aussi vécu une vie simple et modeste sans se laisser corrompre par le pouvoir qui lui avait été conféré. 

L’ouvrage de M. Harsch fait partie de la série Ohio Short Histories of Africa, une série de « guides instructifs et concis, de biographies vivantes, ainsi que d’introductions succinctes aux principaux thèmes de l’histoire africaine, parfaitement adaptés à l’enseignement ».