REPUBLIQUE GABONAISE

ALLOCUTION DE

SON EXCELLENCE MONSIEUR JEAN PING
MINISTRE D'ETAT, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES,
DE LA COOPERATION ET DE LA FRANCOPHONIE

A LA CINQUANTE-SIXIEME
SESSION ORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE
DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES

NEW YORK,
LE 11 NOVEMBRE 2001

Verifier a I'audition




Monsieur le Président,

Je voudrais tout d'abord vous féliciter pour votre brillante élection à la présidence de la présente session de l'Assemblée générale. Votre élection traduit la reconnaissance par la communauté internationale de la place et du rôle que la République de Corée, grande amie du Gabon, joue dans le monde, et particulièrement en Asie. Je tiens à vous assurer de notre pleine coopération durant votre mandat.

A votre prédécesseur, Son Excellence Monsieur Harri Holkeri de 1a Finlande, j'exprime la satisfaction de ma délégation pour l'excellent travail accompli lors de la Session précédente.

Au Secrétaire Général, KOFI ANNAM, j'aimerais renouveler la plus haute appréciation du Gouvernement et du Chef de l'État gabonais, Son Excellence EL HADJ OMAR BONGO, pour le dévouement et la détermination avec lesquels il s'emploie à réaliser les idéaux de paix, de justice et de bien-être contenus dans la Charte des Nations Unies.

Le prix Nobel de la paix qui vient de lui être décerné, ainsi qu'aux Nations Unies, est un témoignage éloquent de l'action que le système des Nations Unies mène en faveur de la paix et de l'édification d'un monde plus prospère. Qu'il soit assuré du soutien du Gabon à ses efforts au service des Nations Unies.
 

Monsieur le Président,

Voici un peu plus d'un an que les Chefs d'Etat et de Gouvernement des Etats membres des Nations Unies se sont réunis ici même à New York, lors du Sommet historique du Millénaire. A cette occasion, ils ont tracé les lignes directrices de l'action future de la communauté internationale et réaffirmé leur attachement aux buts et principes énoncés dans la Charte de notre Organisation.

Le Sommet du Millénaire a ainsi permis à nos Nations de renouveler leur engagement d'agir dans l'unité et la solidarité pour relever les multiples défis auxquels le monde est confronté.

La tragédie survenue le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis d'Amérique a plus que jamais conforté notre détermination à combattre le terrorisme international.

II faut y mettre fin par tous les moyens possibles, militaires, diplomatiques et politiques.

C'est pour cette raison le Gabon appuie sans réserve les résolutions 1368 et 1373 du Conseil de sécurité ainsi que l'adoption d'une convention générale sur le terrorisme.

II n'y a pas de doute que la coalition qui s'est constituée ne puisse gagner le combat contre le terrorisme.

Dans cet élan de solidarité, la Communauté internationale doit parallèlement apporter des réponses appropriées aux problèmes mondiaux susceptibles de servir de prétexte à certains groupes radicaux.

Il est donc urgent d'agir en vue de trouver des solutions aux conflits et aux problèmes économiques et sociaux de l'heure.

Pour ce qui est des conflits armés, nous sommes convaincus qu'en mettant fin au trafic illicite des armes légères, il serait plus aisé de parvenir à un règlement rapide et durable de ces conflits.

La mise en oeuvre par tous des recommandations de la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects tenue ici à New York, en juillet dernier permettrait d'atteindre cet objectif.

Fidèle à l'engagement du Président Omar Bongo, le Gabon reste partie prenante des efforts visant à restaurer la paix dans le inonde et particulièrement en Afrique.

C'est le lieu de nous féliciter du retour à la paix au Congo Brazzaville à la suite de la tenue, sous les auspices du médiateur international, du dialogue national sans exclusive.

La stabilité retrouvée dans ce pays frère a permis le retour volontaire de nombreux réfugiés congolais présents sur le territoire gabonais dans leurs foyers d'origine depuis le mois d'août dernier grâce à une excellente coopération entre le HCR, les autorités gabonaises et congolaises.

De même, nous saluons les progrès significatifs enregistrés dans le processus de paix au Burundi qui a abouti, le 1er novembre 2001, à la mise en place d'un Gouvernement de transition.

Je tiens à rendre un hommage mérité à l'ancien Président Nelson Mandela pour le dévouement et le doigté avec lesquels il a conduit le processus jusqu'à cette importante étape.

