SC/14225

Conseil de sécurité: Le Secrétaire général, la Ligue des États arabes et plusieurs ministres appellent Israël à renoncer à son projet d’annexion en Cisjordanie

Le Secrétaire général de l’ONU, celui de la Ligue des États arabes et une majorité de délégations, dont sept étaient représentées au niveau ministériel, ont, devant le Conseil de sécurité, exhorté Israël à renoncer à son projet, illicite au regard du droit international, d’annexer des parties de la Cisjordanie à compter du 1er juillet, sous peine de porter une atteinte irréversible au processus de paix et de déstabiliser plus encore la région.  « Nous sommes à un tournant », a déclaré le Secrétaire général, à l’instar du Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine.

Distanciation sociale oblige, c’est chacun dans leur mission que les 15 membres du Conseil de sécurité font leur déclaration et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux.  Aujourd’hui, outre les Secrétaires généraux de l’ONU et de la Ligue des États arabes, MM. António Guterres et Ahmed Aboul Gheit, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, et le Ministre palestinien des affaires étrangères, M. Riad Al-Malki, ont également pris la parole. 

Je m’exprime aujourd’hui devant vous, a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, avec une profonde préoccupation face à l’évolution de la situation.  M. Guterres a prévenu que s’il était mis en œuvre, le plan d’annexion constituerait une violation « grave » du droit international, compromettrait sérieusement la solution des deux États et saperait la possibilité de reprendre les négociations.  « J’appelle Israël à abandonner ses projets d’annexion », a plaidé le Secrétaire général.

Le conflit israélo-palestinien a atteint un « point critique », a alerté, à son tour, le Coordonnateur spécial du processus de paix au Moyen-Orient.  M. Mladenov a dit craindre une modification « irrévocable » des relations israélo-palestiniennes et a rappelé les déclarations de rejet, dont celle du Roi de Jordanie et le message fort adressé directement au peuple israélien par les Émirats arabes unis, tandis que des milliers d’Israéliens ont multiplié les manifestations. 

Maintenant que la perspective d’une solution négociée est minée, « le spectre de la colère, de la radicalisation et de la violence émerge », a mis en garde le Coordonnateur spécial.  Si la solution des deux États disparaissait de la table des négociations, elle serait remplacée par la réalité d’un seul État qui créerait une dynamique complétement différente, a affirmé le Secrétaire général de la Ligue des États arabes.  « Les Arabes se désintéresseraient de la paix régionale », s’est-il expliqué, en prévenant les Israéliens qu’ils croient à tort que le statu quo est durable.  « Il ne l’est pas. »

Ce sentiment ayant été partagé par la grande majorité des délégations, les États-Unis ont dit comprendre les préoccupations face à l’éventuelle extension de la souveraineté israélienne.  Ils ont défendu la « Vision pour la paix » du Président Trump comme « un départ, le début d’une conversation et certainement pas la fin ».  Notre plan, se sont-ils défendus, n’est pas un « plan à prendre ou laisser ».  Il n’est pas gravé dans la pierre.  « Si Israël décidait d’étendre sa souveraineté, il le ferait dans le respect des zones où il a toujours maintenu une revendication historique et juridique légitime », a affirmé la délégation israélienne. 

Mu par une impunité infinie, Israël, a rétorqué le Ministre palestinien des affaires étrangères, a toujours voulu prendre « le plus de terres palestiniennes avec le moins de Palestiniens possibles ».  Une annexion, a-t-il martelé, est « un crime au regard du Statut de Rome ».  Elle aurait des répercussions « tangibles et immédiates », endommagerait de manière irréversible la relation d’Israël avec la Palestine et détruirait les chances de paix. 

Une annexion « officielle », a renchéri la Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, Mme Retno L. P. Marsudi, serait un défi lancé ouvertement au Conseil de sécurité.  C’est l’efficacité « de votre auguste Conseil » qui est en jeu, a confirmé le Secrétaire général de la Ligue des États arabes.  Mais quelle est donc la raison d’être de ce Conseil si nous continuons de détourner le regard, d’adopter des résolutions creuses, d’ignorer les résolutions actuelles et de refuser de se lever contre ceux qui nient avec « autant d’arrogance » les principes sur lesquels cette Organisation a été fondée? s’est emporté le Vice-Ministre sud-africain des relations et de la coopération internationale.  M. Alvin Botes a estimé que « nous devrions avoir honte d’avoir ignoré et nié aux Palestiniens leurs aspirations et droits les plus fondamentaux; honte que notre silence ait protégé l’oppresseur au détriment de l’opprimé; et honte qu’après des décennies, un règlement pour mettre fin à l’occupation demeure aussi inatteignable qu’en 1948 ». 

La responsabilité de ce Conseil, qui a défini et endossé les paramètres du règlement du conflit, est de préserver les conditions d’une négociation future et la possibilité d’un accord entre les parties, a déclaré la France.  En attendant, nous ne reconnaîtrons aucune tentative unilatérale de modifier la frontière, a annoncé le Ministre d’État britannique pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, M. James Cleverly.  Israël a insisté sur « les liens indiscutables entre le peuple juif et leur patrie historique de la Judée-Samarie » et rappelé que l’argument d’une déstabilisation régionale avait déjà été brandi lors de la Déclaration d’indépendance en 1948, de la Guerre de Six Jours en 1967 et en 2018, lorsque les États-Unis ont déplacé leur ambassade à Jérusalem. 

Nous ne nous laisserons pas intimider par les menaces de violence, a-t-il dit, en s’étonnant qu’au lieu de parler avec lui, le Ministre palestinien des affaires étrangères ait préféré saisir le Conseil, après avoir condamné, avant même sa présentation, le plan de paix américain, en vertu duquel, a d’ailleurs accusé ledit Ministre, Israël est prêt à saisir immédiatement toutes les terres désignées.  Il a appelé à une conférence internationale de paix et à un mécanisme multilatéral élargi pour la paix.  Les négociations ne sauraient être un « écran de fumée » permettant à Israël de mener à bien son entreprise de colonisation, a conclu le Ministre.

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

« Je m’exprime aujourd’hui devant vous avec une profonde préoccupation face à l’évolution de la situation en Israël et en Palestine », a déclaré M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU.  « Nous sommes à un tournant. »  La menace d’Israël d’annexer certaines parties de la Cisjordanie occupée alarme les Palestiniens, de nombreux Israéliens et, plus largement, la communauté internationale.  Si elle était mise en œuvre, l’annexion constituerait une violation des plus graves du droit international, compromettrait sérieusement la solution des deux États et saperait la possibilité de reprendre les négociations, a averti M. Guterres.  « J’appelle le Gouvernement israélien à abandonner ses projets d’annexion. »  Le Secrétaire général a rappelé que le leadership palestinien a riposté en considérant n’être plus lié par les accords bilatéraux avec Israël et les États-Unis.

