SC/14358

Conseil de sécurité: le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix met en avant «  l’élan opérationnel » de la Force conjointe du G5 Sahel

La Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) a continué de « monter en puissance » et a poursuivi son « élan opérationnel » au cours des derniers mois écoulés, a déclaré ce matin au Conseil de sécurité le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, qui a salué la coordination croissante entre les différents acteurs de sécurité sur le terrain au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad.  

M. Jean-Pierre Lacroix, qui présentait le dernier rapport* du Secrétaire général devant le Conseil réuni en visioconférence, a précisé que la conjugaison des efforts de ces acteurs avait permis une présence plus visible des forces de défense et de sécurité dans la région et l’intensification de la pression sur les groupes terroristes.    Il a jugé positifs les résultats obtenus par l’opération SAMA 1, qui s’est achevée le 31 juillet, et les débuts de l’opération SAMA 2 lancée le 1er août, du fait des pertes infligées aux groupes terroristes.  M. Lacroix a en outre estimé qu’un renforcement de la composante de police de la Force conjointe serait un jalon important non seulement pour le suivi des opérations militaires mais aussi pour les relier à l’appui au renforcement des capacité de l’État, au secteur de la justice, à la réforme du secteur pénitentiaire et aux efforts dans le cadre du renforcement du respect des droits de l’homme. 

Le Niger, qui s’exprimait au nom des trois pays africains membres du Conseil et de Saint-Vincent-et-les Grenadines –les « A3+1 »- s’est dit rassuré par le déploiement prochain d’un bataillon tchadien au sein de l’opération SAMA 2 dans la lutte contre le terrorisme dans la zone centrale.  À cela, a signalé la France, s’ajoute l’équipe spéciale Takouba, groupement de forces spéciales européennes, qui a également commencé sa mission.

Créée en 2017, la Force conjointe du G5 Sahel, composée de 5 000 hommes a pour tâche de lutter contre les groupes terroristes, la criminalité organisée et la traite des personnes dans la région.  Elle jouit de l’assistance logistique, opérationnelle et financière de plusieurs acteurs internationaux, notamment les Nations Unies, l’Union européenne, l’Union africaine, les cinq pays du Sahel et, plus récemment, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).   

Par la voix du Mali, les pays membres du G5 Sahel se sont dits  « encouragés » par la « dynamique positive » que les sommets de Pau, du 13 janvier 2020 -qui s’est conclu par la décision d’établir une coalition pour le Sahel- et du Conseil des ministres du G5, le 5 octobre, à Nouakchott, ont « imprimée », non seulement en termes de meilleure coordination des opérations militaires mais aussi en termes de renforcement des capacité opérationnelles de la Force conjointe.   

M. Lacroix a salué les mécanismes de coordination renforcés que la future coalition pour le Sahel propose de mettre en place.  À ses yeux, ils permettront aux différents partenaires internationaux de tirer parti de leurs avantages comparatifs et de travailler ensemble plus efficacement dans les domaines du développement, de l’humanitaire et de la sécurité. 

Le Directeur général de l’Afrique du Service européen pour l’action extérieure de l’Union européenne, M. Koen Vervaeke, a toutefois  constaté la persistance des difficultés au Mali.  Il a vivement plaidé, en conséquence, pour une « gouvernance inclusive, légitime et efficace » impliquant une prise de responsabilité forte des États du G5 Sahel, tout en se félicitant de l’extension de la mission de formation de l’EUTM Mali au niveau d’autres pays de la région.  M. Lacroix a également indiqué qu’à la demande du Conseil de sécurité, le Secrétariat mènerait, début 2021, une évaluation de l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe, conformément à la résolution 2531 (2020) et pour faire le bilan des progrès et se pencher sur les défis rencontrés.

À l’instar de plusieurs membres du Conseil qui ont mis l’accent sur la politique de diligence voulue en matière des droits de l’homme de la Force conjointe, M. Vervaeke a insisté sur le « besoin d’exemplarité » de celle-ci comme des forces nationales au regard de l’état de droit, pour la reconstruction des territoires et la reprise de confiance des populations.  À cet égard, il a qualifié de jalon important la mise en place par le Secrétaire général de la Commission d’enquête internationale indépendante pour le Mali, prévue dans l’Accord de paix, de même que le récent « Rapport Sundh », susceptible d’être « un instrument utile dans la lutte contre l’impunité, et donc de l’instabilité au Sahel.  M. Lacroix a lui aussi fait état de pas positifs faits par la Force conjointe dans la mise en œuvre du cadre réglementaire de conformité aux droits de l’homme et au droit international humanitaire et de la politique de diligence voulue en matière des droits de l’homme.   

Le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Robert Keith Rae, a appelé à diligenter des enquêtes approfondies sur toutes les violations et abus des droits de l’homme et à la comparution des responsables devant la justice.  Il a aussi fortement plaidé pour que davantage de ressources soient destinées au développement et pour que les femmes sahéliennes jouent le rôle qui leur échoit en tant que véritables agents de changement, ainsi que pour un financement durable pour les actions qui profitent directement aux populations concernées.  

Le Commissaire de l’Union africaine pour la paix et la sécurité, M. Smail Chergui, qui devait lui aussi intervenir depuis Addis-Abeba, n’a pu s’exprimer du fait de difficultés techniques. 

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a dressé le bilan des réalisations de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) en mettant l’accent sur l’appui fourni par la communauté internationale, et plus particulièrement par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), alors que la Force conjointe a poursuivi son élan opérationnel au cours des derniers mois écoulés.   

