SC/14457

Soudan du Sud : le Conseil de sécurité examine la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé, en perspective du renouvellement du mandat de la MINUSS

Les membres du Conseil de sécurité ont unanimement salué, ce matin, les progrès, « lents mais encourageants », dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, à quelques jours du renouvellement du Mandat de la Mission des Nations Unies dans ce pays (MINUSS) dont le Chef, M. David Shearer, a présenté, pour la dernière fois, le rapport du Secrétaire général au Conseil. 

Faisant le point sur les derniers évènements politiques, sécuritaires et humanitaires, et sur la situation des droits humains au Soudan du Sud, le Représentant spécial du Secrétaire général a salué les nombreuses avancées depuis qu’il y a pris ses fonctions il y a quatre ans.  « La réalité est cependant que le processus de paix reste extrêmement fragile », a-t-il reconnu, avant d’inviter la communauté internationale à rester unie et déterminée à le faire avancer.  Les membres du Conseil ont pour leur part plaidé pour la mise en place des forces unifiées, une étape importante pour le processus de paix et de réconciliation, tout en insistant sur la participation des femmes à hauteur de 35% à tous les niveaux du processus, tel que le prévoit l’Accord.  

En visioconférence depuis Djouba, M. Shearer a rappelé que la semaine dernière a marqué le premier anniversaire de la mise en place du Gouvernement provisoire et a noté des progrès positifs.  La présidence et le Conseil des ministres ont été formés, l’effectif complet de dirigeants au niveau des États est en place et des fonctionnaires de niveau inférieur ont été annoncés.  Le Président a délégué le pouvoir aux gouverneurs des 10 États dans un décret.  M. Shearer a toutefois noté que les progrès ont été lents.  L’Assemblée législative nationale provisoire attend toujours d’être reconstituée et il y a eu des progrès minimes dans l’élaboration de la Constitution, la justice transitionnelle et la réforme économique.  Plus important encore, les forces unifiées n’ont pas encore été formées, et le vide de pouvoir au niveau local a ouvert des opportunités pour les saboteurs et les acteurs nationaux qui ont exploité les tensions locales et alimenté la violence infranationale. 

Au vu de ce constat, Mme Jackline Nasiwa, qui prenait part à la réunion en tant que Directrice du Centre pour une gouvernance, une paix et une justice inclusives, une ONG locale, a exigé que les dirigeants sud-soudanais soient tenus responsables de la mise en œuvre des aspects clefs de l’accord de paix pendant le reste de la période de transition.   « C’est ce que le peuple de tout le pays réclame. »  Les États-Unis, qui prennent ce mois-ci la présidence du Conseil, ont salué sa déclaration, soulignant que les membres de la société civile, en particulier les femmes, devraient être plus souvent entendus dans cette enceinte.   « La délégation américaine a donc l’intention de placer les représentants de la société civile aux plus hauts niveaux de la diplomatie et de la prise de décision », a annoncé la nouvelle ambassadrice américaine.   

Le Conseil doit également faire pression sur les parties pour qu’elles prennent des mesures concrètes pour respecter le quota de 35% de femmes, a insisté Mme Nasiwa, relevant qu’elles ne représentent pour l’instant que 20%.  Déplorant pour sa part la situation des femmes et des filles, qui restent toujours victimes de viols, de mariages forcés et autres abus, le Mexique a exigé que justice soit rendue, et ce, « quel que soit leur rang ou leur ancienneté », a ajouté l’Irlande.   

« En attendant, le Chef de la MINUSS a indiqué que les forces de la Mission ont été plus mobiles ces derniers mois, établissant de nouvelles bases temporaires et augmentant les patrouilles vers les points chauds.  La plupart de ces initiatives impliquent le personnel des affaires civiles et des droits de l’homme afin de rassembler également les communautés, dissuader la violence et s’attaquer aux causes sous-jacentes, a-t-il. 

Les trois pays africains membres du Conseil et Saint-Vincent-et-les Grenadines, les « A3+1 », ont jugé impératif de continuer à appuyer, au niveau régional et international, la mise en œuvre du processus de paix au Soudan du Sud. Cela doit se faire par un engagement diplomatique et une politique solide, ainsi que par une assistance sur les plans technique, financier et logistique.   De même, la fragilité du pays exige que le processus de paix soit complété par un programme solide de consolidation de la paix, afin de « l’aider à développer les capacités institutionnelles de gouverner efficacement et à relever les défis de la responsabilité en matière de droits de l’homme, de gestion des ressources et d’autres domaines des services publics ».   

Il est vrai qu’en plus des défis politico-sécuritaires, les conflits infranationaux, combinés aux inondations, ont créé des besoins humanitaires critiques, comme à Jongleï et Ouarrap, a exposé M. Shearer en saluant l’aide essentielle fournie par les agences humanitaires malgré la mort de neuf travailleurs humanitaires l’année dernière, ainsi que la protection des civils apportée par la MINUSS.  La France a insisté pour que les personnels humanitaires et médicaux puissent circuler sans entrave et sans peur d’être pris pour cible.   

