VANUATU

ALLOCUTION DE

SON EXCELLENCE L'HONORABLE SERGE VOHOR RIALUTH

VICE PREMIER MINISTRE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, DU COMMERCE EXTERIEUR

ET DES TELECOMMUNICATIONS DE LA REPUBLIQUE DE VANUATU

LORS DE LA 58ème REUNION DE L ASSEMBLEE GENERALE DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU)

LE 1er OCTOBRE 2003, NEW YORK E.U.


M. Le Président
M. Le Secrétaire Général
Excellences
Distingués Délégués

Permettez-moi d'adresser à cette auguste assemblée les chaleureuses salutations du Gouvernement et du Peuple de la République de Vanuatu.

M. le Président,

Avant tout, recevez mes sincères félicitations pour votre nomination en tant que Président de cette 58ème réunion de l'Assemblée Générale des Nations Unies.

Vous avez pris les reines de la Présidence à un moment extrêmement difficile, tumultueux et complexe. En effet, les séries d'évènements regrettables qui ont mis en péril les pouvoirs politiques et idéologiques lesquels constituent les fondements universels de l'ONU à pouvoir aisément oeuvrer au maintien de la Paix et de la sécurité de part le Monde.

M. le Président,

Face à la complexité et l'énormité des défis actuels auxquels nous sommes confrontés, ma délégation et moi-même solennellement vous apportons notre soutien et entière coopération.

La tache du Secrétariat Général s'avère l'une des plus difficiles en particulier lorsque les principes fondateurs mêmes de l'Organisation sont compromis voire tout simplement écartés dans l'intérêt propre de quelques membres. Le Gouvernement du Vanuatu reconnaît avec admiration l'exceptionnelle autorité et clairvoyance ainsi que les qualités de diplomates de M. Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies. La sagesse ainsi que la persévérance dont il a fait preuve ont permis aux Etats membres de porter davantage d'effort à rendre les actions de l'ONU plus efficaces et adaptées dans le maintien de la paix dans le monde tout en maintenant l'accent sur les priorités de développement notamment des petites économies et Etats insulaires tel que le Vanuatu.

M. le Président,

En toute franchise, nous participons à cette réunion avec des pensées confuses en ce qui concerne le devenir de notre organisation.
Ceci résulte du fait qu'une minorité de puissances parviennent à influencer le système dans leur propre intérêt au détriment des principes et du mandat qui reviennent de droit à l'ONU.

Ayant entre autres comme mission d'oeuvrer vers la coexistence pacifique entre les peuples et les nations, l'ONU se retrouve compromise par des initiatives unilatérales de certaines puissances. Cette question relève de la responsabilité de ses membres. Il nous faut adresser cette situation dans le but de rétablir l`ONU dans son rôle central dans la résolution des conflits. Nous ne pouvons concevoir d'action unilatérale dans l'avenir sans risquer de paralyser l'organisation elle-même.

La détérioration de l'ordre, de la justice et les divers conflits surgissant de part le monde sont particulièrement inquiétantes.
Si le système international continue à être influencé par certaines puissances, l'avenir demeurera incertain maigre les efforts individuels des Etats membres et les innombrables résolutions de cette auguste Assemblée.
Au fil de ces dernières années, l'environnement géo-politique international a dramatiquement été bouleversé.
Des actions irresponsables ont déclenché tant de haine et d'amertume compromettant ainsi la paix et l'harmonie mondiale.
Les principes fondamentaux qui justifiaient l'existence de l'ONU sont désormais remis en cause, il est de notre devoir de redéfinir explicitement et clairement les nouveaux objectifs et encore renforcer les principes fondateurs.

Divers événements pénibles ont survenus et d'innombrables vies innocentes ont été détruites, telles sont les réalités actuelles. Je tiens a saisir cette opportunité pour rendre hommage aux membres du Secrétariat lesquels ont tragiquement péri dans l'exercice de leurs fonctions respectives et présenter nos condoléances au Secrétariat de l'ONU ainsi qu'aux familles des victimes de cet acte brutal et calomnieux.
Cet acte de violence barbare et inhumaine nous peine toutes et tous. Je me joins aux précédents orateurs pour condamner cet acte brutal.