Le Secrétaire général adjoint a expliqué que, depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité, le 5 juin dernier, la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel avait continué à être mobilisée aux niveaux régional, continental et international et ce, en dépit du contexte de la pandémie de COVID-19.  M. Lacroix a salué la coordination croissante entre les différents acteurs de sécurité sur le terrain qui ont permis une présence plus visible des forces de défense et de sécurité dans la région et l’intensification de la pression sur les groupes terroristes.   

Depuis le dernier rapport du Secrétaire général, la Force conjointe a continué de monter en puissance, a expliqué M. Lacroix.  Les unités de la Force conjointe ont en effet acquis une expérience pratique et leurs opérations, plus d’efficacité.  L’évaluation de l’opération SAMA 1, qui s’est achevée le 31  juillet, a révélé qu’elle avait évolué de façon positive en raison des pertes qu’elle a infligées aux groupes terroristes.  Entamée le 1er août, l’opération SAMA  2, qui se prolongera jusqu’à 1er janvier 2021, augure des résultats tout aussi positifs, a commenté le Secrétaire général adjoint, qui a annoncé par ailleurs que le renforcement de la composante police serait un jalon important non seulement pour le suivi des opérations militaires mais aussi pour les relier à l’appui au renforcement des capacité de l’État, au secteur de la justice, à la réforme du secteur pénitentiaire et aux efforts dans le cadre du renforcement du respect des droits de l’homme.  Il a appelé à cet égard les partenaires à élargir leur appui à la composante police de la Force conjointe.   

Le Secrétaire général adjoint a en outre indiqué que la Force conjointe avait fait des pas positifs dans la mise en œuvre du cadre sur les droits de l’homme, le droit international humanitaire et la politique de diligence voulue en matière des droits de l’homme, en particulier pour ce qui a trait aux mesures essentielles d’atténuation des risques avec l’établissement du Cadre de mise en œuvre.   

D’autre part, le soutien logistique et opérationnel de la MINUSMA est resté critique pour la Force conjointe, en particulier dans le secteur centre, car l’approvisionnement des troupes de la Force conjointe en biens consommables s’est avéré particulièrement vital pendant la saison des pluies.  La MINUSMA a notamment pris les mesures nécessaires pour conclure des accords avec les fournisseurs commerciaux de biens pour les contingents de la Force conjointe opérant hors le territoire malien, et est désormais en train d’entamer la procédure d’achat.  M. Lacroix a estimé qu’il était crucial d’assister la Mission dans cette tâche car le modèle actuel d’appui n’est pas suffisamment flexible dans un environnement qui change fréquemment.  

M. Lacroix a également indiqué qu’à la demande du Conseil de sécurité, le Secrétariat mènerait, début 2021, une évaluation de l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe, conformément à la résolution 2531 (2020) et pour faire le bilan des progrès et se pencher sur les défis rencontrés.  Les conclusions et recommandations de cette évaluation seront prises en compte dans le deuxième rapport trimestriel de 2021 du Secrétaire général sur la MINUSMA.   

Malgré les progrès encourageants dans l’opérationnalisation de la Force conjointe, beaucoup reste à faire, a toutefois ajouté le Secrétaire général adjoint.  Il faut garder à l’esprit les implications désastreuses pour le reste de la région de l’Afrique de l’Ouest si la situation sécuritaire du Sahel n’est pas correctement traitée, a-t-il fait valoir.  Il a donc rappelé que les appels lancés en faveur de la fourniture de ressources supplémentaires pour appuyer le G5 Sahel dans son combat contre le terrorisme devaient aller de pair avec ceux visant à lutter contre la pauvreté et la crise humanitaire sans précédent à laquelle le Sahel est confronté.   

Enfin, M. Lacroix a salué les mécanismes de coordination renforcés que la coalition pour le Sahel propose de mettre en place, qui permettront à tous les partenaires internationaux de tirer parti de leurs avantages comparatifs et de travailler ensemble plus efficacement dans les domaines du développement, de l’humanitaire et de la sécurité.  Face à la situation qui prévaut au Sahel, la communauté internationale doit être motivée par la responsabilité partagée d’agir rapidement dans la complémentarité et dans un esprit de solidarité vis-à-vis des populations de la région, a conclu le Secrétaire général adjoint.  

Le  Mali, au nom des pays membres du G5 Sahel, a déclaré que ces derniers étaient « encouragés » par la « dynamique positive » que les sommets de Pau et de Nouakchott ont « imprimée », non seulement en termes de meilleure coordination des opérations militaires, avec les partenaires que sont la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et l’opération Barkhane, mais aussi en termes de renforcement des capacités opérationnelles de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S).   

À la faveur de cette nouvelle dynamique, la Force conjointe a mené, au cours de la période considérée, plusieurs opérations avec des résultats très « encourageants », au cours desquelles plusieurs dizaines de terroristes ont été « neutralisés », y compris leurs chefs, a déclaré la délégation.  Du matériel logistique et militaire a également été saisi et des bases détruites, notamment dans la zone dite des trois frontières, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.   

Mais, en dépit de ces progrès, la situation sécuritaire au Sahel reste « très préoccupante », a reconnu la délégation, qui a attribué de ce fait à l’activité continue des groupes criminels et terroristes dans un contexte de violences intercommunautaires.  C’est pourquoi les pays membres du G5 Sahel apprécient la poursuite du partenariat stratégique avec l’Union européenne, l’Union africaine et d’autres pays afin de conjurer cette menace extrémiste, éviter son extension à d’autres pays de la région.  