La fragilité économique accrue en raison de la pandémie de COVID-19, la réduction du soutien des donateurs et la récente décision palestinienne de cesser d’accepter les recettes fiscales et douanières collectées par Israël pour le compte de l’Autorité palestinienne risquent d’aggraver les difficultés du peuple palestinien.  Le Secrétaire général a réitéré son « engagement total » à continuer d’épauler les Palestiniens et les Israéliens en vue de régler le conflit et de mettre un terme à l’occupation, conformément au droit international, aux résolutions pertinentes du Conseil et aux accords bilatéraux.  L’objectif est de concrétiser la vision des deux États: Israël et un État palestinien indépendant, démocratique, contigu, souverain et viable, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, dans des frontières sûres et reconnues, basées sur celles d’avant 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux États.

Le Secrétaire général a assuré qu’il continuera de s’élever contre toute mesure unilatérale de nature à saper la paix et les chances de régler le conflit israélo-palestinien par le biais de négociations approfondies.  « De telles actions peuvent en outre entraver les efforts visant à promouvoir la paix dans la région et à maintenir la paix et la sécurité internationales. »  M. Guterres a exhorté les dirigeants israéliens et palestiniens à s’engager en faveur d’un dialogue approfondi, avec l’appui de la communauté internationale.  Il a encouragé les soutiens régionaux et internationaux de la solution des deux États à œuvrer pour ramener les parties sur la voie d’un règlement pacifique et négocié.  « J’appelle les membres du Quatuor pour le Moyen-Orient à jouer notre rôle de médiation, tel que mandaté, et à rechercher un cadre mutuellement acceptable pour que les parties se réengagent, sans conditions préalables, auprès de nous et des autres États clefs. »  Les dirigeants doivent agir sagement, rapidement et faire montre de la volonté de parvenir à l’objectif d’une paix juste et durable, a conclu le Secrétaire général.

Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. NICKOLAY MLADENOV, a réitéré la vive préoccupation du Secrétaire général face à la menace persistante d’annexion de certaines parties de la Cisjordanie occupée - un processus qui, selon les responsables israéliens, pourrait commencer dans quelques jours ou semaines.  Les délibérations sur cette décision ont amené ce conflit à un point critique, a-t-il averti, dans la mesure où l’annexion pourrait modifier irrévocablement la nature des relations israélo-palestiniennes et mettre fin à plus d’un quart de siècle d’efforts internationaux en appui à un futur État palestinien viable vivant dans la paix, la sécurité et la reconnaissance mutuelle avec l’État d’Israël.  Faisant écho au Secrétaire général, M. Mladenov a souligné sans équivoque que toute décision d’annexer le territoire palestinien occupé aurait de graves implications s’agissant du droit international, de la solution des deux États et des perspectives d’une paix négociée et durable. 

L’opposition internationale et régionale s’est également généralisée, a-t-il fait savoir.  Les dirigeants européens continuent d’exprimer leur opposition à l’annexion et affirment que cela constituerait une violation du droit international.  Des déclarations puissantes rejetant une telle décision ont également été publiées ces dernières semaines par le Roi de Jordanie, la Ligue des États arabes et des dirigeants du monde arabe, y compris un message fort adressé directement au peuple israélien par les Émirats arabes unis.

En plus des déclarations officielles, a poursuivi M. Mladenov, le monde a été témoin de l’opposition d’une partie de la société civile israélienne et palestinienne, des groupes de réflexion, des universitaires et bien d’autres.  De nombreux sondages d’opinion ont indiqué que les Israéliens sont profondément divisés sur une question qu’ils ne considèrent pas comme une priorité alors que leur pays est aux prises avec une crise économique et la hausse du chômage.  Des milliers d’Israéliens ont protesté contre cette décision lors de rassemblements sur la place Rabin à Tel Aviv et ailleurs.

Maintenant que la perspective d’une solution négociée est minée, le spectre de la colère, de la radicalisation et de la violence émerge, a mis en garde le Coordonnateur spécial.  Au-delà des implications juridiques, sécuritaires et économiques, la menace d’annexion unilatérale envoie le message clair selon lequel les négociations bilatérales n’aboutiront pas à la paix.  Rien de positif, a souligné M. Mladenov, ne peut émerger de la rupture du dialogue et de la communication.  Il faut laisser sa chance à la diplomatie, a-t-il plaidé, avant d’appeler tous ceux qui croient au droit légitime des Palestiniens et des Israéliens à l’autodétermination, à la sécurité et à un avenir meilleur, à rejeter cette décision et à consolider les efforts pour préserver les perspectives d’une solution durable à deux États.

« C’est pourquoi je vous demande tous aujourd’hui de vous joindre au Secrétaire général dans son appel à un réengagement immédiat, sans conditions préalables, entre le Quatuor pour le Moyen-Orient -États-Unis, Fédération de Russie, Union européenne et Nations Unies-, les dirigeants palestiniens, Israël et les pays de la région, pour trouver un moyen de sortir de la crise actuelle », a-t-il déclaré.

Ce n’est qu’en travaillant ensemble qu’il sera possible de rétablir un véritable dialogue israélo-palestinien, en veille depuis trop longtemps.  Pour M. Mladenov, il est toujours possible d’identifier des mesures réalistes pour faire avancer l’objectif des deux États, à condition de le faire sur la base des principes et des aspirations partagés.  Il a exhorté les dirigeants israéliens et palestiniens à saisir cette chance et à reprendre le chemin de la négociation.

Rappelant qu’en réponse à la menace d’annexion, les dirigeants palestiniens se sont déclarés libérés de tous les accords passés avec Israël et les États-Unis, et qu’ils ont par la suite interrompu tous les contacts bilatéraux, M. Mladenov a estimé que cette décision a eu et aura un impact dramatique sur tous les aspects de la vie des Palestiniens.  La décision de refuser les recettes douanières qu’Israël perçoit au nom de l’Autorité palestinienne est particulièrement inquiétante.  Ajoutant à l’incertitude économique causée par la pandémie de COVID-19, l’Autorité palestinienne a maintenant perdu 80% de ses revenus mensuels.  Ce manque à gagner ne peut pas être comblé par les donateurs, a prévenu le Coordonnateur spécial.  Bien que l’ONU soit prête à fournir un soutien d’urgence, elle ne peut remplacer l’Autorité palestinienne. 

Dans les semaines à venir, des décisions pourraient être prises qui provoqueraient des dégâts irréparables aux sociétés palestinienne et israélienne, à la sécurité et au bien-être économique des deux peuples.  Cette sombre perspective, a dit craindre le Coordonnateur spécial, n’est pas encore un fait accompli.  La fenêtre d’opportunité se ferme mais il est encore temps d’éviter le chaos.  Il faut pour cela un effort concerté de toutes les parties prenantes et la volonté de prendre des risques politiques pour parvenir à la paix, dont l’abandon du projet d’annexion de certaines parties de la Cisjordanie occupée.

