8672e séance – matin
CS/14030

Conseil de sécurité: la dynamique pour obtenir une paix durable au Yémen est lancée, selon l’Envoyé spécial du Secrétaire général

En présentant son exposé mensuel sur la situation au Yémen, ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Martin Griffiths, a été plus optimiste encore qu’en octobre.  Depuis son appel lancé en faveur d’une action décisive pour le Yémen en août dernier, a-t-il rappelé, une dynamique pour obtenir une paix durable au Yémen a été lancée.  « On commence à voir au Yémen des dirigeants qui souhaitent la paix », a-t-il assuré.

Selon l’Envoyé spécial, plusieurs étapes allant « immanquablement dans le sens de la paix » ont été franchies, notamment avec l’Accord de Riyad signé le 5 novembre dernier entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud, sous l’égide de l’Arabie saoudite.

De plus, le nombre d’attaques aériennes à travers le pays a été réduit de presque 80%, tandis que l’organisation Ansar Allah a cessé, pour le second mois consécutif, ses tirs de missiles vers l’Arabie saoudite.  Le Gouvernement est retourné à la capitale provisoire Aden.

À Hodeïda, a informé M. Griffiths, la violence a été réduite de 40% depuis la mise en place du cessez-le-feu et aucun incident n’a été enregistré depuis plusieurs jours.  Tout cela a été possible grâce à une coopération « constructive » des parties, s’est réjoui M. Griffiths.

Cela dit, a pondéré l’Envoyé spécial, alors que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) n’a cessé de jouer un rôle vital dans la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda, son personnel continue de subir des restrictions de mouvement.

Hélas, les attaques contre les civils continuent, a enchaîné la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Ursula Mueller.  Avec 13 millions de personnes assistées par quelque 250 partenaires humanitaires, le Yémen reste la plus importante opération humanitaire en cours dans le monde.

L’accès aux populations, en particulier celles vivant dans les zones sous contrôle d’Ansar Allah, représente un défi majeur, en raison des nombreuses restrictions et incidents nés de l’immixtion de ce groupe dans les opérations humanitaires.  Pas moins de 60 incidents ont été enregistrés au cours des trois derniers mois et la moitié des projets portés par les organisations non gouvernementales sont bloqués. 

Sur le plan sécuritaire aussi, la situation n’est pas stabilisée, même si on enregistre une baisse du nombre de victimes civiles en octobre par rapport à un septembre « meurtrier ».  Il y a deux semaines, le seul établissement chirurgical de la province de Taëz a été gravement endommagé.  Il y a deux jours, des tirs d’artillerie ont tué et blessé des dizaines de personnes.  Ces incidents s’ajoutent aux mines et autres explosifs qui tuent et blessent sans relâche, a déploré Mme Mueller.

Le Royaume-Uni, qui a déboursé un milliard de dollars pour l’aide humanitaire au Yémen depuis le début du conflit, a exhorté les houthistes à travailler de concert avec le coordonnateur humanitaire sur le terrain.  

Préoccupées par ce sombre tableau humanitaire, les délégations ont néanmoins jugé l’évolution de la situation au Yémen globalement « positive » et « encourageante ».

Ces progrès montrent que « l’Arabie saoudite et la coalition » sont fermement engagées en faveur de la stabilité du Yémen, s’est félicité le Koweït, assurant que l’Accord de Riyad se solderait par un renforcement de la mise en œuvre des différentes dispositions de l’Accord de Stockholm et, à terme, par la conclusion d’une solution globale à la crise yéménite.

La France et l’Allemagne ont, à leur tour. salué des signes encourageants de « désescalade » et souhaité la reprise « sans délais ni préconditions » des discussions en vue d’une paix globale et inclusive.  Les États-Unis ont appelé le Gouvernement yéménite à se consacrer intégralement aux négociations avec les houthistes pour mettre enfin un terme à ce conflit.  Toutefois, a averti la représentante américaine, la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda ne doit pas se faire au détriment d’un accord de paix global à l’échelle de tout le Yémen. 

L’Accord de Riyad montre que les solutions politiques peuvent apporter la paix, a renchéri la Chine, qui a prié le Conseil de s’exprimer à l’unisson sur cette question.  De même, la Fédération de Russie a espéré que l’Accord de Riyad permettra de relancer le processus de règlement de cette crise.  À l’évidence, les dirigeants yéménites ont la volonté de s’entendre, a dit le représentant russe. 

