8628e séance – matin
CS/13967

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Syrie annonce le lancement, le 30 octobre, de la Commission constitutionnelle sous l’égide de l’ONU

« Le 30 octobre 2019, j’entends réunir 150 hommes et femmes syriens pour le lancement d’une commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive dirigée et contrôlée par les Syriens sous les auspices de l’ONU à Genève », a annoncé ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Pedersen.

L’accord conclu entre le Gouvernement de la République arabe syrienne et la Commission de négociation syrienne sur les membres de la Commission constitutionnelle et sur son mandat et ses principales règles de fonctionnement (A/2019/775) a été annoncé le 23 septembre dernier par le Secrétaire général.  C’est un « signe d’espoir » pour le peuple syrien, a estimé son Envoyé spécial.

À l’instar de M. Pedersen, l’ensemble des délégations ont salué ce premier accord politique concret entre le Gouvernement et l’opposition pour commencer à mettre en œuvre un aspect clef de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, à savoir arrêter un calendrier et des modalités pour l’élaboration d’une nouvelle constitution.  Il peut s’agir d’une « porte ouverte sur un processus politique plus large qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien », a déclaré l’Envoyé spécial.  La Commission constitutionnelle a un mandat clair, a expliqué M. Pedersen.  Elle doit élaborer et rédiger, dans le cadre du processus de Genève mené sous l’égide de l’ONU, une réforme constitutionnelle qui sera soumise à l’approbation du peuple, en vue de contribuer au règlement politique en Syrie et à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).

L’ONU divulguera le nom des 150 membres de la Commission constitutionnelle (50 désignés par le Gouvernement, 50 par l’opposition et 50 par la société civile), une fois que tous les nominés auront officiellement confirmé leur participation.  Environ 30 % sont des femmes, a confié M. Pedersen.  Il a toutefois averti qu’il ne sera pas facile de saisir cette opportunité.  La crise en Syrie reste très grave, notamment à Edleb, a souligné M. Pedersen. La Commission constitutionnelle devra s’accompagner d’autres mesures pour renforcer la confiance entre les Syriens, et entre la Syrie et la communauté internationale.

La création de cette Commission offre les conditions d’un règlement à long terme « pour tous les Syriens sans exception », s’est félicité le représentant de la Fédération de Russie, en rappelant la contribution de la Déclaration finale de Sotchi.  « Il ne s’agit que du début d’un long chemin », a-t-il toutefois noté, en encourageant les membres de cette Commission à travailler de façon autonome pour favoriser un processus politique mené par les Syriens eux-mêmes. 

« C’est un premier pas historique dans la résolution de la crise syrienne » a estimé la représentante des États-Unis, soulignant le rôle joué par le Groupe restreint sur la Syrie (Allemagne, Arabie saoudite, Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-Uni).

Notant que la question syrienne a été l’un des dossiers les plus abordés pendant le débat de haut niveau de l’Assemblée générale, le représentant de la Chine a appelé toutes les parties à créer des contextes propices au règlement pacifique de cette crise, en gardant à l’esprit le respect de l’intégrité nationale de la Syrie.  Réagissant aux déclarations des représentants du Royaume-Uni et de l’Allemagne qui ont pointé la responsabilité des pays ayant recouru au veto contre une résolution humanitaire la semaine dernière, il a déclaré qu’aucun pays n’a le droit de faire « des remarques irresponsables ».

Les représentants de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Pologne et de l’Afrique du Sud ont estimé que cette Commission constitutionnelle doit permettre d’ouvrir la porte à un processus politique plus vaste et plus large.  Elle peut « servir de clef aux autres processus politiques appelés par la résolution 2254 (2015) », a renchéri leur homologue de la Belgique.  Ce dernier s’est dit « optimiste de façon prudente » face à cette nouvelle évolution, jugeant difficile de concevoir des pourparlers à Genève tant que la violence se poursuit à Edleb et ailleurs en Syrie. 

« Ce processus passe avant tout par la sécurisation du territoire syrien », a ajouté le représentant de la France qui s’est dit préoccupé de l’entêtement militaire du régime syrien à Edleb. 

Cette réunion a donné lieu à de vives invectives, notamment entre l’Iran et l’Arabie saoudite, chacun reprochant à l’autre de sponsoriser des groupes terroristes accusés de détruire non seulement la Syrie, mais aussi le Yémen.  Si la représentante américaine a exhorté l’Iran à retirer de Syrie ses partisans et miliciens, le représentant russe s’est étonné: « Je trouve bizarre que l’on fustige l’Iran ici, alors que ce pays a beaucoup fait pour lutter contre le terrorisme en Syrie .» 

Réagissant aux accusations portées contre son pays, le Vice-Ministre des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran, M. Gholamhossein Dehghani, a invité toutes les forces étrangères dont la présence n’est pas autorisée par le Gouvernement syrien, pointant les Forces américaines, à quitter le pays.  Pour sa part, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Sedat Önal, a jugé que les terroristes dans le nord-est du pays sont une menace directe pour son pays.  Les deux Ministres ont réitéré le rejet, par les garants d’Astana, de « toute tentative de création de nouvelles réalités sur le terrain sous prétexte de combattre le terrorisme ».  La Commission constitutionnelle est « un succès de la Syrie », a dit le représentant syrien.  Cependant, a-t-il averti, les efforts de son pays sur le front politique ne signifient pas qu’il est disposé « à renoncer à son indépendance ni à sa souveraineté ».  Seuls les Syriens débattront de leur constitution, sans ingérence extérieure, a-t-il résumé.  

L’accord se fonde sur le respect de la Charte des Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité, de la souveraineté, de l’unité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie, a assuré l’Envoyé spécial.  « Le processus est dirigé et contrôlé par les Syriens. » En outre, il inclut l’objectif, stipulé dans la résolution 2254 (2015), de tenir des élections libres et régulières, conformément à la nouvelle constitution, qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

Le 30 octobre 2019, a annoncé M. GEIR PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, j’entends réunir 150 hommes et femmes syriens pour le lancement d’une Commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive dirigée et contrôlée par les Syriens sous les auspices de l’ONU à Genève. 

