MALI

INTERVENTION DE

S.E.M. LASSANA TRAORE,
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DE LA COOPERATION INTERNATIONALE DEVANT LA 58EME SESSION ORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE DE L'ONU

New York, le 25 Septembre 2003

 

Monsieur le Président,

Permettez moi tout d'abord de vous adresser mes chaleureuses félicitations et mes voeux ardents de succès dans l'accomplissement de l'importante mission qui vous a été confiée. Votre élection à la présidence de la 58ème Session de l'Assemblée Générale constitue un bel hommage de la Communauté Internationale au peuple de Sainte-Lucie. Je suis persuadé qu'avec votre expérience ainsi que vos éminentes qualités intellectuelles et morales, vous conduirez nos délibérations de manière distinguée et nos travaux se dérouleront dans le meilleur esprit.

A votre prédécesseur, Son Excellence Monsieur Jan Kavan, je voudrais exprimer les félicitations de la Délégation du Mali pour la compétence, le dévouement, l'esprit d'initiative et l'autorité avec lesquelles il a dirigé les travaux de la 57ème Session de l'Assemblée Générale.

Je saisis cette occasion solennelle pour rendre un hommage bien mérité au Secrétaire Général de notre organisation commune, Monsieur Kofi Annan, pour son attachement aux idéaux des Nations Unies.

Puisse Dieu guider nos pas et nous éclairer tous dans la recherche de solutions durables aux problèmes brûlants auxquels l'humanité est aujourd'hui confrontée !

Monsieur le Président,

La présente session s'ouvre dans un contexte où l'Organisation des Nations-Unies se trouve encore placée devant des défis existentiels, qui ont incliné l'humanité, il y a cinquante huit ans à se doter d'un instrument habillé aux couleurs de l'Espoir et capable de les conjurer.

Il s'agissait, rappelons-le, de libérer les hommes des démons de la guerre et de l'insécurité ; il s'agissait pour conforter cet état de grâce, cet état de réconciliation de l'homme avec lui-même, de créer les conditions du recul de la misère matérielle, de la précarité, de la pauvreté.

Monsieur le Président,

Des foyers de tension, de braises et de fumée existent et se développent en maints endroits ; la misère et la détresse constituent le lot quotidien de nombreux habitants de la terre, particulièrement en Afrique.

Des experts ont pu affirmer que la décennie 80 fut une décennie perdue pour le développement en Afrique en raison de l'affaissement des taux de croissance et de la, détérioration de la qualité de la vie.

La décennie 90, on le sait, fut particulièrement éprouvante pour les Nations-Unies par rapport aux objectifs et aux buts qui fondent et justifient son existence.

Le nouveau millénaire a soulevé d'immenses espoirs et voilà qu'à peine terminons-nous d'en écrire la troisième page, que de nouveaux défis assaillent l'humanité, que d'autres interrogations se présentent et auxquelles, il faut apporter des réponses appropriées pour que notre organisation reste elle-même et poursuive ses buts sans subir un « détournement catégoriel ».

Interrogeons-nous
- Comment combattre efficacement le terrorisme sous toutes ses formes ?
- Quel rapport établir entre la force du droit et le droit de la force s'il était reconnu à la force un droit ?
- Quel rapport établir entre la souveraineté des Etats et le vécu de la mondialisation ?
- Quel rapport établir entre le développement sélectif et égoïste et l'exigence d'équité, de justice et de stabilité qu'expriment les sociétés civiles du monde.

Monsieur le Président,

L'accumulation des défis, la persistance de certaines interrogations inclinèrent certains observateurs à douter de la pertinence et de la légitimité de l'Organisation des Nations-Unies.

Il n'est pas juste de céder à un tel pessimisme et d'aller à une telle extrémité.

Nous avons noté les efforts soutenus que déploie l'Organisation sous l'impulsion du Secrétaire Général, Monsieur Kofi ANNAN pour poursuivre ses buts et faire respecter les principes nobles généraux de sa Charte.

Pour le Gouvernement du Mali, l'ONU demeure un instrument de grande valeur ; définir les règles du jeu est une chose, les faire appliquer sous l'oeil vigilant d'un arbitre impartial disposant de l'autorité nécessaire et des moyens conséquents en est une autre. Nous devons oeuvrer pour que l'Organisation des Nations-Unies soit cette autorité, cet arbitre.

L'Organisation des Nations-Unies est et demeure l'incarnation vivante de notre espoir de paix et de notre foi en l'avenir des peuples du monde.