Pour sa part, le Président de la République Gabonaise poursuivra à la demande des Membres de l'Initiative de Paix au Burundi, ses efforts en vue de la consolidation du processus de paix dans ce pays.

En ce qui concerne la situation en République Démocratique du Congo, nous nous félicitons des efforts appréciables déjà entrepris dans la mise en place de la Mission de Maintien de la Paix des Nations Unies.

Nous souhaitons vivement que l'étape de Johannesbourg permette un démarrage effectif du dialogue intercongolais.

La situation au Moyen-Orient, parles menaces qu'elle fait peser sur la paix et la sécurité internationales, constitue également une source de vives préoccupations,

J'exhorte donc les parties à reprendre les négociations, seul moyen de parvenir à une paix durable.

Au moment même où le processus de la mondialisation des marchés financiers et des échanges commerciaux touche tous les aspects de la vie de nos sociétés, force est de reconnaître qu'un nombre de plus en plus grand des peuples du monde risque d'être marginalisé si des mesures concrètes n'étaient pas prises en leur faveur.

II convient donc pour la communauté internationale de mobiliser de ressources nouvelles et additionnelles afin de leur permettre de réduire sensiblement l'écart qui les sépare des autres.

C'est dire que la prochaine Conférence sur le financement du développement prévue en mars 2002 à Monterrey au Mexique suscite de grands espoirs. Une bonne préparation de cette importante Conférence nous permettra de satisfaire ces attentes légitimes.

Les dirigeants ont compris que l'Afrique détient la clef de son propre développement.

La création de l'Union Africaine et le nouveau partenariat pur le développement du continent s'inscrivent dans cette logique. Cependant beaucoup reste à faire pour son plein essor, mais déjà les bases sont jetées.

Mais pour réussir, l'Afrique a besoin du concours des Nations Unies et de la Communauté Internationale.

Une autre question vitale pour le devenir de notre planète en ce début du troisième millénaire est celle de la protection et de la préservation de l'environnement. Le Sommet Mondial sur le développement durable qui se tiendra à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 2 au 11 septembre 2002 va nous offrir une nouvelle chance d'apprécier le chemin parcouru dans la mise en oeuvre de politiques reflétant les engagements que nous avions pris à Rio il y a déjà dix ans.

Quel bilan pourrons-nous faire au sujet de l'application de l'Agenda 21? Quelles chances de succès serons-nous prêts à accorder à la Convention sur les changements climatiques et au Protocole de Kyoto; à la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification et la sécheresse, ou encore à la Convention sur la biodiversité ?

En d'autres termes, il nous faudra répondre plus simplement, et sans détour, à la question des choix et concessions que nous sommes prêts à faire, afin de transmettre aux générations futures un environnement préservé, semblable à l'héritage que nous avons nousmême reçu de nos pères.
 

Monsieur le Président,

Tous les efforts que les pays africains peuvent entreprendre pour assurer une meilleure croissance économique seraient vains si aucune action d'envergure n'est menée contre les maladies telles que le VIHAISIDA, la tuberculose, le paludisme et 'ajoute l'hypertension artérielle, principales causes de mortalité en Afrique.

Il est donc impérieux de mettre en oeuvre les recommandations des Nations Unies sur le SIDA notamment en ce qui concerne les soins, le soutien et le traitement et que le fonds spécial créé à cet effet devienne opérationnel.

Au moment où l'ONU, en particulier le Conseil de sécurité, principal organe de maintien de la paix dans le monde est de plus en plus sollicité pour relever les nombreux défis que pose le troisième millénaire, la question de la réforme de cet organe reste toujours d'actualité.

En effet, il est difficile de concevoir qu'un continent comme l'Afrique ne puisse pas avoir une Représentation permanente au Conseil de sécurité.
 

Monsieur le Président,

La réalité du monde actuel partagée entre universalisme et particularismes identitaires, montre de façon évidente que l'humanité est toujours en quête d'harmonie et d'unité.

C'est pourquoi, nous avons la ferme conviction que la solution aux préoccupations que nous venons d'évoquer réside dans la valorisation par la communauté internationale des vertus du dialogue et de la solidarité qui sont les piliers d'un nouvel humanisme.

Sans le respect de ces valeurs, le rêve nourri par les pères fondateurs de notre Organisation de bâtir un monde paisible et uni restera une chimère.

Travailler à la construction d'une nouvelle humanité épargnée des égoïsmes, des haines, des passions et des injustices doit constituer notre préoccupation commune.

Je vous remercie