Ces progrès montrent la « sincère volonté de parvenir à une paix juste », a ainsi assuré le représentant du Yémen, ajoutant que l’Accord de Riyad ouvrait la voie à une nouvelle ère de sécurité, de sérénité et de développement, tout en évitant la confrontation sectaire et en permettant la lutte contre le terrorisme.  Il a toutefois regretté que l’Accord de Stockholm, conclu il y a un an, n’ait toujours pas produit de résultats concrets.  « Il est temps de se demander pourquoi », a-t-il lancé, avant de pointer du doigt les milices houthistes.  

Enfin, à l’instar de Mme Mueller, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont demandé que l’ONU puisse avoir accès au navire pétrolier Safer, qui continue de poser « un énorme risque environnemental et humanitaire en mer Rouge ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, intervenant par visioconférence depuis Amman, en Jordanie, a déclaré que depuis son appel lancé en faveur d’une action décisive pour le Yémen en août dernier, « une dynamique pour obtenir une paix durable au Yémen a été lancée ». 

Les acteurs, sous l’égide de l’Arabie saoudite, des autres puissances régionales, de la communauté internationale et de l’ONU sont parvenus à un compromis sur un certain nombre de sujets, dont la situation dans les provinces du sud, la désescalade des hostilités et les défis économiques.  « On commence à voir au Yémen des dirigeants qui souhaitent la paix », a reconnu M. Griffiths.  Il a défini un « dirigeant » comme quelqu’un qui pratique l’art de la concession et de l’inclusion, sans exiger trop de droits.  « On commence à voir émerger ce type de dirigeants, notamment depuis la signature, le 5 novembre dernier, de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud », s’est-il encore félicité. 

L’Envoyé spécial a identifié un second signe de changement au Yémen: la désescalade dans le cycle de la violence.  Rien que ces deux dernières semaines, le nombre d’attaques aériennes à travers le pays a été réduit de presque 80% par rapport aux deux semaines précédentes.  Pour la première fois depuis le début du conflit, le Yémen a même connu deux jours sans attaques aériennes.  Par ailleurs, l’organisation Ansar Allah a respecté sa promesse de cesser ses tirs de missiles et attaques par drones vers le territoire saoudien pour le second mois consécutif, s’est réjoui l’Envoyé spécial, ajoutant que « ces étapes vont immanquablement dans le sens de la paix ». 

Le troisième signe d’une évolution positive de la situation au Yémen est la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm signé il y a un an, a poursuivi M. Griffiths.  Des avancées ont été observées à Hodeïda, notamment avec les mesures gouvernementales visant à faciliter la livraison de carburant et le paiement des salaires à Hodeïda et dans le reste du pays. 

Par ailleurs les parties ont respecté le cessez-le-feu prévu dans l’Accord  sur Hodeïda, ce qui a permis une réduction de la violence de 40% par rapport à la mise en place de ce mécanisme.  En outre, depuis la création des cinq postes conjoints d’observation le long des lignes de front, le nombre d’incidents sécuritaires ont été réduits d’environ 80%.  Enfin, depuis plusieurs jours, aucun incident n’a été enregistré à Hodeïda, a relevé l’Envoyé spécial, avant de se féliciter de la « coopération constructive » des parties.  Celles-ci ont fait « des concessions créatives » qui ont supplanté leur désir de victoire.

Cela dit, a poursuivi l’Envoyé spécial, alors que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) n’a cessé de jouer un rôle vital dans la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda, son personnel continue de subir des restrictions de mouvement dans Hodeïda.  Or, ces restrictions peuvent non seulement entraver le travail quotidien de la mission, mais aussi mettre en péril l’exécution de son mandat, a-t-il mis en garde, avant de demander aux autorités pertinentes de prendre toutes les mesures pour permettre une libre circulation du personnel de la MINUAAH.

Mme URSULA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a indiqué que chaque mois quelque 250 partenaires travaillent avec les Nations Unies pour venir en aide à plus de 13 millions de personnes à travers le Yémen, soit la plus importante opération humanitaire en cours, dans un environnement particulièrement difficile. 

Pour cette raison, les travailleurs humanitaires ont toujours insisté sur le respect du droit international humanitaire et la protection des civils, l’accès sans entrave aux populations, le financement de la réponse humanitaire, le soutien à l’économie et la recherche d’une solution politique.  Si tous ces points étaient respectés, les souffrances des populations seraient allégées et faciliteraient la recherche d’une paix durable, a assuré Mme Mueller.

