Unité * Travail * Progrès

REPUBLIQUE DU CONGO

 

MISSION PERMANENTE DE LA REPUBLIQUE DU CONGO

AUPRES DES NATIONS UNIES

14 East 65th Street

New York, N.Y. 10021

Tel: 212 744 78 40 * 212 744 79 75

INTERVENTION

DE S.E. MADAME JET DAMBENDZET

MINISTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE

DES REFORMES ADMINISTRATIVES ET DE LA

PROMOTION DE LA FEMME

A la 23ème Session Extraordinaire de l'Assemblée générale

des Nations Unies:" Les femmes en l'an 2000: L'Egalité entre

les sexes, développement et paix pour le 21 ème siècle"

(Verifier au prononcé)

New York, le 7 juin 2000

Monsieur le Président,

Distingués délégués,

Mesdames et Messieurs,

C'est pour moi un grand honneur et un plaisir de présenter du haut de cette tribune la contribution du Congo au bilan de Beijing +5.

Aussi me permettrez-vous d'abord de joindre ma voix à celle des orateurs qui m'ont précédée pour vous féliciter, vous Monsieur le Président élu, au nom de mon Gouvernement et en mon nom propre et souhaiter pleins succès aux travaux de cette 23ème Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Monsieur le Président,

La communauté internationale se réunit aujourd'hui autour dune problématique qui constitue en réalité une évidence: il est ici question de souligner la place cardinale de la femme dans tout système social et d'évaluer le chemin parcouru depuis Bejing en vue de tracer de nouvelles stratégies pour la réalisation totale du Plan d'action de Beijing.

Bien que les femmes représentent près de 52% de la population mondiale, elles continuent paradoxalement d'être reléguées au second rang. La femme reste la cible principale des fléaux qui minent nos sociétés notamment:

l' analphabétisme, la pauvreté, les violences et les calamités de toutes sortes. Elle est aussi la victime essentielle de la pandémie du VIH/SIDA.

Au moment où la communauté internationale évalue le chemin parcouru depuis Beijing, la femme reste encore sous représentée, tant au niveau des institutions nationales que des instances du système des Nations Unies, malgré les progrès réalisés par le Secrétaire général des Nations Unies de nommer les femmes à de nombreux postes qu'il trouve ici l'expression de nos encouragements et de notre soutien dens la voie qu'il a choisie.

Cette énumération est loin d' être exhaustive. D' autres maux tels que les conflits armés constituent encore des freins Bans la mise en oeuvre des politiques de la promotion de la femme.

Cet environnement hostile ne doit pas pour autant occulter le: nombreuses réalisations obtenues aux niveaux national, régional et international. Ces réalisations ont, en dépit des nombreuses contraintes, contribué à l'amélioration de la condition de la femme depuis le processus irréversible engagé à Mexico en 1975.

Au Congo, plusieurs actions ont été menées dens le cadre des douze domaines critiques définis à Beijing.

En effet, les conflits armés qui ont éclaté dens mon pays, depuis 1993, bien que constituent des contraintes indéniables, n'ont pu venir à bout de la volonté des pouvoirs publics de soutenir la cause de la femme.

C'est ainsi que deux documents d'orientation, l'un sur la Politique nationale de la promotion de la femme et l'autre sur le Plan d' action 2000-2002 ont été adoptés par le Gouvernement en septembre 1999.

Ces documents ont été élaborés sur la base de la plate-forme de Dakar et le Plan d'action de Beijing.

Très ébranlé par les guerres fratricides aux conséquences immenses, le Congo s'est trouvé contraint de procéder à une hiérarchisation des priorités de Beijing. Ainsi, la lutte contre les violences à l'égard des femmes et de la jeune fine, la participation de la femme à la résolution des conflits et au retour de la paix et, la lutte contre la pauvreté sont traités comme actions d'urgence avec le concours ponctuel de la communauté internationale. Il a pu réaliser plusieurs activités dans ces domaines, le point en est fait dans notre rapport bilan depose au Secretariat de cette Session extraordinaire.

