REPUBLIQUE GABONAISE

UNION - TRAVAIL - JUSTICE

ALLOCUTION

DE

Son Excellence Monsieur

Didjob DIVUNGI DI NDINGE

VICE-PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

DEVANT

LA XXllleme SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEEُُُ

GENERALE DES NATIONS UNIES

 

NEW YORK, LE 5 JUIN 2000

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MISSION PERMANENTE DU GABON AUPRES DES NATIONS UNIES

18 EAST 41ST STREET - NEW YORK, NEW YORK 10017 - TEL. (212) 686-9720

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Monsieur le Président,

- Monsieur le Secrétaire Général,

- Excellences,

- Mesdames et Messieurs,

Pour la première fois, à ce niveau de représentation, l'occasion est donnée aux Etats membres de notre Organisation d'établir un premier bilan de la mise en oeuvre de la Déclaration et du Plan d'Action de BEIJING, cinq ans après leur adoption.

Il s'agit, à l'évidence, d'une réelle opportunité et d' une étape importante dans le juste et noble combat de la libération de la Femme et de la promotion de son statut.

Le theme de cette session extraordinaire : « Les Femmes en l' an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXlème siècle » est véritablement chargé de symboles et sa déclinaison sonne comme une interpellation forte à l'endroit de tous les dirigeants et de tous les citoyens de notre planète.

Lf valuation à laquelle nous sommes convies vient à point nomme,, parce qu'elle doit nous permettre effectivement au niveau de chacun de nos pays, d'apprécier le parcours réalisé et d'entrevoir l'avenir. Comme elle permettra - j'en suis convaincu - de mobiliser davantage la Communauté Internationale dans sa volonté et son élan d'accompagnement de nos expériences nationales ou régionales.

Monsieur le Président,

Avant de présenter succinctement le bilan - étape de mon pays, le Gabon, permettez-moi de vous féliciter très chaleureusement et très fraternellement au nom du Président de la République Gabonaise, Son Excellence El Hadj Omar BONGO que j'ai l'honneur de représenter à cette session.

Nous savons tous ici, Monsieur le Président, pouvoir compter sur votre expérience pour mener à bien la direction de nos travaux. Vos éminentes qualités de diplomate et votre esprit de conciliation sont pour nous un gage de réussite.

Excellence, Mesdames, Messieurs,

Il est vrai qu'en retraçant l'histoire, apparaît le sentiment, voire le constat, que toute évolution de la condition et du statut social de la femme est dépendante de l' image et du role que l'homme lui a toujours attribué.

Ainsi dans nos sociétés africaines, la femme généralement confinée dans la sphère de la vie privée, est parfois louée par les croyances religieuses ou sacralisée par la tradition à travers les comes, légendes ou épopées... Mais elle est aussi malheureusement, souvent vouée au fil des époques, en fonction des civilisations et des contextes culturels, à toutes les soumissions, toutes les humiliations, toutes les misères, voire à toutes les malédictions.

Ce statut ambigu et ambivalent de la femme dans nos cultures africaines est également manifeste à travers les cultures de l'Occident chrétien comme au sein d'autres civilisations, avec certes des tonalités variées.

Mais que nous soyons du Nord ou du Sud, que nous appartenions aux civilisations premières ou à celles dites de la modernité, nous devons nous convaincre que nous ne pouvons promouvoir, efficacement, le développement et la paix, le progrès des sociétés, l'évolution des idées et l'utilisation des intelligences dans nos pays comme dans nos différentes régions si les femmes qui représentent aujourd'hui plus de la moitié de l'humanité n'occupent pas, dans , le processus de l'évolution du monde, la place qui leur revient.

La femme demeure en effet une valeur référentielle de base qui assume directement ou indirectement un rôle sociétal majeur, role qu'il importe de promouvoir et d'organiser.

C'est avec cette vision que le Gabon, depuis plusieurs décennies a su, du moins au plan conceptuel, intégrer la femme au niveau de la consolidation de la nation, du développement du pays et du respect des libertés et droits fondamentaux de la personne humaine. Ainsi, notre Constitution consacre, de façon explicite, l'égalité des citoyens devant la loi sans distinction d'origine, de race, de sexe, d'opinion ou de religion.

