8699e séance – matin (reprise)
CS/14072

Débat au Conseil de sécurité sur la Charte: les pays en conflit dénoncent les violations des principes de souveraineté nationale et d’intégrité territoriale des États

Le Conseil de sécurité a poursuivi, ce matin, son débat public sur le « Respect de la Charte des Nations Unies aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales », l’occasion pour la trentaine d’orateurs de souligner que ce document fondateur reste un instrument puissant et universel, tout en appelant à traduire davantage ses dispositions en actions.  Plusieurs pays subissant des conflits ont dénoncé les atteintes à leur souveraineté et intégrité territoriale, en violation de la Charte, à l’instar de l’Iraq qui n’a pas voulu que « son territoire devienne un champ de bataille ».

« La Charte des Nations Unies a été écrite avec le sang des victimes de la guerre et des conflits armés », a tenu à rappeler le Kazakhstan aux délégations qui ont participé à ce débat commencé hier et dont la longue liste d’orateurs inscrits sera épuisée lundi.  Toute violation de ses articles peut faire répéter les erreurs du passé, a mis en garde le représentant.

L’Iraq, pays au centre de l’actualité ces jours-ci, a d’emblée assuré qu’il restait fidèle aux principes de la Charte, avant de dénoncer ceux qui ne la respectent pas en recourant à la force et en violant sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale.  « Nous ne voulons pas que notre territoire devienne un centre de conflit et d’agissements qui donneraient le champ libre aux terroristes et à Daech », a avisé le représentant iraquien. 

Le Yémen a rappelé « souffrir de la guerre contre les milices houthistes appuyées par l’Iran » et appelé le Conseil de sécurité à faire davantage de pression sur les houthistes pour qu’ils s’acquittent de leurs engagements et cessent de compromettre la stabilité du pays. 

De son côté, la Géorgie s’est souvenue, qu’il y a 12 ans, elle subissait l’agression militaire de la Fédération de Russie conduisant à l’occupation de 20% de son territoire, en dénonçant au passage « le rôle destructeur d’un membre permanent du Conseil de sécurité » qui a conduit à la violation de la souveraineté territoriale de deux de ses voisins.  Ce n’est qu’en respectant les principes de la Charte et le droit international que la communauté internationale pourra parvenir à sa promesse d’assurer la paix et la sécurité, a conclu la représentante.

Le Mouvement des pays non alignés a, lui aussi, insisté sur le fait que tout État a pour obligation d’éviter, dans ses relations internationales, de recourir à la menace ou à l’utilisation de la force contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tout autre État.  Le contraire revient à violer le droit international et la Charte des Nations Unies.  Il a également exhorté le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et tous les organes des Nations Unies à recourir davantage à la Cour internationale de Justice en tant que source d’interprétation du droit international.

À ce propos, les Pays-Bas se sont dit fiers d’accueillir la Cour ainsi que la Cour pénale internationale et d’autres mécanismes judiciaires internationaux qui jouent un rôle clef dans l’ordre légal international. 

Plus pessimiste, le Venezuela a prié de « ne pas laisser l’ONU mourir et connaître le même sort que la Société des Nations disparue », après avoir pointé du doigt « l’émergence d’idéologies suprémacistes qui nient l’égalité et la diversité de l’humanité », redoutant de voir le monde au bord d’un conflit aux conséquences imprévisibles.  Il a dénoncé « un État qui proclame sa puissance militaire et son idéologie exceptionnelle pour imposer sa souveraineté nationale sur tous les peuples du monde ».

Le Myanmar, assurant avoir honoré ses obligations internationales en tant que Membre responsable de l’ONU, a souligné l’importance de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, ainsi que le principe de non-ingérence.  Le représentant a exhorté le Conseil, dans l’exécution de son mandat, à appliquer les principes d’objectivité, d’impartialité et de non-sélectivité.  Dans le même sens, Oman a rejeté toute application sélective des principes de la Charte ainsi que le recours à la force.

Pour sa part, le Comité international de la Croix-Rouge a rappelé qu’un des objectifs des Nations Unies, selon la Charte, est de résoudre les problèmes à caractère humanitaire.  En tant qu’une des plus anciennes organisations humanitaires, il a insisté sur la nécessité de faire respecter le droit international humanitaire.

La Charte dessine le cadre de la décence, du comportement des États, et de leurs droits et obligations, a synthétisé le Canada.  « Elle nous dit ce qu’il faut faire en Syrie, pour les Rohingya et pour le monde entier. »  Le représentant a invité à voir la Charte comme elle est: « un document vivant qui nous guide et qui permet aux Nations Unies d’évoluer pour résoudre les questions émergentes ». 

Le représentant canadien a conclu en évoquant, « le cœur serré », la mort des 176 passagers du vol PS752 à Téhéran dont 63 Canadiens.  Tout porte à croire, a-t-il répété, que l’avion a été abattu par un missile sol-air et peut-être par un tir accidentel.  Plaidant pour que justice soit faite, il a cité le Premier Ministre Justin Trudeau qui a requis une enquête crédible et complète, avec la participation d’experts canadiens.

Le respect de l’ordre juridique international et de la Charte passant aussi par les opérations de maintien de la paix, l’Irlande a tenu à rendre hommage aux 3 000 Casques bleus, venant de 120 pays, qui ont perdu la vie en mission depuis plus de 60 ans.

Le Conseil de sécurité terminera ce débat lundi 13 janvier à 15 heures. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Respect de la Charte des Nations Unies (S/2020/1)

Déclarations (suite)

M. DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a souligné que tout l’ordre juridique qui régit les relations internationales et la structure de sécurité collective se fonde sur les principes de la Charte qui sont suffisamment vastes pour couvrir les nouveaux défis et qui demeurent tout aussi pertinents que lors de la création des Nations Unies.  La Charte a confié au Conseil de sécurité la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Conseil a réussi dans certains cas et a échoué dans de nombreux autres.  Ses membres, qui assument leurs responsabilités au nom de tous les autres États, doivent dépasser leurs intérêts nationaux, a martelé le représentant.  Le Conseil, a-t-il estimé, peut faire mieux pour exploiter tout le potentiel de la Charte, au-delà de son Chapitre VII.  Il doit, s’est expliqué le représentant, se montrer plus actif dans la prévention des conflits.  Nous l’encourageons, a-t-il ajouté, à actionner plus souvent le Chapitre VI et à exploiter les moyens d’analyser les crises et les risques le plus tôt que possible.