Les membres du G5 Sahel reconnaissent également que la seule réponse militaire n’est pas gage de stabilité durable dans cet espace commun.  Le G5 Sahel, ce sont aussi des projets de développement structurant, notamment pour les femmes et les jeunes, a déclaré la délégation.  Pour cela aussi, ces États ont besoin d’un soutien « continu et accru » de leurs partenaires afin de parvenir à une paix et à un développement durables.  À ce titre, les membres du G5 Sahel saluent les conclusions de la table ronde ministérielle organisée en septembre dernier par les Nations Unies, l’Union européenne, l’Allemagne et le Danemark, qui a abouti à des promesses d’aide humanitaire d’un montant de 1,7  milliard de dollars pour le Sahel central.   

En attendant, les pays du G5 Sahel, engagés à poursuivre leurs efforts pour relever les défis communs continuent de plaider en faveur d’un soutien financier à la Force conjointe.  Ils continuent aussi de demander un mandat robuste au titre du Chapitre VII de la Charte ainsi qu’un financement pérenne et prévisible, y compris à travers les Nations Unies. 

M KOEN VERVAEKE, Directeur général de l’Afrique du Service européen pour laction extérieure de l’Union européenne, a regretté que malgré l’investissement de l’Union européenne, la situation au Mali reste préoccupante et se trouve encore aggravée par la crise sanitaire.  Il importe selon lui que l’Union européenne (UE) procède à des améliorations et rende son approche plus ambitieuse et plus exigeante en matière de résultats concrets.  Le Directeur général a d’abord souligné l’importance d’un appui à une gouvernance inclusive, légitime et efficace impliquant une prise de responsabilité forte des États du G5 Sahel, et plaidé pour un soutien à l’action sécuritaire en se félicitant de l’extension de la mission de formation de l’EUTM Mali au niveau d’autres pays de la région.  M. Vervaeke a en outre appelé à renforcer la résilience et le développement durable pour la stabilité de la région.  

Il a insisté sur le besoin d’exemplarité de la Force conjointe du G5 et des forces nationales au regard de l’état de droit, « condition sine qua non de l’efficacité de la lutte contre le terrorisme ».  « Il s’agit de reconstruire des territoires mais surtout la confiance des populations », a-t-il déclaré en demandant que des enquêtes soient menées.  Le Directeur général a ajouté attendre une évaluation de la Force conjointe et confirmé que tout est fait par l’Union européenne pour garantir le maintien du soutien à la Force conjointe.  Abordant la question du manque de transports mentionnée dans le rapport, M. Vervaeke a rappelé que l’Union européenne a fourni 254,4 millions d’euros à la Force conjointe ainsi que 46 véhicules blindés. 

Il a rappelé que la transition politique engagée au Mali offre une opportunité de réformer les modes de gouvernance, mais que la situation fragile exige des réformes urgentes contre l’impunité et la corruption, ajoutant que la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la réconciliation de 2015 constituera plus que jamais une priorité.  Le Directeur s’est enfin réjoui de la mise en place par le Secrétaire général de la Commission d’enquête internationale indépendante pour le Mali prévue dans l’Accord de paix, notant que le récent « Rapport Sundh  » serait « un instrument utile dans la lutte contre l’impunité –et donc l’instabilité– au Sahel ». 

M. ROBERT KEITH RAE, Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a présenté ses condoléances au peuple malien suite au décès récent de l’ancien Président Amadou Toumani Touré.   Il a ensuite rappelé que la CCP avait été un partenaire « inébranlable » des pays du Sahel, en étant présente pour appuyer leurs efforts de consolidation de la paix.  

Si certains progrès ont été accomplis ces dernières années, notamment dans la lutte contre le terrorisme, de graves problèmes subsistent, a déclaré M. Rae.  Parmi eux, il a cité la détérioration des situations sécuritaire et humanitaire dans certaines parties de la région, des niveaux croissants de déplacement, des inégalités sociales et économiques, la dégradation de l’environnement ou encore l’accroissement des risques transfrontaliers, liés aux activités des groupes armés et terroristes, le trafic d’armes légères et de petit calibre et de drogues, les tensions croissantes entre les éleveurs et les agriculteurs liées à la transhumance, les niveaux élevés de chômage des jeunes et les effets néfastes des changements climatiques, entre autres.  Beaucoup de ces défis ont été exacerbés par les effets de la pandémie de COVID-19, a ajouté le Président de la CCP. 

Il reste donc encore beaucoup à faire pour stabiliser la situation et améliorer les perspectives de développement, a estimé M. Rae.  La CCP reconnaît à ce titre, que, pour que les activités de consolidation de la paix soient véritablement durables, toutes les violations et abus des droits de l’homme doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies et les responsables traduits en justice.  

La CCP considère aussi qu’en dépit de leur rôle clef en tant qu’acteurs économiques, les femmes du Sahel continuent d’être confrontées à la discrimination et se heurtent à de graves contraintes pour accéder aux ressources dont elles ont besoin pour être des agents clefs du changement, telles que la terre, l’information, la finance, la technologie des infrastructures et les marchés.  Elles souffrent également de violences sexuelles et sexistes, « largement répandues » dans la région.   À cet égard aussi, la CCP a attentivement écouté les besoins et les recommandations des femmes artisanes de paix et chefs d’entreprise de la région.   Parmi elles, la coordonnatrice régionale de la plateforme des femmes du G5 Sahel, Mme Aichatou Cissé, a appelé à un soutien plus fort aux personnes en situation de vulnérabilité dans les régions les plus touchées par le conflit.   Mme Benbaba Jamila Ferdjani de Laham Industries au Mali a appelé à un meilleur accès au crédit des femmes entrepreneurs, condition nécessaire au développement durable de la région. 