Hélas, chaque mois le Conseil de sécurité entend des exemples de dévastation et les attaques contre les civils continuent, a informé la Sous-Secrétaire générale.  Il y a deux jours, des tirs d’artillerie sur le marché de Saada ont tué et blessé des dizaines de personnes.  Il y a deux semaines, c’est un hôpital de la province de Taëz qui a été gravement endommagé: c’était le seul établissement chirurgical de la région.  En outre, des mines et autres explosifs tuent et blessent sans relâche, non seulement des Yéménites mais aussi des réfugiés et des migrants dont la plupart proviennent de la Corne de l’Afrique.  Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 160 000 migrants sont arrivés cette année, qui sont exposés aux abus de toutes sortes dont les viols, tortures et travail forcé.  Malgré tout, Mme Mueller a souligné la baisse du nombre de victimes civiles en octobre après un mois de septembre particulièrement meurtrier.

L’accès aux populations reste un défi majeur, a poursuivi la responsable, citant en particulier les zones sous contrôle d’Ansar Allah.  Même si le groupe a récemment délivré davantage d’autorisations aux organisations non gouvernementales, il continue d’imposer de nombreuses restrictions qui se traduisent par des retards inacceptables dans la délivrance de l’aide humanitaire, affectant les civils.  La moitié des projets portés par les ONG sont bloqués ainsi que les missions d’évaluation des besoins, et des refus de passage sont fréquents. 

En outre, le groupe cherche fréquemment à s’immiscer dans les opérations humanitaires pour choisir les bénéficiaires de l’aide, a insisté la Sous-Secrétaire générale, qui a également dénoncé une « augmentation alarmante » d’incidents visant les travailleurs humanitaires: 60 incidents au cours des trois derniers mois.  Ces questions ont été régulièrement soulevées avec Ansar Allah mais l’environnement reste compliqué, a-t-elle souligné.  Elle a espéré que le groupe permettrait l’expertise que doivent conduire les Nations Unies sur le pétrolier Safer, qui continue de poser « un énorme risque environnemental et humanitaire en mer Rouge ».  Notre équipe d’évaluation reste prête à se déployer dans les trois semaines, a-t-elle précisé.

Sur le plan financier, grâce à l’aide de plusieurs pays –Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Koweït et États-Unis- des programmes suspendus faute de fonds ont pu reprendre, notamment des vaccinations, a annoncé Mme Mueller.  Actuellement, 70% du Plan de réponse humanitaire sont financés, un progrès considérable par rapport à il y a quelques mois, a-t-elle noté.  Mais le Yémen continue d’importer tout ce dont il a besoin, y compris du carburant et des médicaments, et le taux de change a un énorme impact sur le coût de la vie.  Le rial coûte actuellement deux fois plus cher en dollars qu’avant la crise, a-t-elle expliqué en réclamant un appui à l’économie locale pour stabiliser le taux de change, car il est essentiel de continuer d’assurer les approvisionnements en combustible et autres biens de première nécessité. 

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a salué la signature, le 5 novembre 2019, de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  La formation d’un nouveau gouvernement « ouvert » devrait accroître la représentativité de ce dernier vis-à-vis du peuple yéménite, s’est-elle félicitée, appelant les parties à mettre en œuvre sans tarder toutes les dispositions de l’Accord.  En effet, a-t-elle poursuivi, le retour du Gouvernement à Aden et la réintégration des forces nationales dans le sud du pays constituent des étapes essentielles pour parvenir à un règlement politique global au Yémen.  De ce point de vue, la représentante a tenu à remercier les efforts de médiation déployés par le Royaume d’Arabie saoudite.