De son côté, la Fédération de Russie a recommandé un réexamen du régime de sanctions afin de l’adapter à la situation, alors que la Chine a demandé sa levée « au plus vite ».  Pour le Royaume-Uni, s’il est vrai que le Gouvernement sud-soudanais doit apporter une formation et des ressources adéquates aux forces unifiées, une telle action n’exige aucun assouplissement de l’embargo sur les armes.  « Si le Gouvernement souhaite soumettre des demandes d’exemption, il est libre de le faire pour examen au Comité des sanctions. » 

L’examen stratégique indépendant, commandé par le Conseil, ainsi que le renouvellement du mandat à venir, devraient guider la MINUSS sur une voie plus adaptée à ses objectifs, a conclu M. Shearer.  À terme, il sera question de créer un environnement de protection dans lequel tous les citoyens bénéficient de l’état de droit.  Pour terminer, il a identifié deux domaines délicats pour le Soudan du Sud: la richesse du pays qui est siphonnée dans le secret sans aucune responsabilité publique, et la fierté des Sud-Soudanais qui fait que la présence massive de l’ONU se heurtera inévitablement à leur souveraineté durement acquise. 

M. DAVID SHEARER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a rappelé que la semaine dernière a marqué le premier anniversaire de la mise en place du gouvernement provisoire et a noté des progrès positifs: la présidence et le Conseil des ministres ont été formés, l’effectif complet de dirigeants au niveau des États est en place et des fonctionnaires de niveau inférieur ont été annoncés.  En outre, le Président a délégué le pouvoir aux gouverneurs des 10 États dans un décret.  M. Shearer a salué ces étapes, tout en notant qu’après un an, les progrès ont été lents.  L’Assemblée législative nationale provisoire attend toujours d’être reconstituée et il y a eu des progrès minimes dans l’élaboration de la Constitution, la justice transitionnelle et la réforme économique.  Plus important encore, les forces unifiées n’ont pas encore été formées, malgré les multiples dates butoirs fixées par le Gouvernement.  Le vide de pouvoir au niveau local a ouvert des opportunités pour les saboteurs et les acteurs nationaux qui ont exploité les tensions locales et alimenté la violence, a constaté le Représentant spécial en citant l’impact à Jongleï l’année dernière, tandis qu’aujourd’hui à Ouarrap, il y a une augmentation inquiétante de la violence entre des milices communautaires lourdement armées, face à laquelle les forces gouvernementales n’ont encore rien fait.  Il a toutefois indiqué que les conflits dans les États « Équatoria » ont diminué, et que les initiatives de réconciliation à Jongleï ont fait diminuer la violence à un niveau épisodique. 

Sur le plan humanitaire, les conflits infranationaux, combinés aux inondations, ont créé des besoins critiques dans des sites comme à Jongleï et Ouarrap, a poursuivi M. Shearer en saluant l’aide essentielle fournie par les agences humanitaires malgré la mort de neuf travailleurs humanitaires l’année dernière.  La majeure partie du pays a besoin d’une aide alimentaire, a-t-il signalé, tout en saluant le fait que la dernière évaluation de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) montre une augmentation d’année en année de la production céréalière, et une nette augmentation des terres cultivées.  Dans tout le pays, la MINUSS continue de protéger et de soutenir les Sud-Soudanais dans le besoin, malgré de nombreux défis, a-t-il assuré. 

M. Shearer a notamment indiqué que les ingénieurs de la Mission profitent de la saison sèche pour construire et améliorer 3 200 kilomètres de routes, y compris entre Bor et Pibor, ce qui devrait faciliter la réconciliation entre les communautés Murle, Dinka et Nuer.  Il a estimé que ces routes constituent « un héritage souvent négligé du maintien de la paix ».  Dans un pays avec seulement 400 kilomètres de routes goudronnées, l’amélioration des routes stimule la communication, augmente les échanges commerciaux, les emplois, et surtout, construit la paix en reliant les communautés, a expliqué M. Shearer.  Il a également salué le fait que la police nationale ait désormais pu asseoir son autorité dans les camps de déplacés, alors que les résidents étaient, au départ, réticents à sa présence. 

Le Chef de la MINUSS a indiqué que l’examen stratégique indépendant, commandé par le Conseil, ainsi que le renouvellement du mandat à venir, devrait guider la MINUSS sur une voie plus adaptée à ses objectifs.  Selon lui, la protection des civils par les Casques bleus n’est qu’un aspect de la protection.  À terme, il sera question de créer un environnement de protection dans lequel tous les citoyens bénéficient de l’état de droit.  De ce fait, la MINUSS entend redéployer du personnel et des ressources pour renforcer les capacités d’institutions importantes, notamment les tribunaux, le système judiciaire et la police nationale.  Selon lui, il s’agit de mettre les Sud-Soudanais sur la sellette pour lutter contre l’impunité qui sévit dans ce pays, en particulier à l’égard des auteurs de violence sexuelle, afin qu’il y ait finalement moins de victimes. 

Sur le plan sécuritaire justement, les forces de la Mission ont été plus mobiles ces derniers mois, établissant de nouvelles bases temporaires et augmentant les patrouilles vers les points chauds, a-t-il signalé.  Il a expliqué que la plupart de ces initiatives sont intégrées, impliquant le personnel des affaires civiles et des droits de l’homme afin de rassembler également les communautés, dissuader la violence et s’attaquer aux causes sous-jacentes. 