Le Conseil, a-t-il poursuivi, doit traiter des causes sous-jacentes des conflits, en gardant à l’esprit que les violations massives des droits de l’homme sont un indicateur alarmant pour un conflit potentiel.  Quand il crée une mission, le Conseil doit mettre l’accent qu’il faut sur l’état de droit et la justice et travailler étroitement avec la Commission de consolidation de la paix.  Paix et justice se renforcent, a souligné le représentant, en encourageant le Secrétaire général à actionner l’Article 99 de la Charte.  L’une des principales intersections entre la Charte, le Conseil et l’état de droit, c’est le respect des règles et des décisions, en particulier celles de la Cour internationale de Justice (CIJ), a dit le représentant.  Il s’est félicité, en concluant, sur la coopération entre le Conseil et les organisations régionales et sous-régionales, lesquelles sont essentielles et particulièrement bien équipées pour s’attaquer aux risques de conflit, aux conflits et aux situations postconflit dans une région donnée. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a dit que cette séance était le prolongement de celle organisée par le Koweït en 2018 sur la revitalisation de la Charte des Nations Unies.  S’agissant des tensions au Moyen-Orient, le représentant a réitéré l’appel du Secrétaire général à la retenue afin de pouvoir trouver une solution durable aux conflits.  Le délégué a rappelé que son mandat au Conseil de sécurité était terminé depuis neuf jours, soulignant qu’il avait effectué cette mandature conformément aux principes et objectifs de la Charte en particulier le Chapitre VI.  « Nous avons présenté une résolution sur la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes », a-t-il notamment indiqué, en disant attendre le suivi de cette résolution, d’autant que l’ordre du jour du Conseil de sécurité est rempli par des questions concernant des États arabes.  En conclusion, le représentant a appelé à la solidarité des membres du Conseil de sécurité pour contrer les défis et menaces auxquels le monde fait face.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a jugé important de se rappeler que la Charte a été écrite « avec le sang des victimes de la guerre et des conflits armés ».  Toute violation de ses articles, en particulier ceux qui consacrent la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, peut causer les erreurs tragiques du passé.  Malheureusement, s’est inquiété le représentant, la situation actuelle montre que la Charte et les principes du droit international sont bousculés, poussant le monde au bord d’une guerre totale.  Il est donc urgent de renouveler l’engagement de tous les États en faveur des normes et principes du droit international généralement acceptés.  Le représentant a rappelé l’idée de son Président consistant à convoquer une « conférence des Nations Unies au plus niveau pour réaffirmer les principes fondamentaux du droit international ».  Une telle initiative serait particulièrement pertinente au soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, a-t-il estimé, exhortant le Secrétaire général à convoquer la conférence pendant la prochaine Assemblée générale, en septembre.  La Charte et les autres normes et principes du droit international ne nous ont pas été imposés.  Nous les avons collectivement et volontairement acceptés et nous devrions donc éviter les situations où ils sont utilisés de manière sélective, a martelé le représentant. 

Il a, à son tour, jugé que l’outil le plus efficace dont dispose le Conseil de sécurité pour maintenir la paix et la sécurité sont les organisations régionales.  Il a rappelé une autre initiative de son pays qui est la création de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA) qui « fonctionne parfaitement depuis plus d’un quart de siècle ».  Aujourd’hui, dans cet environnement de méfiance, les mécanismes comme la CICA sont devenus les outils les plus efficaces de la prévention des conflits.  Les pays membres de la Conférence s’attachent d’ailleurs à en faire une organisation régionale à part entière et le Kazakhstan qui la préside en 2020, n’épargnera aucun effort en ce sens, a promis le représentant.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a rappelé que son pays avait été l’un des premiers signataires de la Charte, avant de souligner l’importance du multilatéralisme.  Le Yémen souffre du la guerre que lui livre les milices houthistes appuyées par l’Iran, a-t-il affirmé.  Ces milices continuent de refuser de tenir les engagements découlant des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il dit en affirmant que, parallèlement, le Gouvernement du Yémen a toujours voulu parvenir à une paix durable.  Le délégué a appuyé l’idée d’un Yémen fédéré et soutenu les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Enfin, le délégué a appelé le Conseil à faire davantage pression sur les houthistes afin qu’ils s’acquittent de leurs engagements et cessent de compromettre la stabilité du pays.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a dénoncé les transgressions de la Charte des Nations Unies qui sont, selon elle, des faits quotidiens, comme les assassinats sélectifs de dirigeants étrangers et les sanctions unilatérales contre des pays tiers.  Pour la représentante, le Conseil de sécurité doit s’acquitter de sa fonction de manière conforme aux dispositions de la Charte, sans discrimination, en évitant d’avoir deux poids, deux mesures, et en respectant le droit et la justice.  Notre devoir est de trouver des solutions pacifiques aux conflits, a rappelé la représentante, pour laquelle le Conseil de sécurité doit épuiser toutes les solutions possibles pour préserver la vie et éviter la guerre.

Le Conseil, a-t-elle poursuivi, doit promouvoir un ordre international juste et équitable, défendre le multilatéralisme et s’abstenir des ingérences dans les affaires de l’Assemblée générale.  Le Conseil de sécurité doit être transparent et équitable, a aussi réclamé la représentante, qui a ajouté que Cuba ne courbera jamais l’échine face au blocus des États-Unis, un blocus qui est imposé au mépris du rejet de toute la communauté internationale.  Cuba mettra en œuvre toutes les mesures nécessaires pour défendre sa souveraineté et son indépendance, a-t-elle affirmé.

M. NÉSTOR POPOLIZIO (Pérou) a déploré les nombreuses violations des résolutions du Conseil et rappelé que l’une des pierres de touche de l’ordre international est l’interdiction du recours à la force.  Il s’est inquiété des interprétations du droit international de certains pays qui hypothèquent le système de sécurité collective.  Il a souligné la pertinence des principes de la Charte des Nations Unies et exhorté le Conseil de sécurité à promouvoir le dialogue et les moyens de règlement pacifique des différends, conformément aux dispositions du Chapitre VI de la Charte.  L’ONU doit être l’élément moteur des stratégies de coopération internationale, a conclu le délégué du Pérou.