Sur la base de ces avancées récentes, Mme Craft a appelé le Gouvernement yéménite à se consacrer intégralement aux négociations avec les houthistes pour mettre enfin un terme à ce conflit, dont elle a rappelé qu’il avait fait plus de 100 000 morts depuis 2015.  La représentante a en outre salué les progrès enregistrés afin de permettre au pétrolier Safer de retourner dans le port d’Hodeïda.  Toutefois, a-t-elle mis en garde, la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda ne doit pas se faire au détriment d’un accord de paix global à l’échelle de tout le Yémen.  Mme Craft a par ailleurs insisté sur l’importance des contributions financières des États Membres pour venir en aide aux Yéménites, en proie à l’une des pires crises humanitaires au monde.  Elle s’est ainsi félicitée du rôle joué par les États-Unis, en tant que principal donateur humanitaire au Yémen.  Pour que cette aide soit véritablement efficace, la représentante a appelé les parties à garantir un accès humanitaire sans entraves aux personnes dans le besoin.  « Les faits survenus récemment au Yémen sont encourageants », a-t-elle conclu, avant d’exhorter M. Martin Griffiths à redynamiser le processus politique et à œuvrer en faveur d’un retour dans la dignité des Yéménites déplacés dans les prochains mois.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déploré la situation humanitaire difficile qui prévaut encore au Yémen et le manque de mise en œuvre complète de l’Accord de Stockholm.  C’est pour ces raisons que la délégation espère que l’Accord de Riyad récemment signé permettra de relancer le processus de règlement de cette crise.  À l’évidence, les dirigeants yéménites ont la volonté de s’entendre, a-t-il dit.  Le représentant a salué le travail de M. Griffiths, ajoutant, que comme lui, la Fédération de Russie n’a cessé de dire que le conflit yéménite ne pourra pas se régler par la voie militaire, mais uniquement par la voie politique.  Face aux évolutions positives sur le terrain, il a été d’avis que la communauté internationale doit maintenant encourager ces progrès, tout en ayant à cœur la priorité de l’aide humanitaire.  Celle-ci doit pouvoir entrer dans toutes les régions du Yémen et être distribuée selon les principes de l’aide humanitaire, sans discrimination ni politisation.

M. Polyanskiy a également déclaré qu’il fallait continuer de lutter, « maintenant et non plus tard », contre les groupes terroristes qui confortent leurs positions au Yémen.  Il a également déclaré que, sur la base de la résolution 598 (1987) l’initiative russe de sécurité dans le golfe persique conserve son actualité.  Il a appelé toutes les parties concernées à étudier ce document afin de joindre leurs efforts pour appuyer l’Envoyé spécial dans ses efforts de résoudre ce conflit. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pris acte de l’évolution positive de la situation au Yémen, à l’image de la signature, début novembre, de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  À ses yeux, la mise en œuvre de la première disposition de cet Accord démontre que « l’Arabie saoudite et la coalition » sont fermement engagées en faveur de la stabilité du Yémen.  Le représentant a ainsi espéré que l’Accord de Riyad se solderait par un renforcement de la mise en œuvre des différentes dispositions de l’Accord de Stockholm et, à terme, par la conclusion d’une solution globale à la crise yéménite.  Sur ce dernier point, le représentant a rappelé que le Koweït avait l’intention d’accueillir sur son sol les parties au conflit, sous l’égide des Nations Unies, afin de conduire des négociations pour un règlement global à la crise.

Le représentant a par ailleurs salué l’augmentation du financement et des promesses de financement du plan de réponse humanitaire pour le Yémen.  Il a précisé que le Koweït avait prévu de financer ce plan à hauteur de 600 millions de dollars, dont 350 millions ont déjà été alloués aux organismes humanitaires.  Il s’est cependant dit préoccupé par la persistance d’obstacles à l’accès humanitaire dans les zones sous le contrôle des houthistes.  Il a appelé toutes les parties à lever ces entraves et à se conformer aux principes du droit international humanitaire.  M. Alotaibi a en outre salué le Gouvernement yéménite pour avoir autorisé l’entrée de 10 pétroliers dans le pays, ce qui a eu selon lui des effets positifs, étant donné la pénurie de pétrole traversée par le Yémen.  Il a toutefois regretté que l’équipe des Nations Unies n’ait pas été en mesure d’atteindre le pétrolier Safer, au large des côtes de Hodeïda.  En conclusion, il a appelé les parties yéménites à mettre intégralement en œuvre l’Accord de Stockholm et à œuvrer à la résolution du conflit par la voie du dialogue.

« Nous percevons des signes encourageants de désescalade », a affirmé M. NICOLAS DE RIVIÈRE(France), en saluant l’Accord de Riyad parrainé par l’Arabie saoudite, sur la situation au sud du Yémen.  Selon lui, cet Accord, qui permet de préserver l’unité et l’intégrité territoriale du Yémen, doit être pleinement mis en œuvre.  Il a appelé à une reprise « sans délais ni préconditions » des discussions en vue d’une paix globale et inclusive.