Depuis Beijing en dépit des troubles que mon pays a connus, le processus de la mise en oeuvre de la plate-forme de Beijing est en marche. Il est irreversible. Cette dynamique résulte de la volonté du Président de la République Son Excellence Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO, qui apporte un soutien actif à la promotion de la femme et de celle de la communauté internationale.

Elle s'explique aussi par l'existence d'une société civile en essor.Plus de 212 organisations non gouvernementales et associations féminines se sont constituées au niveau national, dans les zones rurales et au sein des communautés de base. Un reel partenariat s'est établi entre le département chargé de la promotion de la femme et les ONG féminines.

Tous ces acquis interviennent duns un contexte marqué par le retour à la paix après la signature des accords du 16 novembre 1999, à Pointe-Noire et, du 29 décembre 1999, à Brazzaville, sur le cessez-le-feu et la cessation des hostilités.

Ces accords constatent la fin des hostilités sur toute l'étendue du territoire national ainsi que la mise en oeuvre du processus de réconciliation et de rétablissement de la paix au Congo places sous la direction d'un Comité dirigé par Son Excellence Monsieur le Président de la République Gabonaise. L'ouverture du dialogue national entre toutes les parties impliquées militairement duns le conflit, a conduit à la réinstallation des personnes déplacées, au retour de nombreux exiles, à la demobilisation des hommes en armes et, au ramassage des armes qui est en cours.

Le Chemin de Fer Congo-Ocean impraticable depuis le déclenchement des hostilités de 1998 est fonctionnel sur près de 80% entre Pointe-Noire et Brazzaville et les travaux de réhabilitation complète de cette voie ferrée sont presque achevés.

Le processus electoral a démarré avec le recensement administratif, il conduira à terme à des elections législatives et présidentielles et à l'installation d'organes démocratiquement élus.

Tous les congolais, à l' intérieur comme à l' extérieur du pays, qui refusent de s'associer à ce processus de retour à la normalité pour privilégier la logique de la violence et de la guerre ne devraient pas trouver pas oreille attentive tant auprès des amis du peuple congolais que de la communauté internationale, défenseurs des droits humains et du progrès social des Nations. La liberté de la presse expression de la démocratie est garantie. L'opposition West pas inquiétée et s'exprime.

Mesdames et Messieurs,

Le continent africain subit, d'une manière générale, les effets pervers de la mondialisation des economies, le poids du service de la dette, et de la baisse de l'aide publique au développement.

Ces facteurs contraignants auxquels s' aj oute le poids des traditions et des préjugés viennent annihiler les nombreux efforts entrepris en matière de promotion de la femme.

La 6ème Conférence régionale africaine sur les femmes qui s'est tenue à Addis-Abéba du 22 au 26 novembre 1999, a procédé à l'évaluation de l'application de la plate-forme de Dakar et du Plan d'action de Beijing.

Le constat général est que la pauvreté, la santé avec le VIH/SIDA et le paludisme, l'éducation et la promotion des droits de la femme sont des urgences auxquelles il faut s'attaquer vigoureusement.

Dans ces secteurs, plusieurs mesures sont à l' actif des gouvernements et des organisations non gouvernementales.

Mais, les multiples contraintes observées en limitent les effets. Elles méritent d'être levées car , elles accentuent la vulnérabilité et la marginalisation de la femme africaine qui est un agent important du développement.

La Conférence d'Addis-Abéba s'est achevée par l'adoption de deux instruments. Notamment de la déclaration de la 6ème Conférence régionale africaine sur les femmes et du Plan d' action de l'Afrique pour accélérer la mise en oeuvre du programme d'action de Dakar et de la Plate-forme d'action de Beijing en vue de la promotion de la femme (2000-2004). Je réitère ici l'adhésion du Congo à ces deux instruments.