M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne) a proposé trois suggestions pour améliorer le travail du Conseil de sécurité.  Premièrement, concernant les méthodes de travail, il a recommandé d’institutionnaliser les séances mensuelles de bilan de la présidence sortante, le format « "Tolède », que l'Espagne a promu lors de son récent mandat au Conseil.  Il faut aussi rechercher les synergies, selon lui, en désignant pour chaque dossier sur un pays donné un porte-plume qui soit le président du comité des sanctions correspondant.  Deuxièmement, les mandats du Conseil de sécurité doivent constituer de véritables feuilles de routes solides, réalistes, authentiques et flexibles.  Ils doivent avoir un impact direct sur les gens, tout particulièrement les victimes de conflits.  Troisièmement, le représentant a souligné le grand potentiel de la coopération tripartite entre le Conseil de sécurité, l’Union européenne et l’Union africaine dans tous les domaines de sécurité collective dans la gestion de crise.  Une coopération triangulaire plus approfondie et plus efficace nécessite un cadre de partenariat stratégique qui aborde toutes les questions d'intérêt commun et favorise une relation étroite de ce Conseil avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et avec le Comité politique et de sédimentation de l’Union européenne, a plaidé le représentant.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a redit l’attachement de son pays à la paix et à la Charte des Nations Unies.  Nous cherchons à promouvoir le règlement pacifique et la prévention des conflits, a-t-il dit, ajoutant que le respect de la Charte est plus crucial que jamais.  Il a dénoncé la situation dans les territoires palestiniens occupés et dans les autres territoires arabes occupés.  « Vous devez contraindre l’Iran à se conformer au droit international et à cesser ses activités de déstabilisation dans la région », a-t-il lancé aux membres du Conseil.  Il a condamné les récents bombardements de deux bases en Iraq, en violation de la souveraineté de ce pays.  Mon pays appuiera toujours l’Iraq, a assuré le délégué.  Il a insisté sur les efforts de paix de son pays sur la scène internationale, l’Arabie saoudite ayant notamment promu l’accord de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée.  Son pays, épris de paix, continuera de jouer un rôle responsable, en promouvant le droit international, a conclu le délégué saoudien.

Mme KSHENUKA DHIRENI SENEWIRATNE (Sri Lanka) a dit que l’heure est venue de marquer notre attachement à la Charte.  Les difficultés doivent être résolues collectivement, a-t-elle recommandé, en souhaitant que la communauté internationale forge des consensus et trouve des solutions qui correspondent aux aspirations des États et des peuples.  La représentante a insisté pour que les menaces contre le multilatéralisme soient contrées immédiatement.  Elle a souligné la contribution de son pays au travail des Nations Unies, en particulier sa contribution aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Elle a terminé en exprimant son souhait pour un ordre mondial fondé sur les règles.  Un ordre mondial où le multilatéralisme et la coopération prévalent, a-t-elle ajouté. 

M. CARLOS DANIEL AMORÍN TENCONI (Uruguay) a rappelé la responsabilité de maintien de la paix et de la sécurité internationales qui a été confiée au Conseil de sécurité par la Charte.  Comme la paix doit être recherchée par des solutions pacifiques, selon la même Charte, le Conseil a un rôle central en la matière et doit agir en coopération avec l’Assemblée générale, a-t-il précisé.  Il a aussi prôné un renforcement des relations du Conseil avec la CIJ, avant d’insister sur la diplomatie préventive.  En tant que membre du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), l’Uruguay a promu la transparence au sein du Conseil de sécurité lorsque le pays en a été membre, a-t-il dit.

Un aspect important du maintien de la paix et de la sécurité internationales est la promotion de la justice pénale internationale, a-t-il aussi plaidé en souhaitant que le Conseil de sécurité joue un rôle plus actif en cas de violations flagrantes des droits de l’homme, en poursuivant ses auteurs en justice.  Par ailleurs, nombre d’États Membres ne respectent pas les résolutions du Conseil de sécurité, s’est inquiété le représentant en appelant à ne pas perdre de vue les principes de non-ingérence et d’autodétermination.  Il a recommandé au Conseil de prendre des mesures en respectant le principe de proportionnalité.  S’agissant du recours au veto, il a estimé qu’il ne contribue en rien à la transparence et qu’il affaiblit cet organe, tout en faillant à l’obligation de protéger la population.

M. RICHARD ARBEITER (Canada) a raconté l’histoire de sa grand-mère dont « la vie coïncide avec la Charte des Nations Unies ».  Ma grand-mère, a-t-il dit, était une femme remarquable qui appartenait à la génération née entre les deux guerres dont beaucoup de congénères n’ont pas vécu la naissance de la Charte.  Née à Lodz, en Pologne, en 1921, septième de huit enfants, Bru’cha, prière en hébreu, a fui les persécutions en Pologne, survécu à l’holocauste dans ce qui est la Russie actuelle.  Elle a été déplacée, apatride en Autiche, puis est arrivée sans le sou au Canada.  Elle a travaillé dur, a élevé ses enfants, a économisé, prié, aimé, vécu, avant de mourir. C’est en 1948, qu’avec mari et enfants, elle est arrivée à Québec City par bateau, comme tant de réfugiés et de migrants le font encore aujourd’hui.

En 1956, quelques années à peine après avoir obtenu la nationalité canadienne, elle a entendu parler de la toute première opération de maintien de la paix des Nations Unies et elle s’est dit: c’est la naissance du multilatéralisme.  En 1960, elle a vu l’ONU grossir de 17 nouveaux États dont 15 États africains nouvellement indépendants et elle a pensé: la communauté internationale devient plus forte, plus riche et plus diversifiée.  Entre 1960 et 1970, elle s’est dit avec d’autres, la coopération est vraiment utilisée pour résoudre les problèmes mondiaux.  Peu après, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) naissait, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) entrait en vigueur et les toutes premières conférences sur l’environnement, l’alimentation et les femmes étaient convoquées.  Ma grand-mère s’est réjouie: la Charte continuait à pousser la communauté internationale à travailler ensemble et limitait, ce faisant, le comportement des États.  En 1977, elle a vu son pays élu au Conseil de sécurité, imposer avec d’autres l’embargo sur les armes à l’Afrique du Sud. Une décennie plus tard, en 1987, le Protocole de Montréal sur la couche d’ozone était adopté dans sa ville, un protocole qui, à l’âge de 66 ans, lui a donné le sentiment d’une ONU capable de faire évoluer des questions imprévues.  En 2000, à 79 ans, Bru’cha a vu l’adoption unanime de la résolution 1325 du Conseil de sécurité alors que son petit-fils entrait au Ministère des affaires étrangères.  Mais en 2000, à 92 ans, elle a regardé avec désarroi sa vie défiler à la télévision avec le nombre record de réfugiés, de déplacés et de demandeurs d’asile. 