L’accord conclu entre le Gouvernement de la République arabe syrienne et la Commission de négociation syrienne sur les candidats pour la Commission et sur son mandat et ses principales règles de fonctionnement a été annoncé le 23 septembre dernier par le Secrétaire général.  L’Envoyé spécial a salué ce « signe d’espoir » pour le peuple syrien. 

C’est le premier accord politique concret entre le Gouvernement et l’opposition pour commencer à mettre en œuvre un aspect clef de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, à savoir arrêter un calendrier et des modalités pour l’élaboration d’une nouvelle constitution, s’est félicité M. Pedersen.  Il peut s’agir d’une « porte ouverte sur un processus politique plus large qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien ». 

L’Envoyé spécial a toutefois averti qu’il ne sera pas facile de saisir cette opportunité.  La crise en Syrie reste très grave, a-t-il souligné, en évoquant la violence et le terrorisme qui se poursuivent, les cinq armées internationales qui opèrent sur son territoire, des souffrances et des abus épouvantables, une société profondément divisée, et un sentiment de désespoir au sein du peuple à l’intérieur et à l’extérieur du pays.  La Commission constitutionnelle devra s’accompagner d’autres mesures pour renforcer la confiance entre les Syriens, et entre la Syrie et la communauté internationale.

Le texte du mandat et des principales règles de fonctionnement de la Commission constitutionnelle a été transmis au Conseil de sécurité dans le document 2/2019/775, a informé M. Pedersen. 

L’accord se fonde sur le respect de la Charte des Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité, de la souveraineté, de l’unité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie; le processus est dirigé et contrôlé par les Syriens, a réitéré l’Envoyé spécial.  Il inclut l’objectif, stipulé dans la résolution 2254 (2015), de tenir des élections libres et régulières, conformément à la nouvelle constitution, qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU. 

La Commission constitutionnelle a un mandat clair, a expliqué M. Pedersen.  Elle doit élaborer et rédiger, dans le cadre du processus de Genève mené sous l’égide de l’ONU, une réforme constitutionnelle qui sera soumise à l’approbation du peuple, en vue de contribuer au règlement politique en Syrie et à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).  Cette réforme incorpore notamment dans la constitution et les pratiques constitutionnelles syriennes la lettre et l’esprit des 12 Principes de base pour la coexistence entre Syriens, formulés à l’occasion du processus de Genève et affirmés à Sotchi. 

La Commission, a-t-il poursuivi, est libre de revoir et de modifier la Constitution de 2012, y compris à la lumière d’autres expériences constitutionnelles syriennes, ou de rédiger une nouvelle constitution.  M. Pedersen a parlé d’une structure « claire, équilibrée et viable ».  La présidence est assurée par deux Coprésidents égaux, l’un nommé par le Gouvernement et l’autre par l’opposition. 

La Commission constitutionnelle se compose d’un organe élargi et d’un organe restreint.  Siègent à l’organe élargi 150 femmes et hommes, dont 50 personnes sont désignées par le Gouvernement, 50 par la Commission syrienne de négociation et 50 sont issues de la société civile.  Siègent à l’organe restreint 45 femmes et hommes, dont 15 personnes sont désignées par le Gouvernement parmi les 50 qu’il a nommées à l’organe élargi, 15 sont désignées par la Commission syrienne de négociation parmi les 50 qu’elle a nommées à l’organe élargi, et 15 sont issues des 50 membres de la société civile qui siègent à l’organe élargi.  Il est prévu que l’organe restreint élabore et rédige les propositions constitutionnelles et que l’organe élargi les adopte.

L’accord, a encore détaillé l’Envoyé spécial, promeut dans la mesure du possible le consensus au sein de la Commission et précise pour qu’une décision soit adoptée, 75% des voix sont nécessaires au sein de l’organe concerné.  Les parties se sont engagées à travailler rapidement, sans interférence étrangère ni préconditions. 

L’ONU divulguera le nom des 150 membres de la Commission constitutionnelle une fois que tous les nominés auront officiellement confirmé leur participation.  Sur 150 membres, a confié M. Pedersen, environ 30% sont des femmes, dont près de la moitié pour les membres de la société civile. 

« Nous avons travaillé dur pour obtenir des garanties », a assuré le haut fonctionnaire.  L’accord stipule en effet que les membres de la Commission constitutionnelle et leur famille ou les organisations et entités politiques ou organisations et entités de la société civile dont ils font partie ne doivent pas faire l’objet, en raison de leur travail à la Commission, de menaces ou d’actes de harcèlement ou d’autres actes visant des personnes ou des biens, et qu’il faut faire face à tout incident qui se produirait ou de répondre à toute préoccupation qui se manifesterait.

Je continuerai à consulter l’ensemble de la société civile syrienne, a affirmé M. Pedersen, y compris dans le nord-est du pays.  « La future constitution de la Syrie appartient au peuple syrien, et à lui tout seul », a-t-il insisté.  L’ONU gardera « jalousement » l’aspect « dirigé et contrôlé par les Syriens » du processus. 

L’Envoyé spécial s’est dit toutefois conscient que la Commission constitutionnelle ne peut pas résoudre le conflit à elle seule.  La crise humanitaire se poursuit à Edleb.  Des groupes terroristes visés par ce Conseil continuent de « métastaser », touchant toutes les communautés syriennes.  À cet égard, il est essentiel de trouver une solution qui ne mette pas en danger les civils.  Le spectre d’une conflagration régionale plane encore sur le pays, a mis en garde M. Pedersen.  Il faut selon lui prendre des mesures de désescalade en vue de conclure un cessez-le-feu national. 

À l’approche de la première réunion de la Commission constitutionnelle, M. Pedersen a exhorté toutes les parties -les parties syriennes et leurs appuis- à examiner la situation dans une perspective plus vaste, plus inclusive.  Il les a appelées à s’emparer de l’élan offert par la Commission et à agir concrètement pour renforcer la confiance.  Il a également espéré que les parties syriennes sauront trouver « les mots justes » pour signaler clairement leurs bonnes intentions. 

Tout cela requiert un véritable dialogue international à l’appui du processus de Genève, a résumé l’Envoyé spécial. 

