8699e séance (reprise) – après-midi 
CS/14077

La Charte des Nations Unies défendue au Conseil de sécurité comme socle du maintien de la paix et de la sécurité internationales

Le document fondateur des Nations Unies et l’ordre mondial fondé sur le droit international ont encore été défendus avec ferveur, cet après-midi au Conseil de sécurité, pour cette troisième séance consacrée au « Respect de la Charte des Nations Unies aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales ».  Les 21 derniers orateurs à prendre part à ce débat ouvert ont amplifié le message de la Déclaration présidentielle du 9 janvier par laquelle le Conseil demande aux États Membres de se conformer pleinement à la Charte, de la promouvoir et de la défendre. 

Partant du principe qu’un système international fondé sur le droit est crucial pour assurer la paix et la sécurité internationales, comme l’a exprimé l’Autriche, les orateurs ont appelé au strict respect de la Charte et, selon les termes du Maroc, de ses « principes sacro-saints », tels que la souveraineté des États et leur intégrité territoriale.

Le règlement pacifique des différends (Chapitre VI) et les accords régionaux (Chapitre VIII) ont été invoqués comme outils importants pour garantir cette paix et cette sécurité internationales que le Conseil de sécurité est chargé de maintenir, surtout pour éviter le recours à la force.  Plusieurs intervenants ont aussi souligné la nécessaire contribution de la Cour de Internationale justice (CIJ) et de la Cour pénale internationale (CPI) dans ce système.  L’Observateur de la Palestine a salué à cette occasion la récente décision de la Procureure de la CPI d’ouvrir une enquête officielle sur les crimes de guerre présumés commis dans les territoires palestiniens.

Mais c’est le Conseil de sécurité qui a été le plus visé comme garant du respect de la Charte.  À cet égard, Djibouti a déploré le fait que des divisions au sein du Conseil au sujet de l’interprétation de la Charte aient sapé la capacité de cet organe à répondre efficacement aux crises émergentes.  C’est pourquoi il a dit adhérer à l’initiative franco-mexicaine qui prévoit que le droit de veto ne soit pas utilisé en cas d’atrocités de masse.  Il a aussi milité en faveur du Code de conduite du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), tandis que certaines délégations ont appelé à la réforme du Conseil, afin de le rendre plus légitime dans sa composition et plus crédible et efficace dans son action.  De manière générale, il faut rendre l’ONU plus forte et plus efficace, a estimé le représentant de la République démocratique populaire lao. 

En amont, le Monténégro a recommandé de s’attaquer aux causes profondes des conflits et d’œuvrer à leur prévention, le meilleur moyen de garantir la paix et la sécurité au niveau mondial, le but premier énoncé dans la Charte des Nations Unies dont on célèbre cette année le soixante-quinzième anniversaire.

Le Mozambique a ainsi fait remarquer combien sont liés le développement et la sécurité.  À cet égard, la délégation a salué le travail de la Commission de la consolidation de la paix et demandé qu’elle puisse bénéficier de ressources adéquates pour pouvoir répondre aux besoins croissants en termes de sécurité humaine. 

Préserver la Charte requiert avant tout la promotion du multilatéralisme, socle sur lequel a été bâtie l’Organisation des Nations Unies, a rappelé le Sénégal en réaffirmant que le multilatéralisme, c’est aussi le respect de l’autre, l’acceptation de la différence, ainsi que la reconnaissance de l’égalité des peuples, tel qu’énoncé clairement dans la Charte. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Respect de la Charte des Nations Unies – (S/2020/1)

