Brazzaville

21 July 2014

Message du Secrétaire général au Forum de Brazzaville pour la reconciliation nationale inter-centrafricaine

M. Babacar Gaye, Représentant spécial du Secrétaire général en République centrafrcaine et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies en République centrafricaine (MINUSCA)

Je rends hommage à la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) et à son Médiateur, Son Excellence le Président Denis Sassou Nguesso, pour sa persévérance et son engagement pour le règlement de la crise en République centrafricaine. 
Je m'adresse à ce Forum de Brazzaville pour la réconciliation nationale inter-centrafricaine avec l'espoir que les acteurs centrafricains saisiront l'exceptionnelle opportunité qu'il leur offre pour ouvrir une nouvelle page dans leur histoire. Cet espoir est celui du peuple centrafricain qui n'a que trop souffert de plusieurs mois de violence incompréhensible. Il est aussi celui de la communauté internationale, dont la mobilisation aux côtés de la République centrafricaine ne cesse, fort opportunément, de se renforcer. 
Je me réjouis de l'engagement et du sens élevé des responsabilités des autorités de la transition pour la préparation de ce Forum de Brazzaville. Je voudrais, dans ce contexte, exprimer mon appréciation au chef de l'Etat de la transition, Son Excellence Madame Catherine Samba-Panza, qui a marqué son soutien à la relance du processus politique dans son pays.
Je voudrais féliciter les délégués ici présents pour avoir fait le déplacement de Brazzaville. Ce faisant, vous avez posé un jalon important dans la recherche d'une solution définitive à la grave crise que connaît votre pays. Vous avez su vous mettre à la hauteur des enjeux. Il importe maintenant de traduire dans les faits l'espoir que la tenue de ce Forum a fait naître afin d'en faire une rencontre fondatrice qui  marque un nouveau départ pour votre pays. 
La gestion de la crise centrafricaine a, une fois de plus, illustré l'importance que revêtent la coordination et la collaboration entre les différents acteurs œuvrant à la recherche d'une solution. Je me félicite de l'excellent climat de coopération qui existe entre les Nations Unies, l'Union africaine, la CEEAC et d'autres partenaires internationaux, tant bilatéraux que multilatéraux. Il est essentiel que cette coordination soit poursuivie et que notre cohésion soit renforcée dans la période à venir, particulièrement au regard de l'importance des prochaines étapes du processus de réconciliation nationale en RCA. Cette coordination et cette cohésion sont également la garantie de l'efficacité des mesures et des sanctions que pourrions être amenés à prendre contre ceux qui seraient tentés de saper le processus de réconciliation et d'autres fauteurs de troubles. 
Les défis à surmonter sont énormes. Il s'agit de mettre un terme la violence et de faire définitivement taire les armes. En l'absence de solution politique durable aux problèmes de cette région, il n'y aura aucune perspective de paix et d’unité en Centrafrique. Il s'agit de créer les conditions d'une véritable réconciliation dans un contexte marqué par des divisions d'autant plus profondes qu'elles ont pris un tour communautaire et religieux. Il s'agit de restaurer la cohésion sociale et de guérir les blessures créées par les déchirures des mois écoulés. Il s'agit de permettre aux institutions de la transition de s'acquitter plus efficacement de leur mandat, y compris en favorisant la tenue d'élections libres, transparentes et crédibles qui couronneront le processus de la transition.
Mesdames, Messieurs les délégués,
Votre pays est à la croisée des chemins. Il s'agit d'opérer, sans ambiguïté aucune, le choix de l'impératif du sursaut national, qui exige un attachement sans faille à l'intérêt suprême de votre pays et de son peuple. L'appropriation nationale est un impératif. Sans elle, les efforts de la communauté internationale resteront vains. De ce point de vue, je me félicite des étapes à venir du processus de réconciliation nationale et de relance du dialogue politique. Les consultations qui auront lieu au niveau des différentes régions de la Centrafrique et le Forum qui se déroulera par la suite à Bangui seront l'occasion d'impliquer toutes les couches de la population centrafricaine. Les Nations unies apporteront, aux côtés de l'Union africaine, de la CEEAC et des autres membres de la communauté internationale, tout le soutien requis.
Au demeurant, depuis l'éclatement de la crise centrafricaine, l’Organisation des Nations Unies n'a cessé d'œuvrer, de concert avec les acteurs africains et internationaux concernés, à la recherche d'une solution durable. C'est dans cette perspective que s'inscrit la décision de déployer une opération de maintien de la paix qui prendra le relais de la MISCA le 15 septembre prochain. La MINUSCA, dont les effectifs seront plus nombreux et le mandat plus large, s'emploiera à consolider les avancées significatives enregistrées par la MISCA avec l'appui des opérations Sangaris et EUFOR-RCA, de façon à créer les conditions d'un engagement international encore plus soutenu en faveur de la République centrafricaine. Il va sans dire que cette entreprise sera grandement facilitée par la relance du processus politique.
Par-delà le soutien politique, nous nous devons aussi de renforcer notre assistance économique, financière et humanitaire, tant il est vrai que la réconciliation et le dialogue ne peuvent prospérer dans un environnement marqué par une misère extrême et l'incapacité de l'Etat à assumer les plus fondamentales de ses prérogatives régaliennes. L'allègement des souffrances des populations affectées par la crise et la restauration de l'autorité de l'Etat sont une composante intégrale du processus de réconciliation.
En conclusion, j'exhorte encore une fois les acteurs centrafricains à faire du Forum de Brazzaville pour la réconciliation nationale inter-centrafricaine et des activités de suivi envisagées, le symbole de la Refondation de la Nation dans sa pluralité, ainsi que celui de leur engagement résolu à ne plus retomber dans les errements du passé. Il importe que les délibérations de ce Forum et des autres phases du dialogue inter-centrafricain qui se tiendront en terre centrafricaine soient marquées du sceau du compromis et de la tolérance mutuelle. Au sortir de cette rencontre, il ne doit y avoir qu'un seul vainqueur: le peuple centrafricain. Je suis plus que jamais déterminé à vous accompagner sur cette voie et à aider la République centrafricaine à retrouver toute la place qui lui revient dans le concert des Nations.
Je vous souhaite de fructueuses délibérations.

Je vous remercie.