M. Shearer a rappelé que c’est son dernier exposé au Conseil de sécurité en tant que Représentant spécial au Soudan du Sud, et il a partagé quelques réflexions personnelles.  Il a salué les nombreuses avancées que le pays a connues depuis qu’il a pris ses fonctions il y a quatre ans.  Il a noté que la violence a considérablement diminué, même si on note la recrudescence des milices communautaires armées, au mépris des forces de l’État.  La MINUSS poursuit également ses efforts pour faire avancer le processus de paix en travaillant avec tous les partis politiques et en coordination avec les partenaires régionaux et internationaux.  « La réalité est cependant que le processus de paix reste extrêmement fragile », a-t-il avoué, avant d’inviter la communauté internationale à rester unie et déterminée à le faire avancer.  

M. Shearer a ensuite identifié deux domaines délicats pour le Soudan du Sud.  La richesse du pays -le pétrole et autres- contourne sa population, étant « siphonnée dans le secret » sans aucune responsabilité publique.  Et les gens se demandent de plus en plus pourquoi les gestionnaires des biens publics organiseraient des élections qui risquent de leur faire perdre leurs avantages.  Deuxièmement, a-t-il dit, « je suis frappé par l’immense fierté que les Sud-Soudanais ont de leur pays ».  Notant que la présence massive de l’ONU se heurtera inévitablement à leur souveraineté durement acquise, il a souligné que la « vraie souveraineté » signifie aussi la responsabilité de « se soucier vraiment, de manière tangible et démontrable, des 12 millions de citoyens de la nation ».  Il a aussi noté que malgré l’indépendance du pays, le Soudan du Sud est peut-être l’une des nations les plus dépendantes de l’histoire.  Ses systèmes d’éducation et de santé, ses routes et ses infrastructures sont fournis par des étrangers.  De ce fait, la communauté internationale a sa part de responsabilité: « nous nous sommes trop empressés d’assumer et d’assurer des responsabilités qui devraient incomber aux Sud-Soudanais ».  Ce faisant, la communauté internationale a accru leur dépendance, portant ainsi atteinte à leur dignité, en a conclu M. Shearer en citant ce que lui a souvent dit le Président sud-soudanais: « David, vous nous transformez en une nation de mendiants ».  Si, selon M. Shearer, cet avis n’est pas dénué de sens, le Gouvernement devrait également s’engager. 

Le passage du Soudan du Sud du conflit au relèvement est en cours, a toutefois assuré M. Shearer en saluant le fait que la Mission travaille bien et s’évertue à mettre en œuvre le changement.  Grâce aux efforts collectifs de tant de personnes, y compris de la région, le Soudan du Sud est dans un meilleur état, s’est-il réjoui.  Mais il a prévenu: « le pays avance lentement, d’une lenteur frustrante, avec encore tant de choses à faire avant que les citoyens puissent vraiment jouir d’un avenir pacifique et prospère. »

Mme JACKLINE NASIWA, Fondatrice et Directrice du Centre pour une gouvernance, une paix et une justice inclusives, une ONG locale au Soudan du Sud qui travaille dans le domaine des droits de l’homme, de la consolidation de la paix et des droits des femmes, a expliqué que les cas de COVID-19 sont en hausse dans son pays, ce qui met à rude épreuve un système de santé déjà fragile et incapable de subvenir aux besoins essentiels de sa population.  En plus de la pandémie, elle a énuméré une myriade d'autres problèmes: des inondations dans la plupart des forêts de la région du Haut Nil; la famine à Jongleï et Pibor; les violations continues du cessez-le-feu par les parties, y compris dans les sites de cantonnement; les confrontations avec les non-signataires de l’accord; les violences communautaires; les violences sexuelles contre les femmes et les filles; les déplacements de personnes et d’autres crises sanitaires publiques.  Elle a également cité l’économie qui s'est effondrée en raison d’une mauvaise gestion des revenus et des ressources nationales, privant les citoyens des services de base. ·« Voilà le Soudan du Sud aujourd'hui. » 

L’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud risque de s’effondrer sans votre soutien indéfectible et votre position unifiée, a-t-elle lancé aux membres du Conseil, arguant qu’il reste toujours beaucoup à faire.  Elle s’est dite profondément préoccupée par la lenteur inacceptable de la mise en œuvre de l’Accord et le manque de volonté politique dont font preuve les parties alors que son peuple continue de souffrir au quotidien.  Mme Nasiwa a exigé que les dirigeants sud-soudanais soient tenus responsables de la mise en œuvre des aspects clefs de l’accord de paix pendant le reste de la période de transition.  C’est ce que le peuple de tout le pays réclame, a-t-elle affirmé relayant les propos recueillis lors des récentes visites qu’elle et ses équipes ont faites dans le Haut-Nil, l’Équatoria et Bahr Ghazal.  « Les civils ordinaires ont besoin de sécurité et de paix. »  Ils ont besoin de la reconnaissance de leur sort et que leurs dirigeants leurs assurent qu’il n’y aura « plus jamais » de guerre, a martelé la représentante de la société civile en soulignant qu’ils exigent la fin de la guerre, des violations des droits humains et de la corruption.  «  Par-dessus tout, ils ont besoin de vérité et de réconciliation. »

Dès lors, elle a demandé une surveillance étroite du cadre de mise en œuvre de l’accord de paix et de la réalisation de tâches clefs telles que la reconstitution des législatures étatiques et nationales; la mise en place de mécanismes de justice transitionnelle; l’adoption des projets de loi et d’amendement constitutionnel sur l’accord de paix; l’opérationnalisation des sites de cantonnement, la sélection et la formation des forces; la fourniture de services de base aux sites de cantonnement, y compris les médicaments et la nourriture; et la garantie d’un soutien aux processus de désarmement et de démobilisation.  Les droits de l’homme doivent être le fondement de tous ces processus, a fait valoir Mme Nasiwa expliquant que le non-respect de ces droits entraînera des inégalités, des divisions et davantage de violence.  Le Conseil de sécurité doit également faire pression sur les parties pour qu’elles prennent des mesures concrètes pour faire en sorte que le quota de 35% de femmes soit respecté à tous les niveaux de gouvernance, a-t-elle ajouté s’alarmant qu’à ce stade elles ne représentent que 20%. 