Déclarations

Pour M. OMAR HILALE (Maroc), il est indispensable que le Conseil de sécurité puisse faire preuve d’unité face à la gravité des crises mondiales actuelles.  La Charte constitue la clef de voute de l’ONU, a-t-il rappelé à cet égard, plaidant pour la préservation de l’unité de son message et la mise en œuvre des obligations qu’elle met à la charge des États Membres.  Il a relevé que les pères fondateurs de l’ONU avaient prévu la séparation des fonctions, pouvoirs et prérogatives des organes de l’Organisation.  Ainsi, l’Article 12 de la Charte fait la distinction entre le mandat de l’Assemblée générale et celui du Conseil de sécurité, en prévoyant clairement que « tant que le Conseil de sécurité remplit, à l’égard d’un différend ou d’une situation quelconque, les fonctions qui lui sont attribuées par le Charte, l’Assemblée générale ne doit faire aucune recommandation sur ce différend ou cette situation, à moins que le Conseil de sécurité ne le lui demande ».  Le plein respect de cette séparation constitue une condition sine qua non pour l’accomplissement du mandat de chaque organe et, in fine, pour le bon fonctionnement de l’ONU et le respect de la Charte, a défendu le représentant.  La paix et la sécurité sont renforcées lorsque la Charte est respectée, a-t-il martelé.  Dans ce cadre, il a jugé fondamental de promouvoir et de protéger les principes sacro-saints enracinés dans cette Charte, à savoir la souveraineté des États, leur intégrité territoriale et leur unité nationale. 

Pour Mme DRAGANA ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro), les défis d’aujourd’hui comme les changements climatiques, les réfugiés et les crises migratoires, le terrorisme, l’extrémisme violent et la prolifération nucléaire, ne peuvent trouver réponse qu’à travers le respect de la Charte des Nations Unies en tant que pierre angulaire du système multilatéral chargé de veiller à la paix et la sécurité mondiales.  Aucun pays n’est en mesure de faire face à lui seul à ces défis, a-t-elle souligné en appelant à la coopération internationale et à un engagement ferme en faveur de la vision défendue par la Charte. 

Mme Šćepanović a ensuite recommandé de s’attaquer aux causes profondes des conflits et d’œuvrer à leur prévention, avant d’appeler aussi à rendre l’ONU plus forte et plus efficace.  À cet égard, elle a appelé le Conseil de sécurité à se réformer pour qu’il puisse répondre aux défis non-traditionnels et de sécurité transnationale, et à faire preuve d’un engagement plus ferme et renouvelé en faveur des instruments offerts par la Charte.  Enfin, dans le contexte actuel marqué par une polarisation accrue, la fragmentation et une instabilité dans les relations internationales, elle a plaidé pour que soit collectivement réaffirmée la valeur intrinsèque de l’action de l’ONU et d’un multilatéralisme efficace, en tant qu’unique option face aux défis mondiaux. 

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a souligné que les préoccupations qui avaient prévalu au moment de l’adoption de la Charte des Nations Unies restent aujourd’hui d’actualité, 70 ans après.  Il a estimé que la plupart des différends peuvent être résolus en invoquant les dispositions de l’Article 33 de la Charte qui promeut la négociation, la médiation, l’arbitrage et le recours à la justice.  Il a noté que la plupart de l’infrastructure de résolution des différends est déjà en place, comme la Cour internationale de Justice (CIJ) qui est devenue de plus en plus importante au cours des dernières années, notamment dans le cadre des différends frontaliers, y compris ceux en rapport avec les frontières maritimes, les différends qui peuvent survenir quand la distance de 200 miles marins n’est pas respectée. 

Le représentant a déploré le fait que des divisions au sein du Conseil de sécurité au sujet de l’interprétation de la Charte aient sapé la capacité de cet organe à répondre efficacement aux crises émergentes.  Au vu de cette situation, Djibouti adhère à l’initiative franco-mexicaine qui prévoit que le droit de veto ne soit pas utilisé en cas d’atrocités de masse.  Le pays milite aussi en faveur du Code de conduite du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT).  M. Doualeh a conclu en rappelant que l’Union africaine (UA) avait désigné son pays comme candidat unique pour un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022. 

M. RUBÉN DARÍO CUÉLLAR SUÁREZ (Bolivie) s’est dit préoccupé par l’avenir de l’architecture mondiale du désarmement, en particulier pour l’avenir du Traité de non-prolifération.  M. Suarez a dénoncé la mise en œuvre déficiente de la Charte des Nations Unies dans certains pays qui ne respectent pas les droits de l’homme et la démocratie et qui font déborder sur le plan international leurs problèmes internes.  Il faut un processus dynamique pour régler pacifiquement les différends, a poursuivi le représentant, conseillant notamment de renforcer le rôle de la Cour internationale de Justice.  Le représentant a aussi plaidé pour la reconnaissance de la différence des uns et des autres.  Il a réitéré l’importance du règlement pacifique des différends, du respect de la souveraineté des États et de leur intégrité territoriale, en plaidant en faveur du multilatéralisme et de la coopération internationale. 

