BELGIQUE
VINGT‑TROISIEME
SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE
GENERALE
INTITULEE
H LES FEMMES EN
L'AN 2000 : EGALITE ENTRE LES SEXES,
DEVELOPPEMENT
ET PAIR POUR LE XXIe SIECLE H
INTERVENTION DE
SON EXCELLENCE MADAME LAURETTE ONKELINX,
VICE‑PREMIERE
MINISTRE ET MINISTRE DE L'EMPLOI
ET DE L'EGALITE
DES CHANCES
Le 7 juin 2000.
.
Mission permanente de la Belgique auprès des Nations Unies
823 U.N. Plaza, 4th Floor, 345 East 46th Street, New York, NY 10017
Tél 378‑6300, Fax 681‑7619
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs
les Chefs d'Etat et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire général des Nations
Unies, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs,
Il y
a cinq ans, cette Assemblée se réunissait pour des travaux qui ont suscité un
immense espoir. Il s'agissait de se mobiliser pour trouver à démentir des mots
implacables, figurant au Rapport mondial sur le développement humain de 1995 :
«II n'existe pas, dans le monde, une société où les femmes bénéficient des
mêmes opportunités que les hommes ». Il
s'agissait ni plus ni moins que de dégager les moyens pour réaliser l'égalité
des femmes et des hommes afin de construire un monde plus juste, reposant sur
une logique de développement et de paix.
Nous
savions bien, mes chers collègues, qu'après la phase d'enthousiasme on nous
opposerait des difficultés économiques, sociales, culturelles, religieuses de
mise en oeuvre .... Qu'on nous demanderait plus de temps... Plus de
compréhension.
Quand
des obstacles se dressent, quand les problèmes apparaissent, il faut leur faire
face et non pas les contourner pour mieux les oublier.
La
situation actuelle confirme l'immensité du travail à accomplir. L'analyse
démontre aussi que, pour gagner le combat contre les inégalités dont, partout,
les femmes sont victimes, il faut progresser dans le processus de Pékin, à
travers l'affirmation de l'universalité du droit des femmes et des hommes à
l'égalité, l'adoption de politiques qui traduisent ce droit de manière
concrète, les collaborations entre les Etats et l'évaluation d'engagements pris
solidairement.
Bref
, il serait irresponsable de donner aujourd'hui le signal d'un retour en
arrière.
Mesdames
et Messieurs,
Le
rapport mondial sur le développement humain (PNUD 1999) indique que 70°/° des
pauvres, soit 1,3 milliards de personnes, sont des femmes. Ce chiffre démontre
l'importance du déséquilibre économique qui pèse sur les femmes. Il démontre
aussi que la. pauvreté est un phénomène qui doit être appréhendé dans la
dimension de genre. La Conférence mondiale sur les femmes de 1995 a largement
contribué à ce que les femmes soient reconnues comme actrices et bénéficiaires
à part entière du développement durable. Elle aura contribué à la progression
d'une conception générale et systémique de l'égalité. Elle aura mis en évidence
l'importance, pour la. réalisation de l'égalité, de la prise en considération
des liens entre les enjeux économiques, sociaux et culturels et ce, au travers
des 12 domaines prioritaires d'intervention de la. Plate‑forme pour l'action de
Pékin.
A sa
manière, et malgré quelques belles évolutions, la Belgique traduit, à travers
ses propres réalités, le constat que l inégalité se manifeste par un
déséquilibre qui s'observe au détriment des femmes dans tous les domaines : vie
sociale, culturelle, économique et politique. Les femmes y demeurent
concentrées dans les secteurs à bas salaires et dans certaines fonctions, ainsi
que duns les emplois atypiques ‑ temps partiels, contrats précaires, ...‑.
L'écart
moyen entre les salaires masculins et féminins dépasse 20°/°. Les femmes sont
plus nombreuses que les hommes à connate le chômage de longue durée et à être
exposées aux risques de pauvreté et d'exclusion sociale. Une femme sur cinq est
victime de violence conjugale. Les femmes demeurent minoritaires dans les lieux
de décision.
Il
reste ainsi, au plan belge, beaucoup à réaliser.
Et
pourtant la politique de l'égalité des chances a gagné quelques galons : le
gouvernement a décidé de l'inscrire au coeur même de la. constitution, comme
cela a été fait dans les objectifs prioritaires fixés pour l'éducation ; les
législations ont été adoptées pour assurer une présence effective des femmes
dans la représentation politique : l'obligation de parité sur les listes
électorales et de mixité dans tous les exécutifs vient d'être accepté.