Lors de sa première intervention au Conseil en 2018, Mme Nasiwa avait souligné la nécessité pour la MINUSS de mieux collaborer avec la société civile, a-t-elle rappelé en se disant heureuse, aujourd’hui, que ce soit le cas. Son organisation et d'autres de la société civile travaillent avec la MINUSS pour promouvoir la paix, assurer la protection de droits de l’homme, soutenir le leadership de femmes et la consolidation de la paix. Cependant, ce soutien doit être élargi et, pour être durable, il faut renforcer les capacités locales pour poursuivre ce travail, a-t-elle conclu. 

Le Viet Nam a salué le bon fonctionnement du Gouvernement de transition en soulignant la nomination du gouverneur du Haut-Nil en janvier qui a achevé la formation de postes de gouverneur dans tous les États du Soudan du Sud après six mois d’efforts, alors que le cessez-le-feu permanent continue d’être largement respecté.  Le Viet Nam a aussi salué l’annonce de la mise en place du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud qui doit être formalisée par la signature d’un mémorandum avec l’Union africaine.  Tout en saluant la croissance économique positive du pays en 2020, le Viet Nam a dit que la pandémie de COVID-19, les graves inondations et autres catastrophes naturelles, les violences intercommunautaires et l’insécurité alimentaire, sont autant de risques qui menacent d’hypothéquer les acquis de l’accord de paix. 

Le Viet Nam a encouragé l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à intensifier ses efforts de médiation pendant cette période cruciale, avant d’appeler à davantage de mesures de renforcement de la confiance.  En outre, la délégation a appelé le Gouvernement à redoubler d’efforts pour lutter contre la violence intercommunautaire dans le pays afin d’éviter d’éventuels effets négatifs sur la période de transition actuelle.  Le Viet Nam a dit qu’il apportera un soutien médical au Soudan du Sud dans la lutte contre la pandémie dans la mesure de ses capacités.  Enfin, il a souhaité que les sanctions soient supprimées lorsque les conditions seront remplies, disant attendre avec intérêt le rapport du Secrétariat sur les propositions de critères de référence pour la révision de l’embargo sur les armes.  « En tant que Président du Comité 2206, le Viet Nam continuera également de favoriser la coopération et le dialogue entre le Groupe d’experts et le Soudan du Sud et les États de la région. »

S’exprimant au nom des A3+1, les pays africains membres du Conseil de sécurité (Kenya, Niger, Tunisie) et de Saint-Vincent-et-les Grenadines), le Kenya a salué l’amélioration globale de la situation politique et sécuritaire au Soudan du Sud.  Mais malgré des progrès, la mise en œuvre de certaines activités clefs en matière de gouvernance continue de prendre du retard, en particulier la reconstitution de l’Assemblée législative nationale provisoire, ont déploré les A3+1.  Ils ont donc exhorté les parties à finaliser rapidement les nominations en cours des représentants de l’État et à reconstituer l’Assemblée nationale provisoire.  Ils les ont invitées à rester attachées au principe d’inclusion, y compris en mettant en application le quota minimum convenu de 35% pour la participation des femmes ainsi qu’en veillant à l’engagement des jeunes.  Les A3+1 ont marqué leur préoccupation face à la lenteur des progrès dans la mise en œuvre des dispositions transitoires de sécurité, relevant que cela est largement imputable au manque de capacités techniques et à des ressources limitées.  À cet égard, ils se sont félicités des efforts visant à faciliter le renforcement des capacités dans le secteur de la sécurité, saluant notamment la formation dispensée à Nairobi (Kenya) sur le thème « leadership, consolidation de la paix et reconstruction », à l’intention des officiers supérieurs des Forces de défense du peuple du Soudan du Sud et des commandants de l’opposition.  Ils ont ensuite demandé aux parties d’accélérer le processus en cours de cantonnement, de sélection, d’entraînement et de déploiement des forces unifiées.   

En outre, les A3+1 ont jugé essentiel que les parties non-signataires de l’accord de paix se joignent sans plus tarder au processus de transition et participent activement à sa mise en œuvre.  Selon eux, des leçons importantes ont été tirées au cours des deux dernières années et demie de la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé.  « Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un dispositif complexe et coûteux qui nécessitera un investissement considérable en temps et en ressources. »  Au vu de ces défis, les A3+1 ont souligné qu’il est impératif de continuer d’appuyer la mise en œuvre du processus de paix au Soudan du Sud au niveau régional et international, notamment par un engagement diplomatique et politique solide; l’assistance technique ; et une assistance financière et logistique.   