M. Rae a estimé que les défis « complexes » auxquels le Sahel est confronté nécessitaient une approche globale afin de s’attaquer aux causes profondes des conflits au Sahel, empêcher une nouvelle escalade du conflit, construire, maintenir la paix et promouvoir le développement durable.   Les approches régionales doivent donc être renforcées, en mettant un accent particulier sur les défis transfrontaliers et la nécessité de renforcer l’engagement avec les partenaires régionaux.  

C’est pourquoi la CCP, qui, en collaboration avec les pays sahéliens, le G5 Sahel, l’Union africaine, l’Union européenne et d’autres organisations régionales et internationales, a contribué à mobiliser un soutien pour la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, salue son recalibrage.   Elle continue donc d’encourager les contributions au fonds dédié.  Ce fonds a jusqu’à présent a approuvé des investissements pour un montant de 137 millions de dollars dans 10 pays (Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Gambie), soit 25% de ses ressources pour la période 2017-2019.  La CCP pense que le financement de la relance socioéconomique dans les pays du G5 Sahel donne l’opportunité d’assurer une coordination des efforts humanitaires, de développement et de paix, a déclaré M. Rae. 

Le Président de la Commission de consolidation de la paix a rappelé que les pays de la région avaient constamment demandé davantage d’aide de la part des partenaires internationaux pour relever les défis auxquels ils sont confrontés, y compris en ce qui concerne le financement durable pour les actions qui profitent directement aux populations concernées, et une meilleure coordination des efforts internationaux.   La CCP prend son rôle au sérieux et continuera d’appuyer les efforts visant à renforcer une meilleure coordination entre les différents acteurs locaux, nationaux, régionaux et internationaux.   Les partenariats avec les institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement (BAD) sont essentiels pour la sous-région, en particulier dans le contexte de la sortie de la pandémie, a-t-il conclu. 

La France a rappelé que c’est à la demande des pays du G5 Sahel, que, conjointement avec l’Union européenne, elle a soutenu cette année le lancement de la Coalition pour le Sahel, laquelle repose sur les quatre piliers que sont la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité, le déploiement des services de l’État et le développement.  « La lutte contre le terrorisme est le domaine où nous avons obtenu le plus d’avancées », s’est félicitée la délégation en expliquant que les opérations conjointes avaient permis ces dernières semaines de neutraliser plusieurs dizaines de terroristes.  Il a aussi salué l’appui décisif des États-Unis pour parvenir à tels résultats.  « Comme le relève le Secrétaire général, la Force conjointe du G5 Sahel a conduit avec succès plusieurs opérations, en particulier Sama 1 et Sama 2 », s’est enorgueilli le représentant de la France avant de préciser que la « Task Force Takuba », groupement de forces spéciales européennes, avait également commencé sa mission.  Il a souhaité que ces efforts en termes de sécurité s’accompagnent d’un engagement politique vigoureux des pays de la région pour renforcer leurs institutions et déployer des services publics dans les zones reculées. 

Par ailleurs, il a précisé que le Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel, que la France a lancé en 2019 avec l’Allemagne, et dont le Secrétariat est désormais opérationnel à Bruxelles, permettra d’accélérer ce déploiement.  Il a aussi précisé que l’organisation de plusieurs « colonnes foraines » depuis juin va permettre la mise en place, dans le cadre d’opérations militaires, de services publics là où les populations en sont privées.  Notant que la crédibilité de l’État repose aussi sur le respect de l’état de droit, le représentant de la France a jugé indispensable que les pays de la région enquêtent sur les violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire pour mettre fin à l’impunité.  « Les mécanismes créés par la Force conjointe pour le suivi des incidents impliquant des civils sont indispensables », a-t-il aussi dit avant de préciser que la stabilisation de la région requiert un effort conséquent en termes d’aide humanitaire et de développement.  La délégation a jugé cela nécessaire, en particulier pour répondre à l’aggravation de la crise humanitaire ainsi qu’aux défis des changements climatiques, de l’émancipation de la jeunesse et de l’autonomisation des femmes.  Il a jugé exemplaire la contribution de l’Union européenne qui a annoncé le 9 novembre près de 23 millions d’euros d’aide supplémentaire.  Mettant l’accent sur la nécessité d’améliorer l’efficacité de l’aide pour qu’elle parvienne plus rapidement aux populations, il a salué la philosophie de l’Alliance Sahel, qui poursuit ses efforts de coordination des partenaires techniques et financiers. 

En outre, s’inquiétant de l’augmentation des attaques contre les travailleurs humanitaires, la France a rappelé que le droit international humanitaire n’est pas négociable et s’impose à tous.  Enfin, pour ce qui est du soutien international à la Force conjointe du G5 Sahel, elle s’est félicitée que le dernier renouvellement du mandat de la MINUSMA ait été l’occasion d’améliorer le dispositif tripartite Nations Unies-Union européenne-G5 Sahel.  « Désormais, la MINUSMA peut nouer des contrats d’approvisionnement et de logistique avec des entreprises privées pour soutenir la Force conjointe, y compris à l’extérieur des frontières du Mali », a précisé la délégation en conclusion. 