Le Coordonnateur spécial a brièvement passé en revue les faits nouveaux dont le fait que le 9 juin, la Haute Cour de justice d’Israël a annulé une loi controversée de 2017 qui permettait l’expropriation à grande échelle de terres palestiniennes privées et la légalisation rétroactive de milliers de logements dans les colonies israéliennes.  La Cour a jugé cette loi inconstitutionnelle en raison de la violation des droits des Palestiniens à la propriété et à l’égalité. 

M. Mladenov est également revenu sur la situation financière préoccupante de l’ Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Il a remercié la Jordanie et la Suède pour leurs efforts en vue de mobiliser un soutien à l’Office, dont la Conférence d’annonces de contributions qu’elles ont coprésidée hier, avec la participation du Secrétaire général.  Les contributions annoncées étant bien en deçà des besoins liés à un déficit budgétaire « extrêmement grave », M. Mladenov a encouragé tous les États Membres à soutenir l’Office pour garantir la poursuite de ses opérations tout au long de 2020.

Pour M. AHMED ABOUL GHEIT, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, il est du devoir et de la responsabilité du Conseil de sécurité de faire face à toute menace à la paix et à la sécurité internationales.  Or, la Ligue des États arabes est fermement convaincue que la décision éventuelle du Gouvernement israélien d’annexer des parties du territoire palestinien occupé constituerait une « grave menace » à la stabilité régionale, avec des ramifications plus larges pour la sécurité internationale.

Depuis 1993, les Palestiniens ont judicieusement fait le choix de la paix et de la coexistence, a fait valoir le haut responsable, rappelant qu’ils ont signé des accords intérimaires avec Israël dans l’espoir d’ouvrir la voie à la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Pendant trois décennies, les perspectives d’une paix réelle et de la création d’un État palestinien indépendant sont restées difficiles.

Les activités de colonisation israéliennes se sont développées et la logique de l’occupation et de la domination s’est enracinée, a dénoncé M. Aboul Gheit.  Les négociations ont échoué, elles ont été suspendues à plusieurs reprises et n’ont abouti à aucun résultat alors que le désespoir domine les sentiments palestiniens.  Malgré ces revers, la Ligue des États arabes reste convaincue que la solution des deux États est le seul paradigme accepté par les deux parties et approuvé par la communauté internationale.  L’ambitieuse Initiative de paix arabe, qui a été lancée en 2002, a d’ailleurs adopté les mêmes paramètres comme un moyen de parvenir à la paix régionale et à la normalisation avec Israël.

S’ils sont mis en œuvre, a prévenu le haut responsable, les plans d’annexion israéliens nuiraient non seulement aux chances de paix aujourd’hui, mais détruiraient aussi toutes les perspectives de paix à l’avenir.  Les Palestiniens perdront totalement confiance dans un règlement négocié et il faut craindre que les Arabes se désintéressent de la paix régionale.  Une sombre réalité risque de s’installer, a pronostiqué M. Aboul Gheit, mettant en garde les Israéliens qui croient à tort que le statu quo est durable.  « Il ne l’est pas. »  Si la solution des deux États disparaît de la table, elle sera remplacée par la réalité d’un seul État qui créerait une dynamique complétement différente.

Le haut responsable a souligné que c’est aussi l’efficacité « de votre auguste Conseil » qui est en jeu.  Il a espéré que ses membres sauront reconnaître l’urgence de la question et la gravité de la politique israélienne.  Il incombe au Conseil d’exercer son influence sur Israël, a estimé M. Aboul Gheit, pour obtenir de lui l’abandon des mesures unilatérales qui exacerberaient les tensions et mettraient en danger la stabilité et la paix au Moyen-Orient.

Nous devons être unis dans notre condamnation et notre rejet de cette provocation injustifiée, a-t-il assené à la salle.  Israël doit être forcé de reconnaître que ses plans « néfastes et égocentriques » sont et seront inadmissibles et n’obtiendront jamais le consentement international.

M. LOUIS STRAKER, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a fermement condamné la poursuite des activités de peuplement en Cisjordanie qui, a-t-il signalé, met gravement en péril le processus de paix.  Il a imploré Israël de respecter la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité.  Alors que l’annexion de la Cisjordanie est imminente, la fenêtre étroite pour une paix négociée se referme rapidement, a-t-il alerté.  Il a également prévenu qu’une annexion altérerait de façon permanente le paysage sécuritaire et déstabiliserait la région.  Il a appelé Israël à mettre immédiatement un terme à ses projets d’annexion et à revenir à la table des négociations.

Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, nous nous trouvons à une croisée des chemins dangereuse.  Les principes de base sur lesquels l’ONU a été fondée sont en train de s’éroder.  Sur une question aussi complexe et conséquente que le processus de paix au Moyen-Orient, nous pouvons difficilement nous permettre de répudier les principes fondamentaux de notre système multilatéral, a-t-il prévenu.  L’indépendance politique et l’intégrité territoriale de tous les États doivent être préservées alors que nous portons notre regard collectif sur les défis urgents que sont la COVID-19 et la crise climatique.  À ce stade critique, a-t-il dit, nous ne pouvons pas être séparés en intérêts ou divisés en objectifs; nous devons être résolument solidaires et exiger la paix et la justice pour tous.

M. NOUREDDINE ERRAY, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a dénoncé le mépris d’Israël pour la légalité internationale avec l’annonce de son projet d’annexion et sa politique constante du « fait accompli » en vue de changer le statut juridique et historique de terres arabes et de mettre en œuvre ses projets expansionnistes.  Ce projet d’annexion est une grave violation du droit international et une menace pour les efforts de paix, qui pourrait avoir des répercussions extrêmement dangereuses pour toute la région.  Le Ministre a appelé la communauté internationale à envoyer un message « clair et fort » à Israël, selon lequel elle rejette ce projet d’annexion et s’élève contre ces violations constantes du droit international.  Il a rappelé que les droits des Palestiniens sont imprescriptibles et que les mesures israéliennes sont nulles et non avenues. 

Notre rejet catégorique du projet d’annexion exige des efforts internationaux concertés pour empêcher sa mise en œuvre, plus tôt que tard, a continué le Ministre, en appelant aussi à la fin de l’occupation israélienne.  Il a demandé une protection internationale pour le peuple palestinien, la levée du blocus de Gaza, la fin du « châtiment collectif » des Palestiniens et un appui international pour les efforts de l’Autorité palestinienne face aux défis découlant de l’occupation et de la pandémie.  La stabilité ne pourra pas être restaurée dans la région sans un juste règlement du conflit arabo-israélien, a conclu le Ministre.