Le Mali pour sa part, sous la haute direction de Monsieur Amadou Toumani TOURE, Président de la République est résolument engagé à soutenir l'ONU dans la réalisation de ses objectifs à savoir le plein épanouissement de l'humanité toute entière.

Au plan national il est résolument engagé à renforcer les institutions républicaines et communautaires, à promouvoir la démocratie et les droits humains, à imprimer une nouvelle dynamique à la bonne gouvernance, à la croissance économique et au développement durable.

Monsieur le Président,

La paix et la sécurité sont quelques unes des valeurs cardinales que les peuples du monde entier ont en partage et voudront véritablement chérir. Elles sont aussi des conditions sine qua non à l'épanouissement social et au développement économique. Aussi, devrions-nous faire en sorte de les instaurer partout dans le monde, et par tous les moyens. Cela veut dire qu'il nous faut mettre fin aux différents conflits qui attisent le feu de la violence. Mais il est illusoire de vouloir gérer les grands conflits et les questions de sécurité, en général, en dehors du cadre multilatéral.

Dans sa démarche, le Mali s'est pleinement engagé sur le double front de la prévention et de la gestion des conflits. Au plan sous-régional, l'envoi de troupes au Libéria et l'engagement personnel de son Président aux côtés du gouvernement et du peuple ivoiriens dans la recherche de solutions politiques concertées dans la crise que traverse ce pays frère témoignent du prix que nous accordons à la paix et la stabilité.

Sur le plan continental, notre pays poursuivra sans relâche au sein de l'Union Africaine les efforts inlassables qu'il n'a cessé de consentir depuis la création de l' OUA au service de la stabilité, gage de tout développement économique, social et culturel.

Aussi, le Mali invite t-il tous les Etats à privilégier l'approche multilatérale, la coopération sous-régionale et régionale, la solidarité internationale dans le strict respect de la souveraineté des Etats. Voilà pourquoi nous souscrivons largement aux efforts déployés par la Communauté Internationale, sous l'égide des Nations Unies, pour alléger les souffrances humaines, et affirmons ici notre disponibilité à apporter notre assistance partout où elle sera utile.

La situation qui prévaut au Moyen Orient en général, et singulièrement le conflit en Irak, demeure un sujet brûlant de l'heure et une préoccupation majeure pour la communauté internationale. Il convient de rappeler aux protagonistes de ces conflits que la guerre n'est jamais autre chose qu'un échec politique et que la paix a ses victoires non moins célèbres que celles de la guerre.

La paix entre Palestiniens et Israéliens sera encore plus célèbre que celle de toutes les guerres réunies. Les protagonistes devraient en prendre conscience.

Certes, l'acceptation, il y a quelques mois, de « la feuille de route » par les deux parties a été saluée dans le monde entier comme une évolution positive dans le règlement pacifique de ce conflit. Mais les lenteurs constatées et les menaces récentes qui jalonnent sa mise en oeuvre dénotent, pour le moins, d'énormes difficultés dans la marche du processus de paix. La reprise d'un véritable dialogue franc et direct entre Israéliens et Palestiniens constitue une condition sine qua non au règlement pacifique du conflit. Nous en appelons aussi au Quartet pour agir davantage sur les acteurs de ce conflit, afin que les obstacles rencontrés dans la mise en oeuvre de la « feuille de route » soient surmontés.

En outre, nous invitons la communauté internationale à apporter aide et assistance au peuple et à l'Autorité palestinienne, parce que la destruction des infrastructures palestiniennes, les restrictions imposées du fait de l'occupation ont provoqué une détérioration notoire du tissu socioéconomique de la société palestinienne. Il faut craindre par ailleurs que cette stratégie de destruction ne soit désormais une constante dans la manifestation des conflits en général.

Monsieur le Président,

Le terrorisme constitue l'une des menaces les plus graves à la sécurité humaine. La lutte contre ce fléau passe par le renforcement des capacités nationales et régionales, après la phase de la ratification des différents instruments internationaux. Il convient ici de rappeler que le Mali a ratifié tous les instruments juridiques internationaux sur le terrorisme et ceux relatifs à la criminalité transnationale organisée, ainsi que son Protocole additionnel .

Notre sécurité collective dépendra de notre capacité à régler les problèmes mondiaux. Aussi est-il impérieux de renforcer les capacités nationales et régionales afin de créer les conditions d'une riposte efficace et radicale au fléau du terrorisme.

Il est déjà très encourageant de constater que la communauté internationale et singulièrement les Nations Unies font de la lutte contre la prolifération des armes légères une préoccupation majeure. Ceci est d'autant réconfortant que ces dix dernières années, les armes légères ont lourdement pesé sur le destin des peuples africains. Leurs effets néfastes ont porté un grand coup à la dignité humaine, à la liberté et à la sécurité.

