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Au Nigéria, les médias sociaux stimulent la participation aux élections : Candidats et Électeurs donnent un sens nouveau à la compétition électorale
Afrique Renouveau: 
An electoral officer in a Lagos neighbourhood during the April 2011 elections in NigeriaUn observateur électoral à Lagos lors des élections d'avril 2011 au Nigéria. Candidats, électeurs et observateurs ont utilisé les médias sociaux comme jamais auparavant.
Photo: Reuters / Akintunde Akinleye

En 2008 Barack Obama alors candidat à l'élection présidentielle américaine, inaugure l'ère de l'utilisation des médias sociaux par les hommes politiques. Mais c'est Goodluck Jonathan, récemment élu président du Nigéria qui, le 15 septembre 2010, aura posé l'acte le plus improbable à cet égard en annonçant à ses seuls 217 000 fans sur Facebook sa candidature à la présidentielle. Pari gagnant : vingt-quatre heures plus tard, sa page enregistre 4 000 fans supplémentaires. Le 16 avril 2011, jour de l'élection, ils sont plus de 500 000.

La campagne électorale en ligne de M. Jonathan est une des nombreuses illustrations de l'engouement pour les médias sociaux qui s'est emparé du pays le plus peuplé d'Afrique (environ 150 millions d'habitants) lors de ses récentes élections présidentielle, parlementaire et municipale. Une étude menée par deux chercheurs qui ont suivi le déroulement en ligne de ces scrutins estime que l'utilisation des médias sociaux dans le pays a atteint un niveau sans précédent.* « Le Nigéria a battu les records d'utilisation des médias sociaux lors d'élections africaines », indique le document. En plus des 3 millions de Nigerians qui possèdent un compte Facebook et des 60 000 qui possèdent un compte Twitter, presque toutes les institutions impliquées dans ces élections ont mené d'intenses campagnes d'information au travers des médias sociaux. Parmi elles, la Commission nationale électorale indépendante (INEC), les partis politiques, les candidats, les médias, les groupes de la société civile et même la police.

Le rapport indique qu'entre le

10 mars et le 16 avril 2011, la commission électorale a posté environ 4 000 tweets, la plupart en réponse à des questions d'électeurs. Grâce à Twitter, les responsables de la commission présents dans les bureaux de vote ont pu communiquer entre eux et même confirmer la mort de l'un d'entre eux après qu'il ait été attaqué. « Twitter s'est révélé être la manière la plus efficace d'interagir avec l'INEC », expliquent les auteurs du rapport. Les médias sociaux ont contribué à une hausse remarquable du traffic vers le site Internet de la Commission. Durant trois jours, autour de la présidentielle, pas moins de 25 millions de visites ont été enregistrées. « En utilisant les médias sociaux pour motiver les électeurs, la commission électorale a donné un sens nouveaux aux élections au Nigéria », analyse Punch, le journal le plus lu du pays.

L'essor marqué dans l'utilisation des médias sociaux lors des élections a également aidé les médias à accroître leur lectorat. Juste avant le scrutin, le journal Daily Trust comptait 32 000 fans sur Facebook. Quelques semaines plus tard, ils étaient 65 000. En comparaison, son tirage papier est tout juste de 50 000 exemplaires. Pour accroitre le nombre de ses fans, le journal s'est servi des médias sociaux. Ses journalistes ont sollicité et utilisé des questions posées sur sa page Facebook lors d'interviews réalisées avec le président de l'INEC. En juillet, le Daily Trust comptait autour de 95 000 fans sur Facebook.

Lors de ces élections, les réseaux sociaux en ligne ont été le reflet de l'intérêt du public. Leur utilisation a atteint des sommets lors de la présidentielle, le 16 avril. Ce jour-là, 33 460 sms et 130 426 messages Twitter et Facebook ont été postés par quelques 65 000 électeurs.

Leur contenu a varié, font remarquer les auteurs du rapport. « Les médias sociaux, en particulier Twitter, ont été utilisés pour faire état de situations (de fraude) – réelles ou présumées. » Toutefois, ajoutent-ils, leur rôle a été la plupart du temps constructif, lors des violences postélectorales par exemple, car ils ont permis de démentir les rumeurs.

« Les médias sociaux, conclut le rapport, ont permis une observation radicalement plus efficace des élections en augmentant le nombre d'observateurs et de comptes rendus tout en minimisant les coûts (…) Ils ont modifié la diffusion de l'information au Nigéria. Les citoyens ont pu avoir accès directement à des informations plus exactes, ce qui a permis une participation politique exceptionnelle au cours des élections de 2011. »

Ceci dit, cette évaluation positive doit être mise en perspective : environ 70 000 personnes ont diffusé des contenus en ligne lors des élections. Ce qui ne représente qu'une minorité des 73 millions électeurs Mais il reste que, indiscutablement, une nouvelle ère dans l'utilisation des médias sociaux dans le champ politique africain a vu le jour au Nigéria.   