Malheureusement, certains d'entre-nous ont contribué a la situation actuelle. Une rapide revue des évènements passés montre incontestablement que les divers conflits mondiaux, guerres, famine, sécheresse, épidémie, pauvreté et dégradation écologique ne cessent d'augmenter. Bon nombre de pays en voie de développement sont confrontés à la diversité des difficultés de développement , à savoir, l'accroissement du chômage qui contribue à la dégradation sociale. Dans plusieurs cas, la destruction des acquis sociaux et culturels par les force de la globalisation et de modernisation ont accentué les sentiments de haines et d'amertume.

Les grandes lignes de développement futur ont été tracées mais le succès de leur mise en oeuvre demeure sujette à la volonté politique et surtout aux engagements financiers des pays industrialisés.
Cependant je demeure optimiste et me remet à votre sagesse Monsieur le Président pour nous guider vers un meilleur avenir.

M. le Président,

Alors que le combat mené contre le terrorisme et la normalisation dans certains pays sont à l'ordre du jour, nous ne devons dévier notre attention des questions de développement qui minent l'avenir des pays en voie de développement. Des ressources considérables seront consacrées aux questions de sécurité alors qu'une partie minime de cette manne suffirait à satisfaire les besoins des pays en voie de développement.

L'environnement constitue un autre domaine de préoccupation. En appui aux allocutions précédentes des Etats insulaires du Pacifique, nous continuons à encourager les pays qui ne l'ont pas encore fait de bien vouloir procéder le plus-tôt possible à la ratification du Protocole de Kyoto.

M. le Président,

Comment expliquer à nos peuples que certaines obligations internationales ne pèsent en priorité qu'aux petits Etats alors que les super puissances ne semblent nullement concerner voire même hostiles et n'hésitant pas à imposer toute une série de conditions contribuant à l'absence de développement que l'on peut même qualifier d'ingérence politique et économique.

Ainsi l'imposition unilatérale et le maintien de l'interdiction de vente de produits contenant du kava en Europe constituent un exemple de cette attitude discriminatoire unilatérale. Les pays européens concernés ne semblent tenir comptent des études scientifiques spécifiques établissant l'absence de lien entre le kava et les maladies de reins telles que l'avaient avancé les autorités sanitaires de certains pays européens.

De même, les menaces de sanctions économiques avancées par l'OCDE à l'encontre des paradis fiscaux du Pacifique, tout en exceptant les mêmes juridictions européennes, ne donnent aucune alternative que celle d'accepter les conditions imposées sans aucune considération des économies concernées. Depuis notre acceptation de principe des conditions de l'OCDE, nous n'avons reçu aucune indication de cette organisation de la contre-partie qu'elle serait en mesure d'apporter en cas de perte économique.

Malgré l'opposition de la région du Pacifique au transport de déchets nucléaires dans les eaux de la région, certaines puissances font preuve d'une absence totale de respect envers la souveraineté des petits Etats insulaires du Pacifique. Il ne s'agit pas uniquement d'une question d'environnement et de protection de nos ressources naturelles contre toute catastrophe mais bien davantage d'éthique. En d'autre terme, nous déplorons l'absence totale de respect envers les petits Etats insulaires du Pacifique en tant que membre à part entière de la communauté internationale.

Il est de nos jours communément admis que le commerce constitue le moteur du développement. Cependant comme d'autres pays de tailles similaires, le Vanuatu fait face à certaines restrictions tarifaires et non-tarifaires aboutissant à l'inaccessibilité de nos produits agricoles en particuliers aux marchés souvent qualifiés de « libres ».

