BURKINA FASO

Mission Permanente aupres des Nations Unies

 

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New York, NY 10021

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SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE

GENERALE

DES NATIONS UNIES

Intitulee

 

"Les femmes I en l'an 2000: egalite entre les sexes, developpement et paix pour le XXle siecle"

DECLARATION DU BURKINA FASO par

Madame Mariam Marie-Gisele Guigma Ministre de la Promotion de la Femme,

Chef de la delegation.

(Verifier a 1'audition)

New York, le 7 Juin 2000

 

Monsieur le President,

Mesdames et Messieurs les chefs de delegation,

Mesdames, Messieurs,

Avant toute chose, c'est pour ma delegation un agreable devoir de vous feliciter tres chaleureusement, Monsieur le President, pour votre election a la tete de notre Conference.

Guides par un esprit positif et constructif, nous voulons vous assurer de notre totale disponibilite pour le meilleur aboutissement de nos travaux.

Monsieur le President, c'est 1'evidence meme que cette Assemblee generale qui, cinq jours durant, aura a se pencher sur la condition de la femme en I 'an 2000, revet une importance primordiale. Au-dela du theme stricto sensu, le nombre et surtout la qualite des participants venus de tous les horizons I'attestent et demontrent par la-meme que notre lutte, la lutte de la femme pour 1'egalite entre les sexes dans la paix et le developpement n’est plus un leurre mais bien une realite tangible que les presentes assises se chargeront d'ecrire en lettres d'or au frontispice du troisieme millenaire.

Monsieur le President,

A Beijing, il y a cinq ans, le Burkina Faso a pris des engagements fermes qui se sont, a notre grande satisfaction, concretises au fil du temps. Plus exactement, je veux parler de la mise en place d'un Comite de suivi du programme d'action de Beijing et de la creation d'un ministere de la promotion de la femme.

La necessite de creer un comite a I'echelle nationale pour un meilleur

suivi des mesures prises a Beijing repond aux recommandations pertinentes de la IVeme Conference sur la femme qui disposent, entre autres, que (je cite) "C'est aux gouvernements qu'il incombe au premier chef d'appliquer la plate forme d'action. Cette mise en oeuvre necessite un engagement politique au niveau le plus gleve. Its devraient prendre la direction des activites de coordination, de controle et devaluation" (fin de citation).

Ainsi donc, pour satisfaire a cet imperatif, le ministere de faction sociale et de la famille, alors institution de reference en la matiere, s'est attele, sous la supervision du Chef de 1'Etat en personne, a la mise en place du Comite National de suivi des conclusions et recommandations de Beijing. La determination et le serieux de celui-ci auront permis, grace a un travail exploratoire minutieux, de definir et d'arreter une plate-forme d'action en fonction de nos realites nationales et de la nature de notre terrain socioculturel.

Au demeurant, c'est a partir de ces realites que s'est imposee la necessite d'un ministere de la promotion de la femme dont la creation est intervenue le 10 juin 1997, concrdtisant ainsi cette volonte politique du gouvernement d'offrir un cadre de concertation et de coordination de 1'ensemble des activites au benefice de la femme.

De par sa structure transversale, cette nouvelle institution apparait plus fonctionnelle et plus pragmatique, et par consequent mieux adaptee, pour apprehender les differents problemes de la femme. Un plan d'action triennal pour la promotion de la femme a meme ete elabore sur la periode 1998-2000, avec le soutien de tous les partenaires nationaux et internationaux interesses par la question du genre.

Ce plan d'action a identifie parmi les recommendations de Beijing dix domaines prior' itaires que le Burkina Faso s'est engage a mettre en oeuvre dans le cadre d'un programme national en cinq (5) volets

La lutte contre la pauvrete, par 1'adoption d'un certain nombre de mesures telles que:

- les appuis aux femmes pour l’acces au credit et a la propriete fonciere ;

- la sensibilisation generate des populations, surtout en zones rurales, pour une repartition equitable des t aches entre hommes et femmes ;

- la formation de la jeune fille et de la femme handicapee ;

- l’organisation des femmes dans le cadre des groupements d'interet economique tel que, par exemple, le Projet national karite, pour qu'elles puissent beneficier de technologies ameliorees de production.

Le developpement des ressources humaines feminines, grace a un engagement ferme de l’Etat pour promouvoir l’education, la formation, la same, l’environnement, la protection des droits fondamentaux de la femme et de la petite fine; suivant en cela ce que disait lui-meme le President Blaise Compaore (je cite): "l'epanouissement de la femme, sa pleine participation a la vie rationale, sort fonction de son acces a d'instruction et au savoir-faire" (fin de citation). Aussi bier, l’alphabetisation de la femme et de la fille a-t-elle ete intensifiee en vue de les mettre sur la voie de l’auto-promotion et leur permettre de s'inserer daps les circuits de production. Parallelement, des mesures administratives et legislatives ont ete prises contre les violences faites aux femmes et certains comportements aussi avilissants que retrogrades comme 1'excision et autres mutilations genitales feminines.