Le représentant a également appelé toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire, insistant sur deux priorités absolues: la protection des civils et la garantie d’un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entraves.  Les restrictions croissantes imposées par les houthistes aux acteurs humanitaires empêchent des millions de personnes de bénéficier d’aide, a-t-il déploré, évoquant une situation « inacceptable ».  M. de Rivière a par ailleurs demandé que les Nations Unies aient accès au navire pétrolier Safer, « qui représente une grave menace potentielle pour l’environnement: une fuite de pétrole aurait un impact dramatique sur toute la région ». 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a commenté les signes d’évolution positive au Yémen décrits par M. Griffiths et appelé les acteurs concernés à tirer parti avec « célérité et pragmatisme » de cette nouvelle disposition au dialogue.  Le délégué a jugé que des avancées sont plus que jamais nécessaires en raison du risque toujours latent d’une famine généralisée, la persistance de cas de choléra, l’effondrement des services publics et de l’économie qui touchent plus de vies que les seules actions militaires.  « Assumer notre responsabilité de protéger les plus vulnérables, a-t-il déclaré, passe par l’élimination des obstacles à l’arrivée des secours et l’arrêt des menaces au personnel humanitaire dans l’exercice de ses fonction. » 

M. Ugarelli a ainsi enjoint aux autorités d’Ansar Allah de faciliter les déploiements humanitaires dans les territoires qu’elles contrôlent, de maintenir en service les aéroports et voies de communications du Yémen et en particulier d’ouvrir l’aéroport de Sanaa pour les livraisons de matériel médical et les évacuations humanitaires d’urgence.  Saluant l’arrivée récente de combustible au Yémen, le délégué a enfin rappelé l’urgence de stabiliser et réactiver l’économie yéménite, afin de consolider l’appréciation de sa monnaie, observée ces dernières semaines, et contenir l’inflation qui pénalise tant les plus démunis.

Seul un accord négocié sur la base d’un dialogue ouvert permettra de résoudre le conflit au Yémen et de répondre aux attentes légitimes de tous les Yéménites, y compris ceux résidant dans le sud du pays, a estimé M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine).  Le représentant a salué les efforts de médiation déployés à cette fin par l’Arabie saoudite, qui se sont soldés par la signature, le 5 novembre 2019, de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  Selon lui, cet Accord ouvre la voie à une solution négociée sur l’ensemble du territoire yéménite.  Il a également salué les efforts qui ont conduit à une désescalade des combats à l’intérieur comme à l’extérieur du Yémen.

S’agissant de l’Accord sur Hodeïda, M. Singer Weisinger a appelé les parties à respecter le cessez-le-feu, à prendre les mesures nécessaires pour éviter toute escalade de la situation et à faciliter la libre circulation de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) dans la zone.  S’agissant du pétrolier Safer, au large des côtes du port d’Hodeïda, le représentant a appelé à éviter une catastrophe environnementale « sans précédent » en mer Rouge.  Pour ce faire, il a exhorté tous les acteurs impliqués, dont les milices houthistes, à faciliter l’accès de l’équipe d’évaluation de l’ONU au navire.

M. JUN ZHANG (Chine) a relevé que, au moment où la situation semble s’améliorer au Yémen, la communauté internationale doit encourager ce processus.  L’Accord de Riyad montre que les solutions politiques peuvent apporter la paix, a dit le représentant, appelant aussi à soutenir les efforts de M. Griffiths.  Selon la Chine, le Conseil de sécurité devrait s’exprimer à l’unisson sur cette question.  Il devrait appuyer le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Yémen et travailler avec M. Griffiths et les acteurs de la région, a-t-il ajouté.  Pour le représentant, les efforts devraient se concentrer sur les questions économiques et humanitaires. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a commencé par remercier l’Arabie saoudite pour son « excellent rôle » de facilitateur ayant abouti à l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  Un accord que son pays souhaite voir mis en œuvre sans délai.  Le seul moyen d’éviter la crise humanitaire et de soulager les souffrances du peuple yéménite passe par un règlement politique global, a-t-il insisté.  De même, le délégué a réaffirmé son appui aux efforts de l’Envoyé spécial pour la reprise des pourparlers avant la fin de l’année. 