Le Niger, au nom de l’« A3+1 » (Afrique du Sud, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines) a souligné la nécessité d’une approche holistique dans la région du Sahel, qui comprenne des interventions en matière de politique, de sécurité et de développement socioéconomique afin d’atteindre une paix et une stabilité durables dans la région.  La délégation s’est dite persuadée que cet objectif ne pourrait pas être atteint sans s’attaquer aux causes profondes du terrorisme au Sahel.  À cet égard, les « A3+1 » se félicitent de la prévoyance des autorités du G5 Sahel ayant conduit à l’adoption d’une stratégie de développement et de sécurité en 2016, dont la mise en œuvre repose sur un programme d’investissement prioritaire (PIP) qui s’articule autour de la gouvernance, de la résilience, la sécurité et les infrastructures.  La délégation a expliqué que cette stratégie comprenait un portefeuille de 40 projets structurants, d’une valeur totale de près de 2 milliards d’euros, dont la première phase a débuté en 2019 et s’achèvera en 2021.

La délégation a mis l’accent sur deux priorités fondamentales que sont le financement des projets à impact rapide, basés sur l’implication du secteur privé en bonne intelligence avec les autorités décentralisées, et le ciblage des régions frontalières, afin que les emplois qui seront créés constituent une alternative crédible au recrutement de jeunes par des groupes armés.  En ce qui concerne la mise en œuvre du PIP, la délégation a cité une initiative pilote de coopération transfrontalière, appelé Projet de développement territorial intégré, entre les municipalités des régions du Sahel (Burkina Faso), Tombouctou (Mali) et de Tillabéri (Niger), qui abritent 5,5 millions d’habitants: L’initiative est prévue pour une période d’un an et financée à hauteur d’un milliard de francs CFA (1,8 million de dollars) par l’Union économique et monétaire ouest-africaine.

S’inquiétant de la détérioration de la situation humanitaire, les « A3+1 » rappellent que 31,4 millions de Sahéliens ont besoin d’assistance et de protection.  La délégation a ajouté que les effets de l’épidémie de COVID-19, de l’insécurité alimentaire, des changements climatiques et des inondations étaient venus compliquer la situation.  Dans ce contexte, les « A3+1 » saluent la tenue d’une table ronde ministérielle sur le Sahel central (Niger, Mali, Burkina Faso) consacrée à la crise humanitaire dans cette région, organisée à Copenhague le 20 octobre par les Nations Unies, le Danemark, l’Union européenne et l’Allemagne. Ils se félicitent des engagements pris en matière de financement des interventions humanitaires, qui s’élèvent à 996,8 millions de dollars pour 2020 et à 725,4 millions de dollars pour 2021.

En ce qui concerne la situation sécuritaire, les « A3+1 » se félicitent de l’amélioration de la situation dans la région du Liptako-Gourma à la suite des opérations de la Force conjointe, qui visent à couper les différents canaux d’approvisionnement des groupes armés terroristes et des groupes criminels organisés.  La délégation a déclaré que l’annonce, faite le 5 octobre à Nouakchott lors de la huitième session ordinaire du conseil des ministres du G5 Sahel, du déploiement prochain d’un bataillon tchadien pour participer à l’opération SAMA 2 était rassurante pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme dans la zone centrale.

Par ailleurs, « les A3+1 » saluent particulièrement la performance de la Force conjointe, dont les opérations des 10 derniers mois qui ont permis de neutraliser ou arrêter 123 terroristes, d’arrêter 104 trafiquants, de saisir, récupérer ou détruire 214 motocyclettes et 17 véhicules, de détruire plusieurs dépôts logistiques ou sites de fabrication d’engins explosifs improvisés, et récupérer près de 200 armes et des milliers de munitions de tout calibre.

Alors que plusieurs pays de la région sont engagés dans des processus électoraux, la délégation a salué le rôle positif joué par le Bureau des Nations Unies pour  Afriques de l’Ouest et le Sahel(UNOWAS) et appelé les partenaires à plus de coordination de leurs initiatives et autres soutiens à la région du Sahel.

La Belgique a partagé sa détermination à lutter contre l’insécurité et à promouvoir le développement du Sahel tant par son engagement au sein de l’Union européenne que par la coopération bilatérale.  Ce faisant, elle privilégie l’approche globale qui vise la cohérence des actions menées en vue de contribuer aux sorties de crise et à l’instauration d’une paix durable.  La Belgique a mentionné à cet égard sa participation à la conférence ministérielle du 20 octobre dernier tendant à identifier les besoins prioritaires, notamment dans le domaine humanitaire et au cours de laquelle la Belgique a annoncé une contribution de huit millions d’euros. 

Notant que la moitié de la population du Sahel a moins de 15 ans, elle a constaté qu’en raison des conflits qui perdurent et de la pandémie de COVID-19, des dizaines de millions d’enfants n’ont plus accès à l’école ou à l’éducation, ce qui leur ôte des perspectives et participe à leur recherche d’alternatives telles que celles fournies par les groupes armés, ce qui les expose davantage aux risques du recrutement par ces groupes, aux violences sexuelles et à l’exploitation par le travail.  Elle a ensuite salué l’engagement des gouvernements de la région à garantir la continuité de l’éducation et relevé que les défis « immenses » à cet égard devraient être pris « à bras le corps ». 