Mme RETNO. L. P. MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a jugé urgent de se tenir du côté du droit international pour rejeter le plan d’annexion de la Palestine.  Axant son argumentation autour de cinq points, la Ministre indonésienne a d’abord insisté pour dire que « l’annexion formelle » constituerait une violation manifeste du droit international.  « Cela créerait un dangereux précédent, selon lequel le fait d’occuper la terre d’autrui par voie d’annexion peut être licite en droit international », s’est inquiétée la Ministre.  Ensuite, Mme Marsudi a estimé que « l’annexion officielle » est un défi lancé ouvertement au Conseil de sécurité dont elle met à l’épreuve la crédibilité et la légitimité.  Elle a exhorté le Conseil de sécurité à ne pas attendre que l’annexion ait lieu pour assumer sa fonction. 

« Troisièmement, l’annexion officielle détruira toutes les perspectives de paix et créera également une instabilité dans la région et au-delà », a prévenu Mme Marsudi avant de souligner le besoin urgent d’un processus de paix crédible qui permette à toutes les parties concernées de travailler sur un pied d’égalité.  Il est grand temps d’entamer un processus de paix multilatéral crédible fondé sur des paramètres convenus au niveau international, a-t-elle donc plaidé en ajoutant qu’une paix durable ne peut être obtenue que sur la base de la solution des deux États. 

Finalement, notant que la pandémie a aggravé les difficultés rencontrées par le peuple palestinien, elle a jugé essentiel de renforcer le soutien aux agences humanitaires internationales, en particulier l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  La Ministre a fait valoir que son pays avait augmenté sa contribution à la Palestine et à l’UNRWA, comme annoncé lors de la Conférence d’annonces de contributions, avant de préciser que le soutien de l’Indonésie à la Palestine sera également acheminé par le biais de l’Autorité palestinienne et des agences humanitaires.

M. JAMES CLEVERLY, Ministre d’État du Royaume-Uni pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, s’est dit troublé et frustré par l’absence de progrès vers une solution à deux États.  Il a rappelé que c’est en 1947, à la fin du mandat britannique sur la Palestine, que l’Assemblée générale a confirmé le point de vue de la communauté internationale sur la nécessité d’une partition en deux États.  Par la suite, il a estimé que l’année 1993 « fut un moment de grand optimisme » lorsque l’Organisation de libération de la Palestine a reconnu Israël et accepté les lignes de 1967 comme base de la future frontière entre Israël et les territoires palestiniens.

« Le Secrétaire général, dans son rapport sur l’application de la résolution 2334 (2016), et le Coordonnateur spécial, dans son exposé au Conseil aujourd’hui, ont souligné les nombreux éléments qui ont bloqué le processus de paix », a relevé le Ministre britannique avant de citer « les activités contre-productives d’Israël » que sont l’expansion des colonies, l’augmentation des démolitions, des saisies et l’aggravation de la violence des colons. 

Notant aussi que des militants palestiniens ont tiré des roquettes et lancé des engins incendiaires depuis Gaza, menaçant la sécurité d’Israël, et que les Israéliens ont souffert du fléau du terrorisme et de l’antisémitisme, M. Cleverly a assuré de l’engagement du Royaume-Uni à garantir la sécurité d’Israël et à condamner toute forme d’incitation à l’antisémitisme. 

Face aux projets d’Israël d’annexer des parties de la Cisjordanie, M. Cleverly a jugé inacceptable toute action unilatérale.  Il a rappelé que le Premier Ministre a déclaré, le 16 juin, que le Royaume-Uni s’opposait fermement à l’annexion, qui représente une violation du droit international.  Il a insisté en disant que le Royaume-Uni ne reconnaîtra aucune tentative unilatérale de modifier la frontière et qu’une telle mesure irait à l’encontre de l’ordre international fondé sur des règles et de la Charte des Nations Unies. 

Se disant persuadé qu’une telle annexion ne bénéficiera qu’aux extrémistes, le Ministre d’État a appelé à trouver une autre voie.  Il a estimé qu’un accord durable ne pourra être obtenu que par le biais de négociations qui créent un État palestinien viable et souverain, vivant en paix et en sécurité côte à côte avec Israël, sur la base des frontières de 1967, Jérusalem en tant que capitale partagée des deux États.  C’est pourquoi, il a exhorté le Conseil de sécurité à soutenir les dirigeants israéliens et palestiniens dans la voie du dialogue. 

Reconnaissant que les États-Unis conservent un rôle clef dans le processus de paix au Moyen-Orient, M. Cleverly a exhorté ce pays ainsi qu’Israël et les dirigeants palestiniens à trouver un moyen de relancer les discussions, avec le soutien de la communauté internationale. 

Il a conclu en expliquant qu’une solution négociée et authentique à deux États est le seul moyen viable d’apporter la paix et la stabilité aux Israéliens et aux Palestiniens.  « C’est le seul moyen de préserver l’identité juive et démocratique d’Israël et de réaliser les droits des Palestiniens, y compris l’autodétermination, et c’est le seul moyen de mettre définitivement un terme à ce conflit. ». 

M. DANG MINH KHOI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a apporté son soutien indéfectible à la lutte légitime du peuple palestinien et appuyé la solution des deux États, avec la création d’un État palestinien vivant aux côtés d’Israël dans la paix, dans des frontières sûres et reconnues, fondées sur les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il s’est dit préoccupé par le projet israélien d’annexion de parties de la Cisjordanie, qui pourrait saper de manière irréversible la solution des deux États et la stabilité au Moyen-Orient.  Dans le contexte de la pandémie, il a appelé les parties pertinentes à faciliter l’assistance humanitaire en vue d’appuyer la riposte de l’Autorité palestinienne.  Il les a exhortées à s’abstenir de toute action unilatérale qui pourrait conduire à une recrudescence des tensions.  Il a prôné le dialogue et la négociation en vue d’un règlement juste et durable du conflit, assurant que son pays entend contribuer activement à promouvoir des discussions directes entre Israël et la Palestine au sein et au-delà du cadre onusien.  Enfin, le Vice-Ministre a indiqué que son pays a continué de contribuer à l’UNRWA et a exhorté la communauté internationale à renforcer son soutien financier à cette agence.

M. ALVIN BOTES, Vice-Ministre des relations et de la coopération internationales de l’Afrique du Sud, a déclaré que 72 ans après la Nakba, les Palestiniens semblent faire face à une nouvelle catastrophe imminente alors qu’Israël se prépare à annexer certaines parties de la Cisjordanie et de la vallée du Jourdain dès le 1er juillet.  Le monde se souvient de la violence, des émeutes et des campagnes de désobéissance civile qui se sont répandues en Cisjordanie et dans la bande de Gaza quand les Palestiniens luttaient pour faire valoir leur inaliénable droit à la liberté et à l’autodétermination.  Nous avons également été témoins de la détérioration de la situation humanitaire dans la bande de Gaza, des restrictions imposées par la Puissance occupante aux perspectives éducatives et économiques, ainsi que de la réduction des contributions à l’UNRWA.

