PRINCIPAUTÉ DE MONACO

ALLOCUTION DE

SON EXCELLENCE MONSIEUR PATRICK LEDERCG

AU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA 58ÈME SESSION DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE C7 DES NATIONS UNIES

25 SEPTEMBRE 2003 NEW YORK

 

Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégation, Mesdames et Messieurs les Délégués,


Mes premiers mots sont naturellement pour vous féliciter, Monsieur le Président, de votre élection à la Présidence de cette 58ème session de l'Assemblée Générale. Elle offre un témoignage bienvenu de l'égalité souveraine des Etats auquel le représentant de la Principauté de Monaco ne peut qu'être tout particulièrement sensible. Soyez assuré, ainsi que les Membres du Bureau, de notre soutien dans votre haute mission au service de la communauté internationale.

Mes félicitations vont aussi au Secrétaire Général dont chacun peut mesurer les efforts inlassables pour faire prévaloir les idéaux auxquels s'identifie notre Organisation en prenant en compte, avec courage et lucidité, les défis de notre temps. A cet égard, les tragiques circonstances de l'odieux attentat survenu à Bagdad le mois dernier appellent à rendre un hommage particulier à l'ensemble du personnel des Nations Unies et à saluer, avec respect et émotion, la mémoire de ceux qui, parmi lui, ont illustré, par le sacrifice de leur vie, la force et la grandeur d'un engagement au profit de valeurs que seule notre Organisation peut incarner avec légitimité.

En rejoignant les Nations Unies il y a maintenant 10 ans, la Principauté s'est engagée à assumer de façon effective les obligations qui incombent à tous les Etats membres et à participer, à la mesure de ses moyens, à la promotion de ces valeurs qui nous réunissent. Cet engagement, nous y sommes d'autant plus fidèles que, pour un petit Etat tel que Monaco, il importe particulièrement que tous se trouvent liés par les mêmes règles dans leurs comportements internationaux et que chacun se voit reconnaître une égale dignité et un même droit au respect.

Sans doute l'écart demeure-t-il important et parfois même criant entre les ambitions que nous affichons collectivement et les situations effectives que nous observons ou qu'hélas, nombre d'entre nous subissent. Sans doute aussi serait-il vain de méconnaître les différences profondes qui peuvent exister entre les Etats tant dans leurs caractéristiques que par leur poids dans les affaires du monde. Mais il est essentiel qu'il y ait un lieu, une enceinte, où nous nous trouvons tous contraints de confronter nos manières de faire ou d'être avec les principes qui sont censés guider nos actions, contraints ainsi à procéder à notre examen de conscience, contraints en somme à rendre des comptes en tant que membres de la communauté internationale par rapport aux exigences collectives de celle-ci.

C'est pourquoi il est si important d'oeuvrer pour rendre notre Organisation plus efficace afin que le respect de nos principes et de nos objectifs l'emporte sur l'apparente facilité de l'action auto justifiée, afin qu'ainsi prévale sur l'unilatéralisme la démarche en commun, fruit du dialogue. La Principauté de Monaco soutient donc, par principe mais aussi par raison, toutes les initiatives tendant à renforcer nos mécanismes collectifs et, notamment, celles de notre Secrétaire Général en application de la Déclaration du Millénaire telles que présentées à l'ouverture de la présente session.

Dans le même esprit, elle attache une importance particulière à la mise en oeuvre effective de la résolution de notre Assemblée Générale visant le suivi des textes résultant des grandes conférences et réunions tenues sous l'égide de notre Organisation dans les domaines économique et social. A quoi serviraient, en effet, ces vastes rassemblements où chacun fait assaut de grandeur d'âme et affiche sa générosité si les engagements qui les concluent demeurent sans suite ou ne comportent pas les moyens d'en vérifier l'application ? Ce sont l'autorité des Nations Unies et la confiance placée en elles qui en seraient affectées alors même qu'elles ont considérablement élargi le champ de leurs intérêts pour se mettre en mesure de traiter effectivement des problèmes de notre temps dans une conception globale de leur responsabilité permanente au regard de la paix, de la sécurité et du développement. Frustrée dans ses attentes, la société civile, aujourd'hui très présente dans tous les débats qui l'implique, n'en viendrait-elle pas à vouloir prendre le relais par des voies qui lui seraient propres et qu'animerait sans doute un esprit de confrontation ?

Monsieur le Président,

Tout en participant aux multiples travaux développés dans cette enceinte, un petit pays tel que la Principauté de Monaco se doit de prendre une mesure raisonnable de la contribution qu'il peut apporter à l'action internationale. C'est ce qui nous conduit à concentrer nos efforts sur les domaines relevant du développement durable et de l'action humanitaire avec le sentiment que l'expérience acquise nous permet, au-delà de nos limites humaines et matérielles, de faire oeuvre utile d'autant que nous nous appuyons sur des ONG monégasques très dynamiques et bénéficiant de soutiens locaux particulièrement généreux auxquels je suis heureux de pouvoir témoigner notre appréciation.