À cette époque de résurgence de l’autoritarisme, de l’antisémitisme croissant et des haines de toute sortes, il est difficile de ne pas établir de parallèle.  Mais la grande différence, a estimé le représentant, c’est la Charte des Nations Unies et le filet de sécurité collective qu’elle cherche à établir.  La Charte dessine le cadre de la décence, du comportement des États, de leurs droits et obligations.  Elle nous dit ce qu’il faut faire en Syrie, pour les Rohingya et pour le monde entier.  Il faut voir la Charte comme elle est: un document vivant qui nous guide mais qui permet aux Nations Unies d’évoluer pour résoudre les questions émergentes.  Il ne s’agit pas de la rouvrir mais de revitaliser certaines de ses dispositions car rien n’empêche par exemple une utilisation créative de l’Article 99 pour appuyer la prévention des conflits.  On peut aussi faire plus pour renforcer les arrangements régionaux et on peut également reconnaître que les mesures envisagées dans l’Article 41 ne sont pas complètes puisque la forme et l’ampleur des mesures non militaires potentielles sont laissées à la discrétion du Conseil de sécurité.  Pour nous, a dit le représentant, respecter la Charte, c’est la voir comme suffisamment souple pour répondre aux défis actuels. 

Le représentant a conclu le cœur serré par la mort des 176 passagers du vol PS752 à Téhéran dont 63 Canadiens.  Tout porte à croire, a-t-il répété, que l’avion a été abattu par un missile sol-air et peut-être, par un tir accidentel.  Le Canada, a-t-il souligné, reste attaché à sa diplomatie avec l’Iran auquel il a demandé de laisser ses experts participer à l’indentification et à la recherche des corps.  Le Premier Ministre Justin Trudeau a aussi demandé une enquête crédible et complète, avec la participation d’experts canadiens, a encore rappelé le représentant.

M. MARK ZELLENRATH (Pays-Bas) a exprimé sa préoccupation concernant les récents développements au Moyen-Orient et jugé impératif de mettre fin à l’usage de la force et d’ouvrir la voie au dialogue.  Il a invoqué la responsabilité de tous les États Membres de renforcer le système multilatéral en donnant l’exemple de ce que fait son pays en ce sens, notamment en termes de prévention des conflits et de responsabilisation.  Ainsi, dans les régions les plus fragiles du monde, les Pays-Bas contribuent à la mise en place de systèmes d’alerte rapide et aux réponses à apporter aux causes profondes des conflits.  Cela se fait à travers des programmes de consolidation de la paix, des mécanismes de justice transitionnelle, de renforcement des capacités en matière de sécurité et d’institutions judiciaires ou encore par des mécanismes de suivi menés par la société civile.  Pour ce qui est des causes profondes des conflits, le représentant a insisté sur l’importance de la participation des femmes aux processus de paix et politiques, expliquant que son pays facilite la participation des femmes à ces processus notamment en Libye, au Yémen, en Afghanistan et en Colombie.

Le représentant a ensuite rappelé que, sur la question de la responsabilisation, La Haye est fière d’accueillir la Cour internationale de Justice, la Cour pénale internationale, le Mécanisme international résiduel des Tribunaux pénaux, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et beaucoup d’autres organisations qui jouent un rôle clef dans l’ordre légal et l’ Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes (UNITAD).  Ils jouent également un rôle de chef de file dans la finalisation d’une convention sur la coopération internationale dans les enquêtes et poursuites de crimes de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre (l’initiative MLA), a précisé le représentant avant d’appeler les États qui ne l’ont pas encore fait à se joindre à cette initiative importante.

M. ROBERT MARDINI, Comité internationale de la Croix-Rouge (CICR), a estimé que la Charte des Nations Unies et le droit international humanitaire sont comme les deux lauréats du prix Nobel de la paix de 1901: Frédéric Passy, militant pacifiste, et Henry Dunant, militant d’une meilleure protection des civils dans les conflits armés.  La Charte comprend des règles sur les déclarations de guerre –jus ad bellum- et le droit international humanitaire s’applique à la guerre -jus in bello-.  Ces deux corps distincts du droit se complètent pour prévenir les guerres, d’une part, et pour mieux protéger les civils, d’autre part.  En ces temps de tensions et d’incertitudes, le représentant a insisté sur cette protection, celle des civils, des unités médicales, des transports, des biens culturels et des biens indispensables à la survie.

Un des objectifs des Nations Unies, selon la Charte, est de résoudre les problèmes à caractère humanitaire, a-t-il poursuivi.  C’est la raison pour laquelle le Conseil de sécurité traite des questions humanitaires dans les conflits armés.  Il est chargé à la fois du maintien de la paix et de la sécurité internationales et du règlement des crises humanitaires.  En tant qu’une des organisations humanitaires les plus anciennes et les plus vastes, le CICR ne connaît que trop bien les souffrances endurées quand un conflit éclate.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent donc redoubler d’efforts pour prévenir les guerres mais si elles surviennent, ils doivent faire tout leur possible pour que les parties et ceux qui les soutiennent respectent et fassent respecter le droit international humanitaire.  C’est ce qui, dans la pratique, atténue les souffrances humaines et préserve la dignité humaine, a martelé le représentant.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a estimé que l’anniversaire de la Charte des Nations Unies devait porter à l’action pour traduire les paroles en actes et accomplir rapidement et en profondeur les mandats confiés par la Charte.  C’est aussi le moment de consolider les réformes qui permettent de rendre plus efficace, responsable, cohérent et transparent le système des Nations Unies dans son ensemble, et le Conseil de sécurité en particulier.  Pour que les Nations Unies prennent les rênes de la gouvernance mondiale, le Conseil de sécurité doit, selon le Costa Rica, assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, prendre en compte les droits de l’homme dans ses actions et améliorer son travail en ce qui concerne la prévention de conflits. 