Très tot également, des dispositions législatives en faveur des femmes ont été adoptées

- suppression de la dot conçue à l' époque, comme une compensation financière et matérielle au profit de la famille de la femme qui tendait à réduire celle-ci au rang d objet et d' échange ;

- interdiction du mariage des mineures ;

- droit à l'éducation et droit au travail.

Au plan institutionnel, et pour marquer notre volonté d' intégrer la femme au processus de construction nationale, le Chef de l'Etat a mis en place des la fin des années soixante, un Ministère spécifique ayant pour mission fondamentale la promotion des droits de la femme. De même, depuis de nombreuses années des femmes occupent d'importantes fonctions d'Etat.

Au plan international, le Gabon est Partie à la Convention de 1984 sur l' elimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

 

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Après ce propos liminaire, je voudrais maintenant m' appesantir sur notre perception des Actes de BEIJING et la suite concrete que mon pays a déjà donné et entend donner à ce que nous assimilons avant tout, à un processus.

Ainsi, pour traduire dans le cadre d' un programme national, les douze (12) domaines critiques du Plan de BEIJING, en orientations stratégiques à court, moyen et long terme, le Gabon a organise du 8 au 10 Mars 1996, un séminaire de suivi de la 4ème Conférence Mondiale sur les Femmes de BEIJING.

Le constat. général fait à nouveau à cette occasion, dix ans après la Conférence de Nairobi, est qu'à l'instar de nombreux pays, globalement, l'égalité entre les femmes et les hommes n'est pas réalisée, malgré un environnement institutionnel et juridique ambitieux.

Cette résistance passive se fonde essentiellement sur

- les préjugés culturels et sociaux ;

- le manque de confiance en leurs possibilités de la part des femmes elles-mêmes ;

- le manque de formation, ou la faiblesse du niveau

d'études des jeunes fines en age scolaire ;

- et le contexte économique et social défavorable qui amplifie les fractures existantes.

Aussi, le plan national d'actions concrètes issu de ce séminaire vise essentiellement, la mobilisation, l'autonomisation et la promotion sociale et économique des femmes. Il s'articule autour des priorités suivantes

- Femmes, Education et Formation ;

- Femmes, Pauvreté et Economie ;

- Femmes et Santé ;

- Femmes et prise de décision ;

- Femmes et Environnement ;

- Droits fondamentaux de la femme et de la petite fille ;

- Mécanismes institutionnels de promotion de la femme ;

- Violences â l'égard des Femmes.

 

A ce jour, ce programme a été adopté par le

Gouvernement. C'est le lieu de saluer l'assistance des Nations-Unies qui, à travers le PNUD, est le principal soutien technique et financier au niveau de l'élaboration de ce programme, comme â celui de son application et de son suivi.

 

 

 

 

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Au titre des realisations concrétes de ce plan, il me plaît de souligner la création de l'Observatoire des droits de la Femme et de la parité. A la fois lieu d'étude et moyen de pression pour la revision des textes, l'Observatoire est un espace de dialogue entre le Gouvernement, le Parlement, et la Société Civile qui le gère par le biais d' une Organisation Non Gouvernementale.

L'Observatoire, doit permettre à la femme de conquérir ou de consolider à son profit tous les droits fondamentaux, par la sensibilisation et l'information. c'est à ce titre que dès cette année, toutes les délégations provinciales du Ministère de la Promotion de la Femme seront reliées à Internet.

Je voudrais également vous dire tout l'espoir que nous plaçons dans le programme Femme-Education et Formation.

En effet, l' incitation à la qualification professionnelle des jeunes filles, l'alphabétisation fonctionnelle des populations féminines tout comme le programme de coopération GABON-UNICEF sur le phénomène de la déscolarisation des jeunes fines, sont des actions prometteuses. Elles offriront indéniablement à la femme quel que soit son age, de meilleures conditions d'insertion dans la vie active, à la faveur d'un emploi indépendant ou d' une micro entreprise.

