Burundi

Déclaration de
Mr Pierre Buyoya
Président de la République

CINQUANTE-SEPTIEME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

                                                              LE 13 SEPTEMBRE 2002, NEW YORK

Excellence Monsieur le Président de I'Assemblee Genérale des Nations Unies, Excellence Monsieur le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Excellences,

Distingués invités, Mesdames, Messieurs

C'est pour moi un honneur de m'adresser, du haut de cette tribune, à cette auguste assemblée, au moment oú les Nations Unies tiennent cette 57e session de I'Assemblee genérale.

Permettez-moi tout d'abord, Monsieur le Président, de m'acquitter d'un agréable devoir au nom de ma délégation et en mon nom propre, celui de vous présenter mes chaleureuses félicitations pour votre brillante élection à la présidence des travaux de cette 57éme session.

Dores et déjà vous pouvez titre assurés du soutien et de la bonne collaboration de la délégation burundaise pour la réussite de votre lourde mais exaltante mission. J''aimerais également rendre hommage á votre prédecesseur Son Excellence Monsieur Han Seung-Soo pour la compétence avec laquelle il a conduit les travaux de la 56éme session.

Je voudrais en outre saisir cette opportunité qui m'est offerte pour exprimer notre reconnaissance et nos remerciements aux Nations Unies et rendre hommage á Son Secrétaire général Monsieur Kofi Annan pour le soutien manifeste á I'endroit du peuple burundais.

Je m'en voudrais de ne pas citer par la même occasion le Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour lui exprimer toute notre profonde gratitude pour les efforts inlassables dont il a fait preuve afin que la crise burundaise trouve une solution durable. Par ses deux visites au Burundi, la dernière en date étant celle du 5 au 6 mai 2002, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a manifesté sa solidarité avec le peuple burundais dans sa recherche de la paix.

Au cours de notre communication, nous allons faire part à cette auguste assemblée, de la situation politique qui prévaut au Burundi, les étapes franchies, pour aborder ensuite les défis auxquels nous faisons encore face et conclure notre propos sur les questions internationales.

Excellence Monsieur le Président, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Après la mise en place des institutions de transition á partir du 1er novembre 2001, le climat politique au Burundi s'est beaucoup amelioré : les forces politiques qui avaient participé aux négociations d'Arusha et signé l'accord de paix forment les institutions de la République.

Proner le dialogue dans un conflit armé nest pas toujours aisé, mais la responsabilité n'autorise aucune autre alternative.

Nous sommes heureux de le rappeler du haut de cette tribune, que nous avons pris l'option de faire la paix par le dialogue, et les tergiversations des uns et des autres n'ébranlent en rien notre conviction.

Puisque nous sommes sur la bonne voie, nous sollicitons le Secrétaire général de l'ONU, le Conseil de Sécurité, l'Union Africaine et les pays de notre sous-région pour qu'ils poursuivent leur appui à notre recherche de la paix, en réconfortant l'action de la médiation afin d'amener les protagonistes à signer un accord de cessez-le-feu sans plus attendre.

En effet, I'accord d'Arusha souffre de non application dans certaines de ses dispositions, précisement à cause de la poursuite de la violence. C'est pour cette raison que la négociation et la signature du cessez-le-feu est une étape capitale pour accélerer et réussir les multiples réformes à entreprendre.

Le travail à accomplir reste immense, mais il est à notre portée. Le bon fonctionnement des institutions est un gage de succès, l'experience au quotidien montre l'engagement sérieux des partenaires politiques, c'est sur ce constat que se fonde notre optimisme.

Excellence Monsieur le Président, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Sil est vrai qu'il y a des raisons d'espérer, il est tout aussi vrai que les défis au processus de paix sont réels, ils pourraient compromettre notre marche vers la paix, s'ils ne trouvaient pas de solutions satisfaisantes à court terme.

La violence que la rébellion continue d'imposer au peuple burundais est un défi majeur non seulement lancé à nous, mais c'est aussi un défi à l'Organisation des Nations Unies dont la mission première est de maintenir la paix dans le monde.