Un
plan de lutte et une législation contre le harcèlement sexuel, notamment sur
les lieux de travail ont complété les dispositifs visant à enrayer les
discriminations à l'emploi.
Notre
modèle de sécurité social a évolué pour mieux prendre en compte la dimension de
genre .... On commence aussi a évaluer les politiques d'emploi sur ses effets
quant au principe d'égalité. Une réforme fondamentale de l'aménagement du temps
de travail est actuellement en discussion en Belgique pour que tant les femmes
que les hommes puissent mieux organiser la vie au travail et la vie hors
travail.
Bref,
la. Belgique est en mouvement et celui‑ci traduit une volonté d'intégrer les
objectifs de Pékin.
Il
faudra évidemment poursuivre : il n'est pas, en effet, de domaine où ce «
réflexe d'égalité » n'ait pas sa pertinence : politiques sociales, éducation et
formation, politique de l'emploi, politique économique, santé, coopération au
développement, politique migratoire, ou traitement de questions comme la.
résolution des conflits armés, la. traite des êtres humains ou la politique des
réfugiés.
Ainsi
comment continuer à dénoncer des violences faites aux femmes, de fermer les
yeux quant elles se réfugient chez nous pour y échapper.
Mes
chers collègues, le combat contre l'injustice faite aux , femmes parce qu'elles
sont femmes ne se gagnera pas non plus sans un dialogue permanent entre les
autorités publiques et la société civile.
Je
tiens à saluer l'action des organisations non gouvernementales, non seulement
pour le travail de mise en oeuvre des actions réalisé, mais aussi pour avoir,
bien souvent, indiqué la « marche à suivre ». L'organisation de la Marche
mondiale contre la. pauvreté et la. violence faite aux femmes en owe une
expression concrète et symbolique. Je me réjouis de la part occupée par les
organisations belges dans cette manifestation, comme dans l'ensemble des
échanges qui ont formé le cadre de notre réunion.
Je
tiens également à souligner le rôle essentiel des partenaires sociaux dans
l'élaboration des politiques de l'égalité, mais aussi pour le bon suivi de ces
politiques.
Monsieur
le Président,
Mesdames
et Messieurs,
Nous
éprouvons de plus en plus le besoin de nous fixer des cadres globaux, des
grands objectifs de développement qui permettent à chacun des pays de s'adapter
et de progresser en fonction de ses propres réalités.
Pour
autant la Belgique est convaincue que les instruments normatifs sont
indispensables pour imposer un peu plus de droit dans les relations internationales.
Ainsi,
et pour garantir les droits et libertés fondamentales des femmes, la Belgique
accorde une attention toute particulière à l'adoption et à la ratification
universelle de la Convention sur l'élimination de toute forme de discrimination
à l'égard des femmes (CEDAW) et à son protocole, ainsi qu'au projet de
protocole sur le trafic des personnes et en particulier le trafic des femmes et
des enfants, complémentaire à la Convention contre le crime transnational
organisé. Il nous faut lutter contre ce fléau. Dans ce sens, le Conseil de
l'Europe a adopté une recommandation sur la lutte contre la traite des êtres
humains à des fins d'exploitation sexuelle.
Parmi
les instruments capitaux, je veux aussi souligner la nécessité d'instituer le
Tribunal Pénal International, qui devra contribuer à rendre effectif le respect
des droits des femmes, dans leur universalité et dans leur spécificité.
Je
crois enfin indispensable l'application des normes internationales du travail à
toutes les formes de travail y compris celles qui affectent plus
particulièrement les femmes, tel que le travail à temps partiel.
Monsieur
le Président,
Il
n'est pas simple de conclure sur un tel sujet.
Au
nom de la Belgique , je le ferai en mettant en évidence trois priorités.
D'abord
le développement de la, coopération internationale : , il faut que nous
arrivions à développer au moins 0,7 % de notre PNB. C'est une obligation que
nous ne pouvons plus laisser en rade.
Ensuite
l'adoption de législations nationales et internationales pour combattre la
violence contre les femmes et notamment la lutte contre certaines pratiques
traditionnelles qui portent atteinte à l'intégrité physique des femmes et des
filles .
Enfin,
dans toutes les enceintes où sa voix peut être entendue, la Belgique
revendiquera que les droits en matière de sexualité, comme les droits liés à la
fonction reproductive, fassent partie intégrante des droits humains.