B U L G A R I E

 

ALLOCUTION

DU PREMIER MINISTRE DE LA REPUBLIQUE DE BULGARIE

M. SIMEON de SAXE-COBOURG

Débat général

58-ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies

30 septembre 2003 New York

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire général,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Tout d'abord je voudrais vous présenter mes félicitations à l'occasion de votre élection à la présidence de cette auguste Assemblée. Cette 58-ème session s'annonce parmi les plus décisives pour l'Organisation des Nations Unies. C'est dans cet esprit-là que j'ai accueilli favorablement l'appel du Secrétaire général lancé aux Chefs d'Etat et de gouvernement de participer activement dans les travaux de la session.

Monsieur le Président,

Je suis venu à New York pour réitérer solennellement le soutien sans faille de la Bulgarie à l'Organisation des Nations Unies, dont les principes, les objectifs et l'esprit de solidarité qui l'anime, sont au coeur même de la politique étrangère de mon pays. Je voudrais rendre un hommage appuyé au remarquable effort des hommes et des femmes qui travaillent pour cette Organisation aux quatre coins du monde. L'attaque terroriste contre les Nations Unies à Bagdad le 19 août dernier nous a rappelé que rien de tout ce que nous voulons faire à travers l'O.N.U. ne serait possible sans l'abnégation de ces personnes. Je saisis cette occasion pour m'incliner devant la mémoire de Sergio Vieira de Mello et de ses collègues et je réitère les condoléances les plus sincères du peuple bulgare à leurs familles.

L'acte barbare du 19 août a sonné l'alarme: le terrorisme est loin d'être vaincu, la vigilance de tous les Etats membres des Nations Unies doit être redoublée, l'efficacité de leurs efforts - triplée. C'est la fonction même du Comité du Conseil de sécurité contre le terrorisme qui ne serait vraiment performant qu'en s'appuyant sur les organisations régionales et sous-régionales. Il s'agit de créer un véritable réseau global d'action contre le terrorisme où un rôle de tout premier plan revient naturellement à l'Union européenne, à l'O.T.A.N. et à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. A mon avis, il est important que tous les Etats membres de l'O.N.U. signent et ratifient le plus rapidement possible les 12 conventions relatives à la lutte contre le terrorisme comme l'a fait la République de Bulgarie, sans oublier pourtant de se pencher sur l'origine, voire les causes de ces actes désespérés.

Monsieur le Président,

A la fin de cette année, la Bulgarie achève son mandat de deux ans en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité. Le concours des circonstances a voulu que notre appartenance au Conseil coïncide avec une phase particulièrement dynamique, voire dramatique de la vie internationale au cours de laquelle la crédibilité même de Nations Unies a été mise à l'épreuve. Il est évidemment trop tôt pour tirer toutes les conclusions de cette expérience, mais une chose est claire: la paix et la stabilité dans le monde ont plus que jamais besoin des Nations Unies. En d'autres mots il n'y a pas d'alternative aux Nations Unies. Nous constatons que la crédibilité de l'O.N.U. et du Conseil de sécurité, en particulier, a été mise en cause à chaque fois que les pays membres voyaient leur unité ébranlée. C'est dans cet esprit-là que la Bulgarie fait de son mieux pour éviter les écueils de la discorde.

Nous souhaitons ardemment que l'unité du Conseil soit retrouvée à l'occasion de l'épineuse question iraquienne. La stabilité et la prospérité de l'Iraq, émergeant d'une dictature féroce, sont dans l'intérêt de toute la communauté internationale. Contribuant à la stabilisation de ce pays d'une manière concrète, la Bulgarie oeuvre sur le plan diplomatique pour trouver la formule qui permettra aux Iraquiens de regagner leur souveraineté au plus vite et ceci grâce à un rôle central et important de l'O.N.U. dans le processus politique en cours dans le pays. Il est essentiel que le Conseil puisse donner aux Nations Unies un mandat clair et réaliste qui faciliterait la mission du Secrétaire générale et ses collaborateurs en Iraq - une mission déjà suffisamment compliquée et périlleuse. J'estime que le Conseil Provisoire de Gouvernement représente le meilleur partenaire de la communauté internationale pour aider les Iraquiens à reconstruire leur pays. Dans ce contexte la Bulgarie souhaite reprendre ses relations d'amitié traditionnelles avec l'Iraq.