Le représentant a aussi dénoncé l’utilisation du droit de veto par des membres permanents du Conseil, en particulier dans les cas de crimes atroces, expliquant que cela trahit la confiance de millions de personnes qui croient en l’ONU.  Il a dit appuyer la proposition du Liechtenstein de saisir l’Assemblée générale à chaque fois qu’est utilisé le droit de veto.

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a déclaré que l’idée même d’un ordre mondial fondé sur des règles est aujourd’hui remise en question et fragilisée.  En ces temps de tensions, le délégué irlandais a appelé à la désescalade et réitéré l’importance des Nations Unies et le rôle prépondérant du Conseil dans la prévention et le règlement des conflits.  Il a ensuite évoqué la participation de son pays aux opérations de paix depuis plus de 60 ans et rendu hommage aux plus de 3 000 soldats de la paix, venant de 120 pays, ayant perdu la vie en mission.  Disons-le franchement, ce Conseil ne s’acquitte pas de ses responsabilités, a continué le délégué.  Il a dénoncé l’usage du droit de veto à l’encontre de projets de résolution qui visent à alléger les souffrances comme en Syrie.  Enfin, le délégué a exhorté les membres du Conseil à surmonter leurs divisions.

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a plaidé pour qu’en ce moment critique de tensions au Moyen-Orient, les moyens diplomatiques soient mis à contribution pour épargner la région de nouvelles escalades.  Elle a noté que le non-respect des dispositions de la Charte, au cours des dernières décennies, avait fait grandir la frustration et le chaos, citant notamment les violations de la Charte qui ont lieu actuellement au Moyen-Orient, notamment de la part d’acteurs étatiques et non étatiques qui violent les principes de la souveraineté et de la non-ingérence.  En ce moment, il est important pour les États Membres, a-t-elle suggéré, de renforcer leur engagement en faveur de la Charte et du droit international, lesquels sont les principaux garants de la paix et la sécurité internationales, notamment pour les petits États qui dépendent du pouvoir du droit international pour protéger leur souveraineté et leur sécurité.

Mme Shaheen a ensuite proposé que le Conseil de sécurité renforce son efficacité en consultant et coordonnant son action avec les pays concernés qui sont au menu de son programme de travail.  De même, les organisations régionales et sous-régionales peuvent, a-t-elle argué, jouer un plus grand rôle dans la gestion des tensions régionales et assurer la sécurité et la stabilité.  Le Conseil pourrait par exemple consulter la Ligue des États arabes et l’Union africaine dans le cadre de la situation sensible qui prévaut au Moyen-Orient, a-t-elle suggéré.  La déléguée a également évoqué le coût humanitaire des conflits, qui est aggravé par l’inconsistance de la mise en œuvre de la Charte.  Elle a promis que les Émirats arabes unis allaient continuer d’apporter leur contribution pour atténuer les crises humanitaires de la région, avant d’inviter les États à l’Expo 2020 de Dubaï qui a pour objectif de bâtir des partenariats et présenter des idées innovantes qui guideront le monde de demain.

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a dit que l’Article 1 de la Charte des Nations Unies non seulement soulignait l’importance d’assurer la paix et la sécurité internationales, mais également appelait des mesures collectives pour atteindre cet objectif.  En d’autres termes, cet Article souligne l’importance du multilatéralisme comme une condition préalable à la préservation de la paix et de la stabilité internationales.  Pour le représentant, l’aggravation des menaces terroristes pose des défis graves à la paix et à la sécurité.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, le Président ouzbek a lancé une initiative pour élaborer une convention des Nations Unies sur les droits des jeunes visant à renforcer les efforts aux niveaux mondial, national, régional pour répondre aux besoins des jeunes, renforcer leurs capacités et étendre les droits, les libertés et l’intérêt supérieur de la jeunesse dans toute sa diversité.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan), qui s’exprimait d’abord au nom du Mouvement des pays non alignés, a affirmé d’emblée que le Mouvement est déterminé à soutenir le multilatéralisme avec les Nations Unies en son cœur.  Il a indiqué que, lors du dernier Sommet à Bakou, les 25 et 26 octobre 2019, les chefs d’État et de Gouvernement du Mouvement ont réaffirmé la validité des objectifs et principes de la Charte des Nations Unies ainsi que des normes et principes du droit international pour préserver et promouvoir la paix et la sécurité, l’état de droit, le développement économique et le progrès social ainsi que les droits de l'homme pour tous.

Le Mouvement reste préoccupé par la situation complexe et difficile dans le domaine du désarmement international et appelle à redoubler d’efforts pour sortir de l’impasse actuelle du désarmement nucléaire et de la non-prolifération.  Le représentant a également insisté sur le fait que tout État a pour obligation d’éviter, dans ses relations internationales, de recourir à la menace ou à l’utilisation de la force contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tout autre État ou de toute autre manière non conforme aux principes et objectifs de l’ONU.  À défaut, il s’agit d’une violation du droit international et de la Charte des Nations Unies et ne doit jamais être reconnu comme légitime ni utilisé comme moyen de régler des différends internationaux.  Par ailleurs, le Mouvement demande la révocation des mesures coercitives unilatérales contre des États Membres qui ne sont pas autorisées par les organes pertinents de l’ONU et qui ne sont pas conformes aux principes du droit international et de la Charte compte tenu de leurs implications extraterritoriales et de leur caractère illégal.  Le représentant a également réaffirmé la position de principe du Mouvement en faveur du règlement pacifique des conflits.  Il a également exhorté le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et tous les organes des Nations Unies à recourir davantage à la Cour internationale de Justice en tant que source d’avis consultatifs et d’interprétation du droit international.