Au sujet de l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe, la Belgique a plaidé pour la mise en œuvre des aspects énoncés dans la résolution 2531 et ayant trait la fourniture d’articles consommables.  Elle a recommandé, par ailleurs, un « nouvel engagement politique et une appropriation au plus haut niveau » pour renforcer les institutions démocratiques du Sahel et rechercher de nouvelles solutions politiques pour « contrer les discours mortifères des terroristes ».  La Belgique a donc insisté sur la lutte contre la stigmatisation de groupes ethniques ou de certaines communautés, notamment par le biais d’un cadre de gouvernance permettant d’apaiser les tensions ; la fourniture des services de base, y compris la sécurité ; la lutte contre l’impunité et la justice transitionnelle.  La Belgique continue de suivre les allégations d’exécutions extrajudiciaires par les forces de sécurité des pays du Sahel et a vivement insisté sur le respect de l’état de droit et des droits humains fondamentaux.  Elle a encouragé ces pays, et la Force conjointe du G5 Sahel, à renforcer le respect du Cadre de conformité en matière de respect des droits de l’homme. 

La République dominicaine a exprimé ses condoléances aux familles et aux peuples des soldats tombés dans l’exercice de leur fonction alors qu’ils effectuaient un travail « louable, vaillant et critique » en contribution à la paix et la sécurité dans la région.

Pour la délégation, le Sahel continue de faire face aux défis graves et complexes en matière de sécurité, notamment les attaques asymétriques des groupes extrémistes contre les forces nationales de sécurité, le personnel de maintien de la paix de l’ONU, les travailleurs humanitaires et les dignitaires locaux.  Ces groupes cherchent en effet à étendre leur influence et sont à l’origine d’une recrudescence des conflits intercommunautaires, de la traite des personnes, du trafic des biens, des armes et de stupéfiants.  La République dominicaine souligne qu’en plus de ces menaces persistantes, la pandémie de la COIVD-19 est venue ajouter un impact profond et large, de l’instabilité politique, illustrée par l’agitation survenue au lendemain du coup d’État du 18 août dernier au Mali, et une crise humanitaire qui s’accentue également au Burkina Faso et au Niger.

Pour toutes ces raisons, la délégation a mis en relief le rôle vital de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) et des opérations militaires conjointes transfrontalières de lutte contre le terrorisme dans la réponse régionale et internationale au problème de la sécurité.  Elle a exhorté la communauté internationale à apporter son appui pour renforcer la FC-G5S, en reconnaissant les contributions critiques de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et celles dérivées d’initiatives prises avec les organes régionaux et sous-régionaux.

Notant le rythme accru, cette année, des opérations militaires de la FC-G5S, la République dominicaine y a vu un indicateur de son caractère opérationnel, qui facilitera un impact croissant et un contrôle de la région ainsi que le retour progressif des forces armées nationales et des autorités locales.  La délégation a toutefois précisé que la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée, la violence des groupes armées et les luttes intercommunautaires devra se faire dans le plein respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire, en accordant une attention particulière à l’établissement des responsabilités en tant que garantie de crédibilité.

La République dominicaine met aussi l’accent sur une approche holistique, intégrée et complète, qui traite des causes sous-jacentes de l’instabilité et qui donne une importance à l’autonomisation des femmes par le biais de leur participation aux processus de consolidation de la paix et de la sécurité dans la région du Sahel.

L’Estonie s’est dit extrêmement préoccupée par la poursuite des attaques terroristes contre les forces de sécurité nationales, régionales et internationales dans la région du Sahel.  « Il est de la plus haute importance de concentrer tous les efforts sur la création de conditions favorables au retour de l’État et de la présence sécuritaire, y compris la police et la présence judiciaire », a-t-il insisté avant de saluer l’action de la Force conjointe du G5 Sahel pour faire de la paix une réalité au Sahel.  Il a souligné le rôle crucial de l’Union africaine et de la CEDEAO dans la coordination et la mobilisation des opérations conjointes de lutte contre le terrorisme. 

La délégation s’est félicitée des mesures prises pour améliorer la coordination entre les différents acteurs opérant dans la région.  Il a souligné la contribution de l’Estonie en personnels à la MINUSMA, à l’opération Barkhane dirigée par la France et à la mission militaire de l’Union européenne, laquelle vise à contribuer à la formation des forces armées maliennes (EUTM Mali) et financièrement au Fonds fiduciaire de l’UE pour l’Afrique.  « L’Estonie fait également partie de la « Task Force Takuba » récemment lancée et opérant dans la région de « Liptako Gourma », a ajouté le représentant. 

En outre, il a salué les assurances que la Force conjointe du G5 Sahel et les États de la région ont données en matière d’adhésion aux principes des droits de l’homme et au cadre du droit international humanitaire lors de la conduite des opérations de lutte contre le terrorisme.  Il s’est félicité des mesures que la Force conjointe a prises jusqu’à présent avant de demander que toutes les violations et abus des droits de l’homme fassent l’objet d’enquêtes et que les auteurs soient amenés à rendre des comptes.  Not nt qu’aucune paix véritable ne sera atteinte si les causes profondes de l’instabilité ne sont pas traitées activement et sérieusement, l’Estonie a appelé à des actions concrètes pour réduire la pauvreté et la marginalisation de certains groupes ainsi que pour autonomiser les femmes et les jeunes. 

L’Allemagne a souligné que « le moment n’est pas venu de réduire nos efforts dans le Sahel, au vu d’une situation sécuritaire préoccupante, et d’une instabilité dans la région due aux groupes terroristes ».  Notant les progrès effectués par la Force conjointe en matière de renforcement des capacités logistiques et ses succès dans la lutte antiterroriste, la délégation a confirmé qu’elle envisageait de « réfléchir aux moyens d’amplifier son soutien à la Force conjointe » et a approuvé le soutien que lui apporte la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Elle a ajouté que la Force conjointe devait aussi respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire, ajoutant que ce respect était tout aussi essentiel que la diligence des enquêtes sur les violations commises.  