Pour M. Syihab, il ne fait aucun doute qu’il n’y aurait pas eu d’amélioration de la situation à Hodeïda sans l’Accord de Stockholm, conclu il y a un an.  Sur la base des acquis des Accords de Stockholm et de Riyad, le processus politique intrayéménite devrait, selon lui, reprendre, sous l’égide de l’ONU, avec la participation de toutes les parties prenantes légitimes, notamment les femmes et les jeunes.  Le représentant a, pour finir, souligné le rôle central des pays de la région dans le soutien de ce processus de paix, qui doit être bien compris de tous et pleinement mis en œuvre. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a salué la signature de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud, ainsi que les efforts diplomatiques de l’Arabie saoudite pour y parvenir.  Le retour du Premier ministre du Gouvernement du Yémen à Aden marque un premier pas essentiel pour mettre cet accord en œuvre, a-t-elle ajouté, appelant toutes les parties prenantes à faire preuve de bonne foi en ce sens.  Selon elle, cet accord offre une opportunité de reprise d’un processus politique inclusif qui permettrait de résorber les divergences et de répondre aux préoccupations légitimes des Yéménites. 

Un autre facteur essentiel pour restaurer la stabilité et créer les conditions favorables à la reprise de ce processus est de renoncer à la violence, de faire baisser les tensions et de rétablir la confiance, a avancé la représentante.  Il est donc indispensable que les parties respectent leurs obligations en vertu de l’Accord sur Hodeïda et prennent toutes les mesures nécessaires pour maintenir le cessez-le-feu, en coopération avec la MINUAAH, et qu’elles veillent à mettre en œuvre toutes les dispositions de l’Accord de Stockholm.  Préoccupée par la situation humanitaire, la représentante a également appelé les parties à permettre et faciliter une aide sûre, rapide et sans entraves dans toutes les régions du pays.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a exhorté toutes les parties prenantes yéménites à surmonter leurs divergences afin de parvenir à une solution politique négociée qui permettra de trouver une issue pacifique et durable à la crise.  Le représentant a réaffirmé la nécessité de la mise en œuvre pleine et entière de l’Accord de Stockholm entre le Gouvernement et les houthistes, notamment les dispositions relatives au redéploiement des forces militaires des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa.  Le déploiement de forces de sécurité locales dans ces ports devrait permettre de redynamiser le processus politique, a estimé le représentant.  Il a exhorté les parties yéménites à poursuivre le redéploiement des forces militaires des ports, sous l’égide du Comité de coordination du redéploiement, et à coopérer pleinement avec la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH). 

Ces actions, a encore dit M. Adom, devraient permettre de créer un environnement favorable à la poursuite des échanges de prisonniers et à la mise en œuvre de la Déclaration d’entente sur la ville de Taëz.  Préoccupé par la détérioration continue de la situation humanitaire, le délégué a appelé tous les protagonistes au respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est dit encouragé par les développements politiques de ces dernières semaines au Yémen, qui témoignent, selon lui, de la volonté de désescalade des parties au conflit et de leur souhait de progresser vers une transition pacifique.  Saluant les efforts de médiation de l’Arabie saoudite concernant la situation dans le sud du pays, le représentant s’est félicité de la signature de l’Accord de Riyad, qui crée les bases d’un gouvernement yéménite plus inclusif.  Il s’est réjoui à cet égard du retour du Premier ministre à Aden et a appelé toutes les parties à saisir l’opportunité qu’offre cet accord pour parvenir à une solution politique globale. 

S’agissant de la situation sur le terrain, M. Heusgen a qualifié de « nouvelle positive » la baisse du nombre d’attaques, notamment transfrontalières, ces dernières semaines, appelant de ses vœux un cessez-le-feu plus large.  Il a également encouragé les houthistes et l’Arabie saoudite à poursuivre sur la voie de la désescalade.  Le représentant a constaté que la MINUAAH a d’ores et déjà réussi à renforcer la confiance entre les parties, citant en exemple l’établissement de postes d’observation conjoints.  Il a cependant averti que la situation à Hodeïda reste fragile, la province continuant d’enregistrer un grand nombre de victimes civiles.