La circulation illicite des armes légères, en plus de ses effets désastreux pour l'espèce humaine, est un phénomène qui sape les fondements du développement économique et social. C'est l'occasion pour moi de me féliciter encore une fois de la mise en place par la CEDEAO d'un Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité.

L'Union Africaine à travers la Déclaration de Bamako et l'ONU à travers son programme d'actions sur le commerce illicite des armes légères et de petits calibres sous tous ses aspects ont contribué à appuyer la pertinence de ce combat.

Le Mali qui assure, depuis le 10 mai 2003, la présidence du Réseau de la Sécurité Humaine, invite tous les états à se joindre à lui afin de faire aboutir l'initiative de la « Convention cadre sur les transferts internationaux des armes » en cours d'élaboration, dont la campagne de lancement est prévue en octobre prochain à Bamako. Ceci constituerait un pas significatif dans la mise en oeuvre du mandat donné par les Chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEDEAO pour la transformation du Moratoire sur les armes légères en convention internationale.

Par ailleurs, le Mali reste profondément préoccupé par le phénomène des enfants soldats et en appelle à des actions énergiques visant à y mettre fin si nous voulons préserver les générations futures du fléau de la guerre.

Monsieur le Président,

Mon pays est pleinement engagé aux côtés d'autres nations dans le cadre du Réseau de la Sécurité Humaine où il apporte sa modeste contribution à la réduction de la souffrance que des millions de personnes endurent en raison de l'impact négatif des crises et des conflits armés.

Sous l'effet de multiples facteurs, le niveau de sécurité de la population mondiale s'est considérablement détérioré ces dernières années. Aujourd'hui encore, dans beaucoup de pays africains, les populations sont souvent prises en tenailles dans le tourbillon des conflits, entre guérillas, rébellions, guerres civiles, guerres ethniques, guerres de clans, affrontements entre milices des seigneurs de guerre et forces régulières. Dès lors le développement d'une stratégie politique fondée sur l'idée de sécurité humaine devient une priorité et une urgence qui s'impose. A cet effet, une douzaine d'Etats se sont regroupés, depuis 1999, au sein d'un « Réseau de Sécurité Humaine » afin de coordonner et d'intensifier les efforts en faveur d'une sécurité humaine accrue. Outre le Mali, le Réseau est composé de l'Autriche, du Canada, du Chili, de la Grèce, de l'Irlande, de la Norvège, de la Slovénie, de la Suisse et de la Thaïlande. L'Afrique du Sud y est à titre d'observateur.

Le Mali a inscrit comme priorités de son mandat à la tête de ce Réseau les thèmes de l'Education aux droits humains, les Enfants dans les conflits armés, la lutte contre la prolifération des armes légères, le genre dans les opérations de maintien de paix, la sécurité alimentaire.

Monsieur le Président,

Au plan économique, le Gouvernement du Mali s'efforce par des mesures fiscales incitatives d'attirer les investissements nationaux et internationaux, notamment vers les filières productives du coton, des mines et de l'élevage. Mais ses efforts sont freinés par les effets de la mondialisation. Si l'on a espéré un moment que la mondialisation a été une chance pour le développement, nul ne saurait contester qu'elle contribue aujourd'hui à creuser les écarts entre les pays riches et pauvres. Il convient d'ouvrir plus largement ses perspectives vers le développement durable, seul moyen d'assurer l'avenir de nos états et, partant, de notre planète. Cela ne peut se concevoir sans des mesures d'accompagnement de l'aide publique au développement comme la réduction, voire l'annulation de la dette qui hypothèque nos efforts de développement, la création d'un véritable partenariat qui permette aux pays africains de diversifier leurs exportations et surtout, d'accéder aux marchés des produits agricoles.

Dans ce domaine agricole en particulier, c'est moins la pauvreté qui est scandaleuse que les conditions qui engendrent cette pauvreté. Pour ne prendre qu'un exemple, entre autres, le Mali souffre au même titre que d'autres états ACP de la concurrence avec le coton des pays développés qui apportent chaque année cinq fois plus de subventions à leurs agriculteurs que d'aide au développement. Or, ces subventions ont un effet direct sur la baisse des cours mondiaux du coton qui sont à leur plus bas niveau depuis vingt ans. Cette politique de subvention à la production et à l'exportation du coton par certains pays développés doit être abandonnée parce que contraire aux règles et principes du système commercial multilatéral. Elle ruine les économies africaines, prive nos paysans de leur part du marché mondial et aggrave la pauvreté que nous nous sommes engagés à éliminer lors du Sommet du millénaire.