La promotion des droits fondamentaux de la femme et de la petite fille, a travers des actions de lobbying, de formation en genre et developpement ainsi que par l’elaboration et l’adoption de textes garantissant l’egalite entre l’homme et la femme en matiere d'emploi. La sensibilisation des femmes par rapport a leurs droits est egalement en cours par le systeme Information -Education- Communication, etant donne que les textes et les lois edictes profitent surtout a ceux qui savent en faire usage. Un effort particulier a ete egalement porte sur 1'education de la petite fille grace a 1'adoption d'un plan d'action.

Le quatrieme volet de ce programme consiste en un plaidoyer et en la mobilisation sociale pour une image plus positive de la femme. Les prejuges sexistes ont toujours range la femme dans un cadre factice dont 1'attribution essentielle est de plaire mais de rester incapable d'acceder aux cotes de l’Homme a la prise de decision. Cette vision de la femme-objet est du reste largement exploitee par des mass-medics en mal de sensationnel. C'est pourquoi, la aussi, des actions ont vu le jour tendant a l’amelioration de la qualite des productions feminines dans les medics et a la formation des femmes en management, de maniere a les habiliter a exercer des responsabilites jusque la reservees aux hommes. Il s'agit, dans ce domaine bien precis, de favoriser 1'apparition de conditions psychologiques idoines pour une meilleure insertion de la femme dans les spheres de prise de decision.

Enfin, le programme met 1'accent sur la creation de mecanismes institutionnels de mise en oeuvre, de coordination et de suivievaluation, par la designation de points focaux aupres du ministere de la Promotion de la femme de meme qu'au sein des autres departements ministeriels et institutions, garantissant ainsi la participation du ministere a toutes les activites menees par eux. Outre faction meme du ministere de tutelle, il convient de noter la dynamisation du Comite national de lutte contre toute discrimination a 1'egard des femmes (CONALDIS), la creation de la Commission Nationale pour la promotion de la femme (CNPF) et la mise en place prochaine du Conseil National pour la femme (CNF). A ces actions s'ajoutent d'autres initiatives visant a renforcer les efforts au niveau national et international.

Enfin, il vient d'etre elabore un repertoire des competences feminines en vue dune meilleure exploitation interne de 1'expertise nationale.

Monsieur le President,

Comme on le voit, par 1'esquisse que nous venons de faire, la mise en oeuvre des conclusions et recommandations de Beijing au Burkina Faso offre des motifs de legitime satisfaction. Cependant, comme dans la plupart de pays en developpement, nous sommes tributaires de tares socioculturelles et confrontes a des resistances particulierement tenaces, sans compter les nombreuses contraintes d'ordre economique. Il s'agit donc des contrepoids habituels, connus de tous, main qui constituent de veritables entraves au developpement.

D'un autre cote, la recrudescence en Afrique de certaines maladies endemiques, principalement le paludisme et surtout le SIDA, ampute nos Etats de leurs forces vives et reduit gravement 1'esperance de vie, ce qui hypotheque egalement nos chances de developpement.

Ce n’est pas pour autant, Monsieur le President, que nous devons nous abandonner au pessimisme. Bien au contraire.

Certes, la lutte pour la promotion de la femme est une oeuvre de longue haleine. Les resultats obtenus, si minimes soient-ils, demeurent toutefois appreciables; car personne n'a la pretention de defaire en si peu de temps ce qui a ete construit pendant des siecles. Nous en sommes tous conscients.

Aux cotes des autres Etats et avec ses partenaires, le Burkina Faso emend donc continuer le combat sur la base des decisions qui seront prises a cette session speciale. Ce faisant, il ne poursuit d'autre ambition que de contribuer a 1'edification d'un monde ou les enfants, les hommes et les femmes d'Afrique et d'ailleurs vivront dans 1a Concorde et la fraternite.

S'agissant d'un objectif aussi titanesque, nous en appelons a une plus grande solidarite internationale pour aider a 1'eradication de la pauvrete, de 1'analphabetisme, de la maladie, seule condition pour que cessent les crises et Ies conflits et que triomphe la paix.

Nous en appelons a une plus grande responsabilite de la communaute internationale pour que la presente session soft un reel succes.

Au Burkina Faso, notre engagement pour la promotion de la femme est si ferme et resolu qu'aucun effort ne sera epargne pour appliquer les mesures et recommandations qui emaneront des presentes assises.

Je vous remercie.