Les A3+1 ont également salué le rapport sur l’examen stratégique indépendant de la MINUSS, le jugeant essentiel pour éclairer le prochain examen du mandat de la Mission en vue de la rendre plus adaptée à ses tâches.  Selon eux, le peuple du Soudan du Sud et ceux de la région espèrent que le nouveau mandat de la MINUSS sera calibré pour répondre à l’évolution de la situation politique et sécuritaire, en mettant particulièrement l’accent sur le soutien concret au processus de paix, y compris un appui technique et logistique aux mécanismes et institutions responsables de la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé.  

Pour les A3+1, la fragilité du Soudan du Sud exige que le processus de paix soit complété par un programme solide de consolidation de la paix.  Or, certains des éléments qui guident cet effort s’inscrivent dans les dispositions de l’Accord de paix revitalisé et pourraient être facilement mis en œuvre avec peu de soutien.  Dès lors, ils ont souhaité que la MINUSS soit mandatée et habilitée à soutenir de tels programmes qui comprennent des éléments d’arrangements de sécurité transitoires.  Ils ont rappelé que la formation de l’État et le renforcement des institutions au Soudan du Sud restent un travail en cours; c’est ce qui avait présidé à la création de la MINUSS le 8 juillet 2011.   

Dans ce contexte, les A3+1 ont suggéré au Conseil de réfléchir au mandat originel pour éclairer la trajectoire future des activités de la Mission, y compris la consolidation de la paix et la sécurité, la création des conditions du développement et le renforcement des capacités institutionnelles du Gouvernement. « Un tel recentrage contribuera à aider le Soudan du Sud à développer les capacités institutionnelles de gouverner efficacement et à relever les défis de la responsabilité en matière de droits de l’homme, de gestion des ressources et d’autres domaines des services publics. »  Enfin, au vu des récentes améliorations de la situation politique et sécuritaire, les A3+1 ont estimé que le Conseil est en mesure d’évaluer l’efficacité des sanctions imposées au Soudan du Sud.  Saluant l’examen des conditions et mesures liées aux sanctions, ils ont appelé à fixer des objectifs « spécifiques, mesurables, réalisables, réalistes et assortis de délais », qui pourraient être facilement évalués par rapport aux progrès réalisés. 

Le Mexique a dit suivre avec un optimisme prudent les progrès dans le processus politique sud-soudanais.  La mise en œuvre de certains chapitres de l’Accord revitalisé, quoique lente, est néanmoins encourageante, selon le Mexique qui a insisté sur la participation des femmes à hauteur de 35% à tous les niveaux de ce processus.  Regrettant la recrudescence des attaques visant des civils, qui est de 120% en 2020, le Mexique a réitéré l’importance de se pencher sur les causes profondes du conflit, mettant en exergue à ce titre les flux d’armes légères et de petit calibre.  La priorité doit, selon lui, être donnée à un programme de collecte d’armes.  « Tout examen de l’embargo sur les armes devra se faire en fonction de la situation sur le terrain », a ajouté la délégation. 

Prenant note de la situation déplorable des femmes et des filles qui restent toujours victimes de viols, de mariages forcés et autres abus au Soudan du Sud, la délégation a exigé que justice soit rendue, « ce qui est nécessaire à la reconstruction du tissu social ».  Elle s’est dite alarmée par la dégradation de la situation humanitaire qui est marquée par une insécurité alimentaire croissante.  Conjuguée à la violence, cette situation entraine de nouveaux déplacements de personnes, a regretté le Mexique.  Avant de conclure, il a lancé un appel pour que la MINUSS puisse continuer de s’acquitter de son mandat en jouissant d’une pleine liberté de mouvement sur tout le territoire.  Il faudra tenir compte des évolutions sur le terrain lors du renouvellement de son mandat, a-t-il ajouté. 

La Chine a appelé toutes les parties à fournir une aide constructive au Soudan du Sud et jugé indispensable de maintenir la dynamique politique observée autour du maintien du cessez-le-feu alors que la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé a vu de sérieux progrès.  La Chine a appelé à avancer dans la mise en œuvre des dispositions sécuritaires, dans la mise en place d’un parlement et dans la préparation des prochaines élections.  La Chine a particulièrement salué l’appui fourni par l’Union africaine, l’IGAD et les autres garants régionaux de la mise en œuvre de l’accord de paix.  Elle a par ailleurs appelé à lever « au plus vite » les sanctions imposées au Soudan du Sud. 

« Il faut continuer d’améliorer la situation sécuritaire en mettre fin aux conflits intercommunautaires », a poursuivi la Chine avant de souligner la responsabilité première du Gouvernement en matière de protection des civils.  La Chine a jugé indispensable que la communauté internationale continue d’aider le pays à assumer cette responsabilité et à réagir aux défis liés à la pandémie de COVID-19.  À ce propos, la Chine a indiqué avoir fourni de nombreux articles médicaux au Soudan du Sud ainsi que des équipes d’experts médicaux pour soutenir la lutte contre la pandémie.  « La MINUSS a fait un grand travail pour améliorer la situation de terrain », a conclu la Chine avant de rendre hommage aux Casques bleus qui sont restés efficaces malgré la pandémie de COVID-19. 