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, le représentant de l’Azerbaïdjan, est revenu sur « la nouvelle tentative faite hier par l’Arménie d’induire le Conseil de sécurité en erreur ».  Les spéculations et revendications arméniennes quant au droit à l’autodétermination n’ont, selon lui, rien en commun avec ce principe, tel que défini par la Charte et l’Acte final d’Helsinki de 1975 et d’autres documents internationaux.  Il a estimé que « les déclarations inexactes de l’Arménie » sont d’autant plus inacceptables qu’elles ont été faites au Conseil de sécurité qui a adopté quatre résolutions sur le conflit Arménie-Azerbaïdjan et que le mandat du processus en cours, sous l’égide de l’OSCE, se base sur ces résolutions.  La délégation exige le retrait immédiat, complet et inconditionnel de toutes les forces arméniennes de la région du Nagorno-Karabakh et des sept territoires adjacents de l’Azerbaïdjan ainsi que la restauration de son intégrité territoriale dans les frontières internationalement acceptées comme principe de base au règlement de ce conflit.

M. SOVANN KE (Cambodge) a jugé important que la communauté internationale veille à ce que les Nations Unies soient plus réactives, plus transparentes et plus responsables.  Les réalités changeantes du XXIsiècle exigent du Conseil de sécurité qu’il agisse avec détermination, dans la coopération et la transparence, a insisté le représentant.  Une des manières dont le Conseil peut promouvoir la paix et la sécurité, a-t-il estimé, est de renforcer son engagement en faveur des opérations de paix, en les dotant de mandats clairs et ciblés.  Le Cambodge, qui a déployé des milliers de Casques bleus dans des situations parfois très dangereuses, connaît l’importance de ce type de mandats qui doit bénéficier du soutien politique et d’une enveloppe financière à la hauteur de la tâche.  La communauté internationale doit aussi, a ajouté le représentant, se concentrer sur le règlement pacifique des différends, par la négociation, la médiation et le dialogue.  Le respect de la Charte, a-t-il souligné, c’est le respect du droit international, le rejet des deux poids, deux mesures dans l’application de ce droit et l’abandon des mesures économiques coercitives.  À son tour, le représentant a insisté sur le rôle des organisations régionales comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a évoqué l’expérience inquiétante de sa propre région où « le rôle destructeur d’un membre du Conseil de sécurité » a conduit à la violation de l’intégrité et la souveraineté territoriales de deux de ses voisins.  Il y a 12 ans, a-t-elle rappelé, la Géorgie subissait l’agression militaire de la Fédération de Russie conduisant à l’occupation de 20% de son territoire.  Quelques années après, l’Ukraine a connu le même sort, a-t-elle déploré.  Après avoir énuméré un ensemble de pratiques russes, dans les territoires occupés, et qui vont à l’encontre du droit international, la déléguée a conclu que ce n’est qu’en respectant les principes de la Charte des Nations Unies et le droit international que la communauté internationale pourra parvenir à sa promesse d’assurer la paix et la sécurité.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinidad-et-Tobago) a regretté que la discussion d’aujourd’hui s’inscrive dans un contexte d’escalade des tensions et de menaces à la paix et à la sécurité aux quatre coins du monde.  Elle a plaidé pour des approches multilatérales, plutôt qu’unilatérales, en appelant à renforcer les partenariats à travers le respect mutuel et la coopération pour le bien de toute l’humanité.  Elle a aussi recommandé que le monde respecte les principes de l’état de droit international et ceux fixés par la Charte des Nations Unies, un bon moyen pour contribuer significativement au maintien de la paix et de la sécurité mondiales.

La représentante a mis l’accent sur la vulnérabilité des femmes et des fillettes en situation de conflit armé et a exigé qu’elles deviennent des partenaires égaux dans les efforts collectifs de construction de sociétés pacifiques et durables et dans la promotion des droits de l'homme.  Trinidad-et-Tobago est également un fervent défenseur du Traité sur le commerce des armes.  Par ailleurs, la délégation encourage la communauté internationale à renforcer les fondements et le rôle de la CPI pour en faire le tribunal par excellence qui traduit en justice ceux accusés d’avoir commis des crimes graves aux yeux de la communauté internationale.  Pour cela, tous les membres de la communauté internationale devraient y adhérer, a demandé la représentante.

M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a insisté sur l’obligation pour tous les États Membres de respecter la Charte dans son intégralité, estimant qu’il n'y a aucune possibilité de décider quelle section accepter ou rejeter.  Nous acceptons tous, par exemple, les principes de l'indépendance politique et de l'égalité souveraine des États, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, la résolution pacifique des conflits, le droit à l’autodétermination.  Le représentant a pointé du doigt l'émergence d'idéologies suprémacistes, niant l'égalité et la diversité de l'humanité, qui met le monde au bord d’un conflit aux conséquences imprévisibles.  Un conflit armé qui menace l’existence de la civilisation par un État qui se croit au-dessus de la légalité internationale.  Cet État proclame sa puissance militaire et son idéologie exceptionnelle pour imposer sa souveraineté nationale sur tous les peuples du monde, a accusé le représentant.  De quelle autorité un gouvernement dispose-t-il pour violer systématiquement la Charte des Nations Unies lorsqu’il exécute des attentats aveugles et des exécutions extrajudiciaires, lorsqu’il viole l'intégrité territoriale ou envahit des pays souverains, quand il viole le principe de non-intervention dans les affaires intérieures? a demandé, entre autres, M. Moncada.  La réponse est: « aucune », a-t-il répondu en affirmant que cette autorité n’existe pas.

Les 193 États Membres et les membres de ce Conseil de sécurité, chargés de prendre des mesures pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales, doivent éviter la catastrophe de la guerre en défendant la Charte.  « Nous ne pouvons pas laisser l’ONU mourir et connaître le même sort que la Société des Nations disparue.  Cet échec a conduit à la Seconde Guerre mondiale et il est de notre devoir d'empêcher la troisième guerre mondiale », a averti le représentant.

Pour M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a estimé que la situation actuelle exige de la part de tous les pays d’agir de manière plus ferme et de s’engager plus fortement à travers la coopération régionale et des partenariats basés sur des relations économiques justes, effectives et mutuellement bénéfiques.  Dès lors, le Tadjikistan appelle toutes les parties concernées à maximiser leurs efforts pour parvenir à un règlement durable des conflits récents et anciens dans le monde, en particulier au Moyen-Orient.  L’ONU a un rôle de premier plan à jouer à cet égard, a précisé le représentant en souhaitant qu’elle assume la coordination des efforts de ses États Membres en vue de répondre aux défis actuels et d’atteindre les objectifs de développement durable.