M. JAN KICKERT (Autriche) a affirmé que pour assurer le plein respect de la Charte, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer la prévention de la violence et des conflits.  Il a notamment cité les capacités d’alerte rapide, la médiation et la diplomatie préventive.  Il a aussi appelé les États Membres à accepter, sans réserve, la juridiction de la CPI.  Il s’est inquiété de l’augmentation du recours unilatérale à la force armée en invoquant le droit à la légitime défense et a insisté sur l’importance de mener une réponse collective aux menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Le représentant a également appelé les membres du Conseil à s’abstenir d’avoir recours au veto pour limiter une action qui pourrait prévenir et stopper la violence.  Il a aussi appelé le Conseil à veiller à l’institutionnalisation de garanties procédurales des droits de l’homme dans tous les régimes de sanctions.  Soulignant en outre que la lutte contre l’impunité est essentielle pour assurer une paix durable, M. Kickert a appelé le Conseil à référer la situation en Syrie à la CPI et à veiller au suivi des affaires qui y ont déjà été référées.

Pour Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunei Darussalam), il n’existe pas d’alternative à l’ONU, mais, au moment où le monde devient de plus en plus interconnecté, son mandat doit évoluer, même si l’objectif initial de paix durable reste une constante.  Elle a décrit la Charte des Nations Unies comme une « boussole » significative pour la communauté internationale et un moyen d’autonomiser, en particulier les petits États.  D’ailleurs, le Brunei Darussalam reste convaincu que sa sécurité et son bien-être sont assurés par un ordre mondial ancré dans des règles et dans le respect des principes énoncés par la Charte de l’ONU. 

La représentante a souligné que cette réunion se tient pourtant à un moment où le multilatéralisme est mis à mal.  Dès lors, le débat d’aujourd’hui lui semble être une occasion pour l’autoréflexion, avec un accent particulier sur les efforts collectifs visant à assurer le respect de la Charte.  « Peu importe nos différences, il ne fait pas de doute que la Charte a été un point commun efficace qui a contribué à notre unité dans son ensemble », a fait remarquer la représentante en ajoutant que l’efficacité de l’ONU dépend du respect, par chacun de ses États Membres, de cette Charte.  Elle a dit compter sur le leadership du Conseil de sécurité pour la sécurité collective ainsi que sur le rôle des organisations régionales, comme l’ASEAN, et leur coopération avec le Conseil.  Des partenariats essentiels pour pouvoir faire face aux défis mondiaux.  La représentante a ainsi appelé à un partenariat ASEAN-ONU renforcé ainsi qu’à une amélioration des capacités de l’ASEAN en matière de diplomatie préventive et de prévention de conflits.

M. SERHAD VARLI (Turquie) a dit que « le monde fondé sur des règles » traverse une crise grave, avec des normes juridiques mises à mal et une perte de confiance des populations dans les organisations internationales.  Mais il faut défendre le multilatéralisme, les normes et les accords internationaux et montrer la valeur ajoutée de la coopération internationale, a exhorté le représentant: cet effort doit commencer en respectant l’esprit et la lettre de la Charte des Nations Unies.  Il a rappelé que la Charte donne au Conseil de sécurité la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le succès du Conseil de sécurité est intrinsèquement lié à la crédibilité de l’ONU dans son ensemble, a-t-il ajouté, ce qui fait que quand le Conseil de sécurité échoue, l’ONU échoue et le peuple perd confiance dans le multilatéralisme.  La réussite du Conseil de sécurité, c’est la victoire de la Charte et d’un système international fondé sur des règles, a-t-il encore expliqué.  C’est la raison pour laquelle le Conseil de sécurité doit remplir sa mission de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  De l’avis de la Turquie, cet organe doit servir toute l’humanité et non l’intérêt de quelques États Membres. 