Évoquant ensuite la situation humanitaire « catastrophique », le représentant a constaté qu’il y a plus de 3,5 millions de Yéménites déplacés sur une population de 30 millions de personnes, qui ont besoin d’une assistance.  Il a plaidé pour un accès sûr, rapide et sans entraves à l’aide humanitaire et annoncé que l’Allemagne continuera en 2020 à contribuer substantiellement au Plan de réponse humanitaire pour le Yémen.  Enfin, le représentant a appelé à placer le respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme au centre de toutes les actions menées au Yémen, afin de protéger les civils.  Il importe aussi de résoudre la crise liée à la pénurie de carburant et d’éviter une catastrophe environnementale en mer Rouge, le pétrolier Safer continuant de présenter une menace au nord de Hodeïda, a-t-il ajouté avant d’exhorter tous les acteurs, en particulier les houthistes, à permettre à une mission d’évaluation de l’ONU d’accéder au navire. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a salué les initiatives « importantes » lancées par les parties yéménites afin de changer la dynamique du conflit dans le nord comme dans le sud du pays, à l’image de la libération récente par les houthistes de 290 détenus.  Dans le même ordre d’idée, le représentant s’est félicité de l’annonce par le mouvement houthiste, le 20 septembre dernier, de la suspension des attaques au moyen de drones et de missiles balistiques contre l’Arabie saoudite.  Il a également salué les efforts diplomatiques parrainés par l’Arabie saoudite pour promouvoir les dispositions de l’Accord de Riyad, signé le 5 novembre dernier entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  Il a appelé les parties à mettre en œuvre les dispositions de cet Accord, dont dépendent le retour à Aden du Gouvernement et le fonctionnement des institutions du pays.  L’Accord de Riyad est donc un pas décisif vers un règlement du conflit, a-t-il insisté.

Par ailleurs, le représentant a salué le leadership de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), qui a selon lui permis de créer, en coopération avec les parties à l’Accord de Stockholm, un centre conjoint d’opérations.  Aux yeux du représentant, l’existence de ce centre a contribué à la réduction « tangible » des violations au cessez-le-feu.  Le représentant s’est cependant dit préoccupé par la situation humanitaire « grave » dans laquelle se trouve la population yéménite.  Parallèlement, a-t-il ajouté, les agences humanitaires font face à des restrictions importantes imposées par les autorités, ainsi qu’à des harcèlements et tentatives d’interférences, au détriment de l’accès aux personnes dans le besoin.  M. Esono Mbengono a en outre dénoncé les violations du droit international humanitaire, dont le recrutement d’enfants par les parties, les violences sexuelles et de genre, les détentions arbitraires, et les attaques contre la population et les infrastructures civiles, y compris des établissements de santé, des écoles et des agents humanitaires. 

M. STEPHEN MAHLABADISHAGO NTSOANE (Afrique du Sud) a salué l’Accord de Riyad entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud et félicité l’Arabie saoudite pour son rôle de facilitateur dans ce qui pourrait être « un premier pas vers une solution politique ».  Il a appelé les parties à dialoguer pour réduire les souffrances des civils, et leur a demandé de mettre en œuvre les éléments essentiels de l’Accord de Stockholm, notamment des échanges de prisonniers.

D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, la crise humanitaire au Yémen demeure la pire du monde, a rappelé le représentant, soulignant qu’environ 80% de la population, soit 24 millions de personnes, avait besoin d’aide ou de protection humanitaire.  Il a aussi noté une aggravation de la crise avec 14,3 millions de personnes en situation de « nécessité absolue » soit une augmentation de 27% par rapport à l’année dernière.  « On estime que 85 000 enfants yéménites de moins de cinq ans pourraient être morts de faim », a souligné M. Ntsoane, ajoutant qu’environ deux millions d’enfants n’allaient plus à l’école depuis le début du conflit.  Il a appelé toutes les parties à garantir un accès humanitaire libre, sûr et sans entraves aux populations civiles.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a souhaité que l’on puisse conserver l’élan actuel dans les prochaines étapes du processus politique, qui doit être inclusif, avec une participation significative des femmes et des jeunes reflétant la diversité ethnique, géographique, sociale et politique de la population du Yémen.  Saluant les efforts de désescalade au Yémen, il a toutefois noté que la population civile souffre toujours d’une façon disproportionnée et encouragé la poursuite des efforts pour faire cesser les hostilités dans l’ensemble du pays.  L'accès humanitaire demeure très difficile, a relevé M. Pecsteen de Buytswerve, qui a jugé primordial que toutes les parties le facilitent et respectent le droit international humanitaire.  Il a insisté auprès des parties pour que soient levées toutes les restrictions à l’accès humanitaire et aux importations commerciales.