La Norvège a salué les avancées dans la mise en place des institutions prévues par l’accord de paix, avant d’appeler le Gouvernement de transition à intensifier ses efforts pour mettre pleinement en œuvre l’Accord.  Elle a demandé la mise en œuvre des dispositions transitoires de sécurité et de la réforme du secteur de la sécurité, regrettant que presque qu’aucun progrès n’ait été réalisé sur cette partie vitale de l’accord de paix.  La Norvège a aussi souligné la nécessité de la formation immédiate de tous les gouvernements et législatures des États, et la reconstitution de l’Assemblée législative nationale provisoire et du Conseil des États.  Elle a plaidé pour le démarrage du processus d’élaboration de la Constitution et des préparatifs aux élections post-transitionnelles qui doivent être pacifiques, crédibles et inclusives.  La Norvège a invité toutes les parties à adhérer à la disposition prévoyant un quota de 35% de représentation féminine aux postes politiques et a appelé le Gouvernement à continuer de mettre en œuvre les réformes en matière de transparence et de responsabilité. 

Déplorant le niveau de violence infranationale, qui aggrave une situation humanitaire déjà désastreuse, la Norvège a appelé le Gouvernement à assurer la désescalade immédiate des conflits infranationaux, assurer la sécurité des travailleurs humanitaires, et à permettre un accès humanitaire libre et sans entrave.  La Norvège a dit être particulièrement préoccupée par la prévalence de la violence sexuelle, ainsi que par la maltraitance des enfants.  Elle a estimé qu’un aspect de la réponse humanitaire de la communauté internationale doit prendre en compte le renforcement de la résilience aux changements climatiques.  Elle a conclu en relevant que la paix et le développement à long terme au Soudan du Sud exigent une division plus équitable du pouvoir, des ressources et un processus politique plus inclusif. 

L’Irlande a salué quelques progrès relevés au Soudan du Sud, notamment dans les domaines de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, tels que la nomination de 10 gouverneurs, les annonces concernant la mise en place de mécanismes de justice transitionnelle attendus depuis longtemps et l’intention du Gouvernement d’aller de l’avant dans la mise en place d’une législature de transition.  Une avancée positive serait également pour le Gouvernement de signer un protocole d’accord avec l’Union africaine sur le Tribunal mixte, a estimé l’Irlande.  La délégation a appelé les parties non-signataires de l’accord de paix à déposer les armes et à se joindre au processus politique, déplorant à ce propos les niveaux de violence infranationale qui restent trop élevés.  L’Irlande a condamné fermement tous les actes de violence sexuelle liés aux conflits au Soudan du Sud, invitant les autorités sud-soudanaises à protéger les victimes et d’assurer la fourniture de services de soutien holistiques et centrés sur les survivants, y compris des services de santé sexuelle et reproductive.  « Les auteurs, quel que soit leur rang ou leur ancienneté, doivent être traduits en justice. » 

L’Irlande a ensuite exhorté les autorités sud-soudanaises à accélérer la mise en place de toutes les institutions gouvernementales et à appliquer le quota de 35% pour les femmes.  La délégation a encouragé les autorités à mettre rapidement en place une assemblée législative reconstituée et des dispositions transitoires de sécurité, avec un besoin particulier de renforcement des services de police.  Elle a plaidé pour la mise en place des forces unifiées, avant de rappeler, dans la perspective du renouvellement du mandat de la MINUSS, que l’un des principaux rôles de la mission reste la protection des civils.  « Il est donc d’une importance cruciale pour la MINUSS de patrouiller dans les zones où les populations sont le plus exposées aux risques et aux menaces. »  La délégation a en outre jugé profondément préoccupantes les violations signalées de l’Accord sur le statut des forces, en particulier à Djouba et dans ses environs.  Elle a appelé les autorités sud-soudanaises à garantir un accès sans entrave à toutes les opérations de l’ONU, afin d’assurer un soutien et une protection essentiels à ceux qui en ont besoin. 

La France a salué les progrès récents observés dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud, en citant la nomination de l’ensemble des gouverneurs, d’une majorité des gouverneurs adjoints et les nominations intervenues au niveau des comtés ainsi que l’annonce de la mise en place du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud qui doit encore être formalisée par la signature d’un mémorandum avec l’Union africaine.  La France a appelé à poursuivre cette dynamique par l’adoption de nouvelles mesures, dont la formation de l’assemblée nationale législative de transition et la mise en place rapide de la Commission vérité et réconciliation.  «  La réforme du secteur de la sécurité doit également être amorcée, pour fixer le cadre de forces de sécurité aux effectifs adéquats et placés sous l’autorité du pouvoir civil », a ajouté la France avant de se dire préoccupée par l’impasse dans la mise en place de forces unifiées.  La France a aussi appelé au respect du quota de 35% fixé par l’accord de paix pour la participation des femmes dans les institutions avant d’encourager les autorités à soutenir la participation de la jeunesse aux processus pertinents. 

