SENEGAL
XXIIIème
SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE
GENERALS
INTITULEE "LES FEMMES EN L'AN 2000:
EGALITE
ENTRE LES SEXES, DEVELOPPEMENT
ET
PAIX POUR LE XXIème SIECLE"
INTERVENTION
DE MADAME AMINATA TALL
MINISTRE
DE LA FAMILLE ET
DE
LA SOLIDARITE NATIONALE
New York, le
9 juin 2000
MISSION
PERMANENTS DU SENEGAL AUPRES DES NATIONS UNIES
238 EAST
68TH STREET • NEW YORK, N.Y 10021 • TEL: (212) 517‑9030 • FAX: (212) 517‑3032
Monsieur
le Président, Mesdames et Messieurs les Ministres et Chefs de délégation
Distingués délégués,
Ma délégation se réjouit de la tenue de la 23ème
Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies pour évaluer
la mise en oeuvre de la Plateforme d'Action de Beijing . et dégager des
orientations nouvelles pour mieux assurer la promotion et la protection des
droits fondamentaux des femmes.
Sous ce rapport, cette session se veut‑elle à la
fois autocritique, critique et prospective.
En effet, nombreux sont les défis que nous devons
relever, ensemble, dans un esprit de coopération et de solidarité agissante,
par le dialogue, l'échange d'expériences et le partage des bonnes pratiques,
comme l'a bien souligné la Déclaration de Luxembourg adoptée, en :février 2000,
par la première Conférence des Femmes francophones.
Dans cette perspective, il importe de mettre l'
accent sur l'actualité et la pertinence des douze domaines critiques dégagés
par la Plateforme d'Action de Beijing en portant une attention soutenue aux
questions relatives à l'accès des femmes à l'information et aux technologies de
la communication, à la participation des femmes à la prise de décision, à la
promotion de l'égalité entre les sexes, aux violences faites aux femmes, aux
pratiques traditionnelles ou coutumières affectant gravement la santé des
femmes et des petites filles, à la lutte contre le taux élevé de mortalité
maternelle, le VIH/SIDA et les autres maladies sexuellement transmissibles.
Mais l'un des défis majeurs demeure la
lutte contre la pauvreté et sa féminisation, par la création de conditions
permettant aux .femmes pauvres, rurales ou urbaines, d'accéder aux services
sociaux de basé, au crédit, à la terre et aux ressources productives.
Ma conviction est faite que la clef de la libération
des femmes demeure l'éducation et la formation. Le Forum mondial sur
l'éducation pour tous, tenu dans mon pays, le mois dernier, a particulièrement
insisté sur cette question fondamentale qui devrait être au centre de nos
politiques nationales.
Monsieur le Président,
Cinq ans après Beijing, peu de progrès a été
accompli dans les domaines que voilà du fait des contraintes et des obstacles
nombreux et complexes.
Mon pays, le Sénégal, dans le cadre de son Plan
National d'Action pour la Femme (1997‑2001), s'est employé à mettre en oeuvre
des projets et programmes visant à renforcer les capacités économiques et
financières des femmes ainsi que leur participation au processus de prise de décision,
en application des engagements convenus dans la Plateforme africaine de Dakar
et dans la Plateforme d'Action de Beijing. C'est dans le même esprit que nous
accordons un rang de priorité élevé à la scolarisation des filles dont le taux,
qui avoisinait à peine les 30% en 1994, atteindra 62% durant l' annee scolaire
2000‑2001. C' est le même ordre de priorité que nous accordons à la question de
la santé reproductive des femmes. En outre, mon pays s'emploie à mettre en
oeuvre la loi nationale adoptée en janvier 1999 pénalisant, entre autres,
l'excision, les violences domestiques, le viol, la pédophilie ainsi que le
harcèlement sexuel.
Par ailleurs, nous avons ratifié la presque totalité
des instruments juridiques relatifs aux droits de l'homme sans réserve aucune.
Je suis fière d'annoncer, du haut de cette tribune, que le Sénégal est l'un des
deux seuls pays à avoir déposé, le 26 mai 2000, ses instruments de ratification
du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes
de discrimination à l'égard des femmes. Dois je ajouter à cela que mon
Gouvernement mettra, très prochainement, en place un Observatoire national des
droits de la femme et de la petite fille qui servira de cadre d'interpellation,
de contrôle et de suivi du respect de ces droits.
Monsieur le Président,
Le Chef de l'Etat du Sénégal, S.E. Maître Abdoulaye
WADE, fait de la promotion et de la protection des droits de la femme une
priorité majeure de son programme de Gouvernement comme levier d'éradication de
la pauvreté sous toutes ses formes. En ma qualité de Ministre de la Famille et
de la Solidarité nationale, je renouvelle, ici, solennellement, la
détermination du Sénégal à poursuivre la mise en oeuvre des engagements
convenus par la Communauté Internationale à Beijing et à traduire en acts
concrets les décisions et recommandations qui seront issues de cette session.
Nous le ferons en coopération et en concertation permanente avec les ONG et
tous les acteurs intéressés de la société civile comme ceux du secteur privé.
Mais, devrais‑je le souligner, dans le cadre de ce
partenariat dynamique, nous, femmes africaines et des pays en développement,
tout en sachant d'abord compter sur nos propres forces et càpacités, avons,
aujourd'hui plus que jamais, besoin d'une plus grande solidarité de la
Communauté internationale et d'un appui renforcé du système des Nations Unies.
Cette solidarité et cet appui sont d'autant plus
nécessaires que des contraintes telles que la baisse tendancielle de l'Aide
Publique au Développement, le fardeau insupportable de la dette ainsi que les
multiples barrières tarifaires et non tarifaires laissent peu d'opportunités à
nos pays dans un monde où la globalisation est désormais de règle.
Monsieur le Président,
Je voudrais conclure en nourrissant l'espoir que la
session de New York sera un nouveau point de départ et qu'elle ouvrira de
nouvelles perspectives pour les femmes du monde, pour l'émergence d'une société
humaine plus soucieuse d'égalité entre les sexes; une société de solidarité, de
justice, en un mot une société de démocratie, de paix et de développement pour
tous.
Je vous remercie.