ALGERIE

DISCOURS DE

Son Excellence Abdelaziz BOUTEFLIKA

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

DEVANT
L'ASSEMBLEE GENERALE DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES

New York, le 24 septembre 2003

Monsieur le Président,

Je tiens à vous féliciter chaleureusement pour votre accession à la Présidence de la 58ème session de l'Assemblée Générale, dont les travaux bénéficieront sans doute de vos qualités humaines et de votre expérience des relations internationales.

Je veux également rendre hommage à notre Secrétaire Général, pour tous les efforts déterminés qu'il déploie au service des objectifs des Nations Unies et de la paix dans le monde.

Monsieur le Président,

La présente session de l'Assemblée Générale intervient à un moment où la vocation et le rôle de notre organisation sont mis en péril dans une situation internationale complexe et pleine de menaces.

Les développements qu'elle vient de connaître ouvrent une nouvelle période d'instabilité, d'incertitudes et de questionnements où sont mis en évidence les dangers d'une mise à l'écart de notre organisation dans la conduite des affaires du monde.

Plus que jamais se trouve confirmé le caractère irremplaçable de l'organisation en tant que cadre universel dont la finalité est d'assurer un ordre international fondé sur la paix, la sécurité et la coopération pour le développement.

La communauté des Nations se trouve placée devant l'impératif de retrouver sa cohésion et de se mobiliser pour la pleine réhabilitation des Nations Unies à travers le respect par tous des buts et des principes de la Charte, fondements indispensables d'une société internationale civilisée.

Il nous revient de renouer avec l'élan salutaire marqué par le Sommet du Millénaire et conforté par le rôle joué par les Nations Unies dans l'organisation d'une riposte collective contre le terrorisme au lendemain des attentats barbares du 11 septembre 2001.

La problématique de la paix, de la sécurité et du développement qui est la raison d'être de notre Organisation appelle en effet un renouvellement de l'engagement en faveur de la coopération internationale et ce d'autant plus que nous vivons dans un monde de plus en plus interdépendant et où les problèmes sont étroitement liés.

Nous appuyons fortement l'idée que les Nations Unies restent le lieu privilégié où doivent se conjuguer les efforts des Etats membres dans la recherche du bien commun. Ce n'est qu'en collaborant dans le cadre de notre organisation, en oeuvrant ensemble au développement et au respect du Droit International, que nous contribuerons à bâtir un monde stable, sûr et solidaire.

Le renforcement de notre organisation et l'amélioration de son efficacité se présentent donc comme une tâche collective prioritaire et une responsabilité partagée par tous les Etats membres s'ils veulent prévenir les crises, faire face aux risques qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales, et réunir les conditions d'un développement durable.

Monsieur le Président,

Au nombre des défis auxquels doit répondre la communauté internationale, je citerai d'abord le terrorisme, car la prévention et la lutte contre le terrorisme requièrent toujours un haut degré de vigilance, de mobilisation et de coopération multiforme aux plans national, régional et international. Au risque de nous répéter, nous continuerons à mettre en garde contre tous les amalgames et à l'assimilation tendancieuse du terrorisme à une religion, une civilisation ou à une zone géographique. De même convient-il de nous entendre sur une définition précise du terrorisme de façon à ne pas porter préjudice aux luttes de libération et au droit légitime des peuples à l'autodétermination. Cette clarification devrait être apportée dans le cadre du projet en préparation de Convention globale contre le terrorisme. L'initiation d'un dialogue authentique entre les cultures et les civilisations contribuera de son côté au rapprochement et à la compréhension entre les peuples en combattant les préjugés et les visions réductrices.

Des situations de tension subsistent partout où des peuples sont privés de leurs droits et bafoués dans leur liberté et leur dignité.

Il en est ainsi en Palestine, où le peuple palestinien n'arrive pas encore à arracher son droit à l'existence, en dépit de la reconnaissance aujourd'hui universelle de ses droits nationaux.

Les atermoiements, les faux-fuyants et la répression systématique auxquels a recours Israël depuis des décennies pour différer le règlement du problème palestinien, ont conduit finalement à une situation explosive qui menace gravement la paix et la sécurité régionale et mondiale.

La communauté internationale devrait s'impliquer davantage pour mettre fin à cet engrenage en engageant fermement Israël à coopérer pleinement pour la mise en oeuvre d'une solution globale, juste et durable qui passe nécessairement par l'établissement d'un Etat palestinien souverain avec El Qods pour capitale, et l'évacuation des territoires libanais et syriens encore occupés.

Dans cette même région névralgique, le peuple irakien continue de vivre une situation tragique qui souligne la nécessité urgente de lui permettre de se doter de ses propres institutions, de garantir son contrôle sans entraves sur son économie et sur ses ressources naturelles, enfin d'imposer le retrait dans les meilleurs délais de toutes les forces étrangères. A notre avis, seule l'Organisation des Nations Unies pourra accompagner en toute légitimité et avec efficacité la mise en place des institutions et la reconstruction du pays, et son rôle dans ce processus est d'importance primordiale.

