REPUBLIQUE ALGERIENE DEMOCRATIQUE ET POPULARE

 

Mérida-Mexique- du 09 au 11 Décembre 2003

 

Monsieur le Président,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

 

Permettez moi tout d'abord, de vous féliciter et à travers vous, le Peuple et le Gouvernement mexicains, pour votre élection méritée à la Présidence de cette Conférence.

 

Le choix avisé de la Communauté internationale, porté sur votre pays, pour abriter cette réunion historique des Nations-Unies qui consacre l'avènement de la Convention des Nations-Unies de lutte contre la corruption, est certainement un témoignage de reconnaissance pour le rôle actif et agissant de votre pays non seulement en faveur de l'accomplissement du processus qui nous réunit aujourd'hui à Mérida, mais également dans le cadre d'autres initiatives louables de notre Communauté comme celles qui nous avaient réunis à Monterrey en 2002 et plus récemment à Cancun.

 

Mes félicitations s'adressent également aux membres du Bureau de la Conférence ainsi qu'à la Colombie, Président du Comité Spécial et Président Honoraire de cette Conférence, pour l'engagement de tous les instants, observé de leur part, durant le processus de négociation qu'ils ont conduit à bon port avec sagesse et détermination et dont notre rencontre, aujourd'hui, atteste de l'aboutissement heureux.

 

Monsieur le Président,

 

II me plait également de saisir cette heureuse occasion pour saluer, à partir de Mérida, l'engagement de tout un continent, celui de l'Amérique latine, nous célébrons, aujourd'hui, le fruit d'un processus qu'il a été donné à la Communauté internationale d'initier sur ce même continent, à Buenos Aires, en Argentine, il y a plus de deux ans déjà.

 

Ce n'est dès lors, pas fortuit que nombre de jalons nous rapprochant de l'idéal qui nous réunit aujourd'hui soit étroitement lié à des pays tels l'Argentine, la Colombie et le Mexique.

 

Qu'il me soit permis, à cet égard, de me faire l'interprète de mon pays pour rendre hommage à l'engagement invariable de ce continent en faveur de la lutte contre le fléau de la corruption.

 

Monsieur le Président,

 

Point n'est besoin de souligner les menaces graves que font peser les pratiques délétères de la corruption sur le développement durable des sociétés et la pérennité des institutions étatiques. Point n'est besoin non plus de revenir sur les effets pervers que I a corruption, sous ses multiples formes, produit sur l'économie e t les systèmes financiers nationaux et internationaux.

 

De fait, les dommages engendrés par la corruption ne sont pas commensurables tant ils peuvent hypothéquer l'avenir de plusieurs générations.

 

Monsieur le Président,

 

En se dotant d'un instrument de lutte contre la corruption, les Nations-Unies apportent ainsi une réponse à l'attente de la Communauté internationale fortement interpellée par la prolifération et la persistance de ce mal qui affecte des sociétés humaines déjà confrontées à de multiples défis.

 

Par ce jalon supplémentaire qui vient enrichir le droit international, notre Communauté ouvre une nouvelle page de son histoire dont l'Algérie se félicite.

 

 

Monsieur le Président,

 

Cette Convention peut être considérée comme une action concrète en vue de donner suite au consensus de Monterrey adopté par la Conférence sur le financement du Développement, et à la Déclaration de Johannesburg adoptée par le Sommet mondial sur le développement durable, tenus en 2002, et qui considèrent la corruption comme une menace grave au développement durable des peuples et soulignent la priorité à accorder à la lutte contre ce phénomène.

 

La Convention des Nations-Unies contre la corruption, adoptée par l'Assemblée Générale, le 31 octobre 2003, représente une avancée qualitative dont la teneur pluridisciplinaire consacre la vision de long terme qu'appelle, de notre part, la nécessité d'un traitement efficient et durable de ce fléau multidimensionnel.

 

Et c'est à juste titre que dans sa résolution 58/4, l'Assemblée Générale de l'ONU consacrait la journée du 9 décembre, jour de l'ouverture à la signature de cette Convention « Journée internationale contre la corruption».

 

Monsieur le Président,

 

Pleinement engagée dans un processus de réformes politique, institutionnel et économique visant à assurer un ancrage de l'Etat de droit et des règles de transparence dans sa gestion publique, l'Algérie ne pouvait, tout naturellement, que souscrire à la démarche initiée dans le cadre des Nations-Unies en vue d'un instrument de lutte contre la corruption.