Mais quelle est donc la raison d’être du Conseil de sécurité si nous continuons de détourner le regard, d’adopter des résolutions creuses, d’ignorer les résolutions actuelles et de refuser de se lever contre ceux qui nient avec « autant d’arrogance » les principes sur lesquels cette Organisation a été fondée? s’est emporté le Vice-Ministre.  L’intention d’annexer encore plus de terres palestiniennes est « la goutte qui fait déborder le vase », s’est-il insurgé, avant d’estimer que le moment est venu de tenir Israël comptable de ses actes illégaux et de ses violations persistantes du droit international et des résolutions du Conseil. 

Décriant l’inaction du Conseil, le Vice-Ministre a tranché: nous devrions avoir honte, honte d’avoir ignoré et nié aux Palestiniens leurs aspirations et droits les plus fondamentaux.  Nous devrions avoir honte que notre silence ait protégé l’oppresseur au lieu de protéger l’opprimé.  Nous devrions avoir honte qu’après des décennies, un règlement durable, juste et pacifique pour mettre fin à l’occupation demeure aussi inatteignable qu’en 1948, lorsque le Conseil examinait pour la première fois la question.  La paix, a souligné le Vice-Ministre, ne pourra prévaloir que si les deux parties participent à un dialogue inclusif et à des négociations constructives sans préconditions.  Un mécanisme de responsabilisation doit être mis en place pour veiller à la mise en œuvre des engagements pris.

Pour les États-Unis le statu quo nuit tant aux Israéliens qu’aux Palestiniens, et personne ne profite « d’un flou perpétuel de souffrances, d’opportunités gâchées, de recours à l’aide étrangère et de cycles répétés de violence, de guerre et de destruction ».  C’est pourquoi, ont dit les États-Unis, l’Administration américaine a consacré trois ans à la recherche de solutions permettant de passer des tentatives infructueuses à une voie alternative vers la paix et le règlement du conflit.  La « Vision pour la paix » du Président Trump est un véritable effort de rétablissement de la paix, ont affirmé les États-Unis, en expliquant que cette vision est conçue pour conduire les parties à une solution réaliste à deux États, offrant une voie viable vers un État palestinien, dans lequel les aspirations légitimes à l’indépendance et à la dignité peuvent être réalisées dans le cadre d’un accord de paix avec Israël.

Il faut un leadership israélien courageux, a poursuivi la délégation, à la fois pour prendre les décisions difficiles et pour faire les compromis nécessaires pour parvenir à un règlement.  Sans vouloir rejeter le travail acharné que les artisans de la paix ont effectué au fil des ans, les États-Unis ont estimé que les efforts passés n’ont pas réussi à rapprocher les parties.  Des sommes énormes ont été dépensées, des conférences internationales ont été organisées et des résolutions et des déclarations ont été adoptées mais peu de progrès ont été réalisés.  Pour les États-Unis, seule une réflexion « audacieuse » à ce stade peut bénéficier aux peuples israélien et palestinien.  L’Administration américaine, ont affirmé les États-Unis, comprend que certains éléments de sa vision doivent, selon certains, être ajustés.  Elle n’a jamais l’intention d’imposer une solution.  Mais, ont insisté les États-Unis, nous demandons à la communauté internationale et aux dirigeants palestiniens de ne pas rejeter d’emblée la Vision car il est de la responsabilité collective de garder l’esprit ouvert, de rompre avec les paradigmes actuels et de rechercher une solution au conflit.

La délégation a dit être consciente de la préoccupation de beaucoup de membres du Conseil face à une extension potentielle de la souveraineté israélienne en Cisjordanie.  Mais, s’est-elle défendue, les dirigeants palestiniens doivent être tenus comptables de leurs actes.  Les États-Unis ont donc demandé au leadership palestinien d’examiner soigneusement la Vision et de travailler avec eux.  Comme nous l’avons déjà dit, notre plan n’est pas un « plan à prendre ou laisser ».  Il n’est pas gravé dans la pierre.  C’est un départ, le début d’une conversation et certainement pas la fin.  Toutefois, la rhétorique « répétitive » des réunions du Conseil ne fait qu’exacerber les tensions, contrarier les parties et saper toute chance d’une paix réelle et durable, a estimé la délégation.  La vérité est qu’il s’agit d’un problème politique complexe qui ne peut être réglé que par des négociations entre Israéliens et Palestiniens.  C’est pourquoi, ont dit les États-Unis, nous offrons le début d’une conversation et nous restons disposés à discuter de la manière de rasseoir les parties à la table de négociation.

La Chine a relevé qu’une solution juste et équitable à la question de Palestine est une condition préalable si l’on veut une paix et une sécurité durables au Moyen-Orient.  Elle est revenue sur les propositions en quatre points faites par le Président Xi Jinping en 2017.  Premièrement, le consensus international ne doit pas être violé.  De ce fait, la solution des deux États est la ligne de fond de la justice internationale sur laquelle il ne devrait pas y avoir de retour en arrière.  La Chine soutient la création d’un État de Palestine indépendant et jouissant d’une pleine souveraineté sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.  Elle a ajouté que dans le même temps, le droit d’Israël à la survie et ses préoccupations légitimes en matière de sécurité doivent être pleinement respectés.

Deuxièmement, les pourparlers de paix ne doivent pas être abandonnés.  Rechercher sa propre sécurité absolue par des actions unilatérales ne fera qu’aggraver les tensions et saper la confiance mutuelle, a expliqué la Chine, arguant que le seul moyen viable est que la Palestine et Israël reprennent les dialogues sur un pied d’égalité dès que possible, afin de rétablir la confiance, de désamorcer les différends et de trouver un moyen de vivre en rythme en tant que voisins.  La délégation a rappelé que, pour le Conseil de sécurité, l’établissement de colonies constitue une violation du droit international.  La question des territoires occupés en Cisjordanie devrait être réglée le plus tôt possible sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, tandis que la frontière définitive entre la Palestine et Israël doit être délimitée par des pourparlers de paix.

Troisièmement, le soutien international ne doit pas se relâcher, et la question palestinienne doit rester au centre de l’agenda international, a plaidé la Chine qui a précisé soutenir l’appel du Président Abbas en faveur de la tenue d’une conférence internationale de paix et à un mécanisme multilatéral élargi pour la paix, auquel la Chine envisage de participer de manière appropriée.  Quatrièmement, les questions humanitaires ne doivent pas être ignorées, surtout pas au moment où la COVID-19 aggrave la situation économique et humanitaire de la Palestine.  Il est donc impératif, a jugé la Chine, de mettre fin au blocus de Gaza dès que possible et de remplir sérieusement les obligations découlant du Protocole de Paris et d’autres traités internationaux.  Elle a invité la communauté internationale à soutenir l’économie de la Palestine, faciliter le travail de l’UNRWA et à contribuer à améliorer la situation humanitaire en Palestine.  Elle s’est dite opposée à l’utilisation de la menace d’interrompre l’aide comme moyen de pression.