Des recommandations ont été faites à Doha, à Abidjan et à Accra et des actions ont été engagées auprès de l'OMC par certains pays dont le Mali, dans le but de trouver des solutions aux conséquences néfastes de ces subventions. Compte tenu du rôle stratégique que joue le coton dans les économies des pays producteurs, les organes de l'OMC doivent se saisir de la question pour accorder à ce produit le caractère spécifique qu'il mérite et trouver des solutions durables aux préjudices économiques que subissent nos pays dans l'espace ACP.

A ce sujet, ma délégation salue la récente décision de l'Union Européenne de remédier, de toute urgence, aux conséquences négatives des subventions et invite les pays développés à appliquer intégralement les mesures envisagées par l'OMC afin d'accroître la compétitivité et favoriser un meilleur écoulement de nos produits. A ce propos, le suivi des conclusions du Sommet mondial consacré au financement du développement en vue de la réduction de la pauvreté dans le monde, des conférences ministérielles de Cancun sur le commerce ainsi que le Sommet de Johannesburg pour le développement durable constituent des priorités de l'heure et appellent des efforts soutenus de la communauté internationale.

Aussi, est-il utile de souligner la nécessité de traduire en actes les importantes recommandations issues du récent Sommet sur la désertification tenu à La Havane, tant la préservation de l'environnement devient de plus en plus indispensable.

Sur un tout autre chapitre, le Mali se félicite de l'adoption du programme d'action d'Almaty dont l'objectif est de parvenir à des partenariats susceptibles de mieux répondre aux besoins spéciaux des pays en développement sans littoral. Ce programme nous paraît devoir à la communauté internationale, un nouveau cadre de coopération en matière de transport et de transit capable d'aider les pays en développement sans littoral, à s'intégrer dans l'économie mondiale et à accélérer le développement économique et social.

Pour ce faire, il est impérieux que ce programme d'action soit mis en oeuvre de manière diligente, à tous les niveaux, avec le concours actif des partenaires techniques et financiers des pays en développement sans littoral.

Monsieur le Président,

Face aux grandes mutations que connaît aujourd'hui le monde et les multiples défis qui l'interpellent, l'Afrique a décidé de concrétiser sa volonté d'agir par deux initiatives : la création de l'Union africaine (U.A) et le lancement du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Ces deux initiatives représentent une vision claire et courageuse de la manière dont l'Afrique entend prendre ses responsabilités vis-à-vis de son propre développement et de sa pleine intégration à l'économie mondiale.

En effet, l'historique Sommet de Durban, qui lancé l'Union Africaine, a ouvert des perspectives prometteuses aux peuples et aux dirigeants africains dans leur lutte pour l'édification d'une Afrique nouvelle, unie, stable et prospère. Nous devons désormais faire montre de volonté politique et d'engagement pratique. Voilà pourquoi, dans un grand élan de créativité et de solidarité, l'Afrique tout entière a initié le NEPAD qui, nous en sommes convaincus, nous permettra d'amorcer un véritable décollage économique du continent, axé sur la bonne gouvernance et une meilleure intégration des économies africaines dans le marché mondial. Véritable programme de développement intégré de l'Afrique, le NEPAD a le mérite de définir les conditions préalables indispensables du développement du continent, à savoir la paix et la sécurité, l'état de droit, la bonne gouvernance et la croissance économique. Il est pour nous l'espoir même pour un développement durable et nous nous félicitons de son adoption par l'ONU comme base de ses futures relations avec l'Afrique.

Nous apprécions hautement l'engagement pris par la Communauté Internationale, ici même au siège des Nations Unies, d'appuyer ce vaste chantier de développement de l'Afrique et nous saluons l'action du G8 qui a commencé à mettre en oeuvre des programmes visant à concrétiser les engagements pris dans le Plan d'Action pour l'Afrique. Nous souhaitons que cet exemple soit suivi par la Communauté Internationale parce que la mise en oeuvre du NEPAD nécessite un soutien substantiel et effectif. Le NEPAD est aujourd'hui le cadre stratégique sur lequel la communauté internationale devrait concentrer ses efforts en faveur du développement de l'Afrique.

