RÉPUBLIQUE DU CONGO

56EME SESSION DE L'ASSEMBLÉE SENERALE DES NATIONS UNIES

DÉBAT GENERAL

INTERVENTION DE

SON EXCELLENCE MONSIEUR RODOLPHE ADADA

MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES 
DE LA COOPÉRATION ET DE LA FRANCOPHONIE

New York, le 14 Novembre 2001

(Vérifier au prononcé)

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

Le crash du vol 587 d'American Airlines d'il y a deux jours est venu encore une fois endeuiller cette ville de New York déjà durement éprouvée. Au nom de la délégation congolaise, je présente mes sincères condoléances aux familles des victimes.
 

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

Je voudrais tout d'abord vous adresser mes vives félicitations à l'occasion de votre brillante élection à la présidence de cette 56eme session de l'Assemblée générale.

Cette marque de confiance placée en vous est la reconnaissance par la communauté internationale de vos qualités de diplomate avisé, mais aussi un hommage rendu à votre pays, la République de Corée, pour le rôle déterminant qu'il joue dans le maintien de la paix et la sécurité dans le monde. Soyez assuré de la pleine coopération de la délégation congolaise.

A votre prédécesseur, Monsieur Harri HOLKERI, je voudrais exprimer notre gratitude pour la compétence et la dextérité avec lesquelles il a accompli sa mission.

Je saisis également cette occasion pour présenter à nouveau nos sincères félicitations à Monsieur Kofi ANNAN, Secrétaire Général des Nations Unies pour sa brillante réélection et aussi pour le Prix Nobel de la Paix qui vient ainsi couronner son oeuvre personnelle et celle de notre Organisation.
 

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

Nous nous souvenons encore des images terrifiantes et insoutenables des attentats perpétrés aux États-Unis le 11 septembre 2001, des actes relevant de la pure barbarie qui nous amènent à condamner sans ambages ce terrorisme aveugle ainsi que toutes les autres formes de violence qui nécessitent d'être circonscrites et éradiquées.

Dans le droit fil des engagements pris à l'issue du Sommet du Millénaire, il nous faut redoubler de vigilance et faire preuve de détermination dans la lutte contre ce mal qui, à tous égards, n'a pas sa place dans le monde d'aujourd'hui.

Le Congo adhère pleinement à toutes les résolutions pertinentes des Nations Unies visant à renforcer l'efficacité de la réponse de la Communauté internationale au terrorisme. Il s'agit particulièrement des résolutionSl368 et 1373 du Conseil de Sécurité.
 

MONSIEUR LE PRESIDENT,

Le continent africain qui connaît depuis de longues années des situations de violence préjudiciables à son développement et à son insertion dans le monde actuel, s'est clairement prononcé contre des actes qui ne peuvent que le plonger davantage dans la misère et la pauvreté.

C'est pourquoi, au moment où elle lance de nouvelles initiatives de sortie de crise et de développement, l'Afrique s'emploie à panser ses plaies, en faisant appel à des formes de médiation locales, régionales ou internationales.

Cette démarche porte déjà quelques fruits.

Ainsi, s'agissant du conflit en République Démocratique du Congo, qui préoccupe particulièrement mon pays, nous saluons les progrès accomplis dans la mise en oeuvre de l'Accord de Lusaka qui permettent aujourd'hui à la MONUC de passer à la phase 3 de son déploiement.

Dans ce contexte, nous nous félicitons de la réunion du Comité Politique de l'Accord de Lusaka qui vient de se tenir ici même devant le Conseil de Sécurité.

Nous invitons toutes les parties à continuer à faire preuve de bonne foi dans la mise en oeuvre des engagements pris, et nous plaçons nos espoirs dans la tenue effective du dialogue intercongolais prévue en Afrique du Sud.

Après des années de guerre et d'exploitation illégale de ses richesses, ce pays frère a besoin de retrouver la paix, l'unité nationale, la stabilité politique et de recouvrer pleinement sa souveraineté pour aspirer au bien-être et au progrès que permettent ses immenses potentialités. Pour sa part, mon pays qui entretient d'excellentes relations de bon voisinage avec l'autre rive du fleuve Congo entend continuer à contribuer par toutes les voies possibles, à cette paix et à cette normalisation tant attendues.

