MADAGASCAR

Allocution de S.E.M. Marc RAVALOMANANA
Président de la République de Madagascar,

57ème SESSION DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
New York, le 13 septembre 2002


Monsieur le Président ,
Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Délégués,

La délégation de Madagascar, que j'ai l'honneur de conduire pour la première fois, à cette éminente Assemblée générale, est heureuse de vous féliciter pour être élu à diriger les travaux de la présente session et vous souhaite plein succès.

A votre prédécesseur, SEM Han Seung-soo, nous exprimons notre sincère appréciation pour avoir mené à bon terme la 56eme session grâce à son abnégation et sa direction avisée.

Le dévouement de notre Secrétaire Général, Monsieur Kofi Annan, pour la réalisation des objectifs de notre Organisation, reçoit toute notre reconnaissance et notre estime.

L'admission de la Confédération helvétique comme nouveau membre de l'Organisation des Nations Unies est un motif de profonde satisfaction pour Madagascar. Ce pays ami est un exemple vivant d'une société pacifique, multiculturelle fondée sur les valeurs de la démocratie et de la liberté.

Monsieur le Président,

Présents aujourd'hui dans le cadre de la commémoration des événements tragiques du 11 septembre 2001, nous exprimons notre solidarité avec le peuple et le gouvernement américains. Nous réitérons notre condamnation de tels actes terroristes dont les conséquences sont incalculables.

Phénomène mondial sans frontières, le terrorisme est considéré comme l'ennemi le plus dangereux du nouveau Millénaire. II peut être éradiqué au moyen d'une coopération internationale harmonieuse. A cet égard, nous tenons ici à rendre hommage aux efforts de l'ONU, à travers le Comité contre le terrorisme, créé par le Conseil de sécurité, pour l'application de sa résolution 1373 (2001). Nous saluons toutes les autres initiatives régionales prises pour combattre ce fléau. Pour lutter contre le terrorisme, un pays comme le nôtre, aura besoin d'assistance technique spéciale pour pouvoir appliquer cette résolution de l'ONU, tout autant que les autres traités internationaux.

Monsieur le Président,

La persistance des zones de tensions et de conflits dans plusieurs parties du monde, et particulièrement au Moyen-Orient, requiert le renouveau de l'ONU pour la rendre plus efficace, et plus apte à répondre aux attentes de la communauté internationale, notamment dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Pour atteindre ces objectifs, plus que jamais nous devons redoubler d'efforts pour rendre le Conseil de sécurité plus démocratique, plus représentatif et plus transparent.

Monsieur le Président,

II ne fait aucun doute que l'ONU nous fournit le cadre idéal pour créer les conditions qui engagent Etats et Peuples à préférer la paix à la guerre. A cet égard, Madagascar voudrait féliciter le Timor Oriental pour son indépendance, suite à la lutte héroïqie menée par son peuple et les efforts entrepris par l'ONU pour rétablir la paix dans ce pays.

De plus, Madagascar encourage les efforts de médiation entrepris par l'ONU dans le règlement des conflits de certains pays d'Afrique. Dans cette optique, je voudrais réitérer la profonde gratitude du Peuple malgache pour la part que l'ONU a accepté de prendre pour le règlement du différend post-électoral qu'a connu Madagascar. Désormais, un vent nouveau empreint d'espoir, souffle à Madagascar.

Nous sommes convaincus que le développement durable éxige la consolidation de l'Etat de droit et l'instauration de la bonne gouvernance. Pour ce faire, le nouveau régime prend toutes les mesures appropriées pour une gestion saine et rationnelle des finances publiques et de l'aide internationale. Madagascar a placé la lutte contre la corruption au plus haut rang de ses priorités. Nous avons également pris l'initiative de veiller à ce qu'une politique percutante soit élaborée et appliquée pour attaquer ce mal sur tous les fronts.

Madagascar soutient la résolution 55/61 par laquelle notre Assemblée générale a décidé de créer un comité spécial chargé de négocier le futur instrument juridique contre la corruption. Notre pays souhaite la conclusion dans un avenir proche d'un tel instrument, afin de pouvoir combler les lacunes de son système juridique en la matière. Nous attendons avec beaucoup d'intérêt la tenue d'une Conférence de haut niveau pour la signature de la Convention contre la corruption en 2003, au Mexique.

Le développement rapide et durable de Madagascar constitue l'objectif majeur et fondamental du pouvoir actuel, ceci afin de sortir le pays de l'ornière de la pauvreté, source d'instabilité et d'érosion des valeurs démocratiques. Dans ce sens, Madagascar s'engage désormais dans une politique volontariste orientée vers le redressement en vue d'une croissance rapide et soutenue de son économie, dans laquelle le secteur privé jouera un rôle moteur. Selon notre vision, la clé du développement est le partenariat entre secteur public et secteur privé où le gouvernement travaille de concert avec les sociétés privées et les Organisations Non­Gouvernementales au seul bénéfice du peuple. Nous invitons les compagnies privées à investir à Madagascar. Le retour de ces investissements leur sera bénéfique tout autant qu'au peuple malgache.