Monsieur le Président,

Au titre des technologies de l'information et de la communication, ma délégation se félicite de la tenue prochaine, en décembre 2003 à Genève, de la première phase du Sommet mondial sur la société de l'information qui offrira à la communauté internationale et aux Etats africains en particulier, l'opportunité de discuter du rôle des NTIC et de leur impact sur le développement économique et social. Nous formons le voeu que le Sommet adopte des mesures concrètes qui favorisent l'épanouissement des peuples les moins avancés dans ce domaine.

Monsieur le Président,

Le monde est en crise et la crise mondiale actuelle est en grande partie la conséquence de l'incapacité de l'homme à s'élever au niveau de compréhension et de responsabilité exigé par le nouveau rôle qu'il doit pouvoir exercer dans le monde.

Dans cette crise, les réalités ont changé aussi pour l'Organisation des Nations Unies. Aujourd'hui, il faut compter avec ceux qui ne comptaient pas. Pour le Mali, l'ONU demeure l'incarnation vivante de notre espoir de paix et de sécurité. Elle est aussi pour nous un instrument à nul autre pareil dans le multilatéralisme et face aux multiples défis auxquels l'humanité est confrontée. Mais, comme tout instrument, elle s'use à l'usage et nécessite de temps à autre une revitalisation de ses organes pour tendre vers plus d'efficacité et d'efficience de modernité et de performance.

Notre organisation est à la croisée des chemins et, pour parodier un auteur contemporain : « si l'oeil reste tourné vers le passé pour tenter de le prolonger, nous sommes condamnés. Si le regard se tourne vers un horizon nouveau à atteindre, alors, la force, la créativité, la puissance de l'intelligence feront le reste ». Le passé de notre organisation a montré ses limites. Il faut désormais consigner dans les réformes à venir les espérances du futur. La gouvernance au niveau mondial ne saurait se faire sans une démocratisation des structures de décision par lesquelles elle s'exerce. La composition actuelle du Conseil de Sécurité, par exemple, ne correspond plus aux besoins de notre planète. Sa composition devrait plutôt traduire son caractère universel. Aussi, sommes-nous en faveur de son ouverture et son élargissement à d'autres Etats membres pour mieux répondre aux complexes défis de l'heure.

Le Mali a pris bonne note des engagements pris dans ce sens par le Secrétaire Général dans son dernier Rapport et réaffirme que le rôle central des Nations Unies dans la mise en oeuvre des engagements internationaux ne peut être réalisé que dans le cadre d'un partenariat dynamique et novateur entre les pays développés et les pays en développement.

Monsieur le Président,

La création de la Cour pénale internationale dont les juges et le Procureur, élus, ont prêté serment cette année, constitue un succès certain pour la communauté internationale qui a fait de la lutte contre l'impunité un sujet de préoccupation internationale. En effet, deux décennies durant, la lutte contre l'impunité et pour le respect de la dignité humaine a mobilisé toutes les bonnes volontés. Si l'actualité récente nous a enseigné que l'avènement d'un espace judiciaire international indépendant n'est pas de l'ordre de l'évidence, je voudrais rappeler que le chemin pour y parvenir passe non seulement par le règlement des conflits, l'instauration de la paix, mais aussi par la détermination à oeuvrer ensemble.

Fort de cette conviction, le Mali plaide pour une CPI forte, parce qu'universelle, agissant en tant qu'instrument indépendant de dissuasion, susceptible de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationale.

Monsieur le Président,

Permettez-moi de terminer en rappelant que la démocratie, la justice, la liberté, la paix, la sécurité, le développement et le respect des engagements sont des valeurs communes qui fondent et donnent un sens à notre humanité.

Parce que l'instant exige de rendre à l'homme sa liberté et sa dignité, nous invitons tous les Etats à se tourner vers l'avenir pour imaginer et promouvoir le mode de vie qui correspond aux aspirations de nos peuples. Pour ce faire, nous sommes déterminés à refuser toute fatalité, qu'elle soit politique, économique, sociale ou culturelle.

Parce qu'il y a aujourd'hui des hommes et des femmes capables, de par leur travail et leur volonté, de réaliser les aspirations de nos peuples au bien-être, à la paix, à la sécurité, à la prospérité et au développement durable, l'espoir est permis pour la construction d'un nouveau monde, riche de sa diversité, dans le cadre des Nations Unies et sur des bases nouvelles, un monde radieux, complémentaire et solidaire.

Certains de ces hommes et femmes, au nom des peuples du monde, ont payé de leur vie, leur attachement aux nobles idéaux des Nations-Unies ; qu'il me soit permis d'avoir pour toutes ces victimes, une pensée pieuse.

Continuons tous ensemble, de croire en la nature profonde de l'Homme, en sa dignité première, en sa bonté de coeur.


Je vous remercie !