Ces deux textes expriment la foi de l'Afrique en des changements majeurs, visant à assurer l'égalité entre les sexes, le développement et la paix à l'orée du 3ème Millénaire.

C'est le lieu de relever le rôle capital et l'importance du Comité Femme et Développement dans la lutte que mènent les femmes africaines pour leur participation effective au processus de développement. Il faut aussi souligner les efforts, combien louables, consentis par l'Organisation de l'Unité africaine et la Commission Economique pour l'Afrique avec le Centre Africain pour la Femme, pour la sensibilisation et l'appui multiforme qu'ils apportent aux Gouvernements dans la mise en oeuvre des résolutions et recommandations relatives aux femmes.

 

Mesdames et messieurs,

Au niveau mondial, la mobilisation de la communauté internationale en vue de la promotion de la femme constitue un seul combat, en dépit de la diversité politique, économique, culturelle, linguistique et religieuse.

Certes, les progrès réalisés ne sont pas uniformes. Selon les domaines et les indicateurs de référence, les Etats sont plus ou moins en avance. Cependant, le processus est irréversible, chacun, à son rythme, organisera le partenariat homme -femme.

Les instruments juridiques, d'information, l'assistance technique et les ressources mobilisées par la communauté internationale constituent, à n'en point douter, des supports précieux.

Mesdames et Messieurs,

L'égalité en tant que moyen qui assure la pleine participation et la contribution consciente de la femme dans l' activité nationale doit être renforcée et réalisée. En tant qu'impératif de promotion de ressources humaines, la problématique féminine permet aux Etats de mobiliser des forces supplémentaires à l'oeuvre de construction nationale.

En effet, les femmes sont créatrices d' importantes richesses notamment dans le secteur informel et le secteur agricole. Elles constituent en outre le pivot du processus de la socialisation de l'enfant. D'où, la nécessité de les éduquer au role important de préparation des citoyens nouveaux, respectueux des valeurs de démocratie et d'égalité entre les hommes et les femmes. La prise des mesures discriminatoires positives à l'effet de renforcer la présence des femmes dans les différentes sphères de décision devrait étre encouragée.

De nombreux instruments internatinaux adoptés et ratifies pa les Etats membres des Nations Unies ont permis d'accorder l'égalité aux femmes. Mais qu'importe l'égalité de juré si dans les faits des mesures vigoureuses n'accompagnent pas la réalisation dE cette égalité

Qu'importe l'égalité proclamée si les contraintes qui empêchent sa mise en oeuvre, plusieurs fois identifiées ne sont pas levées ! Aussi, en ma double qualité de Présidente de la 6ème Conférence régionale africaine sur les femmes et de Ministre de la Promotion de la Femme congolaise, je réitère la nécessité d'aller vers l'application totale des différents plans adoptés à Beijing et à Addis-Abéba. Cet engagement des femmes africaines induisait la nécessaire mobilisation des ressources suffisantes par une plus grande solidarité au niveau international notamment la remise de 1a dette dont les bénéfices seront consacrés au financement des projets féminins.

Le partenariat qui se développe d'une manière dynamique entre Etat et société civile, entre mécanismes gouvernementaux et associations des femmest est un signe fort des temps qu'il faut saisir pour l'alimenter, le féconder et le faire vivre comme vecteur du triptyque Egalité, Développement et Paix. Tel est le panorama de la lutte pour l'émancipation de la femme au début de ce nouveau siècle.

L'histoire récente témoigne donc d'efforts progressifs et constants entrepris par des hommes et des femmes de conviction. L'avenir se présente pleins de promesses. Toutefois, il ne le sera que si l'engagement pour la cause des femmes conduit à:

- plus de volonté politique;

- l' augmentation de la solidarité entre le Nord et le Sud et la

mobilisation des ressources suffisantes;

- l'intériorisation de la problématique sexo-spécifique et son intégratiion dans toutes les politiques de développement.

C'est à ces conditions que les défis de l'égalité entre les sexes, de développement et la paix pourront être relevés.

Je vous remercie.