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a accueilli avec satisfaction l’annonce du Secrétaire général, le 23 septembre dernier, de la décision du Gouvernement syrien et de la Commission syrienne de négociation de former une Commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive, chargée de rédiger une nouvelle constitution qui réponde aux attentes de tous les Syriens.  Elle a remercié le Groupe restreint sur la Syrie (Allemagne, Arabie saoudite, Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-Uni) qui a aidé à parvenir à cette mesure encourageante.  Selon elle, la formation de cette Commission est « un premier pas historique dans la résolution de la crise syrienne ».  Elle s’est félicitée que la première réunion de la Commission se tienne le 30 octobre à Genève, avant de souhaiter que ses membres puissent travailler en toute sécurité et sans subir de menaces ni d’intimidations. 

Par ailleurs, la représentante des États-Unis a fustigé le comportement de l’Iran qui selon elle « n’agit pas de bonne foi ».  Regrettant que l’Iran soit aujourd’hui assis à la table du Conseil de sécurité pour donner des conseils, elle a exhorté ce pays à retirer de la Syrie ses partisans et miliciens.  En outre, Mme Craft a espéré que le Président Assad n’utilisera pas le lancement de cette Commission constitutionnelle comme prétexte pour suspendre le processus politique appelé par la résolution 2254 (2015).  Dans ce contexte, elle a demandé aux troupes syriennes de cesser toutes les attaques à Edleb.  « Si la création de cette Commission est un pas encourageant, trop de destructions, d’horreurs et d’atrocités ont été commises par le régime », a insisté la représentante.  Jugeant inacceptable que 128 000 Syriens soient détenus de manière arbitraire, elle a également demandé au Gouvernement syrien de libérer ces personnes. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a appelé toutes les parties à soutenir les travaux de la Commission constitutionnelle qui doit entamer ses travaux le 30 octobre à Genève et a demandé au Conseil de sécurité d’appuyer ses efforts.  Il a souhaité que cette mesure marque le début d’un processus permettant au peuple syrien d’atteindre ses aspirations tout en préservant l’intégrité territoriale de la Syrie.  Ce processus politique doit s’accompagner de mesures de confiance, en particulier de progrès concrets, qui doivent être faits concernant les personnes détenues.  Dans ce contexte, les observateurs indépendants doivent pouvoir accéder aux centres de détention, a-t-il insisté.  La situation à Idleb continue de préoccuper le Koweït, alors que plus d’un demi-million de personnes sont déplacées par les combats qui ont fait plus d’un millier de morts parmi les civils.  La lutte antiterroriste n’exonère aucune personne ni aucune partie du respect du droit international et des droits de l’homme, a rappelé la délégation.  Selon elle également, aucune paix durable ne pourra être réalisée en l’absence de justice et sans que les auteurs des crimes aient à en répondre.  En conclusion, a-t-il résumé, ce conflit ne pourra être résolu que grâce à une solution politique sur la base de la résolution 2254.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué l’accord sur le lancement de la Commission constitutionnelle comme une première étape positive, une avancée décisive du processus politique en Syrie prévu par la résolution 2254, qui aura mis deux ans à se concrétiser.  Mais des actions et des engagements forts de chacun seront nécessaires pour que des négociations crédibles débutent, a-t-il prévenu.  Selon lui, les travaux de cette Commission doivent constituer un « point de départ » à l’élaboration d’une solution politique globale et inclusive associant également les femmes.  Ce processus passe avant tout par la sécurisation du territoire syrien et, à ce sujet, la France a exprimé sa vive préoccupation au sujet de la situation à Idleb, où le « régime » et ses alliés « s’entêtent dans une opération militaire aveugle » dont les civils sont les « premières victimes » et qui pourrait contribuer à la dispersion des éléments terroristes présents dans le nord-ouest.

« Cet acharnement militaire doit cesser » a-t-il insisté en appelant au gel immédiat du front à Idleb et partout en Syrie pour créer les conditions favorables à la tenue des discussions au sein de la Commission constitutionnelle et permettre de lever les entraves à l’aide humanitaire.  La mise en place de cette instance ne représente qu’une étape dans la mise en œuvre de la résolution 2254, qui constitue la feuille de route de la Communauté internationale en vue d’une solution durable et inclusive pour tous les Syriens.  Ceci suppose notamment de travailler à la création de conditions permettant la tenue d’élections libres et justes sous la supervision de l’ONU, auxquelles pourront participer tous les Syriens, y compris les réfugiés et les déplacés.  Enfin, il n’y aura pas de paix sans justice, a souligné M. de Rivière: les auteurs d’atrocités commises chaque jour en Syrie devront répondre de leurs actes, a-t-il prévenu.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué l’annonce faite par le Secrétaire général, la semaine dernière, sur la composition et les règles de fonctionnement de la Commission constitutionnelle, y voyant un « grand pas » vers une solution au conflit en Syrie.  Il a exprimé le soutien de son pays aux travaux de cette commission et invité les parties à faire preuve d’un maximum d’engagement, de souplesse et de respect mutuel.  Surtout, a-t-il ajouté, elles doivent laisser le peuple syrien au centre de toutes les décisions qu’elles prennent, car « c’est le peuple syrien qui décidera de son propre avenir ».  Le représentant a aussi plaidé pour que la participation des femmes soit respectée, valorisée et renforcée à chaque étape du processus constitutionnel, en parfaite égalité.  Insistant sur l’importance de ce point, il a exhorté l’Envoyé spécial à continuer de plaider en faveur d’une représentation féminine de 30%, au moins, dans ce processus. 

M. Singer Weisinger a également insisté sur l’importance de la participation de la société civile à ce processus en invitant à renforcer la confiance populaire par des mesures urgentes sur le terrain.  Il faut garantir la sécurité des membres de la Commission constitutionnelle et des membres de leurs familles, a-t-il ainsi demandé avant d’appeler à avancer sur la question du traitement des personnes détenues et disparues, en fonction de la nature humanitaire et de ce fait impartiale de la question.  Autre mesure de confiance recommandée par la République dominicaine, il faut protéger la population civile dans le nord-est du pays et éviter les attaques aveugles dans les zones peuplées.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a estimé impérieux d’opérationnaliser la Commission constitutionnelle, qui doit être, selon lui, au cœur du processus politique de sortie de crise, conformément à la résolution 2254 (2015).  Il a accueilli avec satisfaction l’annonce du Secrétaire général le 23 septembre 2019, de la décision du Gouvernement syrien et de la commission de négociation, de former une commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive, dont les Nations Unies seraient le facilitateur.  Il a appelé à un soutien résolu de la communauté internationale, notamment du Conseil de sécurité, afin que cet engagement des parties syriennes se matérialise à brève échéance.  Le représentant a invité Monsieur Pedersen à poursuivre ses consultations avec les parties prenantes et souhaité que la réunion qui doit se tenir le 30 octobre 2019 à Genève, sous les auspices des Nations Unies, permette la mise en place effective de la Commission constitutionnelle, afin d’insuffler une dynamique nouvelle au processus politique de sortie de crise en Syrie. 