Avant de terminer, le représentant a répondu à son homologue de la Syrie en déclarant que « le régime syrien a perdu toute sa légitimité depuis longtemps ».  Des millions de Syriens ont souffert et continuent de souffrir à cause des innombrables crimes du régime, a-t-il dénoncé.  « Le représentant du régime syrien n’est pas notre homologue légitime. »  Le représentant a aussi répondu à l’Égypte en rappelant que « le mémorandum d’accord signé avec le Gouvernement légitime de la Libye respecte pleinement le droit international et la résolution 2259 (2015) du Conseil de sécurité, et il vise également à renforcer la paix, la sécurité et la stabilité dans la région de la Méditerranée orientale ». 

M. DAOVY VONGXAY (République démocratique populaire lao) a dit que devant les nombreuses menaces à la paix et la sécurité internationales et face aux obstacles au développement durable, il est grand temps pour tous les pays de réaffirmer une volonté politique forte et un engagement renforcé en faveur du multilatéralisme, notamment en respectant la Charte des Nations Unies, le droit international et surtout les principes d’égalité souveraine des États, d’indépendance, d’intégrité territoriale, de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, ainsi que le principe de la résolution pacifique des différends.  Il a conclu en appelant à rendre l’ONU plus efficace et plus pertinente pour tous, plaidant pour une volonté politique générale et renouvelée en faveur du respect de la Charte des Nations Unies et du droit international. 

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a estimé que, alors que la logique de la paix et du respect mutuel se perd au profit d’une rhétorique de guerre et de confrontation, la communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité, doivent se rappeler du rôle de la Charte des Nations Unies en tant que principal garant de la paix et la sécurité internationales pour éviter le fléau de la guerre aux générations à venir.  Indépendamment des différences d’interprétation de l’action de l’ONU au cours des sept dernières décennies, il ne fait pas de doute que l’Organisation est devenue la plateforme par excellence pour la promotion de la gouvernance mondiale, une plateforme où les États peuvent débattre, développer et articuler le droit international dans des domaines comme les droits de l’homme, le commerce international, la mer, l’espace, le cyberespace, ou encore la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a fait valoir le représentant.

Même si le Conseil de sécurité est le plus souvent sous les projecteurs lorsqu’il est question de paix et sécurité mondiales, le Mozambique salue l’attention accrue que reçoit de nos jours le lien entre sécurité et développement de la part des acteurs nationaux, régionaux et internationaux.  Comme l’a dit le Secrétaire général: « le développement et la sécurité sont intrinsèquement liés », a rappelé le représentant.  À cet égard la délégation salue le travail de la Commission de la consolidation de la paix et demande qu’elle puisse bénéficier de ressources adéquates pour pouvoir répondre aux besoins croissants en termes de sécurité humaine.  Le représentant en a profité pour mettre en exergue le lien entre développement durable et sécurité humaine, ces deux objectifs ne pouvant être réalisés que si les conditions propices à la paix et la sécurité existent.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a déclaré que la Charte fournit un filet de sécurité pour les relations interétatiques dans la recherche de la paix et de la sécurité.  Elle a relevé qu’au cours des dernières années, la communauté internationale n’a cessé de promouvoir une action collective pour répondre à certaines situations et y trouver des solutions.  Il y a toujours eu une tendance à se montrer réactionnaire, débouchant dès lors sur des résultats positifs, quoique limités, a-t-elle dit.  La représentante a ensuite souligné que seuls des efforts multilatéraux permettront d’atteindre des solutions durables.  Un multilatéralisme effectif demeure le meilleur moyen de faire progresser les intérêts nationaux et collectifs, a-t-elle affirmé.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a déclaré que l’ONU représente le meilleur espoir pour l’humanité, notamment pour les petits États, pour ensuite se féliciter des nombreux succès réalisés au cours de 75 dernières années dans les domaines politiques, sociaux et économiques.  Il est de la responsabilité de l’ensemble des États Membres de ne pas trahir les idéaux sur lesquels l’ONU a été bâtie, a-t-elle ajouté, affirmant ensuite que « plus un pays est puissant, plus grande est sa responsabilité à honorer la Charte et ses principes ».  La représentante a insisté sur l’importance pour le Conseil de sécurité, de faire preuve d’unité.  L’unité du Conseil est encore plus urgente aujourd’hui alors que le système multilatéral affronte moults épreuves et que les conflits se multiplient, a-t-elle dit.  Mme Mudallali a aussi appelé ses membres à diriger par l’exemple, à mettre un terme aux politiques de deux poids, deux mesures et à veiller à la mise en œuvre des résolutions qui visent notamment à mettre un terme à l’occupation et aux atrocités de masse.  Elle a de plus appelé à faire de la prévention l’occupation principale de « cet immeuble et du monde ». 