En outre, la Chine, « amie sincère du peuple palestinien », a rappelé avoir toujours suivi le processus de paix au Moyen-Orient avec inquiétude et est restée une force fidèle pour la justice et l’équité internationales et pour tous les efforts en faveur de la désescalade.  Dans cet esprit, et pour aider le peuple palestinien à combattre la COVID-19, la Chine a fourni des fournitures médicales telles que des kits de test, des masques et des combinaisons de protection.  Elle a aussi récemment envoyé une équipe d’experts en Palestine pour partager son expérience sur le confinement, les diagnostics et les thérapies.  Elle entend également faire des dons à l’UNWRA, notamment un million de dollars et des fournitures antiépidémiques aux institutions médicales affiliées à l’UNRWA, sans oublier des équipements de protection individuelle aux réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban et en Syrie. 

La République dominicaine a indiqué que la situation israélo-palestinienne est sur une voie dangereuse, qui sape la perspective d’une paix durable.  Les actions unilatérales prises systématiquement par l’une des parties, en violation du droit international, sapent les fondements d’une paix durable, prolongent le conflit et entraînent une détérioration de la situation humanitaire pour de nombreux Palestiniens.  La violence continue et les provocations, conjuguées à des pressions financières et à une crise humanitaire aiguë, sont des éléments de nature à fermer la porte à toute perspective de nouvelles négociations, a estimé la mission.  Elle a réaffirmé son soutien total à la solution des deux États et encouragé les parties à s’engager en faveur d’un véritable dialogue et à relancer les négociations pour un plan de paix, sur la base des accords internationalement agréés. 

Évoquant le contexte actuel de pandémie, la République dominicaine a demandé la libération immédiate des enfants palestiniens des centres de détention israéliens.  En tant que communauté internationale, nous devons en faire davantage afin de parvenir à un dialogue constructif ouvrant la voie à une paix véritable entre Israël et la Palestine, a déclaré la délégation.  En conclusion, elle a dénoncé toute action unilatérale de nature à saper le respect mutuel, la solidarité et la justice nécessaires à la recherche de la paix.  « La situation actuelle ne fera qu’éloigner davantage encore Palestiniens et Israéliens, consolider l’occupation et menacer la viabilité de la solution des deux États. »

L’Allemagne a dit craindre que l’annexion ne nuise à la place d’Israël dans la communauté internationale et à la qualité de ses relations bilatérales avec les États membres de l’Union européenne.  En tant que partenaire et amie, qui se soucie profondément de la sécurité d’Israël, l’Allemagne a vivement déconseillé au Gouvernement israélien de prendre toute mesure unilatérale visant à annexer des territoires palestiniens occupés.  Elle a expliqué que lors de ses rencontres, le 10 juin, avec le Premier Ministre Benjamin Netanyahu, le Vice-Premier Ministre Benny Gantz et le Ministre des affaires étrangères Gabi Ashkenazi, son Ministre des affaires étrangères a exprimé les préoccupations allemandes et européennes.  Aujourd’hui, nous faisons écho à l’appel du Secrétaire général pour qu’Israël abandonne ses plans d’annexion, a insisté l’Allemagne.  Elle a prévenu qu’elle ne reconnaîtra aucun changement des lignes du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, sauf en cas d’accord entre Israéliens et Palestiniens.  Nous continuerons, a dit l’Allemagne, de faire la distinction entre le territoire internationalement reconnu de l’État d’Israël et les territoires palestiniens occupés depuis 1967, conformément à nos obligations en vertu du droit international.

Soulignant qu’une éventuelle annexion des parties de la Cisjordanie occupée remettrait sérieusement en cause les perspectives d’une solution à deux États, l’Allemagne s’est dite convaincue qu’une solution négociée à deux États, fondée sur le droit international et sur les paramètres convenus au niveau international, est la seule solution viable, une solution soucieuse des besoins de sécurité des Israéliens et des aspirations palestiniennes à la souveraineté.  En attendant, l’Allemagne a appelé Israël à mettre fin à l’expansion des colonies, à la confiscation des terres palestiniennes et à la démolition et à la saisie des structures appartenant à des Palestiniens.  Elle appelé le Gouvernement israélien à stopper les plans de construction à Har Homa, à Givat Hamatos et dans la zone dite E1.  Séparer Jérusalem-Est de la Cisjordanie compromettrait gravement les perspectives d’un État palestinien viable et contigu dans le cadre d’une solution négociée à deux États.  L’Allemagne a dûment condamné dans les termes les plus fermes toutes les attaques contre Israël, en particulier les tirs répétés de roquettes par le Hamas et le Jihad islamique.  « Israël a le droit de se défendre et de répondre de manière adéquate et proportionnée aux attaques », a reconnu la délégation allemande.

L’Estonie a salué l’initiative, prise par les États-Unis, qui a donné un nouvel élan à la relance du processus de paix au Moyen-Orient.  La contre-proposition soumise par l’Autorité palestinienne au Quatuor pour le Moyen-Orient est un pas dans la bonne direction à cet égard, a estimé la délégation.  Il est essentiel que les deux parties prennent des mesures pour engager un dialogue constructif, dans le but de parvenir à une solution négociée à deux États, en tenant compte des aspirations légitimes des deux parties et des préoccupations israéliennes concernant la sécurité.

Mais, a fait valoir l’Estonie, en vue de maintenir l’élan pour progresser vers la paix, il est impératif de s’abstenir de toute mesure unilatérale susceptible de saper ce processus.  Une annexion unilatérale de certaines parties de la Cisjordanie occupée compromettrait les perspectives d’une solution négociée à deux États et menacerait la stabilité de la région, a-t-elle mis en garde.  L’Estonie s’est dite également préoccupée par la poursuite des activités de colonisation d’Israël.

Elle s’est aussi inquiétée de l’annonce des dirigeants palestiniens de leur intention de mettre fin aux accords passés avec Israël et les États-Unis, y compris la coopération en matière de sécurité.  L’Estonie a appelé l’Autorité palestinienne à revenir sur cette décision et à rester attachée aux accords d’Oslo.  Elle a aussi encouragé l’Autorité palestinienne à fixer une date pour la tenue d’élections dans tous les territoires palestiniens occupés, une condition nécessaire selon elle pour pouvoir s’engager dans des négociations directes, car les deux parties ont besoin de gouvernements dotés de mandats légitimes et démocratiques.

L’Estonie a également réaffirmé l’importance de l’UNRWA qui appuie les efforts visant à éviter une flambée majeure de COVID-19 dans les territoires palestiniens occupés.  Elle a félicité la Jordanie et la Suède d’avoir organisé la Conférence d’annonces de contributions pour l’Office, qui s’est tenue hier.  L’Estonie a rappelé qu’elle contribue depuis longtemps à l’UNRWA, avec un financement de base annuel de 80 000 euros et pour 2020.  Elle a déjà alloué 200 000 euros supplémentaires pour soutenir les activités de l’UNRWA.