Notant qu’il est important que les efforts actuels en faveur d’une solution politique au conflit syrien bénéficient d’un environnement apaisé, le représentant s’est félicité de la trêve unilatérale décrétée le 31 août 2019 par la Fédération de Russie et les forces gouvernementales de la province d’Edleb.  Dans ce contexte, il a exhorté les parties au conflit à prendre davantage de mesures de confiance, notamment la libération de prisonniers, avant d’exhorter les belligérants à respecter le cessez-le-feu pour permettre, entre autres, l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations en détresse. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a estimé que la séance de ce jour devrait revêtir un « caractère historique » avec l’annonce de la création tant espérée de la Commission constitutionnelle.  Après huit années de conflit, de nombreux obstacles et des cycles de négociations difficiles entre tous les acteurs du processus politique en Syrie, cette étape est une bonne nouvelle, a dit le représentant.  En accord avec la Déclaration du Groupe restreint sur la Syrie (Allemagne, Arabie saoudite, l’Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-Uni), il a invité à rester conscient que cette étape positive exige une détermination sérieuse et le ferme engagement d’atteindre des résultats positifs et tangibles.

Ce nouveau scénario, lancé grâce à l’appui diplomatique des garants d’Astana (Russie, Turquie et Iran), devait être accompagné de mesures concrètes qui suscitent la confiance et facilitent les progrès dans le processus politique, a souhaité le représentant.  Il a plaidé pour que le processus de travail de la commission garantisse aux membres leur indépendance et leur évitent toute pression externe.  Enfin, le représentant a appelé à ne pas diviser la Syrie en zones d’influence, arguant que cela ne ferait qu’à augmenter la tension, en particulier à Edleb.  Il s’est aussi inquiété de l’existence de cinq armées dans le pays, non seulement parce que c’est une menace à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, mais aussi parce que cela présente un risque d’escalade et de conflagration dans la région. 

M. JAMES ROSCOE (Royaume-Uni) a accueilli avec satisfaction la décision du Gouvernement syrien et de la commission de négociation de former une Commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive.  Un progrès qui couronne selon lui le travail acharné de l’Envoyé spécial depuis qu’il a pris ses fonctions il y a neuf mois.  « Ce n’est que le premier pas vers le règlement politique dont la Syrie a tant besoin et qui devra aussi inclure des élections libres », a insisté le représentant en appelant le Gouvernement syrien à un engagement véritable.  Affirmant que les problèmes de la Syrie ne trouvent pas leur origine dans la Constitution mais dans les politiques répressives du régime, le délégué a rappelé qu’ils ne pourront être résolus isolément.

C’est la raison pour laquelle il a souligné l’importance d’aborder tous les éléments de la résolution 2254.  Notant l’importance de mesures de confiance, le représentant a souligné la nécessité de faire des progrès sur la question de la remise en liberté des personnes détenues de façon arbitraire et d’obtenir des informations sur les personnes disparues.  Pour le Royaume-Uni, il est indispensable que les membres de la Commission puissent travailler sans subir des intimidations.  Il a ensuite fustigé l’opposition russe et chinoise au dernier projet de résolution en date sur l’aide humanitaire mis aux voix au Conseil de sécurité, invitant les membres ayant exercé leur droit de veto à assumer leurs responsabilités.  Il s’est ému du sort de 676 000 Syriens qui ont dû fuir leurs foyers depuis début le mois de mai dans la région d’Edleb, appelant le Gouvernement syrien à cesser de prendre délibérément pour cibles les populations civiles à Edleb.  Le délégué a salué le cessez-le-feu conclu le 31 août, ainsi que les efforts de la Turquie pour mettre fin aux violences à Edleb.  Le Royaume-Uni a rappelé en conclusion que 400 000 Syriens ont été tués depuis le début du conflit et que 12 millions de Syriens ont besoin d’aide humanitaire.

M. HAITAO WU (Chine) a noté des progrès importants enregistrés ces derniers temps, dont une percée importante sur le front politique grâce à l’accord sur la formation de la Commission constitutionnelle, saluant la tenue annoncée de la première réunion le 30 octobre.  Il a appelé la communauté internationale à faire fond sur les résultats obtenus pour progresser vers un règlement politique, le seul possible pour le « dossier » syrien, encourageant les parties à saisir cette opportunité.  Les membres de la Commission, a-t-il dit, sont priés de prendre en considération les aspirations du peuple syrien, avec le soutien de l’ONU et, à cette fin, le Conseil de sécurité et la communauté internationale devraient soutenir les parties syriennes en les aidant à réduire leurs différences.

Parallèlement, des garanties de sécurité sont nécessaires: le terrorisme endémique est une entrave au processus politique et doit être éradiqué, a estimé la Chine, qui suit de près les mouvements des forces terroristes à Edleb et le sort des combattants terroristes étrangers et de leurs familles en Syrie.  S’agissant de la crise humanitaire, la Chine a appelé la communauté internationale à fournir une assistance humanitaire au peuple syrien mais sans instrumentaliser ce versant de la crise à des fins politiques.  La question des réfugiés et des déplacés doit être traitée de façon impartiale et les sanctions contre la Syrie levées, a préconisé le représentant.