M. HATEM ABDULHAMEED MOHAMED SHARIF HATEM (Bahreïn) a dit que sa délégation croit à l’importance des dispositions de la Charte pour maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a évoqué notamment les principes de bon voisinage, de respect mutuel, de dialogue, de médiation et de coopération internationale.  Mais, a indiqué le représentant, éviter les conflits demande des efforts y compris le respect des principes de la Charte.  Avant de terminer, le délégué a averti que la défense des intérêts particuliers des États faisait courir des risques à d’autres. 

Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA (Angola) a indiqué que son pays respecte et applique les principes de la Charte des Nations Unies et qu’il établit des relations amicales et de coopération avec d’autres États et peuples.  Face aux nouveaux défis toujours plus complexes du monde, l’Angola estime qu’il serait judicieux de réformer l’ONU afin de la rendre plus à même d’assurer la mise en œuvre de la vision de la Charte, a dit la représentante.  Elle a évoqué quelques outils prévus par le Chapitre VI de la Charte pour prévenir les conflits, comme la négociation, les missions d’enquêtes, la médiation, la conciliation, l’arbitrage et la gestion des différends par le recours aux instances judiciaires. 

Dans la même veine, le Chapitre VIII reconnaît l’importante des accords régionaux comme premier recours pour la résolution pacifique des disputes, a poursuivi Mme Ferreira.  Elle a ainsi affirmé que le renforcement des capacités régionales pour un déploiement rapide est crucial, soulignant également que l’appropriation régionale est essentielle pour des solutions efficaces aux conflits.  Enfin, Mme Ferreira a estimé que pour faire face à des défis non traditionnels et transnationaux, le Conseil de sécurité devait être réformé pour gagner en flexibilité dans son processus de prise de décisions.  En concluant, elle a dit que le multilatéralisme ne pouvait être défendu uniquement par un État Membre ou un groupe d’États.

M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) a affirmé qu’il est dans l’intérêt commun des États Membres de reconfirmer la pertinence et la validité de la Charte à la veille de son soixante-quinzième anniversaire.  Répondre à certaines menaces émergentes, comme le terrorisme, l’extrémisme violent, les attaques asymétriques et hybrides ou encore la guerre spatiale ou cybernétique exige de nouveaux niveaux qualitatifs de coopération et de dialogue international dont les fondements constituent l’épicentre du système de l’ONU et de la Charte, a-t-il dit.

Le représentant a ensuite confié être profondément préoccupé par la crise que traverse le multilatéralisme, relevant que de nombreux accords dans les domaines de la non-prolifération et du contrôle des armes sont l’objet d’un manque de consensus, voir même de violations.  Afin de renforcer le multilatéralisme, M. Panayotov a insisté sur l’importance des relations de bon voisinage, de la stabilité régionale, et de a coopération mutuelle.  Il a aussi appelé à trouver une solution définitive, inclusive et contraignante aux « disputes bilatérales » dans les Balkans occidentaux et à déployer des efforts supplémentaires pour appuyer la réconciliation.

