L'extrémisme violent coûte aux pays africains 97 milliards de dollars chaque année

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L'extrémisme violent coûte aux pays africains 97 milliards de dollars chaque année

Le PNUD et l'Institut pour l'économie et la paix (IEP) ont organisé aujourd'hui un événement virtuel pour lancer un rapport sur les coûts économiques de l'extrémisme violent en Afrique.
UNDP
24 Août 2020
Auteur: 
Le projet de stabilisation régionale du bassin du lac Tchad sensibilise les femmes à l'extrémisme violent et à la radicalisation. @PNUD Tchad / Aurelia Rusek
PNUD Tchad / Aurelia Rusek
Le projet de stabilisation régionale du bassin du lac Tchad sensibilise les femmes à l'extrémisme violent et à la radicalisation. @PNUD Tchad / Aurelia Rusek

Le rapport, intitulé "Measuring the Economic Impact of Violent Extremism Leading to Terrorism in Africa", estime que 16 des 18 pays ciblés - Nigéria, Tanzanie, République centrafricaine, Niger, Ouganda, Kenya, Éthiopie, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Tchad, Cameroun, Tunisie, Maroc, Mauritanie et Libye - ont perdu en moyenne 97 milliards de dollars par an dans l'activité économique informelle depuis 2007. À l'aide de recherches primaires, l'étude régionale examine l'impact des attaques sur les infrastructures et les dommages physiques, les économies formelles et informelles ainsi que l'impact des "dépenses de sécurité" sur les processus de développement. Le rapport a été produit par le PNUD en collaboration avec l'IEP et avec le soutien du gouvernement ainsi que du peuple japonais.

Le rapport, intitulé "Measuring the Economic Impact of Violent Extremism Leading to Terrorism in Africa", estime que 16 des 18 pays ciblés - Nigéria, Tanzanie, République centrafricaine, Niger, Ouganda, Kenya, Éthiopie, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Tchad, Cameroun, Tunisie, Maroc, Mauritanie et Libye - ont perdu en moyenne 97 milliards de dollars par an dans l'activité économique informelle depuis 2007. À l'aide de recherches primaires, l'étude régionale examine l'impact des attaques sur les infrastructures et les dommages physiques, les économies formelles et informelles ainsi que l'impact des "dépenses de sécurité" sur les processus de développement. Le rapport a été produit par le PNUD en collaboration avec l'IEP et avec le soutien du gouvernement ainsi que du peuple japonais.

Le panel comprenait quatre intervenants : Mallam Bashir Ahmad, secrétaire du gouvernement de l'État d'Adamawa, Nigeria ; Andrea Abel, chercheur, IEP ; David Hammond, directeur de recherche, IEP ; Ojijo Odhiambo, conseiller économique régional, PNUD ; et Nirina Kiplagat, responsable du projet de prévention de l'extrémisme violent (PVE), PNUD.

L'impact économique mondial du terrorisme entre 2007 et 2018 s'est élevé à environ 135 milliards de dollars, soit une augmentation de 1700 % depuis 2007. Ce chiffre est en fait une estimation prudente, avec de nombreux coûts non pris en compte et des retombées dont il est difficile de saisir les effets en termes de dollars. L'extrémisme violent entraîne à la fois des coûts directs (coûts des décès et des blessures) et des coûts indirects (perte de productivité et de revenus). Les principales conclusions de l'étude ont révélé que l’évolution des comportements suscite la peur et réduit la prise de risque. Une tendance à l'informalisation accrue de l'économie contraint le commerce transfrontalier à se clandestiniser et à changer les coûts des entreprises dus aux investissements dans la sécurité et la reconstruction après la perte d'infrastructures publiques.

L'impact économique mondial du terrorisme entre 2007 et 2018 s'est élevé à environ 135 milliards de dollars, soit une augmentation de 1700 % depuis 2007. 

Offrant une perspective unique de l'État d'Adamawa, dans le nord-est du Nigéria, M. Bashiru a rappelé que les environnements touchés par l'extrémisme violent nécessitent un effort de reconstruction dans tous leurs aspects, des écoles, des hôpitaux aux routes et aux infrastructures sécurisées. Si les gouvernements ne sont souvent pas en mesure de financer le redémarrage du secteur informel, ils peuvent apporter leur soutien sous forme de subventions et d'investissements dans des mesures de protection sociale.

L'une des principales conclusions du rapport est que les femmes dans l’économie informelle sont particulièrement affectées par l'extrémisme violent, a indiqué Mme Abel. Comme les jeunes hommes sont plus susceptibles d'être recrutés ou enlevés de force par les extrémistes, la charge qui pèse sur les femmes devient plus lourde en termes de moyens de subsistance et de soins à apporter à leur famille. Si l'on ajoute à cela les effets de la COVID-19, on constate un double impact pour les femmes qui doivent assumer des responsabilités encore plus importantes. Par conséquent, il est essentiel de soutenir les organisations de femmes pour permettre aux femmes de répondre à ces besoins sociaux et économiques accrus.

Le contexte actuel de la COVID-19 exige des approches technologiques et innovantes pour résoudre l'extrémisme violent, a suggéré M. Ojiambo. L'amélioration de la connectivité physique et un meilleur accès à Internet renforcera le commerce transfrontalier et contribuera à stabiliser les marchés et la sécurité alimentaire. En outre, des données et des analyses fiables aident à informer la prise de décision.

Des données complètes sur les causes profondes de l'extrémisme permettront également d’identifier les populations les plus touchées et de garantir que les investissements sont ciblés sur les bons groupes. En outre, les pays devraient reconstruire mieux, plus efficacement et plus durablement en intégrant ces principes dans leurs politiques et leurs programmes.

Dans son discours, Mme Kiplagat a déclaré que le rapport conforte les arguments en faveur d'une approche de développement pour lutter contre l'extrémisme violent en mettant l'accent sur la prévention. Investir massivement dans des mesures de sécurité détourne des fonds de secteurs clés tels que la santé et l'éducation. Des recherches antérieures fondées sur des données probantes, en particulier sur la voie menant à l'extrémisme, Journey to Extremism, ont révélé que le statut professionnel et le niveau d'éducation avaient un impact sur la vulnérabilité des personnes face au recrutement par les groupes extrémistes. La prise en compte de la prévention dans la planification du développement et de son exécution permettra de répondre aux griefs sous-jacents et aux sentiments de marginalisation, qu'ils soient réels ou perçus.

Les conclusions du rapport visent à donner aux principaux acteurs et aux décideurs politiques les moyens de prendre des décisions et de faire des choix fondés sur des données factuelles pour lutter contre l'extrémisme violent du point de vue du développement durable et de soutien aux moyens de subsistance inclusifs.

Lire le rapport ici.

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