21 avril 2016 – A la veille de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris sur le climat, deux experts des Nations Unies ont appelé jeudi les futurs signataires à aller au-delà de leurs engagements actuels en terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sous peine d’être rapidement dépassés par l’augmentation des catastrophes météorologiques et de la température mondiale.

L’Accord de Paris a été conclu le 12 décembre 2015 dans la capitale française, lors de la 21ème Conférence des Etats parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements Climatiques (CCNUCC), dite COP21. Dans le cadre de cet accord historique, les 196 Etats parties se sont engagés à prendre des mesures pour maintenir l’élévation de la température mondiale en dessous de 2 degrés Celsius d’ici la fin du siècle. Une cérémonie de signature de cet accord est prévue demain, vendredi 22 avril, au Siège de l’ONU, à New York

« Je me réjouis du fait que plus de 160 pays ont annoncé leur participation à la cérémonie de signature de l’Accord de Paris, mais il existe un danger réel que nous soyons dépassés par l’augmentation rapide du rythme du réchauffement climatique, à moins que les signataires n’augmentent significativement leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre », a déclaré dans un communiqué de presse le chef du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNISDR), Robert Glasser.

« Il est clair que les conditions météorologiques et le climat sont impliqués dans 90% des catastrophes majeures imputables à des risques naturels. Les sécheresses, inondations, tempêtes et canicules ont le potentiel de saper les efforts de nombreux pays en développement pour éliminer la pauvreté », a déclaré le chef de l’UNISDR.

Au cours des 12 derniers mois, M. Glasser a déclaré que le monde a assisté à une série d’événements dévastateurs, y compris une multiplication par deux des sécheresses déclenchées en partie par le phénomène climatique El Niño et qui menacent la sécurité alimentaire de 100 millions de personnes. Le courant chaud équatorial est également responsable d’un des pires épisodes de blanchiment corallien jamais recensés, a-t-il ajouté.

Selon la presse, la hausse de la température liée à El Niño provoque en effet un phénomène de dépérissement des coraux qui se traduit par une décoloration et une insuffisance en apports nutritifs conduisant à leur mort. La disparition des récifs coralliens a un impact très important sur l’écosystème marin, car ils fournissent leur nourriture à de nombreuses espèces de poissons et de crustacés.

« La signature de l’accord de Paris est une première étape, mais le monde a besoin de prendre position dès maintenant pour une transition rapide des combustibles fossiles au profit de sources d’énergie renouvelables », a appelé le chef de l’UNISDR.

Sans cela, a-t-il mis en garde, le fardeau humanitaire engendré par les réponses aux catastrophes naturelles va croître de façon exponentielle et les pertes économiques engendrées continueront de priver le monde de revenus qui pourraient être utilisés pour améliorer la santé, l’éducation et la sécurité sociale des plus pauvres.

L’Accord de Paris représente toutefois une avancée majeure pour le monde, notamment parce qu’il reconnaît que le respect des droits de l’homme fait partie intégrante de la lutte contre le changement climatique, a de son côté estimé le Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme et l’environnement, John Knox.

« Pour la première fois, un accord environnemental mondial mentionne explicitement les droits humains », a déclaré l’expert.

L’Accord de Paris invite en effet les Etats parties à respecter leurs obligations en matière de droits dans le cadre des mesures prises pour lutter contre le changement climatique. Il mentionne aussi les droits humains particulièrement touchés par le changement climatique, y compris le droit à la santé et les droits des peuples autochtones, des migrants, des enfants et des personnes handicapées, ainsi que l’égalité des sexes et l’équité intergénérationnelle.

« L’objectif de l’Accord de Paris de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale largement en dessous de 2 ° C par rapport aux niveaux préindustriels, et de s’efforcer de limiter cette augmentation à 1,5 ° C, est un excellent début », a estimé le Rapporteur spécial.

« Malheureusement, les engagements réalisés par les gouvernements à ce jour sont insuffisants pour atteindre cet objectif global », a déploré M. Knox.

Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la mise en œuvre complète des engagements réalisés dans le cadre de l’Accord de Paris conduirait à des niveaux d’émissions en 2030 qui entraîneraient probablement une augmentation globale de la température moyenne de plus de 2 ° C, et très probablement de plus de 3 ° C.

« Même s’ils respectent leurs engagements actuels, les États ne satisferont pas à leurs obligations en matière de droits », a par conséquent déclaré M. Knox. « Du point de vue des droits de l’homme, il est nécessaire non seulement de mettre en œuvre les engagements actuels, mais aussi de les renforcer pour atteindre l’objectif énoncé à l’article 2 de l’Accord de Paris ».