C'est ici le lieu d'exprimer notre gratitude à Monsieur Kofi ANNAN et, à travers lui, à son envoyé spécial, Monsieur NAMANGA NGONGI, pour les actions menées dans le cadre de la MONUC.

En ce qui concerne le Burundi, nous rendons hommage au Président Nelson MANDELA dont la médiation a abouti à la formation d'un Gouvernement d'Union Nationale auquel nous souhaitons tout le succès.

Ce processus qui devrait contribuer au retour d'une paix durable et de la stabilité dans ce pays, mérite tout l'appui de la communauté internationale.
 

MONSIEUR LE PRESIDENT,

En Angola, le recours systématique au terrorisme et aux autres actes de sabotage par l'UNITA au mépris des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité, doit nous amener à renforcer les sanctions contre cette organisation responsable de la poursuite de la guerre dans ce pays. Le Congo réaffirme sa solidarité à l'égard du peuple et du Gouvernement angolais qui ne ménage aucun effort pour restaurer la paix et reconstruire le pays. La communauté internationale doit apporter à l'Angola toute l'assistance nécessaire.

Au Proche-Orient, devant la persistance de la violence, il est urgent de revenir aux Accords d'Oslo pour sortir de l'impasse actuelle.

Nous exhortons les parties en conflit à faire preuve de dépassement, afin que soit rétabli le dialogue qui demeure l'unique voie pour la restauration d'une paix durable dans cette partie du monde trop longtemps troublée.

Nous saluons donc les propos combien constructifs du président des Etats Unis d'Amérique, Son Excellence George W. BUSH sur la coexistence « de deux états, Israel et la Palestine à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, comme le demandent les résolutions du Conseil de Sécurité ».
 

MONSIEUR LE PRESIDENT,

Toutes ces situations s'accompagnent souvent et presque systématiquement de déplacements massifs de populations, source de déstabilisation des pays voisins et d'aggravation des problèmes internes.

C'est notamment le cas de mon pays qui abrite à l'heure actuelle plus de 200.000 réfugiés, venus principalement de la République Démocratique du Congo, d'Angola, du Rwanda, et, plus récemment, de la République centrafricaine.

Il s'agit d'une situation fortement préoccupante, dans un pays qui se relève péniblement de la guerre et qui de ce fait doit affronter de nombreux autres défis.

Eu égard à la gravité de cette situation, je réitère l'appel de mon Gouvernement en faveur d'une assistance conséquente.
 

MONSIEUR LE PRESIDENT,

Après la signature fin 1999 des accords de cessation des hostilités, les priorités fixées par le Président Denis SASSOU NGUESSO étaient la réconciliation nationale, la reconstruction du Congo et la relance du processus démocratique.

Aujourd'hui, je puis affirmer que tous ces objectifs sont en voie d'être atteints.

Sur le plan politique, nous avons organisé à Brazzaville, du 14 mars au 17 avril 2001, le Dialogue National sans exclusive sous les auspices du médiateur international, Son Excellence El Hadj Omar BONGO, Président de la République gabonaise, à qui nous renouvelons notre profonde gratitude.

Ce dialogue a été sanctionné par la signature de la Convention pour la paix et la reconstruction du Congo ainsi que par l'adoption de l'avant-projet de Constitution.

Cet avant-projet de Constitution a été approuvé par le Conseil National de Transition, notre Parlement, le 2 septembre 2001, et sera soumis au référendum avant la fin de cette année.

Prélude à l'organisation du référendum constitutionnel et des élections générales, le recensement administratif en vue de l'établissement des listes électorales, vient de s'achever.
 

MONSIEUR LE PRESIDENT,

Je voudrais aussi mentionner ici les efforts déployés par le Gouvernement dans le cadre de la consolidation de la paix; il s'agit notamment

- de la démobilisation de plus de 25.000 miliciens;
- du ramassage de 10.817 armes et munitions dont 6.484 ont été déjà détruites avec l'appui technique de l'Organisation internationale pour les migrations;
- de l'assistance à la réinsertion fournie à 6.844 ex-miliciens avec le concours des Nations Unies pour 2.190 micro projets;
- du retour massif des personnes déplacées ainsi que des réfugiés dans leurs lieux de résidence habituelle.
Enfin, la création d'un Haut Commissariat chargé de la réinsertion des ex-combattants, la mise en place du Comité de suivi de la Convention de la paix et la reconstruction du Congo et du Comité national de lutte contre la pauvreté s'inscrivent dans cette dynamique de consolidation de la paix.
 

MONSIEUR LE PRESIDENT,

Nos travaux resteront longtemps encore marqués par le douloureux contexte dans lequel ils se sont déroulés, celui des attentats terroristes.

A juste titre, de façon unanime et résolue nous venons de nous engager à lutter contre ce fléau. Mais cette lutte implique que soit éradiqué tout ce qui pourrait servir de prétexte à des actes de destruction aveugle.

Diminuer les tensions dans le monde, c'est aussi agir sur les situations pouvant servir de terreau au terrorisme. Car, faut-il le rappeler, une crise apparemment locale, donc géographiquement circonscrite, peut avoir des répercussions lointaines, voire mondiales.

La mondialisation, dans ce contexte, ne doit pas être perçue uniquement en termes d'échanges économiques et commerciaux. Il s'agit en réalité de l'existence quotidienne des individus, des peuples, des nations, une existence étroitement liée aujourd'hui à celle des autres du fait de l'éclatement des frontières.

Le 11 septembre vient de nous rappeler douloureusement que notre monde est un dans sa blessure. Agissons de sorte qu'il le devienne également dans la quête du mieux-être.

Voilà pourquoi il importe de réduire sans plus tarder le gouffre qui sépare les plus pauvres d'entre nous des plus riches.
 

MONSIEUR LE PRESIDENT,

Les tensions socio-économiques observées à travers le monde résultent également de l'extrême pauvreté des pays en développement.

Plus d'un milliard d'hommes et de femmes sont victimes de la malnutrition et ne bénéficient ni de l'eau potable, ni du moindre service de santé. A moins d'une accélération de la croissance, la pauvreté va continuer à s'accentuer.

Une mobilisation générale s'impose donc à nous tous en vue de la mise en oeuvre urgente des stratégies adoptées ici même, notamment lors du Sommet du Millénaire.

C'est l'occasion de saluer la récente initiative de l'ONU sur la création d'un Fonds mondial de lutte contre le VIH/SIDA et de réitérer le voeu de voir les pays en développement accéder à moindre coût aux nouvelles thérapies.

S'agissant de la situation économique particulière de l'Afrique, le Congo attend de la présente session le soutien de la communauté internationale au Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique.

Ainsi que vous le savez, ce Nouveau Partenariat, qui intègre parfaitement les préoccupations de la Nouvelle Union Africaine en matière de développement et d'intégration économique, est la réponse qu'unanimement l'Afrique entend apporter au défi de la mondialisation.
 

MONSIEUR LE PRESIDENT,

C'est ici le lieu de jeter un regard nouveau sur l'instrument essentiel de ce combat global : l'Organisation des Nations Unies.
Les conférences et sessions extraordinaires organisées par l'ONU cette année sur les pays les moins avancés, le sida, l'habitat, le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, le racisme, et bien d'autres questions, prouvent une fois de plus que notre Organisation reste cet outil indispensable et irremplaçable au service de l'humanité.

C'est aussi dans ce cadre que la lutte contre le terrorisme devra se placer.

Ainsi que nous l'avons affirmé l'an dernier lors du Sommet du Millénaire, il nous faut, plus résolument et plus méthodiquement trouver des solutions à toutes ces préoccupations en nous appuyant sur l'ONU.

C'est pourquoi, en conclusion, je voudrais réaffirmer l'attachement de mon pays à l'ONU qui doit demeurer le lieu privilégié de la concertation internationale, du dialogue entre les civilisations, du maintien de la paix et de la sécurité internationales, du règlement pacifique des conflits ainsi que de la coopération économique internationale au service de tous.

JE VOUS REMERCIE.