REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

DISCOURS

DE SON EXCELLENCE LE GENERAL-MAJOR JOSEPH KABILA
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

A LA
56E SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE
DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES

New York,
le 11 NOVEMBRE 2001

(à vérifier à l'audition)




Monsieur le Président,

Permettez-moi, avant toute chose, d'associer ma voix à celles des illustres orateurs qui m'ont précédé du haut de cette tribune pour vous présenter, au nom du peuple congolais et au mien propre, mes vives félicitations pour votre élection à la présidence de la 56e session ordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies.

La République de Corée, votre pays, entretient des relations excellentes avec le mien.

Qu'il me soit également permis de saluer chaleureusement Monsieur Kofi Annan, ce digne fils de l'Afrique, pour sa réélection en qualité de Secrétaire général des Nations Unies et pour le prix nobel qui lui a été décerné couronnant son engagement en faveur de !a promotion de la paix dans le monde.
 

Monsieur le Président,

Le peuple de la République Démocratique du Congo, son Gouvernement et moi-même, condamnons, sans réserve, les actes aveugles du terrorisme qui ont endeuillé l'Amérique et toute l'humanité en date du 11 septembre 2001.

Ce sont là des actes de violence gratuite qui ne méritent que mépris de la part de l'ensemble de la communauté internationale et de toutes les nations éprises de paix et de justice.

En application de la résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations Unies, mon Gouvernement s'engage à coopérer pleinement pour l'aboutissement de toute initiative tendant à éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes.
 

Monsieur le Président,

Le peuple congolais qui lui-même, victime innocente de la guerre d'agression rwando-ougando-burundaise, cette autre forme de terrorisme caractérisé par les actes de barbarie qui ont causé la mort directement ou indirectement à des millions des congolais, sait apprécier, à juste titre, le caractère odieux des événements douloureux qui se sont produits le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis d'Amérique.
 

Monsieur le Président,

II serait fastidieux de revenir sur l'origine et les conséquences de cette guerre d'agression déclenchée le 02 août 1998 en violation flagrante des Chartes de l'ONU et de l'OUA.

Ainsi, m'inscrivant dans la logique de la paix et conscient que seul le règlement pacifique apporte la paix durable, je ne peux m'empêcher de saluer des nombreuses initiatives de paix prises dans le cadre de la recherche d'une solution négociée.

Je pense spécialement au Président Chiluba de la Zambie, Médiateur désigné du processus de paix de Lusaka en faveur de la RDC.

Je pense également à la SADC et plus particulièrement à l'Angola, à la Namibie et au Zimbabwe qui sont venus, conformément à la Charte de la SADC, à la rescousse de mon pays agressé.

Mes remerciements et ma gratitude s'adressent également à l'ONU, à travers la MONUC dont le travail abattu sur le terrain est très appréciable ; à l'OUA, à l'Union Européenne et à certains partenaires traditionnels de la République Démocratique du Congo.
 

Monsieur le Président,

La situation sur le terrain connaît une évolution positive malgré la mauvaise foi de certaines parties à l'Accord de Lusaka.

Le désengagement des forces est à son stade final et la cessation effective des hostilités qu'il poursuit est observée à la satisfaction de tous.

Cependant, un regain de tensions armées est signalé à l'Est de la République Démocratique du Congo, dans la partie sous occupation du Rwanda. Ces hostilités attribuées à tort à un prétendu transfert de !a guerre dans les arrières des forces rwandaises, sont en réalité les conséquences logiques de l'échec d'un nouveau plan de l'agresseur rwandais qui consiste à nettoyer toute forme de résistance congolaise pour mieux occuper la partie Est de la République Démocratique du Congo, en vue de continuer à piller dans le silence ses richesses.

S'agissant du désarmement des groupes armés, il convient de noter qu'un plan DDRRR élaboré par la MONUC et la CMM a été adopté par le Comité Politique institué par l'Accord de Lusaka. II prévoit notamment le désarmement volontaire de tous les groupes armés en République Démocratique du Congo. Dans cette optique, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo, réaffirmant sa bonne foi et son implication dans ledit plan, a regroupé et cantonné à Kamina dans le Katanga 3.000 combattants rwandais. Une mission de la MONUC s'y trouve depuis quelques jours pour l'identification de ces éléments.
 

Monsieur le Président,

En ce qui concerne le retrait des forces étrangères, il a été noté le départ définitif et total de toutes les forces namibiennes. Ce mouvement de rapatriement des forces étrangères se poursuit avec le début de retrait des militaires zimbabwéens, angolais et ougandais.

Paradoxalement et au mépris des demandes pressantes de la Communauté internationale à travers les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, le Rwanda s'emploie à renforcer sa présence militaire au Congo.
 

Monsieur le Président,

Le processus de réconciliation voulue à travers le Dialogue national avait connu des avancées significatives lors de ses travaux préparatoires du 25 août 2001 à Gaborone grâce au Pacte républicain initié par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo.

Je tiens à réitérer solennellement du haut de cette tribune l'engagement ferme de mon Gouvernement à participer pleinement aux assises de ce dialogue prévues en République Sud Africaine et invite le Facilitateur à mettre tout en oeuvre pour évacuer les questions en suspens de manière à permettre à ce forum de revêtir le caractère inclusif tel que prévu par l'Accord de Lusaka et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

II s'agit pour le Gouvernement de la République Démocratique du Congo de faire participer à ce dialogue, les représentants de toutes les couches de la population pour poser les jalons d'un Etat démocratique.

J'invite la Communauté internationale à assister, le moment venu, la République Démocratique du Congo pour l'organisation des élections libres, démocratiques et transparentes qui permettront au peuple congolais de se doter des dirigeants de son choix, dirigeants investis de la légitimité populaire, gage de la stabilité politique.
 

Monsieur le Président,

Je saisis l'occasion que vous m'offrez pour inviter les Nations Unies à prendre des sanctions exemplaires à l'endroit de tous les Etats qui pillent les richesses de la République Démocratique du Congo et leurs complices.
 

Monsieur le Président,

Je ne peux terminer mon propos sans remercier les membres du Conseil de sécurité pour l'adoption à l'unanimité en date du 09 novembre 2001, de la résolution 1376 qui condamne la constitution de la force mixte instituée par les rebelles congolais, sous l'instigation du Rwanda et en violation de l'Accord de Lusaka, du Plan DDRRR et de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Cette résolution me réjouit également en ce qu'elle prévoit notamment le déploiement de la phase III de la MONUC, la démilitarisation de la ville de Kisangani, la neutralité de celle de Kindu et la reconstruction de la République Démocratique du Congo.
 

Monsieur le Président,

Tout au long de mon propos, j'ai condamné les actes ignobles perpétrés contre le peuple des Etats-Unis d'Amérique et du monde.

J'ai rappelé la situation catastrophique dans mon pays caractérisée par la guerre d'agression depuis trois ans.

J'ai noté des avancées significatives enregistrées dans le processus de paix en République Démocratique du Congo, qui risquent malheureusement d'être compromises à cause de la mauvaise foi du Rwanda et ses complices congolais de la rébellion.

J'ai souligné l'aide indispensable de la Communauté internationale pour l'aboutissement heureux de ce processus et l'amorce de la reconstruction de la République Démocratique du Congo.

Le Peuple congolais qui a tant souffert ne demande qu'une chose à l'ONU et à la Communauté internationale que la justice soit faite pour les faibles comme pour les forts, pour les riches et pour les pauvres.
 

Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie.