SC/14363

Conseil de sécurité: pendant la pandémie, la menace terroriste se transforme mais ne recule pas, soulignent les présidents des comités contre le terrorisme

Les comités contre le terrorisme et celui chargé de la prévention de la prolifération des armes de destruction massive (ADM) ont souligné, cet après-midi, les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur la conduite de leurs activités en 2020, une année où les menaces « évoluent, se transforment mais ne reculent pas ». 

Les travaux des trois comités du Conseil de sécurité créés par des résolutions visant Daech et Al-Qaida et le risque que des organisations terroristes n’acquièrent des ADM, sont coordonnés par le Comité contre le terrorisme et sa Direction exécutive.  Ils comprennent des visites d’experts dans les pays qui en font la demande pour évaluer l’application des résolutions du Conseil et les besoins à combler pour aller plus loin dans cette voie.  Or les présidents des comités l’ont tous signalé: cette année, la crise sanitaire a entraîné le report des visites de la Direction exécutive, un « outil unique » qui permet d’auditer les dispositifs nationaux de lutte antiterroriste et de formuler des recommandations concernant les besoins d’assistance technique des États.  Les visites programmées en Syrie et en Iraq, notamment, ont été annulées. 

Cependant, les présidents ont eu à cœur d’assurer le Conseil que, tout au long de la pandémie, les comités et leurs groupes d’experts, grâce à la mise en place de « réunions virtuelles », ont maintenu un dialogue étroit sur le niveau de la menace terroriste mondiale et sont parvenus à actualiser leur liste de sanctions.  Le Représentant permanent de l’Indonésie, qui préside le Comité 1540 sur les armes de destruction massive, a confirmé que l’examen complet de l’état d’application de la résolution 1540 (2004) était reporté à l’année prochaine.  Toutefois, a-t-il signalé, le Comité, en dépit de la pandémie, « a conduit d’importantes activités de promotion de cet instrument incontournable de prévention auprès des États Membres eux-mêmes ». 

Les Ambassadeurs de la Tunisie et de l’Indonésie, MM. Ladeb et Djani, qui se partagent la présidence des comités, ont également attiré l’attention des membres du Conseil sur l’évolution chargée de menaces du terrorisme au cours de l’année écoulée.  Financement difficile à juguler à long terme; mainmise technologique et idéologique sur les réseaux sociaux où les jeunes, frappés par le chômage et gagnés par le ressentiment, sont la proie des recruteurs; renforcement des capacités opérationnelles de Daech en Asie et en Afrique: ces défis, auxquels s’ajoute le risque accru que des terroristes ne mettent la main sur des armes chimiques, exigent des réponses coordonnées de la part des États Membres, ont indiqué les présidents des comités. 

Répondant à cet appel, les États-Unis et la Fédération de Russie ont exprimé des positions divergentes.  Si les premiers, qui ont qualifié d’odieuse et d’affront à l’humanité l’utilisation d’armes chimiques, ont appelé à intégrer plus avant l’expertise de la société civile en matière de lutte contre la diffusion des discours de haine et les causes de l’extrémisme violent, la seconde a rappelé d’autres priorités.  « L’accent doit être mis sur des problèmes plus urgents que la protection des droits de l’homme dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, comme le rapatriement d’éléments terroristes étrangers et de membres de leur famille depuis la Syrie et l’Iraq », a, en ces termes, estimé la Russie. 

Cette même délégation a alerté sur l’emprise croissante de l’État islamique en Afghanistan, « où il s’affirme comme le premier facteur de déstabilisation du pays, prospérant par la violence extrême et l’utilisation innovante des technologies de l’information et des communications ».  D’autre part, la Russie a proposé l’élaboration d’une convention contre le « terrorisme chimique », en évoquant un « phénomène qui s’étend hors de la Syrie et de l’Iraq par le biais d’un véritable marchandage clandestin des compétences en la matière ».  

S’agissant de la question des droits de l’homme soulevée par la Russie, le Royaume-Uni a fustigé les agissements de la Chine dans la province du Xinjiang, où des millions de Ouïghours sont détenus sans procès.  « Les actions de la Chine sont disproportionnées, aveugles et contre-productives du point de vue de la lutte contre le terrorisme, car elles exacerberont les tensions ethniques », a affirmé sans détour la délégation britannique.  En fin de séance, la Chine a répondu que la stabilité politique et l’harmonie sociale règnent actuellement au Xinjiang, « où l’on ne déplore plus d’acte terroriste depuis longtemps ».  « La présente séance du Conseil de sécurité est l’occasion de passer en revue l’activité des trois comités, et non de critiquer le respect des droits de l’homme dans tel ou tel pays », s’est encore défendue la délégation. 

De son côté, la Belgique, se référant au libellé des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a rappelé les obligations qui incombent aux États Membres « de respecter le droit international dans tous les domaines touchant au combat contre le terrorisme, notamment la lutte contre la radicalisation en prison ».  La défense et la protection des droits de l’homme pour tous et la primauté du droit sont des composantes « indispensables » de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies

M. TAREK LADEB (Tunisie), Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste, dans une déclaration conjointe au nom des Comités 1267, 1373 et 1540, a axé son propos sur les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur leurs travaux, laquelle a entraîné en particulier le report de nombreuses visites dans les pays qui en font la demande pour que leur soit apporté un appui logistique et technique destiné à mettre efficacement en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a en outre expliqué que la poursuite des activités des différents comités avait permis en 2020 d’accroître le flux d’informations sur l’impact de la COVID-19 sur les capacités opérationnelles de l’État islamique d’Iraq et du Levant et de ses filiales en Iraq, en République arabe syrienne, mais aussi en Afrique et en Asie.  Ces capacités ont été altérées par la pandémie, mais la menace terroriste reste exacerbée dans un contexte de grande vulnérabilité socioéconomique, y compris dans les pays situés en dehors des zones de conflit, cela en raison de l’emprise toujours plus grande des entités terroristes à travers Internet, a-t-il précisé.  Dans ce contexte, a-t-il noté, les présidents des comités ont préconisé des mesures de riposte spécifiques pour atténuer les incidences de la pandémie en matière de sécurité, en appuyant les États Membres qui se heurtent à des difficultés pour assumer leurs obligations de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité dans le respect du droit international.  En outre, il a assuré que tout au long de la pandémie, les comités et leurs groupes d’experts avaient maintenu un dialogue étroit avec les entités spécialisées de l’ONU, et ce, pour alimenter et partager le flux d’informations sur le niveau de la menace terroriste mondiale et le degré de coopération interétatique et interagences requis pour y parer. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie), Président du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) concernant l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés, a indiqué que, selon l’Équipe de soutien analytique et de surveillance des sanctions, l’impact de la COVID-19 sur le terrorisme a varié selon qu’il s’agissait de zones de conflit ou non et de menaces à court et à long terme.  Les organisations terroristes se servent de la pandémie pour faire de la propagande et lever des fonds.  Bien qu’enraciné dans les régions rurales, Daech a intensifié ses opérations dans les principales zones de conflit en Iraq et en République arabe syrienne.  Al-Qaida, pour sa part, a consolidé sa présence dans des régions situées au-delà de son bastion historique en Afghanistan.  Quant aux relations entre Daech et Al-Qaida, elles restent tendues et particulières en fonction de la dynamique régionale, a-t-il observé. 

Les visites régionales et nationales sont un élément clef du mandat de l’Équipe de surveillance, a poursuivi le Président, soulignant que la pandémie de COVID-19 avait imposé des limites strictes aux déplacements précédemment approuvés par le Comité.  L’équipe de surveillance a notamment été contrainte de reporter ses visites en République arabe syrienne et en Iraq, cependant que la réunion régionale de Vienne n’a eu lieu.  À titre exceptionnel, en raison de la COVID-19 et afin de réduire l’exposition aux risques sanitaires, nous avons réussi, depuis la mi-mars, à organiser des « réunions virtuelles » informelles, comme solution créative, où les membres du Comité ont néanmoins eu l’occasion de discuter d’un certain nombre de questions, y compris les rapports de l’Équipe de surveillance sur la menace mondiale posée par Daech et Al-Qaida. 

Revenant sur les différentes réunions informelles présentielles et virtuelles, il a indiqué que le Comité, en partenariat avec le Secrétariat, continue de faire en sorte que sa liste de sanctions soit exacte et aussi à jour que possible.  Depuis le début de l’année, le Comité a accepté d’inscrire à sa liste des sanctions quatre personnes et cinq entités supplémentaires, sachant qu’il a également radié trois individus de la même liste.  En outre, depuis la dernière réunion d’information conjointe au Conseil de sécurité en mai 2019, le Comité a examiné sept rapports complets du Médiateur, dont trois ont été présentés au Comité en 2020.  Actuellement, quatre demandes de radiation de la liste sont en cours d’examen par le Bureau du Médiateur, a précisé le Président, qui a précisé qu’au total, 262 personnes et 89 entités figurent actuellement sur la liste des sanctions visant Daech et Al-Qaida.  Par ailleurs, sur la base de l’examen annuel de 2018, le Comité a mandaté le Secrétariat pour mettre en œuvre des amendements techniques à 85 entrées de sa liste de sanctions en 2019, ainsi que des modifications à 11 entrées et des résumés narratifs de sa liste de sanctions en 2020, a précisé M. Djani.

De plus, a-t-il ajouté, le Comité a également achevé récemment l’examen annuel 2019 de sa liste des sanctions, avec un nombre record de réponses d’États Membres, plus de 40.  Pour le Président, la contribution et la coopération des États Membres sont essentielles tant pour maintenir à jour la liste des sanctions contre Daech et Al-Qaida que pour assurer la mise en œuvre efficace des mesures.  Pour finir, il a demandé instamment aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait de présenter les rapports de mise en œuvre demandés par le Conseil de sécurité.

M. TAREK LADEB (Tunisie), Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste, a déclaré que, dans un contexte de défis mondiaux et d’incertitudes liées à la pandémie de COVID-19, la menace posée par les groupes terroristes –dont Daech, Al-Qaida et leurs affiliés- continue de poser de graves menaces à la paix et à la sécurité dans le monde, en particulier en Afrique et en Asie du Sud et du Sud-Est.  Une autre préoccupation majeure, a-t-il poursuivi, est la hausse des actes terroristes commis par des acteurs isolés et par des individus et des groupes englobant ce que plusieurs États Membres appellent le terrorisme « d’extrême droite » ou « terrorisme à motivation raciale et ethnique ».  Ces différents groupes et individus ont démontré leur capacité à s’adapter à la situation actuelle sans précédent résultant de la pandémie de COVID-19, notamment en continuant à exploiter les nouvelles technologies à des fins de radicalisation, de recrutement et de levée de fonds.

Dans ce contexte, le Comité s’est efforcé d’assurer la continuité des activités, avec le soutien de sa Direction exécutive, notamment en effectuant 12 visites d’évaluation, a souligné son Président.  « En raison des restrictions de voyage imposées par la pandémie, le Comité n’a pu effectuer que deux visites d’évaluation au début de l’année, en Guinée équatoriale et au Qatar, respectivement », a-t-il cependant précisé.  Afin de poursuivre le dialogue et l’engagement avec les États Membres, le Comité examine actuellement une modalité proposée pour effectuer des visites d’évaluation hybrides dans les États Membres à titre temporaire, par le biais d’une « composante virtuelle » et par la suite, dès que les circonstances le permettent, par une composante présentielle.  La réalisation de visites hybrides permettrait au Comité de s’acquitter de son mandat de base consistant à suivre, faciliter et promouvoir les efforts des États Membres pour appliquer les résolutions pertinentes du Conseil, sans modifier les procédures établies du Comité.

M. Ladeb a rappelé qu’en octobre dernier, le Comité a tenu une réunion par visioconférence à huis clos au cours de laquelle les participants ont souligné la vulnérabilité des frontières maritimes poreuses qui pourraient être exploitées par des terroristes pour des déplacements et des activités criminelles transfrontalières telles que le trafic d’armes, de personnes, de drogues et de biens culturels.  « Le domaine maritime offre un ensemble d’opportunités possibles d’attaques terroristes contre des cibles vulnérables et souples, telles que les navires de croisière, et contre des infrastructures critiques, notamment des installations portuaires et des plateformes fixes offshore », a précisé le Président.  Par ailleurs, la pandémie a accru le risque que des terroristes et des organisations terroristes exploitent de nouveaux instruments financiers, y compris des actifs virtuels, pour lever et transférer des fonds. 

Plus tôt ce mois-ci, le Comité a également organisé une séance d’information virtuelle sur le rôle des juges, des procureurs et des avocats de la défense pour traduire les terroristes en justice, y compris l’utilisation efficace des preuves recueillies sur le champ de bataille ou par l’armée, a ajouté M. Ladeb.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie), Président du Comité créé par la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité concernant la prévention de la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques, a souligné que, bien que le mandat de ce comité créé par la résolution du Conseil de sécurité contre la prolifération des armes de destruction massive diffère de celui des autres comités, « il existe d’importants domaines de complémentarité entre nous, notamment en matière de coopération ».  Les conséquences dévastatrices et potentiellement catastrophiques que l’utilisation d’armes nucléaires, chimiques ou biologiques pourrait avoir demeurent un sujet de grave préoccupation, a-t-il ajouté, rappelant que la résolution 1540 (2004) avait été approuvée par le Conseil de sécurité pour, précisément, empêcher que de tels arsenaux ne tombent entre les mains de groupes terroristes. 

Seize ans après l’adoption de ce texte, il demeure que l’ensemble des États doivent faire tout leur possible pour prévenir une telle prolifération, a-t-il souligné.  À cette fin, il a rappelé qu’au titre de la résolution, des mesures continuent de devoir être prises par les États pour sécuriser leurs stocks d’armes, contrôler leurs frontières ainsi que leurs exportations tant par les voies terrestres que maritimes ou fluviales.  Concernant le calendrier du comité qu’il dirige, le Président a indiqué qu’en raison des retards causés par la pandémie de COVID-19, l’examen complet de l’état d’application de la résolution 1540 avant le renouvellement de son mandat, « qui doit expirer le 25 avril 2021 », serait reporté.  Il a toutefois tenu à signaler qu’en dépit de la pandémie, le Comité continue de conduire d’importantes activités de promotion de la mise en œuvre complète et efficace de la résolution et pour aider les États, sur demande, à renforcer leurs capacités nationales.  Cet appui suppose, outre une coopération étroite avec les avec les États Membres de l’ONU eux-mêmes, des échanges réguliers avec les organisations internationales et régionales dont les mandats sont liés à la résolution 1540 (2004), a-t-il conclu. 

Selon les États-Unis, il faut se hisser à la hauteur du défi posé par la pandémie.  Ils ont mis en garde contre le risque que les terroristes profitent de la COVID-19 pour faire de la propagande et obtenir davantage de soutien.  « Les organisations terroristes savent que les populations sont vulnérables. »  Elles essaient de miner la confiance dans les gouvernements et de susciter la violence.  Les États-Unis, avec leurs partenaires et la société civile ainsi que les bailleurs de fonds, ont espéré lutter contre la désinformation liée à la pandémie en contrant les discours terroristes lorsqu’ils existent.  La peur, l’anxiété et l’isolation causées par la pandémie ont créé un terrain fertile pour le terrorisme radical ou motivé par des raisons raciales et ethniques, a insisté la délégation.  De plus, a-t-elle ajouté, beaucoup de personnes « travaillent et vivent » en ligne ce qui donne l’occasion aux terroristes de véhiculer un discours violent et de mobiliser des sympathisants.  « Nous devons les contrer de manière globale et systématique », a martelé la délégation.

Sur le front de la non-prolifération, la résolution 1540 continue d’orienter les mesures prises par les États pour protéger les biens, les données et le savoir-faire liés aux armes de destruction massive contre l’utilisation et le transfert non autorisés par des acteurs non étatiques, en particulier des terroristes.  « Permettez-moi d’être claire: partout et à tout moment, l’utilisation d’armes chimiques est odieuse et constitue un affront à l’humanité tout entière », a poursuivi la délégation des États-Unis.  Elle s’est dite satisfaite des efforts déployés par ce Conseil pour renforcer la coopération entre le Comité 1540, le Comité 1373 et le Comité 1267.  Pour finir, elle a encouragé les comités et leurs experts à continuer d’inclure les groupes de la société civile dans les discussions tout au long de la pandémie, afin que « nous puissions tirer parti de leurs expériences et de leurs recommandations » sur la meilleure façon de prévenir et de contrer l’extrémisme violent.

La République dominicaine a salué les efforts déployés par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme pour assurer la continuité de ses importantes activités, cela dans les conditions difficiles causées par la pandémie de COVID-19.  Elle a noté la pertinence des rapports fournis par celle-ci aux États Membres sur les tendances opératoires des groupes terroristes les plus actifs.  Ajoutant qu’elle se tient prête à aider la Direction pour l’élaboration de son nouveau programme de visites dans les différents États qui en font la demande pour bénéficier d’un appui logistique et technique dans la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité, la République dominicaine a souligné combien ces textes forment un véritable mécanisme de prévention contre la commission d’actes terroristes par les entités visées par la Direction « dans le respect du droit international ».  La résurgence de l’utilisation d’armes chimiques, le développement et l’amélioration continue des programmes nucléaire et balistique soulignent une fois de plus l’importance du Comité mis en place par la résolution 1540 et la nécessité de parvenir à sa mise en œuvre complète et efficace au niveau mondial, a encore fait remarquer la République domaine.  Sur ce dernier point, elle a reconnu qu’en dépit des progrès réalisés depuis 16 ans et l’adoption de la résolution, sa pleine application par tous les États Membres demeure une tâche à long terme, « nécessitant des efforts toujours plus coordonnés entre les États, les organisations compétentes et la société civile aux niveaux national, régional et international ».

La Belgique a estimé que les réponses apportées à la crise sanitaire ne doivent autoriser aucun relâchement de la communauté internationale en matière de lutte contre le terrorisme.  Apportant son soutien sans faille au Bureau de lutte contre le terrorisme, à la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et aux présidents des différents comités qui ont continué à mener à bien leur mandat dans des conditions difficiles, elle a condamné les récents attentats « barbares » en France, en Autriche ou encore dans les régions du Sahel et de l’Afrique de l’Est.  La Belgique a ensuite attiré l’attention sur le fait que la pandémie avait offert à la propagande nauséabonde des extrémismes un public vulnérable, confiné et fortement présent en ligne, notamment les jeunes.  Seule une approche holistique, inclusive et transfrontalière peut nous permettre d’affronter efficacement cette menace globale et mortifère, a-t-elle déclaré.  Poursuivant, la délégation a insisté sur l’importance d’empêcher que les terroristes ne se procurent des armes de destruction massive, la résolution 1540 offrant depuis 10 ans un cadre solide et efficace à cette fin.  La Belgique a par ailleurs rappelé qu’il est indispensable de respecter le droit international dans tous les domaines touchant au combat contre le terrorisme, notamment la lutte contre la radicalisation en prison.

La Fédération de Russie a mis l’accent sur le fait qu’au cours des mois écoulés, les comités avaient réussi à s’adapter aux restrictions imposées par la pandémie de COVID-19, ce dont témoigne la densité de leurs rapports.  Elle a ajouté que des visites aux États ou des échanges directs étaient permis par l’approbation de procédures exceptionnelles prévoyant des « visites hybrides » mêlant présentiel et virtuel.  Néanmoins, nous tenons à ce que soient organisées des visites sur le terrain associant les instances spécialisées de l’ONU, a encore noté la Russie, qui a poursuivi en signalant que le contrôle de l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité n’avait pas cessé en l’absence de visite de pays classique pendant la pandémie.  La Direction exécutive a ainsi pu vérifier les rapports des États sur l’adaptation de leurs systèmes de lutte terroriste, a-t-elle par exemple dit, avant d’insister sur le fait que le critère essentiel d’efficacité reste « la capacité des États à juguler les capacités financières et idéologiques des terroristes et faire appliquer les peines des personnes ou entités déclarées coupables d’actes terroristes par les juridictions nationales ».

La Russie a par ailleurs déploré que le potentiel des groupes d’experts des comités ne soit pas exploité pleinement en raison d’une « politisation » déplorable des travaux de ces derniers, en particulier ceux portant sur la protection des droits de l’homme et du droit international dans le contexte de la lutte contre le terrorisme.  « L’accent devrait être mis sur des problèmes bien plus pressants, tels que le rapatriement d’éléments terroristes et de membres de leur famille depuis la Syrie et l’Iraq », a estimé la délégation.  La Fédération de Russie a d’autre part alerté sur l’emprise croissante de l’État islamique en Afghanistan, où il s’affirme comme le premier facteur de déstabilisation du pays, prospérant par la violence extrême et l’utilisation innovante des technologies de l’information et des communications.

S’agissant de la résolution 1540 du Conseil de sécurité contre la prolifération des armes de destruction massive, la Russie a assuré qu’elle cherche activement un terrain d’entente avec ses partenaires pour aller plus loin dans la lutte contre la prolifération de ces armes, en s’efforçant d’apporter une assistance technique optimale aux États qui la sollicitent en ce sens.  Enfin, elle a indiqué que le projet russe d’élaboration d’une convention contre le phénomène du terrorisme chimique était plus pertinent que jamais, alors que ce phénomène s’étend hors de la Syrie et de l’Iraq par le biais d’un véritable marchandage clandestin des compétences en cette matière particulièrement préoccupante.

L’Estonie a dit que le Conseil de sécurité a noté l’impact différencié du terrorisme sur les femmes et les filles alors que la violence sexuelle est souvent utilisée comme une arme par les terroristes.  S’agissant de l’influence de la pandémie sur les travaux des trois comités de lutte contre le terrorisme, la délégation s’est demandé pourquoi les réunions virtuelles des comités ne peuvent pas être considérées comme officielles parce qu’elle se tiennent en visioconférence.  Par ailleurs, a poursuivi la délégation, l’utilisation par Daech d’armes chimiques en Syrie montre toute la réalité des risques de voir des armes chimiques tomber aux mains des terroristes.  C’est pourquoi elle a estimé que la résolution 1540 reste l’outil les plus important pour éviter que ce danger de prolifération des armes chimiques ou autres armes de destruction massive devienne une réalité. 

La Chine a appelé à mesurer l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les capacités de lutte contre le terrorisme et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Elle a craint que les confinements et les conséquences de la COVID-19 ne bénéficient aux activités terroristes et à la prolifération des armes de destruction massive.  La délégation a salué l’importance du comité 1267 et ses communications étroites avec les pays concernés, avant de souligner son rôle dans l’évaluation de la menace et l’application des sanctions.  La délégation a appelé à analyser les effets de la pandémie de COVID-19 sur les pays en développement et notamment leurs capacités à lutter contre le terrorisme.  Elle s’est inquiétée aussi du potentiel que représentent les technologies de l’information pour les terroristes.  En conclusion, elle a espéré que les trois comités du Conseil de sécurité de lutte contre le terrorisme et leurs organes d’experts renforceront leur coopération et tiendront compte des recommandations des États Membres pour mieux lutter contre ce fléau et prévenir la prolifération des armes de destruction massive en mettant en œuvre les recommandations des États Membres.

La France a fait observer que les groupes terroristes n’ont jamais été aussi organisés, poursuivant leurs efforts d’instrumentalisation afin de commettre des attaques meurtrières dans nos pays.  Daech comme Al-Qaida se montrent résilients et capables de s’adapter à la clandestinité, s’est inquiétée la délégation.  « La pandémie rend la menace plus diffuse encore, notamment par le recours massif à Internet et aux réseaux sociaux. »  Face à ce fléau qui n’épargne aucun pays, il est plus que jamais nécessaire d’agir de manière coordonnée, y compris au Conseil de sécurité et dans ses comités et groupes d’experts, a insisté la France.  « Nous avons su faire preuve d’unité et de coordination avec la résolution 2462 sur les aspects financiers de la lutte contre le terrorisme adoptée à l’initiative de la France », a-t-elle rappelé, soulignant que le texte demande une action coordonnée du Comité 1267 et du Comité contre le terrorisme.  À cet égard, la délégation a estimé important, pour finir, que la réunion conjointe de ces deux comités sur les tendances et les menaces concernant le financement du terrorisme et la mise en œuvre de la résolution 2462 puissent se tenir dès que les conditions sanitaires le permettront.

La Tunisie a dit que, malgré les meilleurs efforts de la communauté internationale, la menace du terrorisme change mais ne disparaît pas.  Des groupes comme Daech et Al-Qaida et leurs affiliés se sont adaptés à leur défaite militaire en Irak et en Syrie et exploitent actuellement la pandémie de COVID-19 pour faire avancer leurs intérêts dans le monde.  La Tunisie s’est dite préoccupée par la croissance du terrorisme et de l’extrémisme violent dans les zones de conflit, qui rend ces conflits plus sanglants et plus difficiles à résoudre.  La communauté internationale doit garder « une longueur d’avance » sur les groupes terroristes et suivre le rythme des tendances émergentes, a-t-elle recommandé, avant d’exhorter les États Membres à rester vigilants et solidaires dans leur réponse collective au terrorisme pendant et après la pandémie.