Monsieur le Président,

Mon gouvernement est très inquiet suite aux événements au Proche-Orient. La Feuille de route élaborée par le Quartet reste valable et doit être mise en oeuvre par les parties concernées. Le Gouvernement bulgare réitère son appel à l'Autorité palestinienne de s'acquitter pleinement de ses obligations découlant de la Feuille de route afin d'arrêter les attaques suicides contre des civils. Nous appelons le Gouvernement israélien à cesser les exécutions extrajudiciaires et de renoncer à ses plans d'expulser le Président Yasser Arafat.

Monsieur le Président,

Alors que le Sud-est de l'Europe connaît une période de paix, de développement accéléré et de meilleures perspectives de s'intégrer dans les institutions européennes et euroatlantiques, il y subsistent des points de tension qui ne sauraient être ignorés. Je pense évidemment à la situation au Kosovo où l'O.N.U. joue un rôle irremplaçable. La Bulgarie souhaite un Kosovo multiethnique, démocratique et prospère, tel que le prévoit la résolution 1244 du Conseil de sécurité. Les actes de violence ces derniers temps nous font penser que les ennemis de ce Kosovo-Ià n'ont pas baissé les bras. Je voudrais saisir cette occasion pour souligner aussi l'importance qu'attache mon pays au respect et à la sauvegarde des monuments religieux au Kosovo. Je crois pouvoir affirmer que la solution du problème kossovare se trouve dans le dialogue, notamment le dialogue entre Pristina et Belgrade et en respectant le droit de tous les habitants de la Province de vivre en paix quelle que soit leur appartenance ethnique.


Monsieur le Président,

Deux ans après avoir eu l'occasion d'intervenir devant l'Assemblée générale de l'O.N.U. j'ai le privilège de vous faire part des progrès significatifs de la Bulgarie dans ses principaux objectifs extérieurs: rejoindre l'Union européenne et l'O.T.A.N. En 2004 la Bulgarie sera membre de l'Alliance Atlantique. Nous sommes sur le point de conclure les négociations avec l'Union européenne en vue de l'adhésion le 1 janvier 2007. Ces avancées permettront à mon pays d'être encore plus efficace dans la mise en oeuvre des principes et des idéaux de la Charte de l'O.N.U.

A partir du 1 janvier 2004 la Bulgarie assumera pour un an la présidence de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. La présidence bulgare de cet important organisme régional accordera une attention prioritaire à la coopération avec l'Organisation des Nations Unies. L'expérience accumulée par l'O.S.C.E. en matière d'organisation et d'observation d'élections libres et démocratiques pourrait être selon nous utile aussi bien à l'O.N.U. qu'à d'autres instances régionales. La défense et la consolidation des Droits de l'Homme font naturellement partie de nos priorités.

Monsieur le Président,

Il m'est difficile de conclure sans évoquer ce qui est, je crois, le fil rouge qui traverse les discours dans cette salle: l'avenir de l'Organisation des Nations Unies. Une chose est certaine: à l'heure de la mondialisation la seule institution du multilatéralisme de caractère universel s'avère irremplaçable. Les grandes questions du monde moderne: la paix et la sécurité internationales, la lutte contre la pauvreté et pour le développement, la défense et la promotion des droits de l'homme, la protection de l'environnement et de la santé humaine ne peuvent trouver des solutions durables que grâce aux efforts et dans le cadre des Nations Unies. Il va sans dire que l'O.N.U. ne saurait être à la hauteur de ces formidables défis que réformée en profondeur. La réforme doit se faire sans atteinte aux principes et à l'esprit même de la Charte, avec détermination, mais sans précipitation. Le Secrétaire général M. Kofi Annan a identifié, je crois, les vrais problèmes auxquels nous, les pays membres, devons répondre. Comme d'habitude il a su poser les vraies questions. Mon gouvernement soutient ses efforts d'aider les pays membres à élaborer une vision claire et inspirée de l'avenir des Nations Unies, notamment son idée de nommer un Conseil d'éminentes personnalités générant des idées sur ces réformes. La Bulgarie se déclare prête à participer dans cette réflexion collective qui requiert du courage et de la sagesse.

Je vous remercie M. le Président.