Enfin, la Chine a rejeté catégoriquement les déclarations du Royaume-Uni concernant son action: Beijing prend ses décisions en se basant sur les faits et dans l’intérêt du peuple syrien quand elle vote sur un projet de résolution: personne n’a le droit de faire des remarques irresponsables en la matière, a prévenu le délégué.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a souhaité que l’ouverture prochaine des travaux de la Commission constitutionnelle ouvre la voie à une sortie politique et à une solution durable à la crise syrienne, encourageant ladite Commission à se mettre immédiatement au travail sous les auspices des Nations Unies à Genève.  Un engagement fort et sincère de toutes les parties est absolument nécessaire, sur la base du respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité et de l’unité territoriales de la Syrie.  Chacun doit travailler en parfaite coopération pour faire face aux futurs défis et tous doivent se parler pour parvenir à un terrain d’entente, a préconisé le représentant.  Pour lui, le processus politique doit aller de pair, simultanément, avec un cessez-le-feu: il est absolument nécessaire d’éviter de nouvelles catastrophes humanitaires et de soutenir l’avancée du processus politique.  À cette fin, le soutien du Conseil de sécurité à une solution syrienne, pour les Syriens avec le soutien de l’ONU, est plus nécessaire que jamais alors que nous entrons dans une phase cruciale.  « La route qui s’ouvre n’est pas aisée, mais arriver à bon port reste tout à fait possible », a ajouté M. Djani.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée de l’accord sur la formation d’une commission constitutionnelle syrienne et a dit attendre avec impatience sa première réunion à Genève.  Il a affirmé que toute « véritable transition politique » devrait s’appuyer sur le Communiqué de Genève de 2012 et la résolution 2254 (2015).  Elle s’est inquiétée de l’escalade des violences dans la province d’Edleb et a affirmé qu’une cessation des hostilités était d’une importance cruciale pour le travail de la nouvelle Commission.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de libérer « les milliers de personnes placées en détention arbitraire et souvent soumises à des mauvais traitements incluant la torture et le viol », s’inquiétant tout particulièrement du sort des femmes, des enfants et des personnes âgées.  « Cette mesure est une des plus importante, si ce n’est la plus importante, pour bâtir la confiance entre les parties », a-t-elle estimé.  Elle a aussi demandé que des informations soient communiquées aux familles sur les milliers de disparus. 

La représentante de la Pologne a également souligné l’importance de garantir l’accès humanitaire et le respect du droit humanitaire international en Syrie, comme l’a réaffirmé le Conseil de sécurité, en août, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève.  En conclusion, elle a rappelé la position de la Pologne et de l’Union européenne: « Nous ne serons prêts à contribuer à la reconstruction de la Syrie que quand une transition politique globale, véritable et inclusive sera fermement engagée ».  « Nous soutenons pleinement le retour des réfugiés ayant fui leur demeure », a-t-elle ajouté en précisant qu’une solution durable au conflit devrait garantir un retour « volontaire, digne et pérenne » aux Syriens dans leur pays, en accord avec le droit international et le principe de non-refoulement.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a félicité M. Geir Pedersen, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, le Gouvernement, l’opposition et toutes les parties pour l’accord visant à établir une commission constitutionnelle « crédible, équilibrée et inclusive ».  Il a dit avoir hâte de la voir se réunir pour la première fois à Genève, sous les auspices de l’ONU.  Le délégué a souhaité que l’engagement des parties à garantir une représentation minimale de 30% de femmes dans les deux instances qui forment cette Commission, un organe élargi et un organe restreint où siègent 150 et 45 membres respectivement, soit respecté.  Le représentant a ensuite appelé à la pleine application de la résolution 2254 (2015), qui sert de feuille de route pour une résolution politique du conflit syrien, insistant notamment sur la nécessité de libérer les civils détenus, en particulier les femmes, les enfants, les malades et les personnes âgées.  « Ce geste serait un gage de bonne foi et de renforcement de la confiance entre les parties », a-t-il estimé. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a fait sienne l’intervention de M. Pedersen selon laquelle la mise en place d’une commission constitutionnelle est « une promesse faite au peuple syrien d’un nouveau contrat social ».  « Nous devons veiller à ce que toutes les parties s’engagent de bonne foi dans ce processus, en particulier le régime syrien », a ajouté le représentant.  Il a souhaité que tous les membres de cette commission puissent travailler à l’abri des menaces et sans obstacles ou intimidations.  Le représentant s’est dit favorable à une déclaration du Conseil de sécurité entérinant les décisions futures de cette commission.  Celle-ci devrait permettre d’ouvrir la porte à un processus politique plus large, a-t-il estimé. 

Selon le représentant, « nous ne parviendrons à nos objectifs que si les femmes sont impliquées à tous les niveaux » d’un processus qui devra aboutir à la tenue d’élections justes, libres et crédibles.  De plus, il a exhorté les autorités syriennes à procéder à la libération de femmes, d’enfants, de personnes handicapées et de personnes âgées qui se trouvent actuellement en détention.  Il a estimé que cela contribuerait à l’avènement de ce nouveau contrat social qui est nécessaire.  La lutte contre l’impunité est un élément fondamental, a-t-il insisté.  Enfin, il a dit regretter que la Russie et la Chine se soient opposées à la résolution humanitaire concernant Edleb, et que l’appel lancé par 12 membres du Conseil de sécurité n’ait pu être entendu. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a souligné qu’après huit ans de violence le Conseil de sécurité se réunit aujourd’hui avec une lueur d’espoir, même fragile.  Pour la première fois, l’ONU a pu faciliter un accord entre toutes les parties et le peuple syrien a pu recevoir de bonnes nouvelles, a-t-il constaté.  Comme répété maintes fois, il n’y a d’autres solutions que politique à la crise syrienne et cette Commission a le potentiel de servir de clef à d’autres approches de négociations, a estimé le représentant, qui a salué le rôle des États, dont les garants du processus d’Astana, pour leur engagement diplomatique.  La Belgique s’est donc déclarée optimiste, mais reste « très prudente »: la Commission reste un moyen d’avancer grâce aux discussions dans lesquelles les parties pourront s’engager – mais le véritable progrès devra être le résultat de ces pourparlers car « beaucoup de temps a été perdu » et il est à présent urgent de se mettre au travail pour enregistrer des progrès concrets.