Mme SOPHIA TESFAMARIAM (Érythrée) a souligné les trois facteurs qui ont contribué à saper la crédibilité, l’intégrité et l’efficacité du Conseil de sécurité, en précisant tout d’abord que les pays ne devraient pas être autorisés à choisir ou non d’appliquer les principes et buts de la Charte.  Le Conseil de sécurité devrait également être tenu d’appliquer les accords de paix, a-t-elle ajouté.  Deuxièmement, la représentante a mis en exergue la nécessité de règles et procédures transparentes s’agissant de l’application des Chapitres VI et VII.  En troisième lieu, Mme Tesfamariam a indiqué que la clarté et la cohérence sont essentielles dans les résolutions relatives à l’évolution et à la fin des mandats.  Sinon, des considérations politiques peuvent conduire à une application sélective et inappropriée des règles, a averti la représentante.  Elle a conclu en appelant au respect par le Conseil de sécurité de son mandat, tel que prévu par la Charte des Nations Unies, afin de renforcer la crédibilité, l’efficacité, l’intégrité et la réputation du Conseil, ainsi que la confiance que placent les États Membres dans ses décisions. 

Selon M. GHANSHYAM BHANDARI (Népal), la Charte est le reflet des aspirations des peuples à la paix, la sécurité et la prospérité universelles.  À l’approche du soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, le délégué a souligné que le monde est encore loin d’avoir éliminé la pauvreté, les inégalités, les conflits, la crise climatique, le terrorisme, et d’autres défis qui transcendent les frontières.  Il a donc jugé important pour le monde de réaffirmer sa foi en les principes de la Charte et du multilatéralisme. 

M. Bhandari a indiqué que la Constitution du Népal reconnaît la Charte des Nations Unies et ses principes comme les principes directeurs de sa politique étrangère.  De plus, en tant que lieu de naissance de Bouddha, la culture du Népal et sa vision du monde est empreinte de paix, de compassion et d’harmonie.  Le délégué a aussi demandé la réforme de l’ONU afin de l’adapter aux défis du monde qui évolue.  Une réforme qui rendrait l’ONU plus sensible aux besoins de développement des pays tels que les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les pays en développement sans littoral.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a souligné que la fidélité aux buts et principes de la Charte est la recette pour un monde pacifique et sûr auquel nous aspirons tant.  Préserver la Charte requiert avant tout, a-t-il estimé, la promotion du multilatéralisme, socle sur lequel a été bâtie l’Organisation des Nations Unies.  Il a affirmé que le multilatéralisme c’est aussi le respect de l’autre, l’acceptation de la différence, ainsi que la reconnaissance de l’égalité des peuples, tel qu’énoncé clairement dans la Charte.  Par ailleurs, le Sénégal appelle encore à la réconciliation entre les peuples palestiniens et israéliens, et à la réalisation du droit du peuple palestinien à un État viable, avec Jérusalem-Est comme capitale, coexistant pacifiquement avec l’État d’Israël, chacun à l’intérieur des frontières sûres et internationalement reconnues. 

Le Sénégal a également jugé incontournable de bannir le recours à l’ingérence et à la force comme moyens privilégiés de règlement des différends.  De ce fait, les actions coercitives ne sont qu’un moyen et non une finalité en soi, a-t-il rappelé.  Le représentant a argué que le succès de l’Organisation réside davantage dans sa capacité à recourir au Chapitre VI sur le règlement pacifique des différends qu’au Chapitre VII, plus difficile et plus onéreux à mettre en œuvre.  C’est pourquoi le Sénégal, partisan convaincu de la diplomatie préventive, privilégie la conciliation de ces deux Chapitres dans ce qu’ils ont de plus essentiels.  M. Barro a enfin appelé à la réforme du Conseil de sécurité, afin de le rendre plus légitime dans sa composition et plus crédible et efficace dans son action. 

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de L’État de la Palestine, a déclaré que la Palestine s’est engagée à respecter pleinement la Charte des Nations Unies tout en s’étant vue refuser le statut d’État Membre de plein droit et en étant privée du droit à l’autodétermination de son peuple.  Il a jugé essentiel le fonctionnement efficace de l’ONU dans l’intérêt de la prévention et de la résolution des conflits.  Il a regretté que « quelques États membres abusent de leurs privilèges pour bafouer la Charte et abuser des organes de l’ONU pour des intérêts égoïstes ».  Respecter la Charte doit signifier la défendre en toutes circonstances et sans exception en assurant que ceux qui ne la respecte pas en supportent les conséquences, a insisté l’Observateur avant d’insister sur le fait que la redevabilité et le respect sont les deux faces d’une même pièce.  Pour lui, la communauté internationale échoue à faire respecter la Charte lorsque les droits à l’autodétermination sont violés, quand la force est utilisée illégalement pour tuer et blesser des civils et détruire leurs maisons, lorsque les menaces d’annexion sont devenues routinières de la part d’Israël Puissance occupante, et quand tous ces abus sont commis sans conséquences.  Ce débat, a-t-il dit, renforce sa foi en la Charte de l’ONU et dans le droit international tout comme la récente décision de la Procureure de la Cour pénale internationale d’ouvrir une enquête officielle sur les crimes de guerre présumés commis en Palestine. 