L’Allemagne est en outre préoccupée par la dégradation de la situation humanitaire.  La délégation a noté que 13 millions de personnes de la région avaient besoin d’une aide.  Rappelant que le Sahel est à un tournant décisif, elle s’est félicitée de la récente conférence internationale des bailleurs de fonds.   Elle a aussi prôné une approche globale, nécessaire pour le long terme, qui doit travailler au développement et à la lutte contre le terrorisme en abordant les causes profondes des conflits  

Insistant pour la promotion de la bonne gouvernance et de l’état de droit, la délégation a souligné la nécessité de rétablir la confiance, de renforcer les institutions de l’État et la formation d’une police civile à laquelle l’Allemagne propose de contribuer.  

L’Allemagne juge également prioritaire d’atténuer les effets des changements climatiques qui « frappent la région de manière disproportionnée ».  La délégation a marqué son soutien pour « l’approche multipiliers » de la Commission de consolidation de la paix (CCP), ajoutant que le Sahel recevait un appui fort mais que la communauté internationale devait « faire plus ».   Elle a par ailleurs souligné l’importance de la réunion des plus grands bailleurs de fonds, ajoutant que la coalition pour le Sahel devait passer du stade de la coordination avec le G5 Sahel à celui de la coopération, illustrée déjà par les opérations de stabilisation de la région du lac Tchad.  L’Allemagne a enfin invité les partenaires à allier des mesures de sécurité, de stabilisation et de développement à long terme pour assurer la stabilité d’une société résiliente au Sahel.  

L’Indonésie, s’exprimant également au nom du Viet Nam, a déclaré que la Force conjointe G5 Sahel a joué un rôle important dans le maintien de la paix et de la sécurité dans ladite région.  Aussi, se sont-ils félicités des récents progrès accomplis par la Force, y compris les opérations ayant permis le retour de l’autorité de l’État, ainsi que l’annonce du déploiement de 3 000 hommes de la Force africaine prépositionnée afin de compléter les efforts de lutte antiterroriste de la Force conjointe G5 Sahel.  

Le représentant a appelé les pays du Sahel, l’ONU et les autres partenaires à ne ménager aucun effort pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, tout en œuvrant à prévenir les conflits communautaires.  La Force conjointe du G5 Sahel peut jouer un rôle important en la matière et doit, de ce fait, recevoir tout l’appui qui lui est nécessaire, a-t-il observé.  Parallèlement, toutes les parties doivent respecter leurs obligations au titre du droit international humanitaire, tout en adoptant une approche globale pour s’attaquer aux causes premières des conflits, en investissant dans l’emploi, les femmes, les jeunes et l’accès aux services sociaux de base, ont plaidé en conclusion l’Indonésie et le Viet Nam. 

Le Royaume-Uni a confirmé que le déploiement des troupes britanniques au Sahel avait commencé et a regretté que la situation dans la région continue à se détériorer avec un grand nombre d’attaques mortelles contre les civils et le personnel militaire, y compris celui de la MINUSMA.  La délégation a également constaté que les habitants du Sahel souffraient toujours de violences, de trafics illicites et d’insécurité alimentaire qui provoquent des déplacements de population et augmentent les besoins humanitaires.  

Face à ces défis, le Royaume-Uni se félicite que les États membres du G5 Sahel aient accru leurs capacités opérationnelles contre les forces de déstabilisation.  La délégation a demandé davantage d’informations sur la mesure de l’efficacité de la Force conjointe et sur sa collaboration avec l’équipe de pays de l’ONU pour faciliter le développement et le retour des autorités et des forces armées nationales. 

La délégation a souligné que la gouvernance, le développement durable et le maintien de la paix étaient le socle de la stabilité au Sahel.  Pour le Royaume-Uni, les efforts régionaux au Sahel justifient un certain optimisme, au vu de l’engagement d’un milliard de dollars de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du déploiement de 3 000 soldats de l’Union africaine, en attendant que tous les partenaires honorent leurs engagements.   

Pour le Royaume-Uni, il ne peut y avoir de paix et de sécurité durables au Sahel sans la protection et la promotion des droits de l’homme et la conformité au droit humanitaire international.  La délégation a exhorté les gouvernements des pays du G5 à s’assurer que toutes les violations commises par les forces de sécurité fassent l’objet d’enquêtes transparentes et de conséquences judiciaires pour leurs auteurs, « afin, non seulement d’éviter l’impunité, mais aussi de renforcer le contrat social entre citoyens et États et d’éviter de créer des griefs qui nourriraient plus encore la violence.  

La délégation a ajouté que le soutien de la MINUSMA à la Force conjointe reposait sur le respect des politiques de conformité aux droits de l’homme de l’ONU.  Elle a encouragé la Force conjointe à mettre en œuvre toutes les mesures d’atténuation des risques et à poursuivre la mise en œuvre opérationnelle de conformité de leur cadre règlementaire aux droits humains.  En conclusion, le Royaume-Uni a souhaité que la Force conjointe et tous les éléments de l’ONU et de la réponse internationale restent coordonnés et cohérents pour maximiser l’impact de la FC-G5S.  