Ce processus s’accompagne d’obligations pour toutes les parties, qui doivent s’engager de bonne foi et pouvoir s’exprimer librement, sans obstacle ni intimidation, a poursuivi le représentant.  Le Gouvernement syrien a une obligation particulière dans la mise en place d’un environnement calme et sûr dans le pays – la violence à Idlib doit cesser, car il est impensable de mener des pourparlers à Genève si la violence se poursuit sur le terrain, a-t-il insisté en réitérant l’appel à une cessation des hostilités.  Enfin, concernant les milliers de Syriens qui continuent d’être arrêtés arbitrairement, il a encouragé l’Envoyé spécial à œuvrer à leur libération et Damas à prendre en compte l’importance cruciale de ce dossier, en signe de bonne foi pour sa population et alors que des milliers de Syriens attendent toujours un signe de leurs proches arrêtés et disparus.

M. LUIS UGARELLI (Pérou) s’est félicité des évolutions enregistrées au sujet de l’établissement d’une Commission constitutionnelle et a salué le rôle joué par les garants d’Astana, ainsi que la participation « constructive » du Gouvernement et des groupes de l’opposition syrienne.  Il a souligné que l’élaboration d’une nouvelle constitution était nécessaire pour établir des bases politiques et institutionnelles en Syrie.  L’évolution en cours donne, selon lui, une raison d’être optimiste, même s’il faut rester prudent.  Le représentant a souligné que la Commission devra être efficace et diligente dans l’exercice de son mandat, avant d’appeler les parties à faire preuve de souplesse et d’une véritable ouverture au dialogue.

Le représentant a estimé que 30% des sièges de la Commission doivent être réservés aux femmes.  Il a aussi insisté sur l’importance de la transparence afin de permettre au Conseil de sécurité d’accompagner la mise en œuvre des accords conclus et de renforcer la confiance de toutes les parties envers le processus de paix.  M. Ugarelli a, en outre, appelé à redoubler d’efforts pour procéder à la libération des détenus, à l’identification des disparus et à la restitution des dépouilles mortelles.  Il importe également de veiller au retour volontaire, sûr et digne des millions de déplacés et de réfugiés syriens, a-t-il dit.

M. SERGEY VERSHININ (Fédération de Russie) a estimé que la création de cette Commission constitutionnelle nous offre des conditions pour permettre un règlement à long terme pour tous les Syriens sans exception.  Maintenant que le travail de la formation de cette instance a été achevé, le représentant russe a tenu à rappeler que l’idée de la formation a été adoptée par des représentants de l’ensemble de la société civile réunie à Sotchi en février 2018.  « Il ne s’agit que du début d’un long chemin », a insisté M. Vershinin en encourageant les membres de cette Commission à travailler de façon autonome pour favoriser un processus politique mené par les Syriens eux-mêmes.  Il a assuré que son pays, l’Iran et la Turquie avaient contribué de manière décisive à la définition, la composition et au règlement intérieur de cette Commission.  Insistant sur le respect de l’intégrité territoriale de la Syrie, le représentant russe a rappelé que les États garants du processus d’Astana continueraient d’organiser des rencontres internationales sur la base du format d’Astana, dont la prochaine réunion est prévue au Kazakhstan. 

Le représentant russe a ensuite jugé inadmissible de voir des tentatives d’ingérence dans le dialogue inter-syrien et de créer des délais artificiels et d’exiger des concessions qu’à une seule partie.  « Je trouve bizarre que l’on fustige l’Iran ici, alors que ce pays a beaucoup fait pour lutter contre le terrorisme en Syrie », s’est étonné M. Vershinin, avant de regretter que certains États membres du Groupe restreint « parlent beaucoup et font peu ».  « Le temps est venu d’encourager et non pas de rejeter le retour de la Syrie au sein de la famille arabe », a-t-il ajouté, avant de dire sa déception sur l’impossibilité de trouver un consensus sur la situation à Edleb, parce que certains ont voulu politiser la situation humanitaire.  « La paix avec le terrorisme ne peut exister » a-t-il aussi prévenu. 

Le représentant de la Chine a demandé la parole, en réponse à l’Allemagne qui a fait référence à sa position lors du vote de la résolution 2254: « la Chine l’a dit clairement, elle n’acceptera pas de telles accusations ».  Comme la Russie, la Chine porte une grande attention à la situation humanitaire en Syrie, a assuré le représentant en expliquant que c’était la raison pour laquelle ces deux délégations avaient proposé un projet de résolution.  Mais celui-ci n’a « malheureusement » pas été adopté, a regretté le représentant.  Pour améliorer la situation humanitaire du peuple syrien, le pas important à faire sera de lever les sanctions économiques contre la Syrie, a-t-il ajouté.

M. SEDAT ÖNAL, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a salué l’engagement des parties syriennes lors du processus d’Astana, qui a permis la mise en place de la Commission constitutionnelle.  Celle-ci crée une occasion nouvelle de parvenir à une solution politique conforme à la résolution 2254 du Conseil et aux aspirations du peuple syrien.  Cependant, le processus politique qui s’ouvrira bientôt ne donnera pas de résultats sans environnement propice sur le terrain, a ajouté le numéro 2 de la diplomatie turque: Edleb en est le parfait exemple selon lui, et la Turquie, a-t-il assuré, poursuit ses efforts pour que le statu quo dans la province soit préservé.  Il a ensuite reconnu la présence d’éléments radicaux et l’urgence de faire face à la menace mais elle n’est pas d’accord avec la manière dont les civils sont pris pour cibles, car il ne saurait y avoir de solution militaire à la crise.

Pour la délégation, le processus politique doit être pris en mains par les Syriens eux-mêmes et le succès de ce processus dépendra de la capacité internationale à créer un niveau de confiance mutuel entre Syriens.  La Turquie poursuit en ce sens ses efforts pour contribuer à mettre en place des mesures de confiance nécessaires pour appuyer l’ONU.  De même, elle poursuit son appui au groupe de travail du processus d’Astana en faveur des personnes détenues.  La Turquie, a rappelé le Vice-Ministre, a été l’un des pays les plus touchés par le conflit en Syrie et se montre déterminée à lutter contre les menaces qui en émanent: les terroristes à Edleb et dans le nord-est du pays, Daech et autres, n’ont aucune place en Syrie, a-t-il insisté, car ces éléments sont une menace directe pour la sécurité de la Turquie mais aussi pour l’unité et l’intégrité territoriales de la Syrie.  Enfin, la Turquie, qui accueille 3,6 millions de Syriens, a considéré qu’il est temps de commencer à réfléchir au retour, sûr et volontaire, de ces réfugiés dans leur foyer, annonçant qu’elle s’est engagée, à cet égard, dans des discussions avec les pays voisins concernés. 