Nous saisissons encore ce moment solennel pour réitérer notre requête à l'ensemble de la communauté internationale afin d'amener la rébellion burundaise à renoncer à la violence.

Si la voie diplomatique ne débouche pas, tous les autres moyens doivent être mis à contribution pour empêcher cette rébellion de prendre en otage notre processus de paix, piloté aujourd'hui par un gouvernement issu des négociations et qui jouit désormais de la légitimité internationale.

La Paix dans la région des Grands Lacs sera, lorsque chaque pays qui la compose vivra en paix. Ici l'effort doit titre à la fois individuel et collectif. C'est pourquoi mon pays est prêt à poursuivre sa contribution pour créer le meilleur climat avec tous les pays voisins.

Le second défi majeur est l'effort de reconstruction du pays.

Aprés neuf ans de crise, I'économie burundaise a été mise à mal. La population s'est davantage appauvrie, tous les paramètres économiques ont été déstabilisés et notre endettement exterieur ne nous permet plus de recourir, comme par le passé, au marché financier international.

Ici aussi nous sollicitons nos partenaires traditionnels pour apporter des appuis substantiels à nos efforts de paix. Des promesses ont été faites, notre souhait est qu'elles se réalisent au plus vite. En effet, les opérations de rapatriement des réfugiés, de réinstallation des déplacés, de reconstruction des infrastructures endommagées vont exiger de très importants moyens financiers.

Excellence Monsieur le Président, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Membres de la communauté humaine, les Barundi suivent également les préoccupations du monde qui hélas sont multiples. Des solutions sont constamment envisagées pour y faire face.

Pour n'en citer que quelques uns, le Burundi se félicite de la création d'un fonds mondial pour la lutte contre le VIH/SIDA et demande à I'instar d'autres pays fortement touchés par la pandémie, les facilités d'accès aux médicaments à un prix abordable, en attendant qu'un jour les chercheurs parviennent à mettre au point un vaccin contre ce fléau qui menace toute I'humanité.

Sur le même registre, ma délégation souscrit à l'idée de créer un fonds mondial de lutte contre la pauvreté, et salue par la même occasion la proposition de mettre sur pied un fonds mondial pour l'environnement.

Plus près de nous encore, nos populations attendant des résultats concrets du récent sommet mondial de Johannesburg sur le développement durable, au cours duquel la communauté des Nations vient de réaffirmer la nécessité d'oeuvrer ensemble pour un développement équitable et viable pour les générations présentes et à venir.

Nous saluons également l'établissement du Bureau du haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires.

Ceci témoigne sans nul doute de l'engagement des Nations Unies á mieux coordonner et canaliser les efforts en faveur des groupes de pays les plus vulnérables.

Au niveau du continent africain, le NEPAD constitue un grand espoir et merite à ce titre le soutien des institutions financières internationales et de la communauté des donateurs.

A coté de la pauvreté qui touche des millions d'êtres humains, il y a un autre danger redoutable qu'est le terrorisme. Une année après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York, Washington et Pennsylvanie, le monde vit encore sous le choc et cherche comment endiguer ce fléau qu'est le terrorisme international. A cet effet, le Burundi s'est engagé à mettre en application les dispositions de la résolution1373 du Conseil de Sécurité qui trace la voie de lutte collective contre le terrorisme.

Les grands défis que sont la pauvreté, la déterioration de I'environnement, le terrorisme international, les conflits armés et les maladies incurables interpellent toutes les nations, riches et pauvres, à prendre conscience que la solidarité internationale s'impose comme un moyen de survie pour tous.

Les Nations Unies sont donc appelées à saisir la mesure de ce défi, notamment en opérant les réformes nécessaires au sein de ses organes à savoir le Conseil de Sécurité, I'Assemblée Générale et le Conseil Economique et social, afin de les rendre complémentaires et plus efficaces pour I'intérêt de tous.

Je vous remercie.