Conférence de presse du Représentant permanent du Tchad et Président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre 2014, M. Mahamat Zene Cherif

En cette fin d’année 2014, les travaux du Conseil de sécurité, qui sera présidé pour la première fois par le Tchad, seront largement consacrés aux questions africaines.  Au cours de la conférence de presse qu’il a donnée cet après-midi au Siège de l’ONU, le Représentant permanent du Tchad auprès des Nations Unies, M. Mahamat Zene Cherif, a annoncé la tenue de deux débats publics, les 16 et 19 décembre, qui porteront respectivement sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, en particulier l’Union africaine, et sur les liens entre terrorisme et criminalité transfrontalière, notamment sur le continent africain.

« Le premier débat sera présidé par le Ministre tchadien des affaires étrangères et de l’intégration africaine, M. Moussa Faki Mahamat », s’est félicité M. Cherif, en précisant que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, s’exprimera à cette occasion, de même qu’un représentant de l’Union africaine.  Une déclaration présidentielle mettra l’accent sur le « partenariat » entre l’Union africaine et l’Organisation des Nations Unies dans le cadre des opérations de maintien de la paix.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, fera un exposé à l’ouverture du second débat public, a indiqué le Président du Conseil de sécurité.  « Le choix du thème s’explique, a-t-il précisé, par la recrudescence en Afrique de deux fléaux: le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Beaucoup d’États africains doivent sécuriser leurs frontières pour faire obstacle à ces deux défis. »

Un projet de résolution, qui ne négligera pas le phénomène des combattants étrangers, a-t-il assuré, devrait être mis aux voix lors de cette réunion.  L’une de ses dispositions demande d’ailleurs au Secrétaire général de présenter au Conseil de sécurité un rapport sur la présence de ces combattants en Afrique, notamment au Sahel.

« Mais le texte se concentrera surtout sur les intersections entre les organisations criminelles et des groupes terroristes comme Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Boko Haram ou les milices du groupe Al-Chabab, de part et d’autres des frontières nationales. »

Outre ces deux réunions phares, auxquelles tous les États Membres y sont invités, 3 autres débats sur la situation au Kosovo, les Tribunaux pénaux internationaux et la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) sont au menu ce mois-ci.  Pas moins de 12 exposés, dont 7 suivis de consultations, sont également inscrits au programme, qui ne prévoit, a fait observer M. Cherif, aucune réunion au-delà de la date du 22 décembre.

Au nombre des réunions d’information, le Président du Conseil de sécurité a souligné celle qui portera sur les derniers développements en République centrafricaine, qui est aujourd’hui le théâtre de violences interconfessionnelles.  Le Groupe d’experts sur les sanctions applicables à ce pays présentera son rapport le 9 décembre, a-t-il ajouté.

Répondant à une question en sa qualité nationale, M. Cherif a jugé que la participation aux élections de 2015 des personnes déplacées et des réfugiés centrafricains – qui sont au nombre de 100 000 rien qu’au Tchad – serait un « gage de succès » pour le scrutin et le dialogue national.  « Ces personnes ne doivent pas être exclues.  Faut-il garantir le retour des réfugiés avant la tenue du scrutin ou, plutôt, envisager des urnes mobiles pour leur permettre de voter?  Ce sont là des options qui méritent d’être étudiées de près », a-t-il estimé.

Interrogé sur le Mali, M. Cherif a également répondu en sa qualité nationale, en soulignant que le « projet régional de force d’intervention rapide » évoqué lors d’une réunion, le mois dernier au Niger, avait recueilli la faveur des pays africains.  Il ne semble pas en être de même à l’ONU, où l’on estime qu’une « restructuration du mandat » de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) reste la voie à suivre, a-t-il fait observer.

Convaincu qu’il serait préférable d’attendre le rapport du Secrétaire général sur les activités de la MINUSMA, qui sera rendu public le 24 décembre, le Président du Conseil de sécurité a rappelé qu’in fine, seule une solution politique pourrait régler la crise malienne.  Toutefois, « si la situation l’exige », le Conseil de sécurité examinera toutes les options à sa disposition.

Concernant les allégations selon lesquelles l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) n’aurait pas signalé des viols massifs commis le mois dernier dans cette région soudanaise, le Président du Conseil de sécurité a répondu qu’il souhaitait attendre l’exposé du 4 décembre pour prendre connaissance de tous les faits. 

La situation en Afrique centrale retiendra également l’attention du Conseil avec un exposé, le 10 décembre, du Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau régional des Nations Unies (UNOCA), M. Abdoulaye Bathily, qui devrait revenir sur les crimes graves commis par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), a encore indiqué le Président.

En ce qui concerne la Syrie, M. Cherif a annoncé que l’Envoyé spécial pour la crise dans ce pays, M. Staffan de Mistura, présentera une approche « qui vise à geler les hostilités, en commençant par Alep », avant de l’étendre aux autres villes syriennes.  Les membres du Conseil réfléchiront ensuite aux moyens d’appuyer cet effort, a-t-il dit.

S’il a confirmé qu’aucun projet de résolution sur la situation en Palestine n’avait été porté à son attention à ce jour, le Président n’a pas exclu cette possibilité.  Répondant à une question sur la saisine éventuelle de la Cour pénale internationale concernant la situation en République populaire et démocratique de Corée (RPDC), il a indiqué qu’à ce stade, aucune procédure n’est engagée.  

S’exprimant sur ce dernier point en tant que représentant du Tchad, M. Cherif a estimé que cette juridiction internationale n’a pas à être soumise à « quelque influence politique que ce soit ».  Il a exprimé de vives réserves sur la demande faite par des États non parties au Statut de Rome de renvoyer des situations devant la Cour « quand ça les arrange ».

En tant que Président du Conseil de sécurité, a-t-il assuré, il a l’obligation d’en informer les autres membres du Conseil afin que cet organe « se prononcer en toute souveraineté sur la question ».

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