Le représentant a aussi encouragé le Gouvernement yéménite à suspendre l’application du décret 49 dans l’attente d’une solution durable à la crise pétrolière, et encouragé les houthistes à donner accès au pétrolier Safer, afin de faciliter l’examen de la situation, et d’éviter une « possible catastrophe écologique ».  Enfin, M. Pecsteen de Buytswerve a appelé toutes les parties prenantes à mettre entièrement en œuvre l’Accord de Stockholm, y compris l’Accord sur Hodeïda, l’Accord sur l’échange de prisonniers, ainsi que l’Accord sur Taëz.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a salué la signature de l’Accord de Riyad et le rôle de médiateur joué par l’Arabie saoudite.  Elle a appelé à inscrire l’Accord et la désescalade actuelle des combats dans le cadre d’un processus plus large et d’une approche globale, avec l’appui des médiateurs et du Conseil de sécurité.  Elle a également appelé à poursuivre la mise en œuvre de l’intégralité de l’Accord de Stockholm.  Face au « sombre » tableau humanitaire dressé par Mme Mueller, la représentante a rappelé que son pays avait alloué, au total, un milliard de dollars d’aide au Yémen depuis le début du conflit et axé son action humanitaire sur la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition et l’acheminement de nourriture et d’eau potable à la population.

Mme Pierce a exhorté les houthistes à travailler de concert avec le coordonnateur humanitaire sur le terrain pour faciliter, de toute urgence , l’acheminement sans entraves de l’aide aux personnes dans le besoin, dans le respect de la résolution 2451 (2018) du Conseil.  Il est en effet préoccupant, a-t-elle déploré, que les houthistes aient refusé de signer 60% des accords humanitaires, privant ainsi plusieurs millions de personnes d’un accès à l’aide.  S’agissant du pétrolier Safer, la représentante a partagé les préoccupations de la communauté internationale face aux risques de marée noire dans la mer Rouge.  « L’inaction des houthistes est irresponsable », a-t-elle estimé, appelant ces derniers à fournir à l’équipe d’inspection de l’ONU un accès au navire.  Sur le plan économique, Mme Pierce a salué la décision du Gouvernement yéménite de laisser rentrer plusieurs pétroliers dans le pays.  Pour continuer sur cette lancée, elle a appelé les parties à travailler de concert, sous l’égide de l’ONU, à la conclusion d’un accord sur des mécanismes de partage des recettes portuaires dans la mer Rouge, afin de relancer le commerce de carburant vers le pays.

Mon Gouvernement, a déclaré M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen), a fait part de sa « sincère volonté de parvenir à une paix juste », sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et du dialogue national.  Cette volonté a pour but de lutter contre les tendances sectaires et le terrorisme qui détruisent la société yéménite, a-t-il assuré, avant de louer les efforts de l’Arabie saoudite qui a permis la signature de l’Accord de Riyad.  Cet accord ouvre la voie à une nouvelle ère de sécurité, de sérénité et de développement, tout en évitant la confrontation sectaire et en permettant la lutte contre le terrorisme.  Le Yémen attend maintenant le soutien de ses partenaires internationaux pour mettre en œuvre cet accord, a ajouté le représentant.

M. Al-saadi a ensuite regretté que l’Accord de Stockholm, conclu il y a un an, n’ait pas produit de résultats concrets aujourd’hui.  « Il est temps de se demander pourquoi », a-t-il lancé, avant de désigner le refus des milices houthistes de cessez-le-feu comme l’une des causes.  « Ce refus démontre que leurs dirigeants n’ont pas la volonté de vouloir la paix.  Ils continuent de faire souffrir les populations yéménites », a-t-il encore dénoncé.  Par ailleurs, le Gouvernement du Yémen condamne fermement la reconnaissance par la République islamique d’Iran de dirigeants houthistes.  Cela est une claire violation du droit international, dont la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, a fait valoir le représentant, ajoutant que son gouvernement prenait toutes les mesures pour dénoncer cet acte.  Il a également demandé à la communauté internationale de faire pression sur ces milices pour permettre un accès de l’équipe d’inspection de l’ONU au pétrolier Safer afin d’éviter qu’une catastrophe écologique, dont ces milices seraient responsables, ne se produise.  

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