Le Royaume-Uni a dit qu’il entendait bien rendre justice et demander des comptes à tous ceux qui ont combattu aux côtés de Daech, quelle que soit leur nationalité, en les menant devant les tribunaux les plus compétents.  Les mécanismes mis en place doivent respecter l’état de droit et les droits de l’homme et assurer le respect des normes judiciaires et l’équité de la justice, a-t-il ajouté.  « Nous continuons de travailler avec le Comité 1267 pour sanctionner les individus ou les groupes associés à Daech et Al-Qaeda. »  La délégation a également indiqué avoir lancé avec Nadia Mourad, lauréate du prix Nobel de la paix 2018, un projet pour assurer que les enquêtes sur les crimes de violences sexuelles soient menées de manière efficace. 

La promotion et la protection des droits de l’homme, l’intégration d’une dimension de genre et l’engagement avec les partenaires de la société civile sont des éléments essentiels d’une lutte contre le terrorisme crédible, durable et efficace, a insisté le Royaume-Uni.  L’occasion pour lui, de faire part de sa profonde préoccupation face aux violations des droits de l’homme perpétrées contre les Ouïghours et d’autres minorités au Xinjiang.  « La culture et la religion sont sévèrement restreintes et nous avons vu des rapports crédibles faisant état de travail forcé et de contrôle des naissances forcé.  Il est stupéfiant de constater que jusqu’à 1,8 million de personnes ont été détenues sans procès », a déploré la délégation britannique.  Les actions de la Chine sont disproportionnées, aveugles et contre-productives du point de vue de la lutte contre le terrorisme, car elles exacerberont les tensions ethniques, a-t-elle averti.

L’Indonésie a salué la capacité des comités à poursuivre l’exécution de leur mandat pendant la pandémie de COVID-19.  Dès que les restrictions seront levées, ils devront coordonner encore plus leurs efforts afin d’acquérir et partager la meilleure compréhension possible de ce qui se passe sur le terrain, où « les menaces évoluent, se transforment mais ne reculent pas », a-t-elle ajouté.  En effet, pour l’Indonésie, les États Membres ont la responsabilité collective de s’adapter et de faire preuve de créativité pour contrer les agissements de plus en plus sophistiqués et pernicieux des terroristes.  Nous nous engageons à assumer pleinement cette responsabilité pour garantir la continuité des travaux des comités aussi longtemps qu’ils seront nécessaires, a conclu la délégation.

Le Viet Nam a estimé que les comités contre le terrorisme créés par le Conseil de sécurité font partie des outils les plus importants à la disposition de l’ONU pour combattre le terrorisme.  Il a salué la pertinence des trois comités et de leurs organes d’experts respectifs, dont la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, l’Équipe d’évaluation et le Groupe d’experts pour les travaux, et la coopération constatée durant la période à l’examen.  Parmi les contributions, il a cité des visites aux États Membres, la tenue d’exposés, le développement de recommandations et d’activités de plaidoyer à l’intention d’organisations régionales.  Par ailleurs, le Viet Nam s’est félicité des progrès observés dans la mise en œuvre des résolutions susmentionnées par les États Membres.  La délégation a surtout souligné l’importance de promouvoir la coopération régionale et internationale en notant qu’aucun pays n’était épargné par le terrorisme.  « La nature multidimensionnelle du terrorisme exige une approche globale et holistique », a-t-elle insisté avant de mettre l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux racines de ce mal.  Parmi les réponses à donner, le Viet Nam a jugé prioritaire de prévenir les conflits et de promouvoir une paix durable et le développement ainsi que les droits de l’homme, et ce, afin de construire des sociétés résilientes à toute forme de terrorisme et de radicalisation.

L’Afrique du Sud a salué l’action remarquable de ces trois organes subsidiaires en dépit de la contrainte de la pandémie.  Ils ont fait preuve d’une agilité impressionnante pour incorporer rapidement dans leurs analyses et évaluations les conséquences de la menace terroriste dans le contexte de la pandémie, qui cherche à « transformer le virus en arme à des fins terroristes ».  La délégation s’est inquiétée de la création de groupes affiliés à l’État islamique sur le continent africain et de l’augmentation extrêmement importante des attaques terroristes en Afrique au cours des deux dernières années.  S’agissant du Comité 1540, il reste, à ses yeux, l’un des instruments les plus centraux de la prévention.  L’Afrique du Sud a souligné, pour finir, le lien important entre ce comité et sa résolution et les efforts antiterroristes déployés par les Nations Unies pour faire en sorte que les groupes terroristes n’aient jamais accès aux types de matériaux visés par la résolution 1540.