La Chine a déclaré que la région du Sahel connaît une plus grande stabilité et enregistre des progrès dans la lutte contre le terrorisme mais qu’il faut poursuivre les efforts visant à la stabilisation de la situation politique et à la bonne gouvernance.  Il faut aussi « absolument » permettre aux parties libyennes de conclure le processus de paix en cours.  La Force conjointe a obtenu des victoires dans ses opérations, mais la région est encore en proie à des attaques d’organisations terroristes.  Elle a encouragé les partenaires internationaux à redoubler d’efforts et le Conseil à fournir un financement plus prévisible et stable.  Par ailleurs, 31,4 millions de personnes dépendent de l’assistance humanitaire et plusieurs autres millions attendent de pouvoir retourner chez elles, a encore noté la Chine, qui a souligné qu’elle avait envoyé des équipements de protection et du matériel médical dans la région pour contribuer à la lutte contre la pandémie de COVID-19, et qu’elle continuera à œuvrer main dans la main avec la communauté internationale pour assoir la paix et la stabilité au Sahel.  

Les États-Unis ont reconnu que la Force conjointe du G5 et sa composante civile sont essentielles pour s’attaquer à certaines des causes profondes du conflit, affirmant qu’ils restent déterminés à soutenir bilatéralement la Force conjointe avec du matériel, une formation, des fournitures et des conseillers. Selon la délégation, les contributions fixées par l’ONU ne sont pas une source viable de financement.  En septembre, les États-Unis ont annoncé une aide humanitaire de 152 millions de dollars pour répondre aux besoins des populations des pays du G5 Sahel.  « Cela s’ajoute à nos programmes existants de services sociaux régionaux, d’application des lois et d’aide à la sécurité et, également, à notre contribution directe de 111 millions de dollars à la Force conjointe », a dit la délégation.  À court terme, elle a émis l’espoir que la Force conjointe tire pleinement parti du mécanisme d’appui de la MINUSMA, renforcé en juin dernier pour mieux soutenir la Force conjointe du G5.  « Nous pensons qu’il n’y a pas de temps à perdre.  La MINUSMA n’est qu’une partie de la solution et il est peu probable, à notre avis, qu’elle se maintienne indéfiniment à son niveau actuel », a mis en garde le représentant. 

Malgré les succès obtenus par la Force conjointe, les progrès accomplis peuvent s’effacer rapidement lorsque les forces de défense et de sécurité de l’État commettent elles-mêmes des actes de violence contre les populations qu’elles sont censées protéger.  « Comme nous le savons tous, ces violations renforcent les récits de terroristes et stimulent le recrutement.  Nous attendons donc une enquête complète sur les cinq cas présumés de violations graves des droits de l’homme par le bataillon du G5 opérant dans le nord du Burkina Faso », a déclaré la délégation américaine.  Au niveau national, elle a appelé le Gouvernement de transition du Mali et les Gouvernements du Niger et du Burkina Faso à mener des enquêtes approfondies et transparentes et à tenir pour responsable tout individu responsable de crimes présumés, y compris les 50 exécutions arbitraires signalées par les forces du Burkina Faso et qui auraient été commises en mai.  Les États-Unis ont également appelé les Gouvernements du Burkina Faso, du Niger et du Tchad à promouvoir un processus électoral libre et équitable lors de leurs prochains scrutins respectifs. 

La délégation s’est dit cependant alarmée par la libération en octobre d’environ 200 prisonniers au Mali, dont la plupart étaient détenus pour actes de terrorisme.  Nous demandons donc instamment au Gouvernement de transition du Mali et aux autres acteurs de mettre en œuvre rapidement les principes de l’Accord d’Alger.  Nous appelons également le Gouvernement de transition au Mali à organiser des élections libres et équitables dans les 18 mois et à respecter ses engagements, de la lutte contre la corruption à la mise en œuvre de réformes électorales en passant par la gouvernance.  « Le peuple malien mérite cela et rien de moins », a-t-elle ajouté. 

La Fédération de Russie a partagé la préoccupation de M. Lacroix en ce qui concerne la hausse de l’insécurité et du terrorisme dans la région.  Pour cette raison, la délégation a encouragé les États concernés à rapidement déployer des mesures visant à lutter contre la pauvreté, rétablir l’autorité de l’État, à réinstaurer la culture de l’état de droit et du respect des droit de l’homme.  La Fédération de Russie a dit compter sur le prépositionnement par les parties concernées des forces africaines, se félicitant du renforcement du rôle joué par la MINUSMA.  Elle a dit espérer que ce renforcement permette à la mission de remplir son mandat efficacement.  Elle a enfin estimé que la Force du G5 Sahel et les forces africaines étaient devenues de véritables outils de lutte contre le terrorisme et que de ce fait, elles doivent bénéficier de la coopération internationale, a conclu la délégation. 

M. JEAN PIERRE LACROIX, Secrétaire Général adjoint aux opérations de paix , reprenant la parole, a déclaré qu’en ce qui concerne le soutien apporté par la MINUSMA à la Force conjointe, et au regard de la dernière résolution en date du Conseil de Sécurité, le Département des opérations de paix déployait toutes les mesures possibles pour mettre en œuvre les nouvelles modalités.   Il a par ailleurs souligné la nécessité de nouvelles sources de financement.   S’agissant des contributions volontaires, le Secrétaire général adjoint a remercié l’Union européenne pour le soutien qu’elle a apporté, avant de rappeler que la MINUSMA prévoyait un déficit de son budget de fonctionnement de 13,5 millions de dollars pour l’année à venir.  Déficit qui, même réduit par les décaissements engagés par l’Union européenne, s’élève encore à sept millions de dollars.  « Cela montre l’importance de financements supplémentaires, qui sont essentiels pour le succès du G5 Sahel », a rappelé le Secrétaire général adjoint. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.