Au Ghana, conseils téléphoniques pour les cultivateurs de cacao

Au Ghana, huit mille cultivateurs de cacao dans 15 communautés reçoivent sur leurs téléphone portables des informations pratiques sur les « modes de culture, la sécurité, le travail des enfants, la prévention des maladies des cultures, l'exploitation après-récolte et la promotion de la production, » rapporte le site Internet australien spécialisé dans l'agriculture, Ausfoodnews.

Créé par la Fondation mondiale pour le cacao (WCF), le Ghana Cocoa Board (Cocobod) et l'entreprise Hershey, le programme « CocoaLink » permet aux cultivateurs de recevoir des informations de la WCF dans leur langue, grâce à des messages pré-enregistrés ou des sms. Le programme répond également à leurs questions. Si la phase d'essai du programme s'avère concluante, quelque 100 000 cultivateurs de cacao sur les 700 000 que compte le pays devraient en bénéficier. « Le programme offre un moyen original et simple de transmettre des informations essentielles aux cultivateurs de cacao, » explique Anthony Fofie, le directeur de Cocobod, qui supervise et soutient le programme.

Près de 65% des habitants des communautés rurales au Ghana utilisent le téléphone (au niveau national, ce taux passe à 85%). En mai, le Ministre adjoint aux communications, Ernest Attuquaye Armah, a appelé à une plus grande utilisation de l'information et des technologies de la communication pour améliorer la qualité de vie dans les zones rurales.

Le boom de la publicité sur téléphone portable en Afrique

D'avril à juin 2011, le marché de la publicité sur téléphone portable en Afrique a connu une croissance de 21%, selon InMobi, le plus important réseau indépendant de publicité sur portable dans le monde. L'entreprise précise que les publicités envoyées aux abonnés du continent ont été vues 4,2 milliards de fois par mois. Ces consultations (appelées aussi impressions) étaient au nombre de 3,5 milliards en janvier 2011. L'Afrique du Sud possède le plus grand marché de publicité sur téléphone portable, avec 946 millions d'impressions par mois, soit près du quart du marché continental. Le Nigéria et l'Egypte suivent. Sur un milliard d'Africains, la moitié utilise un téléphone portable et le secteur est de fait, selon InMobi, « un média incontournable pour les grandes marques qui veulent accroitre leur présence sur le continent ».

La croissance du secteur de la publicité sur portable devrait se poursuivre avec la mise en place de connexions internet haut débit. Informa Telecoms & Media, un cabinet conseil, prédit que le nombre d'abonnements au haut débit, actuellement de 12 millions, atteindra les 265 millions en 2015.

Ces chiffres et prévisions sont la dernière illustration en date de la montée de l'importance de l'Afrique dans le secteur de la téléphonie mobile. À présent, plus de 10% des personnes ayant un portable dans le monde habitent en Afrique.  

Au Kenya, le gouvernement lance un site d'informations

Le président du Kenya, Mwai Kibaki, a inauguré le lancement du site internet « informations libres » créé par son gouvernement à Nairobi le 8 juillet dernier. Le site, grâce auquel les citoyens peuvent accéder à une large gamme de statistiques officielles sur la santé, l'éducation, les dépenses publiques et les priorités politiques, est supposé être le premier en son genre en Afrique.

Le site est destiné à rendre les pratiques du gouvernement plus efficaces et plus transparentes, ont expliqué les officiels aux journalistes, et contribuer à l'émergence du Kenya en tant que leader de l'industrie fleurissante des technologies de l'information en Afrique. Outre les cartes, graphiques et tableaux offrant des informations facilement accessibles, le site fournit également des données pour les programmateurs et analystes, qui sont invités à concevoir leur propre application pour ces contenus.

Les ingénieurs informatiques et les entrepreneurs kényans ont vite compris le potentiel que recèle l'enthousiasme des africains pour les téléphones portables. Les designers kenyans ont été salué pour la création de produits tels que le populaire M-Pesa, un service bancaire par téléphone portable, et le système d'information citoyenne Ushahidi, qui a été employé pour l'observation des élections, rendre compte de la violence politique et retrouver des survivants du tremblement de terre en Haïti.

Depuis 2005, les abonnements au téléphone portable en Afrique ont presque été multiplié par quatre pour atteindre les 360 millions. Les ingénieurs en informatique du continent sont en compétition pour développer des accès téléphoniques aux secteurs de la santé, de l'éducation, de l'agriculture et des services publics. Les analystes du secteur s'attendent à ce que la forte expansion du marché des téléphones portables se poursuive.  

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