Mme NOHRA MARIA QUINTERO CORREA (Colombie)  a estimé que l’ONU et le Conseil de sécurité sont les forums les plus appropriés pour traiter efficacement les questions fondamentales pour l’humanité et parvenir au consensus qui permettra d’avancer positivement dans la réalisation des objectifs collectifs.  Toutefois, il faut reconnaître qu’il y a également eu des échecs.  C’est pour cette raison que la Charte doit se conformer aux réalités changeantes du système international et aller de l’avant dans le processus de réforme du Conseil de sécurité.  Nous devons relever ces défis, a ajouté la représentante, qui a exigé une organisation capable de prendre des décisions solidaires, efficaces et adéquates.   

M. TALAL RASHID N. M. AL-KHALIFA (Qatar) a demandé plus de coopération pour résoudre les conflits à travers le monde, et extirper le terrorisme des sociétés.  Il a rappelé que la Charte avait été élaborée pour résoudre les défis de paix et sécurité, estimant que ce fut « l’une des meilleures trouvailles de l’humanité ».  Il a donc insisté sur le respect de ce document important pour préserver le système multilatéral, pour ensuite appeler les États à œuvrer pour la publication d’une déclaration commune en soutien au multilatéralisme dans le cadre du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.  Il a rappelé que le processus d’adoption de cette déclaration commune est coordonné par la représentante du Qatar et son homologue de la Suède.  Le délégué a rappelé enfin que son pays fait l’objet d’un siège depuis deux ans, et que les autorités qataries ont toujours appelé à la résolution pacifique de cette crise. 

Mme H.ELIZABETH THOMPSON (Barbade) a estimé que l’ONU et le Conseil de sécurité doivent agir comme la conscience de l’humanité.  Mais le Conseil ne peut le faire correctement que s’il reflète mieux les défis de sécurité auxquels est confrontée la famille de l’humanité, a-t-elle tempérée.  Pour ce faire, la représentante a appelé à une réforme du Conseil de sécurité incluant l’octroi d’un siège tournant pour les petits États insulaires en développement, entre autres changements de fond, et une prise en compte des préoccupations de sécurité de l’ensemble des membres de l’ONU. 

Reprenant la parole, M. AMMAR AL ARSAN (Syrie) a réagi aux propos du représentant de la Turquie qui avait affirmé ne pas reconnaître la légitimé des autorités syriennes.  Il a indiqué ne pas rechercher la légitimité d’un « régime criminel », et a assuré que son gouvernement tire la sienne de la Charte et du peuple syrien.  Le délégué a ensuite affirmé que des dizaines de milliers de combattants terroristes étrangers qui ont œuvré en Syrie n’y sont pas arrivés « en parachute », mais bien grâce au soutien des officiels turcs, comme l’ont du reste laissé voir des rapports officiels d’organisations internationales. 

« Un régime comme celui de la Turquie qui envoie des combattants en Syrie et maintenant en Libye n’a pas son pareil », a-t-il lancé.  Il a aussi accusé la Turquie d’être le « premier parrain » du groupe terroriste Front el-Nosra, aujourd’hui installé dans la région d’Edleb.  La légitimité du régime turc ne vient pas de son peuple, a aussi affirmé le délégué syrien. 

Le représentant du régime syrien a fait une déclaration « plaçant la barre très bas », a réagi M. VARLI (Turquie), précisant qu’il ne tenait pas y répondre.  Il s’est contenté de confirmer les propos qu’il avait précédemment tenus. 

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