L’Allemagne a mis l’accent sur l’importance du respect de la primauté du droit dans la lutte contre le terrorisme.  « Le droit international humanitaire doit aussi être respecté et les mesures de lutte contre le terrorisme ne doivent pas entraver les travaux des acteurs humanitaires », a dit la délégation.  Elle a souligné la dimension du genre et le rôle que jouent les femmes pour lutter contre la radicalisation alors qu’elles sont aussi souvent les premières victimes du terrorisme.  S’agissant de la question des armes de destruction massive, la délégation a indiqué que le Conseil de sécurité est en train de débattre des conséquences terribles que pourrait avoir le recours à de telles armes par des groupes non étatiques et notamment terroristes.  C’est pourquoi elle a jugé fondamental d’aider les États qui demandent une assistance pour la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité.  La délégation a appelé à améliorer les échanges d’informations et les expériences des pratiques optimales avant de mettre l’accent sur le rôle du secteur privé.

Le Niger a souligné la préoccupation que suscite la persistance des activités de groupes terroristes dans le monde et leurs capacités semble-t-il inaltérables de régénération.  La menace principale provient des groupes jihadistes visés par nos trois comités, groupes qui adoptent de nouvelles stratégies pour exercer une terreur toujours plus violente et déstabilisatrice, a-t-il ajouté.  Pour le Niger, le renforcement des capacités de sécurité des États les plus vulnérables doit être une priorité de la communauté internationale.  Sur ce point, il a estimé qu’au Sahel, les terroristes sont, « si j’ose dire, encore trop puissants », et qu’il devient en outre urgent d’enrayer la prolifération d’armes de guerre avant que celle-ci ne concerne des armes de destruction massive, notamment chimiques.  Jugeant que les trois comités sont cruciaux pour juguler ce risque, il a appelé à consolider leurs outils de coopération ainsi que les mécanismes onusiens de lutte contre le terrorisme et d’évaluation des besoins à mobiliser en matière d’assistance technique pour la mise en œuvre, en particulier, de la résolution 1540 du Conseil de sécurité contre la prolifération des armes de destruction massive.  Le Niger a aussi souligné l’importance d’agir en amont, en misant sur la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent, et cela en s’attaquant à la pauvreté, au chômage des jeunes autant qu’au financement des organisations terroristes et à leur « mainmise idéologique grandissante sur les réseaux sociaux ».

Saint-Vincent-et-les Grenadines a salué le travail du Comité contre le terrorisme au milieu de la pandémie de COVID-19.  Elle a dit que le questionnaire rempli par 112 États Membres a facilité la publication du rapport conjoint de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et de l’Équipe d’appui analytique et de suivi des sanctions sur les mesures prises pour interrompre le financement du terrorisme.  Se déclarant préoccupée par une recrudescence des activités de Daech en Iraq, en Syrie et ailleurs, la délégation a reconnu le rôle important joué par le Comité 1267.  Bien que plusieurs événements prévus dans le cadre de l’examen complet aient été reportés et annulés en raison de la COVID-19, elle s’est félicitée des événements virtuels de sensibilisation et de formation organisés par le Comité 1540.  Saint-Vincent-et-les Grenadines a appelé à appuyer tout particulièrement les travaux du Comité 1540 avant d’exhorter les États Membres à poursuivre leurs efforts axés sur la coopération régionale et en promouvant les normes le plus élevées de sûreté et sécurité régionales.

La Chine a exercé son droit de réponse pour réagir aux « attaques sans fondement » du Royaume-Uni.  La stabilité politique et l’harmonie sociale règnent dans la province de Shenyang, où l’on ne déplore plus d’acte terroriste depuis fort longtemps, a-t-elle dit.  La délégation a rappelé que la présente séance du Conseil de sécurité était l’occasion de passer en revue l’activité des trois comités importants de lutte contre le terrorisme, et non pas de critiquer le respect des droits de l’homme dans tel ou tel pays.

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