Le Niger a estimé que l’occupation par la force et la saisie de terres palestiniennes, contraires au droit international, devraient cesser, conformément aux dispositions de la résolution 2334 (2016).  « La bande de Gaza, seul territoire épargné, est soumise à un blocus qui en a fait un “lieu inhabitable” selon les Nations Unies elles-mêmes », a insisté le Niger avant d’ajouter que l’affirmation par Israël de sa souveraineté sur l’ensemble de Jérusalem est également une violation du droit international.

Le Niger a rappelé la pertinence de la résolution 1515 (2003), par laquelle le Conseil de sécurité, avec la communauté internationale, a consacré la solution des deux États, Israël et la Palestine vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, dans le strict respect des frontières de 1967, comme base du règlement de ce conflit.  « Vingt-sept ans après la signature du premier accord de paix, les Palestiniens ne sont malheureusement pas plus proches aujourd’hui de l’autodétermination et de la création d’un État indépendant qu’ils ne l’étaient hier », a regretté le Niger. 

Le Niger a appelé Israël à construire la paix en renonçant à l’annexion de parties de la Cisjordanie occupée qui, si elle avait lieu, constituerait une grave violation du droit international et une grave menace pour la paix et la sécurité internationales.  Dans ce contexte, le Niger a appuyé l’appel du Secrétaire général à toutes les parties prenantes -Israéliens, Palestiniens, États de la région et la communauté internationale dans son ensemble- à « prendre des mesures immédiates pour permettre aux parties de prendre du recul et d’entamer le processus de reprise d’un dialogue qui mettra fin à une action unilatérale, tracera une voie positive et évitera de sombrer dans le chaos ». 

Au nom de son Ministre des affaires étrangères, la Fédération de Russie a estimé que le règlement du conflit israélo-palestinien est une clef pour résoudre de nombreux autres problèmes au Moyen-Orient et instaurer une paix juste et durable dans la région.  La question palestinienne, qui a presque le même âge que l’ONU, requiert notre attention particulière et urgente, a souligné la Fédération de Russie.  Le processus d’annexion serait l’un des défis les plus graves pour la cause palestinienne et pour toute la région, a prévenu la Fédération de Russie qui, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité et membre du Quatuor, a dit s’être toujours opposée aux mesures unilatérales qui, comme l’histoire l’a montré, n’ont jamais instauré la paix au Moyen-Orient.  La mise en œuvre du plan unilatéral d’annexion pourrait effacer les perspectives de la solution des deux États, a-t-elle dit craindre à son tour. 

Craignant des conséquences « négatives, voire dangereuses », pour l’ensemble de la région du Moyen-Orient, dont les voisins d’Israël et de la Palestine que sont la Syrie, le Liban, la Jordanie, mais aussi pour les réfugiés palestiniens dans le monde, la Fédération de Russie s’est dite prête à tout mettre en œuvre pour lancer des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens.  Nous sommes également prêts à engager un dialogue dans d’autres formats avec les principaux acteurs régionaux.

La Fédération de Russie a jugé extrêmement urgent de restaurer l’unité palestinienne.  Nous poursuivons les contacts avec les représentants palestiniens et soutenons les efforts de nos amis égyptiens à cet égard, a-t-elle dit, avant d’appeler à la fin des rhétoriques agressives, des activités de peuplement, de la destruction de biens palestiniens, des affrontements armés et des actions terroristes. 

La Belgique s’est déclarée gravement préoccupée par l’intention manifeste d’Israël d’annexer certaines parties de la Cisjordanie occupée.  Elle a alerté sur le fait que toute décision unilatérale d’officialiser une annexion, même limitée, représenterait une violation flagrante du droit international.  La Belgique ne reconnaîtra aucune modification des frontières d’avant 1967, autres que celles sur lesquelles les parties parviendront à se mettre d’accord à l’issue de négociations directes.  Elle a également prévenu que toute annexion aura un impact sur les relations bilatérales entre la Belgique et Israël et entraînera également des conséquences importantes sur les relations entre Israël et l’Union européenne.  Une annexion risque en outre de mettre gravement en danger la sécurité sur le terrain et dans la région.

La délégation s’est aussi inquiétée des conséquences d’une annexion sur les droits de l’homme et la situation humanitaire dans les territoires occupés, notamment en raison de l’imposition potentielle d’un système à deux niveaux et inéquitable en termes de droits politiques, sociaux et économiques, et établi sur la base de l’ethnicité.  Non seulement cela contribuera à exacerber les questions liées à l’occupation, comme les restrictions de mouvement, mais cela affectera encore davantage les communautés les plus vulnérables de la population palestinienne, ce qui alimentera l’instabilité, a-t-elle prévenu.  En outre, l’annexion porterait un coup dévastateur à la viabilité d’un État palestinien et à la solution des deux États et fermerait la porte à de futures négociations.  La délégation a donc instamment demandé à Israël de s’abstenir de toute décision unilatérale qui entraînerait l’annexion de toute partie du territoire palestinien occupé.  Elle a également demandé aux États exerçant une influence de tout mettre en œuvre pour empêcher de telles mesures.

Face à la décision du 3 juin de l’Autorité palestinienne de refuser les recettes de dédouanement collectées en son nom par Israël, la Belgique s’est inquiétée des conséquences socioéconomiques et humanitaires de cette évolution.  La délégation a aussi jugé très important que les factions palestiniennes investissent dans la réunification de Gaza et de la Cisjordanie sous l’égide d’un gouvernement national unique et démocratique.  Elle a par ailleurs appelé la communauté internationale à accorder tout son soutien à la reprise des négociations, se disant convaincue que seule une solution négociée dans le respect du droit international permettra de réaliser une paix juste et durable.

« Nous sommes à un tournant dans l’histoire du conflit israélo-palestinien », a déclaré la France.  À une semaine de l’échéance du 1er juillet, l’espoir de parvenir à une paix globale au Proche-Orient n’a jamais paru aussi éloigné, a-t-elle dit.  La France s’est ensuite jointe aux vives préoccupations exprimées par les membres du Conseil et le Secrétaire général face à la menace déclarée du Gouvernement israélien de procéder à l’annexion de parties de la Cisjordanie à compter du 1er juillet.  Celle-ci porterait tout d’abord une grave atteinte au droit international, en violant de manière flagrante le principe de non-acquisition de territoires par la force inscrit dans la Charte.  Toute annexion de territoires en Cisjordanie, quel qu’en soit le périmètre, porterait également une atteinte irréversible au processus de paix, ainsi qu’à la solution des deux États, a poursuivi la France.  Elle a ajouté qu’une telle décision fragiliserait plus encore la stabilité d’une région minée par les crises et la relation d’Israël avec ses voisins arabes. 