Pour avoir connu une guerre civile de cinq ans au moment de sa création en tant qu’État souverain, le Tadjikistan est familier avec les graves conséquences des conflits en termes de pertes de vies humaines, de personnes déplacées et d’impact économique.  Au cours des deux dernières décennies, le pays a avancé à bien des égards, a confié son représentant en se félicitant d’être parvenu à la paix, à la stabilité et à un développement économique durable.  L’une des leçons qu’il voudrait partager avec la communauté internationale est que seule une action collective et coordonnée couplée avec une coopération régionale et internationale est en mesure de venir à bout des forces du mal et des menaces mondiales.  Dans ce contexte, le représentant a tenu à saluer le rôle important qu’ont joué des organisations régionales comme l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et la Communauté d'États indépendants (CEI) dans le processus de paix au Tadjikistan.  Il a également rappelé que le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale se trouve aujourd’hui à Achgabat.

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) a évoqué les conséquences graves et tangibles, en particulier pour les femmes et les enfants, lorsque le Conseil ne parvient pas à se mettre d’accord.  Il a appelé le Conseil à agir avec créativité dans le respect de la Charte, avant de souligner l’importance du rôle des organisations régionales dans la prévention et le règlement des conflits.  Le délégué a souligné l’acuité de la crise climatique, qui constitue la menace la plus grave pour la paix et la stabilité des pays du Pacifique.  Cette crise ne fait que nourrir l’extrémisme et le terrorisme international, a-t-il déclaré.  Il a souligné l’évolution lente de la crise, capable de fragiliser des États vus autrefois comme robustes.  La crise climatique revêt toutes les caractéristiques d’une guerre, a-t-il tranché.  « Nous sommes en train de perdre cette guerre. »  Enfin, le délégué a jugé qu’il est grand temps de promouvoir la Charte et de se réengager dans la guerre contre la crise climatique.

M. SUDQI ATALLAH ABD ALKADETR AL OMOUSH (Jordanie) a dit que la politique étrangère de son gouvernement repose notamment sur le respect de la Charte.  Le représentant a dit que cette politique rejette particulièrement la politique de deux poids, deux mesures dans le traitement du dossier palestinien.  L’ONU ne remplira pas son mandat si elle ne respecte pas ses propres résolutions, a-t-il mis en garde en invitant la communauté internationale à respecter tous les engagements émanant des résolutions de l’ONU, notamment le principe de non-ingérence dans les affaires des autres pays.  Favorable à la médiation et aux outils pacifiques de règlement des différends, la Jordanie estime que l’ONU doit suivre une ligne de désescalade dans la résolution de conflit.  Les récentes crises au Moyen-Orient montrent l’importance de suivre les principes de la Charte des Nations Unies et du rôle de l’ONU, a-t-il noté en soulignant la nécessité de soutenir financièrement l’Organisation. 

Ces 12 derniers mois, la Jordanie a présidé la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive dans la région, a rappelé le délégué, en transmettant la conviction des participants qu’il est nécessaire de maintenir la paix et la stabilité internationales dans la région.  Réaffirmant son appui à la réforme du Secrétaire général, M. Al Omoush a indiqué que les grands défis de la communauté internationale font comprendre la nécessité de la modernisation des Nations Unies.  Ces défis demandent une action collective des États Membres.  La communauté internationale doit tout faire pour faire prévaloir la justice, les droits de la personne, le développement inclusif, a-t-il conclu.

M. MOHAMED AL HASSAN (Oman) a rappelé que la paix est la valeur humaine la plus précieuse et que la Charte des Nations Unies est le socle des relations internationales.  Tous les États doivent s’engager en faveur des principes de la Charte, a-t-il dit, en rejetant toute application sélective desdits principes et le recours à la force.  Évoquant les récentes tensions, il a estimé que les résolutions du Conseil doivent faire consensus et respecter la souveraineté des États.  Enfin, le délégué d’Oman a appelé à des efforts concertés accrus pour régler la question palestinienne et la crise au Yémen.

Selon M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie), à cause de la guerre froide qui a débuté juste après l’adoption de la Charte des Nations Unies, de nombreuses promesses de ce document sont restées lettre morte.  Il a dénoncé les pouvoirs spéciaux attribués aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité, notamment leur présence permanente au sein de l’organe et leur droit de veto.  Ces avantages leur avaient été donnés en sachant qu’ils allaient en user de manière responsable et pour le bien de tous les peuples de tous les États Membres, a—t-il rappelé.

Pour rendre le Conseil de sécurité plus efficace, le représentant a appelé à plus de coopération et à une plus grande responsabilité au niveau mondial.  C’est pourquoi la Croatie soutient l’établissement d’un code de conduite en ce qui concerne l’action du Conseil portant sur les génocides, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre.  Le pays soutient également l’initiative franco-mexicaine proposant aux membres permanents de s’abstenir d’user de leur veto en cas de preuve d’atrocités de masse.  Le délégué a noté que ces deux initiatives ne requièrent pas de modification de la Charte, un exercice qui s’avère extrêmement difficile.

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a rappelé que son pays est un important contributeur de Casques bleus et accueille sur son sol plus d’un million de Rohingya persécutés.  Ce faisant, le Bangladesh a empêché une déstabilisation potentielle de la région, a-t-elle fait valoir.  Pour la représentante, la Charte des Nations Unies a passé l’épreuve du temps et façonné un ordre mondial fondé sur des règles.  Elle reste un instrument puissant et universel accepté par tous.  Mais il est urgent d’agir et de traduire les mots en actions.  Selon la représentante, la réforme actuelle de l’ONU peut être un catalyseur pour assurer des actions plus efficaces et axées sur les résultats.  Une plus grande implication des pays en développement peut également donner l’impulsion nécessaire, a-t-elle estimé.   « Nous traversons une période critique où la notion même de multilatéralisme est en cause », a-t-elle noté en jugeant impératif que tous les Membres de l’ONU s’unissent et s’engagent à utiliser la Charte dans son véritable esprit, pour répondre aux réalités mondiales et aux aspirations des générations actuelles et futures.  Enfin, Mme Fatima a appelé à une application plus novatrice des principes de la Charte. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a souligné que les opérations de paix sont l’outil de choix dont dispose le Conseil de sécurité pour maintenir la paix et la sécurité.  Appuyer ces opérations a été et est la priorité de la politique étrangère portugaise.  Cet engagement se traduit d’ailleurs par la présence d’effectifs portugais dans huit des missions actuelles.  L’initiative Action pour le maintien de la paix, a poursuivi le représentant, et la Déclaration d’engagements communs démontrent, si besoin en est, les mesures positives qui sont prises pour renforcer l’impact des opérations.  Nous devons, a estimé le représentant, nous concentrer sur « le continuum de la paix » et sur l’importance de la consolidation de la paix, soit les scenarii de transition.  Le représentant a donc appelé à une coordination plus régulière et plus forte entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix et à un accent plus marqué sur les défis climatiques et les sources potentielles de conflit.  L’importance « capitale » d’une participation renforcée des femmes et des jeunes s’est illustrée dans les missions en cours, a-t-il ajouté.