M. le Président,

Comme vous le savez, l'alignement des lois nationales aux conventions internationales entraîne des coûts souvent disproportionnés pour les petits pays. Dans presque la plus part des cas, la question des contraintes des ressources nationales, tant financières que techniques, demeure totalement ignorée alors qu'il serait capital d'y tenir compte pour le succès de tout programme d'action résultant d'un engagement international.

M. le Président,

Nous ne devons perdre de vue le principe fondamental d'autodétermination. Nous réitérons qu'il est de la crédibilité des Nations Unies d'assurer le suivi de la- mise en oeuvre de toute réforme visant à reconnaître le droit des peuples à disposer d'euxmêmes dans le respect des autres peuples et de la Charte des Nations Unies. Ainsi nous nous félicitons des efforts déployés par le Gouvernement indonésien pour ouvrir et maintenir le dialogue avec les différentes composantes sociales et minoritaires et de celles de la Papouasie occidentale dans le respect des droits de l'homme et de la liberté d'expression.

De même, nous saluons et reconnaissons les rôles positifs ainsi que les efforts déployés par l'Australie et la Nouvelle Zélande, après une décision sans précédente des pays de la région, dans le rétablissement et le maintien de l'ordre, de la sécurité et de la paix dans la région et en particulier dans les îles Salomons.

Enfin, Monsieur le Président, nous acclamons le Président français, Monsieur Jacques Chirac d'avoir initie une réunion au sommet des Chefs d'Etats et de Gouvernement de la région du pacifique sud en juillet dernier dans le but de renforcer notre coopération.

M. le Président,

Je me remet à votre sagesse pour assurer que toutes les théories exposées devant cette auguste assemblée soient suivies de mesures concrètes et pratiques. Il est de notre devoir d'oeuvrer collectivement au travers d'institutions multilatérales à contribuer à résoudre et à surmonter les difficultés et défis dont nous faisons face. Pour ce faire, il nous faut sans cesse revoir les structures mêmes de l'ONU. Les différentes initiatives unilatérales ont mis à jours les limites de la structure actuelle entraînant un affaiblissement de l'approche multilatérale. Un bon nombre de super puissances ne sont en mesure de partager une partie de leur autorité au sein des Nations Unies et semblent préférer le statu quo. Les principes de démocratisation et de transparence prêchée par la plus part des membres doivent être prises en compte dans la réorganisation et dans le processus de décision de notre Organisation.

A cet égard, ma délégation appui la révision des membres permanents du Conseil de Sécurité afin d'y inclure le lapon, un représentant du continent africain, du Moyen Orient et de l'Organisation des petits Etats insulaires. Une telle reforme apporterait plus de transparence, rétablirait la confiance et améliorerait la coopération internationale. Ma délégation tient à fermement appuyer les propositions débattues et en particulier celle de la nomination d'un groupe de dirigeant représentant les différentes régions et les grandes catégories d'économies pour lancer cette importante mission. La révision tant attendue se réaliserait enfin.

Monsieur le Président,

Il nous faut saisir cette occasion inestimable de renouveler et renforcer l'Organisation des Nations Unies afin de lui doter des qualités nécessaires à relever les défis de notre époque. Renforcer la cohésion et l'unité de notre grande communauté des nations serait un formidable défi que nous sommes prêts à relever et vous y apportons notre soutien total et sans condition.

Si nous vous avons fait part de nos préoccupations, c'est dans le but de souligner les injustices et contradictions de la situation actuelle et nous vous assurons de notre soutien et engagement à voir notre Organisation revitalisée et en mesure de répondre aux aspirations de tous ses membres, petits et grands, riches et pauvres, puissants et faibles.

M. le Président,

Les contradictions de principe, la montée du terrorisme, la souffrance humaine, l'émergence de conflit dans les régions normalement paisibles combinés aux injustices de la globalisation constituent autant d'ingrédients d'une catastrophe avenir.

En concluant, ma délégation demeure convaincue que seule une Organisation des Nations Unies revigorée serait en mesure de contribuer durablement à la paix et la sécurité dans le monde.

Merci de votre aimable attention.