Composante essentielle du développement et de la paix, l'éducation figure au rang des priorités de nos priorités : les enfants malgaches devront vivre pleinement dans de monde du Vingt-et-unième siècle marqué par la haute technologie de l'Information et de la Communication.

Ainsi, Madagascar se félicite de l'adoption de la résolution 56/258 relative à la convocation du Sommet mondial sur la société de l'information en 2003 et en 2005 : la communauté mondiale aura alors une occasion unique de débattre de l'information et de la mise en valeur des possibilités offertes par les technologies numériques, en particulier en Afrique et dans les pays les moins avancés.

Nous sommes prêts à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour remettre le pays sur les rails du développement. Cela se fera avec l'appui de la communauté internationale, dans le cadre d'une coopération mutuellement avantageuse. Je saisis cette opportunité pour exprimer notre gratitude et notre reconnaissance à tous les partenaires de développement de Madagascar, bilatéraux, régionaux et multilatéraux, pour leur contribution précieuse à la relance des activités économiques dans notre pays.

Face aux multiples défis de notre époque, dominés par la pauvreté et le sous­développement, la coopération internationale n'est plus un choix, c'est une nécessité impérieuse pour la survie de l'humanité. Les éléments qui nous démunient en tant qu'êtres humains, pauvreté, VIH/SIDA, famine, population illettrée, ne peuvent être éliminés sans esprit de solidarité garantissant un futur meilleur de toute l'humanité. N'oublions pas que le préambule de notre Charte est l'annonce d'une humanité nouvelle avec des peuples et des êtres humains qui vivent dans la dignité et la sécurité. A cette fin, ils doivent, avoir accès aux droits humains fondamentaux : le droit aux soins de santé, le droit à l'éducation et à la culture, le droit à des revenus décents. La mission qui nous incombe, de réduire la pauvreté partout dans le monde, est devenue aujourd'hui plus importante et plus urgente que jamais.

Le ralentissement de l'activité économique à l'échelle planétaire, suite aux attaques du 11 septembre 2001, a aggravé la paupérisation et plongé des millions d'individus dans le dénuement. Dans ce sombre tableau, la mondialisation pourrait jouer un rôle moteur dans la lutte contre la pauvreté, à condition d'offrir aux pays du Nord et à ceux du Sud les mêmes chances de développement. Pour que la mondialisation profite réellement à l'humanité, elle doit prendre en considération les intérêts de tous les pays du monde, dans une économie internationale de partage.

L'interdépendance mondiale et une meilleure coopération économique internationale doivent être entièrement acceptées si l'on veut réaliser les objectifs fixés dans la Déclaration du Millénaire. Une prise de conscience collective pour sceller un véritable partenariat pour le développement est indispensable pour faire de cet objectif une réalité.

Dans cet esprit, Madagascar se félicite du consensus dégagé lors de la Conférence internationale sur le financement du développement tenue à Monterrey.

Dans la même optique, Madagascar exhorte la communauté internationale à apporter un appui ferme et concret au Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique, plus connu sous le signe de NEPAD, tant sur le plan bilatéral que multilatéral. Souhaitant donner une place de choix au secteur privé dans le développement, Madagascar adhère totalement et sans réserve aux principes et objectifs qui sous-tendent le NEPAD. J'entends, dans les tout prochains mois, faire de Madagascar un des pays phares du NEPAD, car je crois sincèrement à la bonne gouvernance, au développement des infrastructures, à l'éducation, aux nouvelles technologies, à la maîtrise de l'énergie, à l'accès au marché des pays développés, et à la protection de l'environnement.

Les conclusions alarmantes d'un rapport du Programme des Nations Unies pour l'Environnement intitulé « le Futur de l'Environnement en Afrique », ainsi que les désastres météorologiques survenus récemment en Europe centrale et en Asie, demandent de la communauté internationale un nouveau code d'éthique pour la conservation et la protection effectives de l'environnement. Notre gouvernement fera de la protection de notre précieux environnement, une des priorités de nos priorités. De plus, Madagascar souhaite que le Sommet sur le développement durable organisé il y a quelques jours à Johannesburg, donne une impulsion nouvelle à notre détermination collective, d'ouvrir à tous les pays les chances de se développer d'une manière profitable à leurs habitants, à leur environnement et à notre patrimoine commun qu'est la terre.

Monsieur le Président,

Selon certains standards, Madagascar est un pays pauvre. Cependant, elle est riche en ressources naturelles uniques, riche en ressources humaines éduquées. Et surtout, sa population est attachée à la démocratie, aux valeurs familiales et à la croyance en Dieu.

Aujourd'hui, nous exprimons notre souhait de collaborer avec l'ONU, en tant que partenaire pour la reconstruction de Madagascar.

En travaillant, en partenariat, nous assurons pour notre pays un futur empreint d'espoir. Et le monde entier nous reconnaîtra par nos forces et non par nos faiblesses.

Ensemble avec la famille des Nations Unies, Madagascar est prête à apporter sa contribution pour édifier un village planétaire dans lequel tous les pays recevront la même considération et disposeront des mêmes possibilités de plein développement, conditions indispensables à l'instauration d'une paix durable.

Je vous remercie de votre attention.