En cette année du soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, réaffirmons notre engagement commun en faveur d’un multilatéralisme ancré dans la primauté du droit international et dans les principes et valeurs de la Charte, a conclu le représentant.  Nous le devons au passé pour empêcher les mêmes erreurs tragiques.  Nous le devons au présent pour atténuer les souffrances de ceux qui sont piégés par les conflits et la pauvreté.  Nous le devons au futur parce que nous sommes les gardiens de cette Organisation « irremplaçable et essentielle ».

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a affirmé que l’expérience qu’a connue son pays l’a convaincu de la haute valeur du multilatéralisme.  C’est ce qui a d’ailleurs guidé l’adhésion de la Grèce à l’Union européenne et son soutien à la Charte des Nations Unies, laquelle interdit l’usage de la force ou la menace de son utilisation dans les relations internationales.  La représentante a insisté sur le respect de l’état de droit dans le cadre de la gestion des océans, en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer qui contribue, par son caractère universel, au renforcement de la paix, la sécurité et de la coopération entre nations.

La Grèce insiste également pour que les différends entre États soient réglés par les moyens pacifiques, mais toujours en s’appuyant sur le droit international.  Mme Theofili a indiqué que la Grèce est candidate à un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2025-2026.  Cette candidature est guidée par l’aspiration forte qu’a le pays de faire respecter la Charte des Nations Unies, ainsi que par sa détermination à travailler sans relâche pour le maintien de la paix et la sécurité internationales.

M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a estimé que la formation des Nations Unies et son évolution au fil des ans avaient montré que la coopération multilatérale est essentielle pour la paix et la sécurité dans le monde.  Le rôle des Nations Unies est pourtant remis en cause et les traités internationaux sont mis à l’épreuve.  Cela signifie que la coopération internationale est à la croisée des chemins avec sa cohorte de défis, y compris le réchauffement climatique et le terrorisme.  Or, aucun pays ne peut résoudre seul ces défis, a fait remarquer le représentant pour qui une ONU plus forte permettra de relever les défis du système international aujourd’hui et dans les années à venir.  M. Kayinamura a plaidé pour l’adaptation aux nouveaux défis en s’appuyant sur les aspirations des peuples plutôt que sur les intérêts particuliers. 

Il a aussi recommandé de renforcer les relations internationales basées sur le droit international.  L’ONU reste l’organe universel pour un dialogue ouvert, continu et honnête, selon le représentant.   Tous les États Membres doivent respecter les dispositions de la Charte dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Nous devons également renforcer la coopération multilatérale, a exhorté le représentant.  Le monde est intégré et mondialisé beaucoup trop profondément pour que nous puissions nous démembrer et essayer de régler les choses seuls, a-t-il averti.  À cet égard, l’ONU deviendra plus pertinente dans les années à venir, a-t-il prédit, à condition que chacun renouvelle son engagement envers un système multilatéral fondé sur des règles.  Dans le cadre du règlement pacifique des conflits, le Conseil de sécurité doit utiliser de manière plus efficace les Articles 33 à 38 de la Charte des Nations Unies, a-t-il aussi souhaité.

M. HAU DO SUAN (Myanmar) a déclaré que son pays s’était toujours acquitté de ses obligations internationales en tant que Membre responsable de l’ONU.  Il a indiqué que la montée de l’unilatéralisme, du nationalisme et du protectionnisme ne fait qu’aggraver les atteintes au droit international et au multilatéralisme.  « En ces temps critiques, le monde a plus que jamais besoin d’une ONU forte. »  Il a souligné l’importance de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, ainsi que le principe de non-ingérence.  Tout emploi de la force ou menace d’emploi contrevient aux principes de la Charte et au droit international.  Il a exhorté le Conseil, dans l’exécution de son mandat, à appliquer les principes d’objectivité, d’impartialité et de non-sélectivité à tous les États, qu’ils soient « grands ou petits ».  Toute pratique du deux poids, deux mesures et la politisation des questions doivent être évités, a conclu le délégué. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a renouvelé son engagement aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations Unies.  Il a rappelé que son pays faisait partie des 54 États qui avaient conçu l’ONU et la Charte.  Concernant la situation en Iraq, il a dit que son pays avait gagné la bataille contre Daech « en respectant les principes de la Charte ».  En revanche, a poursuivi le représentant, certains pays ne respectent pas la Charte car ils recourent à la force et ne respectent pas la souveraineté des autres.  Il s’est plaint de leurs actes qui mettent en danger l’intégrité territoriale de son pays et le poussent au bord d’une guerre.  « Nous ne voulons pas que notre territoire devienne un centre de conflit. »  Ces agissements donneraient le champ libre aux terroristes, a averti le représentant. 

Il a indiqué que depuis le mois d’octobre de l’année dernière, les Iraquiens ont fait prévaloir leur nouvelle vision de l’avenir en se dissociant des conflits de la région.  De son côté, le Gouvernement a répondu aux revendications de manifestants.  Un nouveau Code électoral a été adopté et la Commission électorale a été renouvelée.  Le représentant a insisté sur le fait que l’Iraq ne pourra pas supporter de nouvelles autres aventures guerrières.  « Nous ne sommes l’ennemi de personne, nous sommes l’ami de tout le monde », a plaidé le représentant, qui a appelé toutes les parties au dialogue.  Condamnant également les attaques et les agressions contre l’Iraq, il a appelé l’ONU à faire de même.  Il a terminé en appelant à la désescalade et en demandant de diffuser les tensions. 

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