« Nous devons donc nous mobiliser pour dissuader toute décision d’annexion, qui ne serait ni dans l’intérêt des Palestiniens, ni dans celui des Israéliens. »  La France a appelé le Gouvernement israélien à s’abstenir de toute mesure unilatérale susceptible de conduire à l’annexion.  « La France ne reconnaîtra aucune modification des lignes de juin 1967, sauf celles agréées par les deux parties, conformément au droit international, aux résolutions de ce Conseil et aux paramètres sur lesquels repose la solution des deux États. »  Compte tenu de sa gravité, une décision d’annexion ne saurait rester sans réponse, a-t-elle dit. 

« À défaut de pouvoir relancer immédiatement le processus de paix, notre responsabilité collective –et en premier lieu la responsabilité de ce Conseil, qui a défini et endossé les paramètres de résolution du conflit– est de préserver les conditions d’une négociation future et la possibilité d’un accord entre les parties. »

La France a indiqué que le conflit israélo-palestinien ne se résoudra pas par des décisions unilatérales et qu’elle continuera de promouvoir la voie de la négociation.  « Nous nous tenons prêts à prendre toute notre part dans la relance d’un processus politique ambitieux et la reprise de négociations crédibles, fondés sur le droit international, les résolutions pertinentes de ce Conseil et les paramètres internationalement agréés. »

Ces paramètres sont clairs et bien connus: deux États, vivant en paix et en sécurité le long de frontières sûres et reconnues, avec Jérusalem comme capitale des deux États, a déclaré la France.  « Une annexion, quel qu’en soit le périmètre, serait un pas sans doute irréversible dans la direction inverse: celle de l’État unique, qui mettrait un terme aux aspirations nationales des Palestiniens et au projet démocratique israélien. »

Israël a accusé les Palestiniens d’avoir, dès le début du conflit, choisi de rejeter tout en bloc plutôt que de se montrer réalistes.  « Ils rejettent l’idée d’un État juif.  Ils ne veulent pas de la création d’un État palestinien aux côtés d’un État juif, mais à ses dépens. »  Les Palestiniens ont rejeté le plan de partage de l’ONU de 1947, ainsi que toute offre de paix israélienne.  Ils ont glorifié le terrorisme, au lieu d’œuvrer à la paix, a martelé la délégation.  Aujourd’hui, a-t-elle conseillé, il faut choisir entre le réalisme et un refus systématique et l’initiative de paix du Président Trump, qui est un important jalon, constitue une chance énorme.  Comme l’a déclaré le Premier Ministre Benjamin Netanyahu lors de sa visite à la Maison Blanche en janvier dernier, Israël est d’accord pour négocier avec les Palestiniens sur la base de ce plan de paix.  Israël appliquera ce plan de manière responsable, en pleine coopération avec les États-Unis, tout en préservant ses accords de paix et intérêts stratégiques. 

La délégation a dit attendre de la communauté internationale qu’elle signifie clairement aux Palestiniens que leur refus de s’engager ne servira pas leurs intérêts.  La réalité a changé et des solutions qui auraient pu être pertinentes par le passé ne sont plus réalistes.  Elle a accusé les dirigeants palestiniens de ne pas accepter les conséquences de leur refus systématique, d’avoir entretenu un récit mensonger du conflit et de continuer à promouvoir des solutions irréalistes qui ne prévoient pas un État juif.  Les Palestiniens sont malheureusement encouragés par certains membres de la communauté internationale qui ont choisi de récompenser cette attitude de refus et d’ignorer la réalité.  « Ils pensent que des solutions qui ont été essayées et qui ont échoué sont encore pertinentes. »  La vérité est que les Palestiniens n’ont jamais été intéressés par un règlement pratique et véritable du conflit, a assené Israël.  Au lieu de confronter les dirigeants palestiniens, certains membres de la communauté internationale ont essayé de les apaiser, en achetant les articles périmés qu’ils proposaient. 

Une telle approche, a prévenu Israël, ne ramènera pas la paix.  Il a souligné « les liens indiscutables entre le peuple juif et leur patrie historique de la Judée-Samarie » et a accusé les mêmes membres de la communauté internationale d’avoir adopté des positions mensongères, en contradiction avec l’histoire et le droit, de l’Autorité palestinienne qui ne cherche qu’à effacer les revendications du peuple juif sur la « Terre d’Israël » et qui dépeint les Juifs comme des colonisateurs européens à expulser. 

Si Israël décidait d’étendre sa souveraineté, il le ferait dans le respect des zones sur lesquelles il a toujours eu une revendication historique et juridique légitime.  La délégation a rappelé que la communauté internationale a reconnu les droits du peuple juif à ses terres, bien avant la création de l’Autorité palestinienne et de « sa machine de propagande ».  Il a cité la Déclaration Balfour de 1917, qui parle d’un foyer national pour le peuple juif, y compris l’entièreté « de la Terre d’Israël, dont la Judée-Samarie », et la désignation en 1922 par la Ligue des Nations des terres à l’ouest du Jourdain comme étant consacrées à un foyer juif.  Ceux qui s’opposent aux revendications juridiques d’Israël sur ce territoire qualifient fallacieusement d’annexion, toute décision « potentielle » d’Israël d’étendre sa souveraineté.  Ces objections viennent de la propagande palestinienne et ne sont en aucun cas l’évaluation des faits historiques et juridiques.  « Soyons honnêtes et précis: l’Organisation de libération de la Palestine n’est pas et n’a jamais été un État et n’a jamais exercé de souveraineté sur ce territoire.  Jamais. »

Israël a répondu à l’allégation selon laquelle l’application de sa souveraineté saperait la stabilité régionale.  Nous avons entendu cet argument à de nombreuses reprises par le passé, lors de la déclaration d’indépendance en 1948, de la Guerre de Six Jours en 1967, de l’application du droit israélien sur le plateau du Golan en 1981 ou tout récemment en 2018, lorsque les États-Unis ont déplacé leur ambassade à Jérusalem.  Israël continuera de promouvoir ses intérêts, y compris une paix réaliste et durable avec tous ses voisins.  Il ne laissera pas certains membres de la communauté internationale l’intimider avec des menaces de violence.

Quant à l’idée que cette extension de souveraineté signifierait la fin de toute négociation, Israël s’est demandé: « Quelles négociations?  Où en sont les négociations? »  Au lieu de s’adresser directement à nous, le Ministre Al-Malki vient au Conseil de sécurité.  Pourquoi ne pouvons-nous pas nous voir à Ramallah ou à Jérusalem?  Le Président Abbas a rejeté tout accord et condamné le plan de paix du Président Trump avant même qu’il ne soit dévoilé.  Blâmer Israël pour cette absence de négociation est non seulement faux, mais aussi destructeur pour la paix.  En blâmant Israël, vous donnez un nouveau prétexte, après tant d’autres, au Président Abbas pour refuser les négociations.  La solution ne peut venir que de négociations directes entre les parties et les discussions sur une extension de la souveraineté israélienne sur certaines parties de la Judée-Samarie ne sont en rien un obstacle à la paix, a conclu Israël.

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