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a estimé que l’accord sur la formation d’une Commission constitutionnelle constitue une « étape positive » dans le cadre du processus politique intersyrien, facilité par les Nations Unies, que le Gouvernement iranien appelle de ses vœux pour mettre un terme à la crise.  Voyant dans cette avancée le fruit des efforts déployés par les garants d’Astana, il a assuré que l’Iran, aux côtés de la Russie et de la Turquie, soutiendra activement le lancement de la commission constitutionnelle en Syrie, conformément à la Déclaration ministérielle des Garants en date du 24 septembre.  Il a toutefois réaffirmé que « toute forme d’ingérence extérieure ou d’imposition de calendriers artificiels devra être évitée ».  De fait, toute assistance prêtée à la Commission, même de la part de l’ONU, devra se faire à sa demande expresse, dans le plein respect de la souveraineté, de l’indépendance politique, de l’unité et de l’intégrité territoriale de la Syrie, a-t-il exigé.

Réitérant le rejet par les garants d’Astana de toute « tentative de création de nouvelles réalités sur le terrain sous prétexte de combattre le terrorisme », le représentant a aussi souligné la volonté de ces derniers de s’opposer aux « programmes séparatistes ».  En conséquence, toutes les forces étrangères dont la présence n’est pas autorisée par le Gouvernement syrien « doivent quitter le pays », a-t-il exigé, pointant « l’occupation de certaines parties de la Syrie par des Forces américaines qui continuent d’apporter un soutien et une protection à des groupes terroristes sous couvert d’un combat contre le terrorisme ».  Pour le représentant, les agressions d’Israël contre la Syrie viennent « compliquer la situation » et la communauté internationale doit obliger cet État à cesser ses violations.  Il va de soi, a-t-il poursuivi, que le Gouvernement syrien a le droit souverain de décider de l’opportunité d’appliquer son droit à l’autodéfense. 

De même, a tenu à préciser le délégué, il ne peut y avoir de lien entre les travaux de la Commission constitutionnelle et des mesures aussi importantes que la lutte contre le terrorisme, la reprise de contrôle de l’ensemble du territoire par le Gouvernement syrien, le retour de tous les réfugiés et déplacés internes, et la reconstruction de la Syrie.  Assurer la sécurité des Syriens pris au piège des combats dans les zones sous le contrôle de groupes terroristes est « la responsabilité du Gouvernement syrien », a-t-il renchéri.  Mais « si le combat contre les terroristes doit se poursuivre sans relâche, tous les efforts devraient être déployés pour protéger la vie des civils », a conclu le représentant. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a salué le rôle du Secrétaire général et celui de son Envoyé spécial dans cette réalisation de taille que constitue la création d’une commission constitutionnelle.  Il a proposé que la Commission soit lancée le plus vite possible en évitant toute querelle de procédures.  « Nous devons travailler sur plusieurs axes en même temps et suivre les dispositions de la résolution 2254 », a-t-il ajouté avant de souhaiter que les travaux de la Commission constitutionnelle ne soient pas perçus comme une alternative à d’autres procédures. 

Par ailleurs, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre le terrorisme et les autres groupes illégitimes sur le terrain.  Il a appelé à s’interroger sur ceux qui ont contribué à l’arrivée de milliers de combattants terroristes étrangers en Syrie, qui les ont armés et formés en violation du droit international humanitaire, des résolutions du Conseil de sécurité et de la souveraineté de la Syrie et finalement de la vie des Syriens.  Il a regretté que certaines parties s’efforcent de changer la composition démographique du nord-ouest de la Syrie.  C’est pourquoi il a demandé que tout soit fait pour permettre le retour de tous les réfugiés.  Le Communiqué conjoint issu de la réunion du Groupe restreint de pays le 26 septembre contient des recommandations pertinentes, a-t-il enfin souligné. 

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a apporté le plein soutien de son pays aux efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie sur la base de la résolution 2254(2015), qui constituent une évolution et une étape politique méritant, selon lui, un contexte propice pour réussir.  Elle y a vu une chance pour la Syrie de retrouver sa liberté et sa stabilité, une fois libérée des groupes terroristes, et un contexte propice au retour digne aux réfugiés.  Instaurer un tel contexte suppose néanmoins davantage d’efforts, a dit la représentante, en rappelant que la Jordanie accueille actuellement 1,3 million de Syriens.  Les capacités jordaniennes ont d’ailleurs été largement dépassées, mais le pays s’efforce de faire de son mieux pour répondre aux besoins de ces réfugiés.  Cependant, la crise des réfugiés engage la responsabilité de la communauté internationale, a fait remarquer la représentante, en se plaignant que l’assistance internationale ne soit pas à la hauteur.  La Jordanie encourage un retour volontaire et digne des réfugiés mais il est important de le rendre possible et de mener tous les efforts possibles en ce sens, a-t-elle plaidé.  Pour conclure, elle s’est dit convaincue que le Conseil de sécurité est conscient de ses responsabilités: « la Syrie dépend de vous Mesdames et Messieurs », a-t-elle martelé. 

Selon M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), la création de cette Commission constitutionnelle offre les conditions pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien en permettant le retour sûr, digne et volontaire des réfugiés.  Après avoir annoncé la tenue à Riyad, le 7 octobre prochain, d’une réunion préparatoire sur la Commission, il a appelé les autorités syriennes à saisir cette occasion pour faire de la réunion du 30 octobre « un véritable succès et un premier pas vers une solution politique ». 