Ces domaines d'action privilégiés sont, pour Monaco, l'éducation, la santé, la protection de l'enfance, l'aide au développement, la protection de l'environnement. Il s'agit de nombreuses réalisations sur le terrain, c'est-à-dire plus spécialement en Afrique, avec le doublement de notre aide depuis l'adoption du programme NEPAD, ainsi que sur le pourtour méditerranéen ; elles s'assortissent de participations actives aux enceintes où se traitent ces diverses situations.

La Principauté s'attache à des projets concrets - écoles, centres de formation professionnelle, établissements de soins, investissements de proximité facilitant la promotion économique des communautés villageoises avec la mise en oeuvre de programmes de microfinancement - tous projets destinés à améliorer directement les conditions de vie de ceux qui en bénéficient.

Dans le domaine de l'environnement où la Principauté s'est illustrée de longue date pour ce qui touche plus particulièrement à la protection du milieu marin puisqu'un de ses Souverains, le Prince Albert Ier, a contribué à fonder, à la fin du XIXème siècle, l'Océanographie, son expérience l'a conduite à être retenue pour participer au prochain Conseil du Programme des Nations Unies pour l'Environnement. Elle est aussi à l'origine de nombreuses initiatives touchant d'abord à la protection de son environnement immédiat que constitue la Méditerranée mais aussi d'une portée plus générale pour la surveillance des pollutions et le maintien de la biodiversité dans une perspective à long terme de soutien au développement durable.

Avec la volonté résolue de participer aux efforts de la communauté internationale pour lutter contre les défis les plus récents auxquels celle-ci doit faire face, Monaco s'est attachée à ratifier les douze principaux textes internationaux relatifs au terrorisme en mettant aussi en place les structures administratives adéquates, de même qu'elle a été le premier Etat à ratifier
la Convention contre la criminalité transnationale organisée qui entrera en vigueur dans quelques jours, c'est-à-dire le 29 septembre. Elle se prépare également à accueillir, le mois prochain, le Sème Sommet contre le crime transnational organisé par les Nations Unies et le Conseil de l'Europe et rassemblant des représentants des gouvernements et du secteur privé. Dans le même esprit elle s'associe, dans toutes les enceintes appropriées, au renforcement de la lutte contre le trafic des stupéfiants ou la traite des êtres humains avec les flux financiers illégaux qu'ils engendrent ou entretiennent.

Ai-je besoin de souligner, par ailleurs, l'attachement tout naturel à la paix et à la sécurité d'un pays aussi sensible à son environnement que peut l'être Monaco même si, en l'absence de force armée, il ne lui revient pas de prendre part aux actions collectives menées sous le drapeau des Nations Unies. C'est sous l'angle humanitaire qu'il ne manque pas d'apporter sa contribution en aidant les populations civiles, victimes des combats et des bouleversements ou atrocités qui trop souvent aujourd'hui les accompagnent comme on le voit en particulier sur le continent africain. En solidarité symbolique nous célébrons en Principauté la Journée internationale de la Paix, le 21 septembre, de même que nous nous associons à la Trêve Olympique, compte tenu, en particulier, de notre implication dans l'olympisme qu'illustre la participation déjà de longue date du Prince Héréditaire Albert au Comité International Olympique. Dans cet esprit, nous nous félicitons de l'inclusion d'un nouveau point à l'ordre du jour de cette session intitulé « Année Internationale du Sport et de l'Education Physique » puisqu'il a pour objet de mettre en relief ce qui a toujours été notre motivation, c'est-à-dire le rôle éminent du sport dans la promotion des relations entre les peuples, en favorisant leur compréhension mutuelle et le dialogue interculturel, facteurs de paix et de développement.

Monsieur le Président,

Au terme de cette déclaration, j'espère avoir fait ressortir le profond attachement de la Principauté de Monaco à l'Organisation mondiale qu'elle a rejoint il y a 10 ans à l'initiative de S.A.S. le Prince Rainier III, alors convaincu que Son pays y trouverait à la fois sa meilleure illustration internationale, une protection dans un monde incertain et une capacité à manifester utilement sa solidarité. Etant tout naturellement ouvert sur l'extérieur, il y a aisément trouvé sa place parmi vous.

Reconnaissante pour ce que les Nations Unies lui ont apporté, notre Principauté s'efforce, pour sa part et à sa mesure, de les aider à réaliser leurs objectifs avec la conviction que ce dont la communauté internationale a besoin ce sont des Etats membres fiables. Or, la fiabilité n'est pas une question de taille mais de volonté ; c'est cette volonté qui nous anime et nous guide.