Face à la dégradation de la situation humanitaire, sanitaire et économique, la France a appelé toutes les parties au respect de leurs obligations en droit international humanitaire.  Elle a souhaité que les attaques contre les travailleurs humanitaires ne restent pas impunies.  Alors que les besoins humanitaires sont immenses, que certaines régions sont au bord de la famine et que la pandémie de COVID-19 continue de se propager, la France a dit que les personnels humanitaires et médicaux devaient pouvoir circuler sans entrave et sans peur d’être pris pour cible.  Enfin, la France a félicité la MINUSS pour le transfert de la responsabilité des sites de protection des civils aux autorités sud-soudanaises qui a permis aux autorités sud-soudanaises d’exercer cette fonction essentielle, tout en libérant des capacités au sein de la MINIUSS.  En ce qui concerne le renouvellement du mandat de la mission d’ici le 15 mars, la France a souhaité qu’elle s’appuie sur ces exemples, pour que les autorités sud-soudanaises continuent de monter en compétence, avec l’appui de la MINUSS.  Elle a réitéré que les restrictions à la liberté de mouvement de la mission ne sont pas acceptables.   

L’Inde a jugé encourageant les progrès notables réalisés dans le fonctionnement d’importantes institutions gouvernementales au Soudan du Sud.  La délégation a notamment salué le fait que les nominations faites par l’opposition ont respecté le quota de 35% de femmes.  Cependant, elle a regretté l’absence de stratégie et de financement cohérents en matière de sécurité, notant que cela entrave les progrès dans la mise en œuvre des dispositions transitoires en matière de sécurité.  Dans ce contexte, elle a appelé la communauté internationale, en particulier l’UA et l’IGAD, à fournir un appui crucial pour rassembler les parties et accélérer la mise en œuvre de l’Accord. 

L’Inde s’est aussi inquiétée de la situation humanitaire, avec des inondations dans de nombreuses régions du pays, de la violence intercommunautaire qui entraine le déplacement de communautés, des attaques contre les travailleurs et les actifs humanitaires et des conséquences de la pandémie de COVID-19.  Elle a déploré le déficit de financement d’un milliard de dollars du plan d’aide humanitaire pour le pays.  L’Inde a évoqué les actions qu’elle a prises pour aider le Soudan du Sud sur le plan alimentaire et sanitaire notamment.  L’Inde, qui est l’un des plus gros contributeurs de troupes à la MINUSS, s’est félicitée que le contingent indien de plus de 800 soldats de la paix, basé à Malakal, ait reçu une médaille de l’ONU en décembre dernier pour son service exemplaire à la MINUSS.  Elle a promis que l’Inde continuera de travailler avec le Gouvernement du Soudan du Sud dans sa quête de paix, de progrès et de prospérité. 

L’Estonie a relevé que l’année écoulée a vu la formation d’un gouvernement au Soudan du Sud ainsi que la nomination de gouverneurs.  Certains partis ont respecté le quota de 35% de femmes dans leurs nominations, a-t-elle salué. « Cependant, il faut rester vigilants et ne pas prendre de décisions irréfléchies qui pourraient mettre en péril ce que le pays a accompli jusqu’à présent. » Aujourd’hui, la question est de savoir comment le Gouvernement et les gouverneurs vont travailler ensemble pour mettre en œuvre l’accord de paix, a-t-elle souligné. Les développements positifs ne doivent pas non plus faire perdre de vue tout le reste: la réforme du secteur de la sécurité est en retard en raison du manque de stratégie cohérente, de financement et, surtout, de volonté politique, tandis que la mise en place d’institutions de justice transitionnelle clefs, comme les tribunaux mixtes, n’a pas eu lieu. 

L’Estonie s’est dite également alarmée par l’augmentation de 146% des violences, essentiellement à l’encontre des civils, dénonçant cette explosion de la violence infranationale en 2020 en la mettant en relation avec les conflits locaux et les dynamiques nationales.  Elle a aussi jugé très inquiétant que les civils continuent de porter le poids du conflit, y compris de violences sexuelles liées au conflit, exigeant que l’impunité soit combattue et espérant que la nomination des gouverneurs permettra de remédier à cette situation.  S’agissant de la situation humanitaire, l’Estonie a relevé que plus de 70% de la population du Soudan du Sud a besoin d’assistance, que l’insécurité alimentaire s’aggrave et que le nombre de cas de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans n'a jamais été aussi élevé depuis le début de la crise en décembre 2013.  Or, il s’avère encore plus difficile d’aider les personnes dans le besoin aujourd’hui, car l’accès humanitaire s’est détérioré, a regretté la délégation. 

La Fédération de Russie a relevé que la création du Gouvernement d’union nationale au Soudan du Sud a permis la diminution de la violence et l’amélioration graduelle de la sécurité et de la distribution de l’aide humanitaire.  La délégation russe a salué les décisions prises par la présidence du Soudan du Sud sur toutes une série de questions clefs dont l’accord sur la formation de l’assemblée nationale législative provisoire et la réforme du secteur de la sécurité.  Elle a estimé en outre que la nomination du gouverneur du Haut-Nil permettra de surmonter les divergences dans la région.  Il est essentiel, a-t-elle poursuivi, que les parties conservent la volonté politique nécessaire pour trouver des points de convergence.  La Fédération de Russie a aussi invité toutes les parties qui n’ont pas signé l’accord à y adhérer sans attendre. 

La délégation a condamné toute violation du cessez-le-feu et toute violence contre les civils ou travailleurs humanitaires.  Elle a salué la contribution de l’Union africaine et de l’IGAD qui accompagnent la mise en œuvre de mesures concrètes pour appliquer l’accord de paix dans l’esprit du principe « des solutions africaines aux problèmes africains ».  En ce qui concerne les sanctions, la Fédération de Russie a jugé opportun un réexamen de leur régime afin de l’adapter à la situation sur le terrain.  La Fédération de Russie a souligné la référence que constitue la résolution 2521 (2020) du Conseil de sécurité qui souligne une série d’indicateurs clefs pour procéder à un examen du régime de restrictions en place. 