Dans notre voisinage immédiat, au Sahara Occidental, vingt-huit années après le retrait de l'ancienne puissance coloniale, le peuple de ce territoire attend toujours d'exercer librement et sans contraintes son droit inaliénable à l'autodétermination conformément à la légalité internationale.

L'Algérie a constamment apporté son soutien aux efforts déployés par le Secrétaire Général et par son Envoyé Personnel comme en témoignent son' appui au Plan de règlement et aux accords de Houston signés et agréés par les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario. Par son adhésion au « Plan de Paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental » consacré à ,l'unanimité par le Conseil de Sécurité :en juillet dernier, l'Algérie marque de nouveau sa disponibilité à apporter sa pleine contribution au règlement de ce conflit dans le respect du droit du peuple du Sahara Occidental à décider souverainement de son destin à travers un référendum d'autodétermination impartial et libre organisé et supervisé par les Nations Unies.

Monsieur le Président,

Les défis auxquels le monde est confronté dans les domaines de la paix, de la sécurité et du développement économique et social se posent avec une acuité particulière en Afrique.

Ce continent s'est investi ces dernières années avec énergie et détermination pour résoudre les conflits qui affectent plusieurs de ses régions, générant ainsi une dynamique de paix encourageante.

Pour atteindre ses objectifs en matière de paix et de développement, l'Afrique doit d'abord à l'évidence compter sur le renforcement des actions proprement africaines. Il est clair toutefois qu'elle a besoin également d'une coopération et d'un soutien internationaux accrus.

La stratégie définie par le NEPAD vise précisément une mobilisation optimale des ressources tant africaines qu'internationales et l'harmonisation de ces apports à travers un Partenariat fondé sur des engagements réciproques et un équilibre des intérêts et des responsabilités.

D'ores et déjà, les pays membres du G8 et ceux de l'Union Européenne ainsi que d'autres pays et organisations partenaires de l'Afrique ont placé le soutien au NEPAD au centre de leurs politiques et programmes en direction du continent africain. Le partenariat ainsi engagé devrait être intensifié pour permettre à l'Afrique de combler les retards accumulés dans la réalisation des objectifs du millénaire et en particulier celui de réduire de moitié à l'horizon 2015 la pauvreté sur le continent.


Monsieur le Président,

Le renforcement de la coopération internationale s'impose également pour assurer les, bases d'une croissance soutenue de l'économie,. mondiale, et d'une intégration effective, des pays en voie de développement dans les courants de production, de technologie et d'échanges.

Il s'agit fondamentalement de réunir les conditions nécessaires pour que la mondialisation offre des opportunités réelles à tous, ce qui suppose la promotion de règles du jeu équitables dans les domaines du commerce, du financement, de l'investissement et du transfert de technologie.

A cet égard, nous sommes préoccupés que la récente réunion ministérielle de l'OMC à Cancun n'ait pu aboutir à tracer un canevas de négociations pour une relance du round de Doha dont le calendrier avait pourtant accusé déjà des retards considérables.

Nous demeurons persuadés que la relance de ces négociations et leur issue favorable dans le sens de la concrétisation de l'Agenda de Développement conditionnent dans une large mesure les perspectives de croissance de l'économie mondiale. C'est pourquoi il importe de redoubler d'efforts pour surmonter les difficultés qui subsistent à travers une approche prenant en compte les intérêts et préoccupations de tous, ainsi que la nécessité de rétablir l'intégrité du système commercial multilatéral et de mettre en application le traitement spécial et différencié réservé aux pays en voie de développement.

D'un autre côté, une action internationale appropriée s'impose face à des phénomènes qui prennent une importance grandissante comme les flux spéculatifs, le blanchiment d'argent sale, le financement du terrorisme, les paiements illicites, et les dérives en matière de gouvernance d'entreprise.

Cet effort s'impose pour stimuler l'investissement productif et ce faisant, assurer une croissance soutenue à long terme. Il importe donc de tirer pleinement parti des vastes possibilités d'investissements qui s'offrent, en particulier dans le monde en développement, ce qui, en dernière analyse, sera bénéfique à l'économie mondiale dans son ensemble.

L'accroissement significatif de l'aide publique au développement, le traitement résolu du fardeau de l'endettement des pays en développement et l'ouverture des marchés aux produits des pays du Sud sont de nature à favoriser l'instauration d'un climat propice aux investissements dans ces pays et à l'augmentation de leur part dans le commerce mondial qui demeure l'objectif ultime poursuivi pour la mise en place d'un financement auto-entretenu du développement.

Il s'agit, en somme, de mettre en place un partenariat international rénové fondé sur le partage équitable des responsabilités et des bénéfices.

Je terminerai en redisant notre entière confiance dans cette Organisation, dont la mission> en faveur de la paix dans le monde et du développement économique et social de tous les peuples reste plus que jamais d'actualité. Nous continuerons donc de plaider, pour que tous les Etats membres contribuent au renforcement de son autorité et, de ses moyens pour faire face à ses responsabilités.

Je vous remercie.