Et c'est dans cet esprit que le Gouvernement a mis en place avec le concours de la Banque Africaine de Développement un Fonds d'appui au financement des projets productifs qui sera également opérationnel cette année et permettra de financer plus de 1000 projets collectifs ou individuels.

C' est aussi dans ce contexte qu'il faut situer le concours national du Grand prix du Président de la République pour la promotion des activités socio-économiques des femmes, organise tous les ans depuis 1998. Cette initiative témoigne de l' importance que le Chef de l'Etat Gabonais lui-même accorde à l'émancipation et surtout à l'implication des femmes au processus de développement de notre pays.

Le Gabon a également organise des séminaires, notamment l'Atelier sur le concept Genre du 18 au 22 Octobre 1999, publie une enquête nationale sur la femme et la prise de décision et réalise un film video sur les violences faites aux femmes.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Presque partout à travers le monde et particulièrement en Afrique, des tensions multiformes persistent, des guerres civiles et des conflits armes parmi les plus meurtriers et les plus avilissants éclatent ou resurgissent , des grappes humaines ou des peuples entiers, en interminable errance dans leur propre pays ou au-delà de leurs frontières, sont à la recherche d'un oasis de paix.

En introduisant le concept de la paix dans la déclinaison du theme de cette session, nous devons tous nous convaincre que la paix et la stabilité constituent, entre autres, des préalables qui déterminent la réalisation effective de tous les programmes d'action possibles.

La femme, matrice, socle et clé de voûte de toute société doit plus que jamais incarner l'espoir, l'avenir, le sursaut salvateur de l'humanité dans sa quête permanente de la paix.

Principale victime avec l'enfant de toutes les situations de non-paix, elle ne doit plus subir. Elle doit réagir, elle doit agir.

C' est avec cette intime conviction que les femmes de mon pays ont depuis quelques années déjà, toujours contribue à la recherche ou à la consolidation de la paix au Gabon comme en dehors de nos frontières.

Je relèverais notamment

- la présidence remarquée du Comité de suivi des Actes de la Conférence Nationale de 1990, confiée à une femme dans le contexte heurté de l'époque, présidence qu'elle a assumée avec beaucoup d'habileté, évitant ainsi toute rupture de dialogue entre le Gouvernement et l'opposition ;

- la déclaration faite à Libreville par les femmes gabonaises en faveur de la paix au Congo Brazzaville en 1997, au plus fort de la guerre civile, à l'occasion du Sommet des Chefs d' Etat qui s' était tenu en vue de la réconciliation entre les parties en conflit ;

Je citerais également

la mise en place en Décembre 1999 et le lancement des activités du Comité National des Femmes pour la Paix et le Développement (CONAFEPAD), première antenne nationale du Comité Africain des Femmes pour la Paix et le Développement qui est un organe consultatif de l' OUA créé en Novembre 1998 ;

- L' appel en faveur de la paix dans la sous-region Afrique Centrale adresse par ce Comité aux Chefs d' Etat, aux Secrétaires Généraux de l'ONU et de l'OUA et aux Directeurs Généraux de l'UNESCO et de l'O.I.T..

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Les résultats concrets de ce programme national ne sont certes pas encore à la hauteur de nos ambitions ; mais le plus important est qu'un processus ait été engage. Il ne saurait s' arrêter.

Car si d'une manière générale, on peut dire que des actes ont été poses, notre sentiment est que beaucoup reste à faire. La promotion de la Femme requiert un effort plus conséquent de notre Gouvernement mais aussi un appui multiforme plus soutenu de la Communauté Internationale.

Nous sommes donc a l'écoute de l'expérience des autres, dans le cadre de cette session d'évaluation qui, enrichie par les importantes manifestations qui se tiennent en parallèle de nos travaux, devrait aboutir â la nécessaire accélération de la mise en oeuvre du Plan d'action de BEIJING.

Il nous faut en effet, consolider l'engagement de bousculer les idées reçues et faire jouer â chacune de nos concitoyennes et â chacun de nos concitoyens, un rôle essentiel en vue de bâtir des nations prospères et réaliser le rêve d'un grand village planétaire où les idées de paix, d' égalité et de justice triomphent.

Je vous remercie.