Le représentant saoudien a déclaré que la crise syrienne a été exploitée par les ennemis du monde arabe et du peuple syrien.  Il a demandé que « les milices terroristes sectaires appuyées par l’Iran qui ont joué un rôle prépondérant dans la destruction de la Syrie » quittent ce pays.  Ces groupes doivent partir et l’Iran doit réaliser que la Syrie est un État arabe qui a sa place au sein de la fédération des pays arabes, a-t-il insisté, avant de reprocher à l’Iran d’être « un État terroriste qui a transformé la Syrie en un État voyou qui sème le chaos ». 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé qu’en collaboration étroite avec ses amis iraniens et russes et avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général, la Syrie est parvenue à créer une Commission constitutionnelle et à s’accorder sur un mandat, « pour les Syriens et par les Syriens », exempt de toute ingérence extérieure.  Le succès engrangé avec la création de cette Commission est « un succès de la Syrie » qui a surmonté tous les obstacles placés sur sa route par les gouvernements hostiles, s’est félicité le représentant.  Le Président syrien y a d’ailleurs contribué, car seuls les Syriens ont le droit et le devoir de débattre de leur constitution et de l’adopter, sans ingérence ni conditions ou extorsions extérieures que recherchent « certaines parties, dont le but est de déstabiliser la Syrie et de piller de ses ressources, et qui ont investi dans le terrorisme dans toutes ses formes ».

La Syrie continue de participer au processus d’Astana qui a permis de déboucher sur des résultats concrets sur le terrain, a indiqué le représentant.  D’après lui, le mandat de la Commission préserve l’intégrité et l’unité du pays.  La Commission, a-t-il poursuivi, vise à garantir l’intégrité du processus politique sans tirer de conclusions à l’avance, car la Syrie est « maître de son destin ».  Aucun pays, ni même le groupe restreint de Sotchi, ne peut avoir d’influence sur son travail, et aucun ultimatum ne saurait lui être imposé, a prévenu le représentant. 

Étant donné que la Commission déterminera l’avenir de la Syrie pour les 25 prochaines années, la Syrie continuera d’avancer dans le processus politique sur des bases solides répondant aux aspirations du peuple syrien, a poursuivi le représentant.  À cet égard, le rôle du Représentant spécial du Secrétaire général est clef, et nous réitérons que nous sommes prêts à travailler avec lui et avec les pays amis pour lancer cette Commission, a-t-il assuré, en se disant cependant « réaliste et conscient » que ce processus politique ne sera pas simple.  La Syrie a déjà, par le passé, mis en garde -notamment en Libye et en Iraq- contre les États qui tentaient de modifier les principes de la Charte des Nations Unies: encore une fois, elle devra éviter que certains ne s’efforcent de mettre la région à feu et à sang, a averti le représentant.  « Donc la Syrie le répète: elle est prête à travailler avec des partenaires dignes de ce nom, pas avec ceux qui utilisent la plateforme du Conseil de sécurité pour imposer des conditions et nuire au peuple syrien. »  Que ceux qui ont pleuré « des larmes de crocodile » sur le sort des civils sachent que, jusqu’à aujourd’hui encore, des scanners sont bloqués aux portes de la Syrie, a-t-il lancé.  L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a expliqué que certains pays d’influence s’opposent à l’envoi de ce matériel médical, a-t-il rapporté. 

Enfin, a conclu M. Ja’afari, le succès des efforts politiques impose de mettre un terme à la présence des forces du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France sur le territoire syrien.  « Les efforts de la Syrie sur le front politique ne signifient pas qu’elle est disposée à renoncer à son indépendance ni à sa souveraineté », a-t-il averti. 

Reprenant la parole, le Vice-Ministre de la République islamique d’Iran a regretté que l’ambassadeur du régime « infanticide » de l’Arabie saoudite fasse de son mieux pour détourner le Conseil de sécurité des réalités du terrain afin de dissimuler les crimes saoudiens contre les peuples de la région, notamment contre les enfants du Yémen.  « En accusant les autres, ils veulent dissimuler leurs appuis aux terroristes. »  M. Dehghani a ajouté que l’Arabie saoudite est la source des principaux soutiens idéologiques et financiers des groupes Al-Qaida, Daech et Front el-Nosra.  « Ce qu’ils font est non contraire non seulement aux enseignements de l’Islam, mais aussi aux principes fondamentaux du droit international humanitaire », a encore dit le Vice-Ministre iranien qui a appelé à tenir l’Arabie saoudite pour responsable des crimes commis en Syrie et au Yémen. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a dénoncé « ces fausses accusations » avant d’accuser à son tour l’Iran d’avoir sponsorisé des attentats terroristes en Amérique du Sud et en Europe.  Il a déploré que l’Iran, « pays suprême du terrorisme », verse « des larmes de crocodile » au sujet du Yémen alors qu’il n’a offert à ce pays « que des balles ».  L’Iran doit s’abstenir de faire des « affirmations insensées ». 

« Il n’y a aucun doute que l’Arabie saoudite fournit une aide financière à des groupes extrémistes de l’Asie centrale à la Libye » a martelé le Vice-Ministre de l’Iran.  Malheureusement, « l’hostilité de l’Arabie saoudite à l’égard de l’Iran ne semble pas avoir de fin ».  D’après le représentant, l’Arabie saoudite a donné près de 100 milliards de dollars au régime de Saddam Hussein pour financer sa guerre contre l’Iran.  Il a également rappelé que 11 des 15 auteurs des attentats du 11 septembre 2001 à New York étaient des citoyens saoudiens.  « Chaque semaine nous arrêtons des groupes terroristes financés par l’Arabie saoudite qui tentent de commettre des attentats terroristes en Iran. » 

Le représentant de l’Arabie saoudite a dénoncé les fausses accusations de l’Iran et demandé que l’Iran cesse de s’ingérer dans le monde arabe.  « Vous n’arrêtez pas de terroristes, mais vos concitoyens que vous torturez » a-t-il lancé à son homologue iranien avant de regretter que les relations entre son pays et l’Iran se soient dégradées après la révolution iranienne de 1979. 

Reprenant la parole en fin de réunion, le représentant de la Fédération de Russie, en sa qualité de Président du Conseil de sécurité pour le mois de septembre, a estimé que cet échange entre l’Iran et l’Arabie saoudite vient de montrer à quel point les questions de paix et de sécurité sont liées au Moyen-Orient.  C’est pourquoi il s’est dit persuadé qu’un règlement rapide du conflit syrien permettra de résoudre les tensions dans l’ensemble du golfe Persique.  Il a espéré que les idées et les propositions avancées par la Russie pour un système de sécurité dans le golfe Persique seront perçues comme une base indispensable à cette fin. 

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