Le Royaume-Uni a salué la formation du Gouvernement provisoire d’union nationale et notamment la nomination d’un cabinet unifié et celle des gouverneurs et sous-gouverneurs dans tous les États du Soudan du Sud.  L’approbation par le Soudan du Sud d’une feuille de route pour la mise en œuvre des mécanismes de justice transitionnelle, y compris le Tribunal mixte, est également la bienvenue et, dans ce contexte, la délégation a exhorté le Gouvernement sud-soudanais à accélérer le mémorandum d’accord avec l'Union africaine sur le Tribunal mixte.  Bien que ces mesures soient encourageantes, les progrès globaux ont été trop lents et trop limités, a toutefois regretté le Royaume-Uni rappelant que le Conseil a appelé le Gouvernement sud-soudanais à maintes reprises à agir.  « Pourtant, c'est l’inaction sur un certain nombre de questions qui perdure. »  Pour aller de l’avant, le Royaume-Uni a insisté sur l’impératif d’achever la reconstitution de l'Assemblée législative nationale provisoire.  Le Gouvernement sud-soudanais devrait également assurer une formation et des ressources adéquates aux forces unifiées nécessaires, selon la délégation.  Une telle action n’exige aucun assouplissement de l’embargo sur les armes, a-t-elle fait valoir, ajoutant que si le Gouvernement souhaite soumettre des demandes d’exemption, il est libre de le faire pour examen au Comité des sanctions. 

Compte tenu du fait que 8,3 millions de Sud-Soudanais dépendent de l’aide humanitaire pour survivre et que 60% de la population est confrontée à l’insécurité alimentaire dont 1,4 million d’enfants de moins de 5 ans qui seront confrontés à une malnutrition sévère en 2021, le Royaume-Uni a appelé à tout faire pour intensifier la réponse humanitaire.  Cela l’a amené à demander au Gouvernement sud-soudanais d’accepter la gravité de la situation, de prendre ses responsabilités et d’agir en partenariat avec la communauté des donateurs et l'ONU pour résoudre cette crise.  Cela devrait inclure le plein respect de l'Accord sur le statut des forces, a précisé la délégation. 

Les États-Unis ont déclaré que les membres de la société civile, en particulier les femmes, devaient être plus souvent entendus lors des débats du Conseil.  « Leurs oreilles sont collées au sol.  Ils voient et comprennent mieux que personne ce qui se passe.  Et parfois, ils souffrent comme personne d’autre  »  La délégation américaine a donc l’intention de placer les représentants de la société civile aux plus hauts niveaux de la diplomatie et de la prise de décision, a annoncé la déléguée en condamnant les représailles contre ceux qui collaborent avec les Nations Unies.  La nouvelle représentante américaine s’est remémorée ses visites au Soudan du Sud et son travail avec les dirigeants lorsqu’elle était en charge des dossiers africains au Département d’État.  « Je me soucie sincèrement des progrès de cette nation », a-t-elle assuré.  Tout en saluant la formation du gouvernement provisoire, la délégation a appelé à des progrès plus réguliers vers un accord durable de partage du pouvoir, se déclarant extrêmement préoccupée par les signes indiquant que des acteurs politiques sont impliqués dans des combats infranationaux.  « Ce n'est pas ça la paix. »

Au vu des sept millions de personnes confrontées à une grave insécurité alimentaire, la délégation américaine a dénoncé les entraves placées par les responsables gouvernementaux et d’autres à la délivrance de l’aide humanitaire.  « Cela ne peut être toléré par la communauté internationale », a-t-elle dit en demandant aux dirigeants de garantir une désescalade immédiate du conflit infranational et de permettre un accès sans entrave à l’aide.  Il est également essentiel d’accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix, car le blocage actuel risque de provoquer un retour à une violence politique généralisée, a-t-elle craint.  Il est « plus que temps » de créer l’Assemblée législative nationale provisoire et de rédiger la Constitution, a-t-elle ajouté, exprimant son inquiétude face à la violence sexiste commise par les services de sécurité et les groupes armés.  Les services de sécurité doivent être contrôlés, formés et unifiés sous une seule chaîne de commandement, a-t-elle réclamé. 

Alors que le Soudan du Sud navigue dans sa transition, la MINUSS restera essentielle à son architecture en matière de sécurité, d’humanitaire et de droits de l’homme ainsi qu’à l’appui à la mise en œuvre par le Gouvernement de l’accord de paix, a fait valoir la délégation.  Soulignant que les restrictions à ses mouvements violent l’accord sur le statut des forces et mettent en danger les soldats de la paix, elle a exhorté les dirigeants à cesser d’entraver son travail. Toute réduction des effectifs de la Mission doit être graduelle et basée sur les conditions sur le terrain, ont estimé les États-Unis.  « Nous considérons la situation au Soudan du Sud comme précaire », ont-ils affirmé avant d’exhorter les dirigeants sus-soudanais a pleinement mettre en œuvre l’accord de paix, réduire la violence, travailler avec la MINUSS et ouvrir les portes de l’accès humanitaire.

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