La coopération entre États dans le domaine de l'eau est la "clé" du projet de barrage du Nil Bleu

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La coopération entre États dans le domaine de l'eau est la "clé" du projet de barrage du Nil Bleu

UN News
6 Juillet 2020
Auteur: 
A young girl cooks in a rural village in Ethiopia, where the land has been affected by recurrent droughts.
UNICEF/Tanya Bindra
Une jeune fille fait la cuisine dans un village rural en Ethiopie, où les terres ont été affectées par des sécheresses récurrentes.

Le Nil Bleu est "essentiel pour les moyens de subsistance et le développement" des Égyptiens, des Éthiopiens et des Soudanais, a déclaré lundi le haut responsable des Nations Unies pour les affaires politiques et la consolidation de la paix au Conseil de Sécurité, exhortant ces États à conclure un accord sur la construction du Grand Barrage de la Renaissance Ethiopienne (GERD).

La Secrétaire-Générale adjointe Rosemary DiCarlo a souligné par vidéoconférence que "la coopération en matière d'eau transfrontalière est un élément clé dans la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (SDG)".

Elle a également averti que "le changement climatique, combiné à la croissance démographique et aux changements socio-économiques prévus, augmentera les défis de la gestion de l'eau dans le monde entier".

"Grâce à la production d'hydroélectricité, la DIRD va considérablement stimuler les sources d'énergie de l'Éthiopie, lui permettant d'accroître l'électrification, d'accélérer l'industrialisation et d'exporter l'excédent d'électricité vers la région", a déclaré le haut responsable politique des Nations Unies. 

Un barrage controversé

En raison de la complexité de la politique d'approvisionnement en eau des États du Nil, la DIRD est un problème politique dans la région depuis des années. 

Lorsqu'il fusionne avec le Nil blanc à Khartoum, le Nil bleu contribue à hauteur d'environ 85 % au volume du principal fleuve du Nil. 

La construction d'un barrage sur le Nil Bleu, près de la frontière soudanaise dans la région éthiopienne de Benishangul-Gumuz, a commencé en avril 2011. Une fois terminé, ce projet de 4,5 milliards de dollars sera la plus grande centrale hydroélectrique d'Afrique.

Craignant que le barrage ne diminue son approvisionnement en eau, en fonction de la vitesse à laquelle il sera rempli, l'Egypte veut avoir la garantie d'un accès à une quantité d'eau suffisante en cas de sécheresse pendant que l'Ethiopie remplit le réservoir. 

Pendant ce temps, l'Ethiopie maintient que le barrage pourrait à terme fournir plus d'électricité à un prix moins cher, augmenter le potentiel d'irrigation et réduire les inondations dans les Etats du Nil. 

Régler le problème

Depuis le début de la construction, il y a eu plusieurs cycles de pourparlers entre l'Éthiopie et les États situés en aval du Soudan et de l'Égypte. 

"Afin de réaliser pleinement ses avantages et d'atténuer les effets négatifs potentiels sur les pays en aval", Mme DiCarlo a félicité les États concernés pour avoir entrepris plusieurs "initiatives louables au cours de la dernière décennie", notamment la Déclaration de principes sur la DIRD de 2015, dans laquelle les trois pays se sont engagés à "coopérer, à utiliser de manière équitable et raisonnable, à assurer la sécurité et à régler pacifiquement les différends".

Bien que des discussions trilatérales aient été menées, elle a noté que "les trois États riverains n'ont pas été en mesure de parvenir à un accord" sur un texte présenté en février. Ils ont cependant nommé des observateurs aux pourparlers, dont l'Afrique du Sud, les États-Unis et l'Union Européenne.

Et le 26 juin, lors d'une session du Bureau des chefs d'État de l'Union Africaine (UA), le président Abdel Fattah Al-Sisi (Égypte), le Premier ministre Abiy Ahmed (Éthiopie) et le Premier ministre Abdalla Hamdok (Soudan) ont convenu d'un processus dirigé par l'UA pour résoudre les questions en suspens.

"Les parties se rencontreront au cours des deux prochaines semaines à cette fin", a informé Mme DiCarlo à l'organe de 15 membres, saluant la "détermination des parties à négocier un accord" et applaudissant les efforts de l'UA pour faciliter le processus. 

Les divergences qui subsistent portent notamment sur la nature contraignante d'un accord, le mécanisme de règlement des différends et la gestion du débit d'eau en période de sécheresse. 

Participation de l'ONU

Tout en reconnaissant que l'ONU n'a pas participé aux négociations sur la DIRD, le chef politique a assuré que "le Secrétaire-Général est pleinement saisi de cette question".

Si les parties "font preuve de la volonté politique nécessaire pour parvenir à un compromis", elle a soutenu que les différences peuvent être surmontées et "qu'un accord peut être conclu", ajoutant que l'ONU "est prête à apporter son aide".

En conclusion, Mme DiCarlo a déclaré que la coopération est "la clé d'un effort collectif réussi pour réduire la pauvreté et augmenter la croissance, permettant ainsi de réaliser le potentiel de développement de la région".

"Nous espérons fermement que l'Égypte, l'Éthiopie et le Soudan persévéreront dans leurs efforts pour parvenir à un accord sur la DIRD qui soit bénéfique pour tous".