Dans la Corne de l'Afrique, les centres de soutien aux migrants rejoignent lutte contre la COVID-19

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Dans la Corne de l'Afrique, les centres de soutien aux migrants rejoignent lutte contre la COVID-19

4 Juin 2020
Auteur: 
Staff from the Bosasso MRC in Puntland on an outreach in the informal settlement frequented by Ethiopian migrants
OIM
Personnel de la MRC de Bosasso au Puntland sur une action de proximité dans le campement informel fréquenté par les migrants éthiopiens

En janvier 2020, quelque 11 000 migrants irréguliers sont arrivés au Yémen pour trouver un emploi dans les riches pays du Conseil de coopération du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite. Presque tous les migrants sont originaires d'Éthiopie et de Somalie, pays de la Corne de l'Afrique. 

Les 11 000 arrivées de janvier correspondent à la moyenne des arrivées mensuelles en 2019.  

Aujourd'hui, avec la COVID-19, les passages de migrants depuis la région vers le Yémen ont chuté de près de 75 pour cent depuis mars, la baisse la plus forte étant observée chez les migrants arrivant de Djibouti (96 %) et de Somalie (65 %).  

La perturbation des migrations due à la pandémie de COVID-19 a entraîné des changements dans les sept centres de réponse pour les migrants, ou MRC, que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) gère à Djibouti, en Éthiopie, en Somalie, au Somaliland et au Puntland. Les sept MRC sont conçus pour fournir une bouée de sauvetage aux migrants irréguliers en détresse. Il s'agit généralement de personnes sans nourriture, malades ou abandonnées par des passeurs.   

« Des mesures supplémentaires telles que le lavage obligatoire des mains et le maintien d'une distance raisonnable sont actuellement en place lorsque les migrants arrivent au centre », a expliqué Wria Rashid, chef de l’antenne de l'OIM à Bosasso, faisant référence au MRC de Bosasso, au Puntland.  

Les services tels que les bilans de santé et les dépistages, ainsi que l'orientation vers un abri et une assistance médicale se poursuivent, financés par l'Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants dans la Corne de l'Afrique, l'un des principaux programmes de soutien aux MRC.  

Alors qu'auparavant, les migrants se rendaient dans les MRC pour accéder aux services de santé de base et aux informations sur la migration, depuis l’apparition de la COVID-19, ils sont moins nombreux à s'adresser aux MRC pour obtenir ces services en raison des restrictions de mouvement et de la crainte de la stigmatisation.  

Au MRC d'Onock, à Djibouti, les fonctionnaires de l’OIM remarquent que les enfants sont moins nombreux à se déplacer, mais qu’aucun changement n’est intervenu dans le type de migrants qui arrivent - principalement de jeunes Ethiopiens âgés de 18 à 35 ans.  

Les chiffres sont en baisse significative au MRC de Hargeisa, au Somaliland. « En raison de la fermeture des frontières et des restrictions, les chiffres ont fortement diminué avec un faible nombre d'enregistrements au MRC de Hargeisa. Les mouvements se poursuivent, dans des conditions plus dures et plus risquées », a déclaré Carlotta Panchetti, responsable de la protection et de l'assistance aux migrants à l'OIM en Somalie.   

Salemat est un cas typique. Elle a dû abandonner l’espoir de se rendre au Moyen-Orient et blâme le durcissement des restrictions de voyage. Lorsque cette Ethiopienne de 18 ans s'est retrouvée bloquée à Bosasso en chemin vers le Yémen, elle a demandé de l'aide au MRC.  

Le personnel de l'OIM a vérifié la température de Salemat et lui a donné des gants en latex, un masque et des supports de sensibilisation en amharique, sa langue d’origine. « Ma plus grande peur est d'être infectée par la COVID-19 », explique-t-elle. « Mais je ne peux rien faire, j'attends juste ma prédestination par Allah. » 

À Bosasso, le personnel du MRC a renforcé les activités de sensibilisation dans les établissements informels fortement peuplés de migrants. L'OIM a mis en place une ligne téléphonique permettant aux migrants d’obtenir des informations sur place ou de prendre rendez-vous afin d'organiser une aide au retour volontaire ou d'accéder à une assistance médicale. Entre 20 et 30 appels sont reçus chaque mois ; il y a eu une légère augmentation en mai.