 

Si en Algérie, certaines mesures de prévention et de lutte contre la corruption datent des premières années d'indépendance de mon pays, de nouvelles actions entreprises plus récemment, ou envisagées à court terme, tendent à endiguer le développement de ce fléau.

 

La réforme de la Justice initiée, en l'an 2000, par Son Excellence le Président de la République, Monsieur Abdelaziz BOUTEFLIKA, a donné lieu à la révision de la législation nationale, afin de la mettre en conformité avec les instruments internationaux que l'Algérie a ratifiés, telle la Convention de Palerme contre le Crime Transnationale Organisé.

 

C'est ainsi que dans le cadre du projet de révision du Code Pénal et du Code de Procédure Pénale, le législateur algérien prévoit notamment:

 

-   l'extension de la compétence territoriale de certaines juridictions en matière de crime transnational organisé, notamment la corruption et le blanchiment d'argent;

- l'imprescriptibilité du crime transnational organisé et du crime de corruption, entre autres infractions.

Monsieur le Président,

 

L'Algérie consent également un effort en faveur de la mise en place du cadre institutionnel approprié pour veiller au respect des engagements contractés par l'Algérie dans le domaine de la lutte contre la criminalité financière, la corruption et le blanchiment d'argent.

 

Je citerai entre autres mesures, la création, il y a plus d'une année, de la cellule de traitement du renseignement financier chargée de prévenir et de détecter les opérations financières suspectes.

 

Je citerai également, la mise en place d'un Comité interministériel, placé sous la haute autorité du Chef du Gouvernement, qui se penche sur l'élaboration d'une loi-cadre pour la lutte contre le blanchiment d'argent et le crime financier.

 

 

 

Monsieur le Président,

 

L'Algérie se félicite des progrès accomplis au titre de la dimension préventive apportée par la Convention des Nations-Unies contre la corruption.

 

Dans mon pays, la société civile a joué un rôle essentiel ces dernières années, visant la moralisation du fonctionnement des institutions et des organismes publics.

 

Ainsi, le Ministère des Finances a adopté, il y a quelques années déjà, un Code de l'éthique pour les fonctionnaires du Trésor, des Impôts et des Douanes.

 

Par ailleurs et depuis plus d'une décennie, les élus, cadres et hauts fonctionnaires de l'Etat, sont soumis à l'obligation statutaire de rendre public leur patrimoine, au moment de leur prise de fonction ainsi qu'au terme de celle-ci.

 

Afin de préserver notre économie en pleine mutation, le code des marchés a également fait l'objet de modifications dans le sens d'une plus grande transparence de ses modalités.

 

Monsieur le Président,

 

L'Algérie contribue également au niveau continental africain à la promotion d'une stratégie de lutte contre la corruption dans le cadre des efforts collectifs visant le relèvement de ce Continent.

 

Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) qui tend à jeter les bases d'un développement harmonieux de l'Afrique, intégrant les valeurs démocratiques, la bonne gouvernance, la solidarité et l'équité a permit notamment de renforcer les initiatives visant la lutte contre la corruption.

 

Par ailleurs, l'adoption, dans le courant de l'année 2003, de la Convention africaine de prévention et de lutte contre la corruption par le Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernements Africains illustre la détermination de nos pays à agir aussi bien au plan individuel qu'au plan collectif contre le fléau de la corruption.

 

L'union africaine a, de ce fait, définitivement intégré la lutte contre la corruption parmi les activités prioritaires de ses principaux organes directeurs et a décidé, dans ce cadre, la mise en place du Comité consultatif sur la corruption et les infractions assimilées, chargé du suivi de l'application de la Convention africaine.

 

Monsieur le Président,

 

La corruption est un phénomène qui transcende les frontières et qui ne peut donc être combattue que par la conjugaison des efforts de tous.

 

Dans ce sens, mon pays se félicite de ce que la Convention prévoit un renforcement de la coopération internationale.

 

II reste que l'ensemble des pays est interpellé sur la nécessité de mettre en place le cadre national requis pour le renforcement de cette coopération et la consécration, dans les faits, des principes énoncés dans la Convention et notamment en ce qui concerne la consécration du droit des pays à recouvrer les fonds détournés et les produits de la corruption.

 

Monsieur le Président,

 

II parait important de souligner enfin, la nécessité de tout mettre en oeuvre pour que ce nouvel instrument recueille, dans les délais les plus bref les signatures et ratifications requises pour son entrée en vigueur.

L'Algérie, pour sa part, s'engage à tout mettre en oeuvre pour contribuer à cette oeuvre louable des Nations-Unies.

Je souhaite plein succès aux travaux de la présente Conférence et vous remercie de votre attention.